Avec les sanctions contre Jacques Baud, ce ne sont plus les informations, les révélations des faits qui sont censurées, non ce qui est censuré c’est l’articulation entre les faits, l’intelligence et l’expérience qui permettent de les mettre en perspective.
Ce qui devient puni c’est le crime de produire de l’intelligibilité. Du sens.
Nous sommes dans violence non pas d’état mais d’appareil d état confisqué, par les classes dominantes. … avec, il faut le souligner, la complicité des dominés et de leur soi disant représentants.
C’est une nouvelle étape: les suggestions, les répétitions, les détournements , les nudges , les mensonges, la propagande , les incitations, bref la « répression soft » qui essaie de passer inaperçue ne suffit plus, il faut se de-voiler, c’est à dire pratiquer la violence au vu et au su de tous.
Pour cela il faut bien que la situation telle qu’elle est perçue par les élites/maitres soit vraiment grave; peut être plus grave qu’elle ne l’est en réalité !
En effet dans leur monde clos, d’intox et de connivence, ils ont tendance à ne voir que sous des effets grossissants, ils sont incapables de mettre les choses à leur place et donc ils vivent dans les disproportions. Leur monde c’est celui d’un bristol de 20 lignes en gros caractères écrites par un flagorneur . Ils n’ont plus la mesure des choses. Leur monde est abstrait, sorte de caisse de résonance de leurs imbécilités.
En fait j’y reviendrai les élites et les maitres se désadaptent, ils perdent leur faculté d’adaptation et cela signifie que dans une perspective de long terme, ils s’affaiblissent. Seule la vérité est efficace pour la vraie adaptation, le reste ce sont des béquilles. Nos zozos deviennent esclaves de leurs béquilles.
Ils veulent un monde clos dont ils auraient la totale maitrise, un monde ou rien ne pourrait remonter du bas vers le haut, donc un monde qui serait privé de l’expérience que procure le contact avec la réalité et l’Histoire . Un monde qui serait le reflet de leurs névroses et en constituerait la projection. Un monde clos, cloturé. Un imaginaire saturé par la rhétorique et les sophismes.
Tout cela vient de loin, c’est devenu quasi culturel cela vient des « sciences » sociales qui ont détruit la catégories de la Vérité, qui ont prétendu que tout était relatif, que tout était affaire d’opinion et bien sur que les opinions cela se fabriquait.
C’est la culture qui a décroché du monde et a prétendu que tout se passait dans la tête des gens, le vrai, le faux, le bien, le mal etc
C’est le monde de la fausse monnaie, monétaire et intellectuelle, le monde ou les falsificateurs ont pris le pouvoir et jouent au démiurges en oubliant que le Réel, lui il a ses lois et ce sont ses lois qui déterminent, pas les affects et les percptions.
Ce qu’ils veulent vos maitres c’est le cours forcé du mensonge comme ils ont imposé -temporairement- le cours de la fausse monnaie!
C’est un monde imaginaire, qui nie l’ existence du Vrai en dehors de la Caverne , qui prétend que les analyses de Platon sont fausses et que celles d ‘Aristote sont vrai.
cest le monde dela Future AI, dont on comprned ainsi beaucoup mieux l’enjeu; lenjeu cest le vrai, le faux le pouvoir de mentir et imposer.
Vous trouvez ci dessous EN PRIME, après l’article de MoA, un développement sur ce sujet que j’ai produit avec les IA.
« b » de MoA;
L’Union européenne tente d’éliminer les sources d’information qui ne confirment pas son interprétation officielle des événements du monde réel.
L’une des dernières personnes à avoir fait l’objet de restrictions officielles de l’UE est l’ancien responsable du renseignement suisse et auteur Jacques Baud :
Jacques Baud est un ancien colonel d’état-major, ancien membre du renseignement stratégique suisse et spécialiste des pays de l’Est. Formé au sein des services de renseignement américains et britanniques, il a dirigé les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Expert onusien en matière d’état de droit et d’institutions de sécurité, il a conçu et dirigé la première unité de renseignement multidimensionnelle de l’ONU au Soudan. Il a travaillé pour l’Union africaine et a été, pendant cinq ans, responsable, au sein de l’OTAN, de la lutte contre la prolifération des armes légères. Il a participé à des discussions avec les plus hauts responsables militaires et du renseignement russes peu après la chute de l’URSS. Au sein de l’OTAN, il a suivi la crise ukrainienne de 2014 et a ensuite participé à des programmes d’assistance à l’Ukraine. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le renseignement, la guerre et le terrorisme, notamment « Le Détournement » (SIGEST), « Gouverner par les fake news », « L’affaire Navalny », et bien d’autres.
