Editorial. « Ce n’est pas une récession qui va frapper les États-Unis et le monde, mais un effondrement total du système monétaire. » Texte remanié et complété.

Les monnaies sont mortelles tout comme les civilisations.

Elles sont des reflets historiques produits par un certain état du système.

Notre système est celui de monnaie de crédit c’est à dire monnaie émise comme dette . La monnaie que vous détenez est la dette de quelqu’un!

La monnaie que vous avez sur votre compte bancaire n’est pas un dépôt, c’est une dette de la banque et ce que la banque détient dans son bilan est la dette de quelqu’un d’autre, peut être du gouvernement, peut être d’une entreprise etc en chaine! Comprenez bien: en chaine!

A ce titre nos monnaies ne sont saines et solides que si le système de crédit et de dettes est lui même sain et solide.

Un système de crédit sain et solide est un système ou les débiteurs sont solvables c’est à dire ne font pas de cavalerie et qu’ils peuvent payer les intérêts et rembourser lors des échéances.

Un système de crédit sain et solide est alimenté et solvabilisé par des cash flows, par des flux financiers qui permettent d’honorer les échéances, ce n’est pas un système de garanties adossées à des actifs. Un système de crédit adossé à des actifs en chaine est dans son essence un système à la John Law; il suffit d’inflater sans cesse le prix des actifs pour découvrir le crédit infini et perpétuel!

Un système de crédit adossé aux actifs devient nécessairement un système de Loterie et de Spéculation car peu à peu avec l’expérience et l’apprentissage, la conviction s’installe que tout retour en arrière est impossible. Détruire le prix des actifs équivaut à détruire le système bancaire et quasi bancaire. Cela devient le moral Hazard généralisé.

Quand le système de production de richesses ralentit mais que la production de dettes au contraire augmente comme cela se passe depuis des décennies, peu à peu le système devient non solvable , c’est notre situation: pour un dollar de GDP il faut créer 5 ou 6 dollars de dettes .

Il faut créer de la « fausse » monnaie en quelque sorte pour payer les intérêts et « rouler », prolonger les dettes. Il faut ce qu’on appelle créer de nouvelles liquidités pour masquer la non-solvabilité. Le système ainsi décrit est le système de la bicyclette, si il arrête de rouler, il tombe.

De proche en proche toutes les dettes sont pourries. Toutes les valeurs, tous les prix sont faux parce qu’ils sont exprimés et constatés dans des monnaies elles même pourries et excédentaires.

Tous les prix finissent par traduire non plus les valeurs d’usage et d’utilité, non plus les valeurs d’échange concurrentielles mais ils finissent par traduire l’offre de monnaie disponible au sein des différents groupes sociaux. Les plus proches des vannes monétaires étant les plus avantagés, les prix de ce qu’ils achètent sont les plus distordus. Comme les prix des actifs financiers.

Le cycle du crédit, le cycle de la dette est un cycle long , il est lié à l’état du système, aux innovations et au temps qu’il faut au système pour abuser des facilités que donne le crédit et le recours aux dettes. C’est aussi le temps de la prise de conscience.

C’est le temps qu’il faut pour épuiser les facilités de tromperie du système et que le pot aux roses soit révélé.

Ce temps est en moyenne dans l’histoire de 70 à 80 ans ; ce cycle actuel du crédit a debuté après la Seconde Guerre Mondiale en 1945, ce qui veut dire que grace à des subterfuges et des innovations on joue les prolongations!

Les symptomes de surendettement se multiplient: le plus flagrant est la hausse de l’or , statue du commandeur des dérives du crédit et du péché de la création de monnaie.

Manifestement le surendettemment est le sujet central de la période actuelle, on ne parle que de dettes partout!

Et c’est justifié car tous les ratios, tous les critères objectifs ont été pulvérisés; en plus cette dette astronomique est de mauvaise qualité car elle est comme on dit « en mismatch », désajustée , on a prêté « long » avec des ressources « courtes »! Les échéances se rapprochent sans cesse.

Les monnaies ne sont pas solides parce que la hausse des prix est faible, cela c’est ce que l’on veut vous faire croire: la hausse des prix faible ou forte n’est qu’un symptôme, pas une cause de faiblesse ou de solidité.

On a réussi à vous faire croire que tant que la hausse des prix (en Chine par exemple) est faible vos monnaies sont saines: c’est faux, c’est un mensonge. La faiblesse de la hausse des prix induite par la mondialisation est ce qui a permis de détruire vos monnaies.