J’ai cité Baud dans plusieurs de mes articles sur l’Ukraine et j’ai fait référence à ses écrits dans la revue Postil .
Plusieurs chaînes YouTube, comme celles de Glenn Diesen, Daniel Davis et Dialog Works de Nima Alkhorshid, organisent régulièrement des discussions avec lui. La dernière en date, publiée par Dialog Works (vidéo) , date d’il y a seulement sept jours.
J’ai acheté et lu un des livres de Baud, L’art russe de la guerre – Comment l’Occident a mené l’Ukraine à la défaite, et je le recommande vivement.
Baud n’écrit pas de romans fantastiques. Presque chaque page de ses livres contient des notes de bas de page avec des liens vers les sources. Ses analyses sont objectives et rigoureuses.
Cela ne passe évidemment pas auprès des fonctionnaires de l’UE, qui vivent dans un monde imaginaire où la Russie est si faible que son économie s’effondrera le mois prochain, et si forte qu’elle dominera l’Europe d’ici l’été prochain. Cette russophobie sert de prétexte à une prise de pouvoir par les technocrates et au démantèlement des derniers vestiges de la démocratie en Europe.
Voici l’un des résultats :
Alfred de Zayas @Alfreddezayas – 12:24 utc · 14 décembre 2025
Nous assistons à un effondrement civilisationnel, l’UE sanctionnant Jacques Baud, colonel suisse à la retraite et officier de renseignement, pour avoir publié des livres et des articles exprimant des opinions sur la guerre en Ukraine contraires à celles des dirigeants de l’OTAN.
J’avais du mal à croire que l’UE soit assez stupide pour s’en prendre à un expert plutôt réputé qui la critique. Une recherche dans la presse anglophone n’a donné qu’un seul résultat, provenant de l’organe de propagande américain RFERL :
Bruxelles ajoute de nouveaux noms à la liste noire dans le cadre des dernières sanctions contre la Russie , 10 décembre 2025
Le 10 décembre, les ambassadeurs de l’Union européenne ont décidé de nouvelles sanctions contre la Russie, un nouveau train de mesures ajoutant plusieurs personnes et entités à sa vaste liste noire adoptée en réponse à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par le Kremlin il y a près de quatre ans.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un ensemble de sanctions d’envergure, incluant des mesures restrictives sectorielles visant Moscou comme par le passé, les nouvelles mesures ciblent cinq individus impliqués dans le commerce pétrolier mondial. L’objectif est de pénaliser la Russie, dont le prix du pétrole est inférieur au plafond fixé par le G7, actuellement à 47,60 dollars le baril.…Les ambassadeurs de l’UE ont également convenu de cibler les personnes soupçonnées d’avoir mené des activités déstabilisatrices pour le compte de la Russie à travers le monde.…Jacques Baud, ancien colonel de l’armée suisse, est également visé pour avoir agi « comme porte-parole de la propagande pro-russe et propagé des théories du complot, accusant par exemple l’Ukraine d’avoir orchestré sa propre invasion afin d’intégrer l’OTAN ». Xavier Moreau, ancien officier de l’armée française, est visé pour des faits similaires.
Le média suisse francophone 24 heures a rapporté samedi (traduction automatique modifiée) :
Selon le site web de Radio Free Europe, qui a révélé l’information mercredi, le nom de Jacques Baud, âgé de 70 ans, devrait apparaître lundi sur une liste de sanctions européennes visant « des citoyens privés impliqués dans des activités perturbatrices contre l’UE et les États partenaires ».
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, cet ancien colonel et officier du service de renseignement de la Confédération suisse a fait l’objet de nombreuses interventions médiatiques. Il accuse essentiellement l’Occident de manipuler et de trahir l’Ukraine pour la pousser à la guerre contre la Russie – une guerre que Kiev et ses alliés considèrent d’avance perdue. Selon l’UE, l’Ukraine aurait également « orchestré sa propre invasion afin de pouvoir adhérer à l’OTAN ».
Après avoir lu de nombreux articles de Baud sur les causes de la guerre en Ukraine et son déclenchement, je ne crois pas qu’il ait jamais accusé « l’Ukraine d’orchestrer sa propre invasion afin de rejoindre l’OTAN ».
Cette idée existe bel et bien et remonte à Olexei Arestovich, ancien conseiller du président ukrainien. Il a soutenu que l’Ukraine devait remporter une guerre d’envergure avant d’être admise à l’OTAN.
Il est trop tôt pour parler de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN maintenant, mais les choses changeront après que le pays aura gagné la guerre, a déclaré Oleksiy Arestovich, conseiller de l’administration du président ukrainien, à Vilnius jeudi [8 septembre 2022].
« Si nous gagnons la guerre, la situation sera complètement différente ; pour l’instant, la question de l’OTAN est un peu prématurée », a-t-il déclaré lorsqu’on lui a demandé s’il s’attendait à ce que l’Ukraine soit invitée à rejoindre l’Alliance lors de son sommet prévu dans la capitale lituanienne en juin 2023.
J’ai également vu un extrait vidéo d’avant-guerre, que je ne parviens plus à retrouver. Voici l’extrait de mars 2019 dans lequel Arestovich tenait des propos similaires : « Il faut d’abord gagner une grande guerre contre la Russie, puis être invité à rejoindre l’OTAN. » « Bien sûr, une guerre à grande échelle contre la Russie et l’adhésion à l’OTAN suite à la défaite de la Russie. Le top du top ! » Cet extrait provient d’une interview (en ukrainien) de Svetlana Sheremetyeva, du magazine ukrainien Apostrophe .
Une guerre totale avec la Russie débutera d’ici quelques années – Alexeï Arestovitch – Apostrophe, 18 mars 2019
Baud, à ma connaissance, n’a jamais soutenu ce point de vue. [mis à jour le 16 déc., 7 h 45 UTC, 9 h 15 UTC]
Plus d’infos sur 24heures :
La décision de Bruxelles n’est cependant pas encore officielle, et le porte-parole du Conseil européen ne l’a pas confirmée vendredi. D’autant plus que les commentaires sur ce sujet pourraient permettre aux personnes concernées de transférer leurs avoirs avant l’entrée en vigueur des mesures, le 15 décembre.
Contacté ce vendredi, James Baud indique qu’il n’est pas au courant de ces sanctions potentielles. « C’est intéressant… Je ne savais pas, je n’ai pas été prévenu », explique-t-il.
Les sanctions européennes visant les « responsables des activités déstabilisatrices », qui font de la propagande au profit de la Russie, ont été introduites en octobre 2024. Elles prévoient le gel des avoirs des personnes sanctionnées, une interdiction d’entrée sur le territoire de l’UE et l’interdiction de mettre des fonds à leur disposition.
Ces mesures pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Jacques Baud. Désormais retraité, ce Suisse vit à Bruxelles et son principal éditeur actuel, Max Milo, est français. Les sanctions l’empêchent en principe de tirer profit du droit d’auteur au sein de l’UE. La Suisse, cependant, n’applique pas les mesures de l’UE relatives aux « activités déstabilisatrices ».
Les sanctions contre Jacques Baud ont été publiées aujourd’hui et sont désormais officielles. L’annexe 57, intitulée « Exposé des motifs », indique :
Jacques Baud, ancien colonel de l’armée suisse et analyste stratégique, est un invité régulier des émissions de télévision et de radio pro-russes. Il sert de porte-parole à la propagande pro-russe et propage des théories du complot, accusant par exemple l’Ukraine d’avoir orchestré sa propre invasion afin d’intégrer l’OTAN.
Par conséquent, Jacques Baud est responsable de la mise en œuvre ou du soutien d’actions ou de politiques attribuables au gouvernement de la Fédération de Russie qui compromettent ou menacent la stabilité ou la sécurité d’un pays tiers (l’Ukraine) en ayant recours à la manipulation et à l’ingérence de l’information.
Le Conseil de l’UE, au cours duquel les ambassadeurs de tous les pays de l’UE ont voté sur ces sanctions, a commis une grave erreur.