On vous fait croire que tant que la hausse des prix est faible on peut émettre de nouvelles dettes sans danger c’est faux, c’est un mensonge.

La hausse des prix des biens et services, la hausse des prix banale est un leurre , un piège qui masque la dégradation intrinsèque de la solidité de la monnaie.

Par quel miracle?

Par le miracle suivant à savoir que tant que les gens ne s’aperçoivent pas que la monnaie est pourrie, ils la gardent, ils la stockent, ils thésaurisent et donc tout se passe comme si cette monnaie n’existait pas.

Elle n’existe pas tant qu’elle est neutralisée, et jusqu’à ce que tout s’accumulant, dettes, monnaie stockée, forment une sorte de tas de sable qui monte qui monte et qui peu à peu devient instable.

Alors, à la faveur d’un catalyseur indéterminé, d’un seul coup la prise de conscience intervenant, cette monnaie excédentaire stockée se déstocke, elle se précipite à la recherche de ses contrevaleurs, biens, services, valeurs refuges et là alors d’un seul coup les prix flambent et le symptôme de la pourriture se manifeste.

Mais il est trop tard!

La monnaie excédentaire, pourrie, malsaine ne se stocke pas n’importe où non elle se stocke dans les actifs financiers, en Bourse, dans les comptes bancaires, les Money Market Funds, les comptes à terme , les livrets etc et c’est la croissance de tout ces actifs d’origine monétaire qui est le vrai symptôme de la fin du cycle; c’est la forte croissance des avatars de la monnaie, des actifs financiers, des near-money, des quasi monnaies qui alerte sur l’approche de la fin du cycle.

EN PRIME

La hausse des rendements que les débiteurs doivent payer aux créanciers est un phénomène mondial et elle exprime/signale précisement les limites du système ; la hausse des rendements devrait, dans des pays et blocs bien gérés, être le signal qu’il faut non pas fuir en avant et forcer le destin en trichant mais qu’il faudrait essayer d’assainir.

Il est normal que dans le monde tout évolue à l’unisson car le monde entier a le même sous jacent donc la même cause commune: le dollar.

Ce que l’on appelle le « debasement » du dollar par la production excessive de dettes se transmet à toutes les autres monnaies d’une part et à tous les actifs monétaires et quasi monétaires d’autre part.

Je soutiens que les actifs monétaires, financiers et quasi monétaires sont autant débasés que les monnaies: ce que l’on appelle « faire bulle » n’est rien d’autre que « debaser »., disjoindre de sa base, faire léviter.

Seule la Suisse réussit à faire exception.

Lorsqu’on est fortement endetté et qu’on lutte constamment pour éviter le défaut de paiement, cela influence forcément le comportement.

Tout devient bon, peu à peu on entre dans « le coute que coute » et c’est dans cette phase de coute que coute que nous nous trouvons.

En particulier les Etats Unis. Trump et sa troupe font le forcing pour refaire encore un tour sur le manège enchanté de la dette: au lieu de réduire les besoins de crédit il tord les bras pour augmenter l’offre!

Toute vision à moyen terme disparaît, car l’objectif principal est de survivre au lendemain. Il en va de même pour tous les pays.

Face à un risque sérieux de défaut de paiement, la tentation est grande de contourner les règles autant que possible aujourd’hui pour éviter une crise de la dette demain . Cela passe notamment par la critique acerbe de la banque centrale.

Nous sommes dans ce que les économistes appellent la domination budgétaire  et la répression financière , c’est-à-dire l’utilisation de la réglementation bancaire pour gonfler le système financier d’une dette publique maximale.

La répression financière est une violence destinée à forcer le public à se contenter de taux dérisoires, souvent négatifs, en rémunération de ses avoirs monétaires. Les rendements élevés étant réservé aux classes supérieures et ultra riches.

Je vais plus loin que la seule domination budgétaire, je prétends que nous sommes sous la domination financière; la domination financière intervient quand la masse des actifs financiers cotés sur les marches boursiers devient tellement énorme, surévaluée qu’elle est instable.

Cette instabilité menace à tout moment et, face à elle les autorités perdent leur autonomie, leur possibilité de choix, elles sont otages , elles doivent gérer de telle sorte que cette instabilité ne se manifeste pas. Elle sont condamnées à octroyer aux marchés un Put, c’est à dire à leur instiller la croyance que toujours elles pourront contrôler la situation, que jamais la terrible boule de neige de la chute cumulative ne se mettra à dévaler la pente de la surévaluation.

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