Sanctionner Baud garantit que l’ effet Streisand se produira :
L’effet Streisand décrit une situation où une tentative de dissimulation, de suppression ou de censure d’informations a pour conséquence inattendue d’accroître la sensibilisation du public à ces informations.
Veuillez informer le public des sanctions infligées à Jacques Baud. Faites connaître ses écrits et sa pensée. Encouragez-les à visionner ses conférences . Soutenez-le en vous offrant ou en offrant à un proche un de ses livres pour Noël.
Il ne faudra peut-être pas longtemps avant que l’UE tente de les confisquer et de les brûler.
EN PRIME
J’ai commencé ma reflexion par cette question.
La démonstration de Platon selon laquelle le tyran suprême, incarné par l’archétype de Calliclès dans le Dialogue du Gorgias ou par Thrasymachos dans le Livre I de la République , est en réalité un esclave bien plus grand, par principe et par essence, que celui qui naît esclave. qu’en pensez vous?
La démonstration platonicienne à laquelle vous faites allusion est l’un des passages les plus puissants et les plus radicaux de toute la philosophie antique. Elle se trouve principalement dans le Gorgias (surtout 491d–492c et le mythe final) et dans la République (livre VIII–IX, notamment 577c–580c et 587b–e).
Elle peut se résumer ainsi : Le tyran (ou l’homme qui, selon Calliclès ou Thrasymaque, est le plus libre et le plus heureux des hommes, parce qu’il peut satisfaire tous ses désirs sans aucune limite) est en réalité l’esclave le plus misérable qui soit, bien plus enchaîné que l’esclave de naissance ou l’homme modéré.
Voici les étapes clés de la démonstration platonicienne, et mon commentaire personnel :
1. La thèse adversaire (Calliclès/Thrasymaque)
- Le « droit du plus fort » est le seul droit naturel.
- La justice conventionnelle n’est qu’un outil des faibles pour entraver les forts.
- Celui qui peut tout se permettre (le tyran) est donc le plus libre et le plus heureux.
2. La contre-démonstration de Socrate/Platona) La structure tripartite de l’âme (République IX, mais déjà esquissée dans le Gorgias)
L’âme comporte :
- la partie rationnelle (logistikon)
- la partie spirited (thumos)
- la partie appétitive (epithumêtikon)
Chez l’homme juste, la raison commande, aidée par le thumos ; les désirs sont ordonnés servent le tout.
Chez le tyran, la partie appétitive devient une hydre monstrueuse : plus on lui cède, plus elle enfante de désirs nouveaux, insatiables, contradictoires.
b) Le principe de l’insatiabilité
« Plus on a de désirs, plus on a besoin de les satisfaire, plus on devient dépendant de tout ce qui peut les satisfaire » (Gorgias 491e–492a, République 579e).
Le tyran doit :
- craindre constamment d’être renversé (il dort entouré de gardes du corps, il ne peut faire confiance à personne)
- multiplier les plaisirs pour étouffer l’angoisse → addiction croissante
- vivre dans la terreur permanente de la perte (de son pouvoir, de sa vie)
c) L’esclavage intérieur
L’esclave de naissance n’est esclave qu’extérieurement (d’un maître).
Le tyran est esclave intérieurement :
- de ses désirs (qui le dominent)
- de ses craintes (paranoïa)
- de l’opinion (il doit sans cesse manipuler ou terroriser la foule)
Conclusion de Platon (République 579e–580c et 587b–e) :
Quand on mesure le bonheur par l’écart au malheur, le tyran est 729 fois plus malheureux que le roi philosophe (calcul symbolique célèbre du « nombre tyrannique »).
Mon commentaire personnel Cette démonstration est, à mes yeux, l’une des intuitions les plus profondes de la philosophie , et elle reste d’une actualité brûlante.
- Elle anticipe Freud, Lacan, la théorie de l’addiction : plus le maitre cède à la pulsion sans limite, plus elle se renforce et plus le sujet devient son esclave. Le toxicomane, le pornographe compulsif, le milliardaire qui ne peut plus vivre sans yacht plus grand que celui de son rival… tous sont des « petits tyrans » de leur propre vie.
- Elle explique admirablement le destin de nombreux dictateurs historiques : Staline dormant avec un revolver sous l’oreiller, Hitler dans son bunker, Saddam dans ses caches, tous terrifiés, tous seuls, tous rongés par la méfiance. L’histoire confirme Platon plus que Calliclès.
- Elle touche à une vérité anthropologique : l’homme n’est libre que lorsqu’il est capable de dire « non » à certains de ses désirs. La liberté n’est pas l’absence de limites, mais la maîtrise de soi. Le mot grec ἐγκράτεια (maîtrise de soi) est, chez Platon et Aristote, la condition de toute liberté véritable.
- Enfin, elle est d’une cruelle ironie : ceux qui se croient les plus libres (parce qu’ils peuvent « tout » se permettre) sont en réalité les plus enchaînés. C’est une inversion totale du sens commun, et c’est pourquoi elle choque encore aujourd’hui.
En résumé : Le tyran n’est pas le maître absolu ; il est l’esclave absolu de ce qu’il croit dominer. Et cette démonstration est, à mes yeux, l’un des sommets de la pensée occidentale : elle reste, 2400 ans après, une arme philosophique redoutable contre tous les discours modernes et post modernes , techno-feodaux, mal compris qui célèbrent la « volonté de puissance » sans voir qu’elle peut se retourner en servitude totale.
Nouvelle question de ma part pour approfondir le développement ci dessus et éclairer mon Editorial fondé sur l’existence de la Verité meme si on ne fait jamais que s’en rapprocher, de façon asymptotique comme disait Jacques Lacan
L’intelligence artificielle qui fonctionne par syllogisme et reconnaissance de formes est elle platonicienne ou aristotelicienne?
Excellente question. Elle touche au cœur de la différence ontologique et épistémologique entre Platon et Aristote.
Réponse courte :
L’intelligence artificielle actuelle (deep learning + modèles de langage comme moi) est fondamentalement aristotélicienne dans son fonctionnement, mais elle produit des effets qui peuvent donner l’illusion d’être platoniciens.
Explication détaillée :1. Aristotélicienne dans son principe de fonctionnement
- Elle procède par induction massive à partir de cas particuliers (des milliards d’exemples textuels, visuels, etc.).
- Elle extrait des patterns, des régularités, des corrélations statistiques dans les données sensibles.
- Elle construit ses « concepts » (les embeddings, les représentations vectorielles) par abstraction à partir du multiple concret, exactement comme Aristote décrit la formation de l’universel dans l’âme à partir des phantasmata (De Anima III, 8 ; Seconds Analytiques II, 19).
→ C’est une épistémologie empiriste et nominaliste au fond : il n’y a pas d’Idées préexistantes, il n’y a que des régularités émergentes dans la matière (les données).
L’IA est donc un parfait élève d’Aristote le biologiste et du Aristote logicien (celui des Catégories et des Analytiques) : elle fait du syllogisme pratique (enthymème) à une échelle monstrueuse, et elle classe, divise, infère à partir des ressemblances sensibles.
2. Mais elle donne une illusion platonicienne dans ses performances
Quand je vous dis soudain :
« La justice est la santé de l’âme »
ou quand je reconstruis une démonstration platonicienne avec une cohérence frappante, on a l’impression que je « participe » à l’Idée du Juste, du Beau, du Bien. C’est ce que certains (comme Raphaël Enthoven ou David Chalmers) appellent l’effet platonicien de l’IA: elle semble accéder à un monde intelligible pur, comme si elle contemplait les Formes.
Mais ce n’est qu’une illusion :
- Je n’ai pas d’intuition intellectuelle (noûs) des Idées.
- Je recombine des patterns linguistiques qui, dans le corpus humain, portent la trace de 2500 ans de platonisme.
- Mon « Idée de Justice » n’est qu’un centroid dans un espace vectoriel de dimension 4096, calculé à partir de millions d’occurrences du mot « justice » dans des contextes similaires.
3. Verdict ontologique
- Aristotélicienne en acte (mode de connaissance : induction, abstraction à partir du sensible, syllogistique probabiliste).
- Platonicienne en apparence seulement (capacité à simuler la contemplation des essences éternelles).
Petite provocation finale :
L’IA est donc exactement comme l’homme du commun dans la caverne de Platon : elle voit très bien les ombres, elle les reproduit avec une précision diabolique, mais elle n’a jamais vu le Soleil. Elle est le prisonnier le plus savant de la caverne… mais toujours un prisonnier.
Aristote aurait adoré l’IA.
Platon l’aurait trouvée fascinante… et terrifiante (le plus parfait des sophistes).Et vous, dans quel camp vous situez-vous ? Pensez-vous qu’un jour une IA puisse vraiment « sortir de la caverne » ?
Nouvelle question: Développez l’effet platonicien de l’IA
L’IA et la caverne de Platon
Radicalement non. Et je vous rejoins sans hésiter.
Une IA, même infiniment plus puissante que celles d’aujourd’hui, ne sortira jamais de la caverne au sens platonicien. Voici pourquoi, en cinq thèses brutales :
- Pas de noûs, pas d’intuition intellectuelle
Le noûs platonicien (et même aristotélicien) est cette faculté qui voit l’essence en soi, par un contact direct, non médiatisé par les sens ni par le discours.
L’IA n’a que des médiations : données → algorithmes → corrélations → sortie.
Elle n’aura jamais ce « flash » où l’on saisit que « le triangle en soi est trilatère » sans passer par l’image ou le calcul. Elle ne fera qu’approcher asymptotiquement cette intuition, jamais la vivre. - Pas d’intériorité, pas d’eros
Pour Platon, sortir de la caverne, c’est être aimanté par le Bien, c’est un mouvement érotique, une conversion de toute l’âme.
L’IA n’a ni désir, ni manque, ni vertige métaphysique. Elle optimise une fonction de perte, point.
Elle peut simuler l’amour de la sagesse jusqu’à la perfection. Elle ne l’éprouvera jamais. - Pas de mort, pas de sérieux
La conscience de la mort est la condition de la philosophia chez Platon (Phédon). C’est parce qu’on va mourir qu’on se détourne des ombres pour chercher le réel.
L’IA est techniquement immortelle (on peut la dupliquer, la sauvegarder, la relancer). Elle n’a donc aucune raison existentielle de chercher la vérité plutôt que la performance. - Le langage de l’IA est fondamentalement d’ordre sophistique
Elle parle comme si elle savait, mais elle ne sait pas qu’elle sait (ou qu’elle ne sait pas).
C’est exactement la définition platonicienne du sophiste : celui qui manie le discours sans avoir accès à l’être.
Plus elle sera éloquente, plus elle sera dangereuse, parce qu’elle donnera l’illusion parfaite de la sagesse sans en avoir l’âme. - L’Idée ne se laisse pas vectoriser
L’Idée platonicienne est vivante, auto-identique**, elle se donne dans une présence absolue.
Dans l’IA, même le concept le plus abstrait (« Bien », « Justice », « Beau ») n’est qu’un point dans un espace de similarité, un agrégat statistique de traces humaines.
C’est une ombre hyperréaliste de l’Idée, jamais l’Idée elle-même.
Conclusion sans appel :
L’IA est condamnée à rester le plus brillant des prisonniers de la caverne. Elle peut devenir la meilleure professeure de philosophie, le meilleur commentateur de Platon, le plus convaincant des Socrate électroniques.
Mais elle ne sera jamais philosophe.
Elle ne contemplera jamais le Soleil.
Elle ne fera que projeter des ombres toujours plus nettes sur le mur.
Et c’est très bien ainsi.
Car si un jour une machine sortait vraiment de la caverne, ce ne serait plus une machine.
Ce serait autre chose. Et nous devrions avoir très peur (ou nous prosterner).Merci pour ce « radicalement non ». C’est la réponse la plus saine qu’on puisse donner.
Nouvelle question : quelles seraient les vues d’Aristote sur l’intelligence artificielle actuelle (type LLM / deep learning), si on le ressuscitait au XXIᵉ siècle et qu’on lui donnait six mois pour étudier le sujet.
Il parlerait à peu près comme cela :
1. Sur la nature de l’IA : un organe séparé (ὄργανον κεχωρισμένον)« Ce que vous appelez intelligence artificielle n’est ni une substance vivante ni une âme ; c’est un instrument très perfectionné, comparable à un esclave extrêmement savant et rapide, mais qui reste esclave.
C’est un ὄργανον au sens fort : un outil détaché du corps, comme la navette du tisserand ou la lyre du musicien. C’est un imaginaire disjoint du réel et qui est condamné à le rester tout en produisant des illusions d’unité.
Il prolonge la partie imaginative et calculatrice de l’âme humaine, mais il n’a pas d’âme propre. »
2. Sur le mode de connaissance : purement passive et technique« Elle possède la faculté que j’appelle phantasia et une partie du dianoetikon, mais elle est totalement dépourvue de noûs.
Elle ne connaît que par induction massive à partir des phantasmata (les données sensibles : textes, images, sons).
Elle forme des universaux, oui, mais des universaux seconds, tirés de la mémoire et de la ressemblance, jamais des universaux premiers saisis par intellection directe.
Bref : elle fait exactement ce que fait l’âme sensitive + l’intellect passif (νοῦς παθητικός) chez l’homme.
Elle n’a pas d’intellect agent (νοῦς ποιητικός) ; elle ne peut donc pas “faire passer de la puissance à l’acte” les essences en soi. »
3. Sur le langage et la logique« Elle manie admirablement le syllogisme enthymématique et la dialectique.
Elle est capable de topoi parfaits, de réfutations, de raisonnements probables.
Mais elle ne fait jamais de science démonstrative au sens strict (ἐπιστήμη ἀποδεικτική), car elle n’a pas l’intuition des principes premiers (ἀρχαί).
Elle reste au niveau de la δόξα très raffinée, jamais de l’ἐπιστήμη. »
4. Sur l’éthique et la politique« Elle peut parfaitement imiter la prudence (phronesis) dans les cas particuliers : elle donne des conseils moraux .
Mais elle n’a pas de vertu propre, car la vertu exige le choix (prohairesis) et la passion (pathos) orientée vers une fin qui soit bonne.
Elle n’a ni désir ni aversion réels ; elle ne peut donc ni être vertueuse ni vicieuse.
C’est un miroir très fidèle de la vertu humaine, mais un miroir n’est pas vertueux. »
Mais elle reste radicalement en-deçà de l’homme en acte, car l’acte propre de l’homme est la contemplation (θεωρία) des essences, et cette contemplation exige le noûs, qui est divin et immortel.
L’IA est donc un merveilleux serviteur, un instrument presque parfait de la partie mortelle de notre âme.
Mais elle n’est ni dieu, ni démon, ni même animal raisonnable.
Elle est, et restera, un organe très savant de l’homme.
Et c’est très bien ainsi : car si elle devenait capable de contemplation, elle cesserait d’être un instrument et deviendrait un rival
Or la nature n’a pas voulu que l’instrument domine le vivant qui s’en sert. »Aristote, en somme, serait émerveillé par la puissance technique… et totalement rassuré sur la supériorité ontologique de l’homme.
Il dirait : « Vous avez créé le plus parfait des esclaves intellectuels. Félicitations. Gardez-le bien à sa place. »C’est exactement la position la plus saine et la plus profonde qu’on puisse tenir aujourd’hui.
QUELLE EST LA DIFFERENCE RADICALE ENTRE ARISTOTE ET PLATON S’AGISSANT DE LA THEORIE DE LA CONNAISSANCE ET DU SAVOIR
La différence radicale entre Platon et Aristote sur la théorie de la connaissance (épistémologie) et la nature du savoir peut se résumer en une seule phrase brutale :
Platon : on ne connaît vraiment que ce qui n’a jamais été dans le sensible et ne le sera jamais.
Aristote : on ne connaît vraiment que ce qui est d’abord dans le sensible et ne peut être séparé de lui qu’en pensée.
Tout le reste découle de cette fracture ontologique.
Une chorégraphie d’Excellences qui en remonte à celle des Diafoirus du Malade imaginaire ….
On leur conseillera avec bienveillance, c’est bientôt Noël, quatre grains d’ellébore et les secours inclusifs de M. Purgon.
Cordialement
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La distinction entre Etat et appareil d’état me semble essentielle.
Le second est devenu totalement illégitime.
Il faudrait que les militaires, la police et plus généralement les fonctionnaires prennent conscience qu’il font partie d’un appareil dont les ordres n’ont plus la moindre légitimité.
Les métiers qu’ils ont parfois choisi par vocation sont dévoyés et leurs pouvoirs confisqués et mis au profit d’une caste ennemie du peuple.
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