Via François Schaller que je salue.
Suisse-UE et affaire Baud –
Roger Köppel sera-t-il le prochain sur la liste ?
NZZ am Sonntag, 21 déc. 2025 (extraits traduits). (…)
« Des librairies comme Orell Füssli proposent encore des ouvrages controversés. On peut y commander « Poutine » et « Opération Z », écrits par l’auteur suisse francophone Jacques Baud. « Pour l’instant. Car on ignore combien de temps l’éditeur continuera de les distribuer.
Cette semaine, Baud a été sanctionné par Bruxelles à l’échelle de l’UE, l’une des mesures politiques punitives les plus extrêmes. (…) « Bien que Baud soit fréquemment cité par Russia Today, une chaîne interdite dans l’UE, ces citations proviennent d’émissions YouTube que l’UE qualifie de « pro-russes » et dans lesquelles Baud est apparu comme invité, comme par exemple une émission animée par le politologue norvégien Glenn Diesen. (…)
« Le problème est qu’il est pratiquement impossible pour le public d’avoir une vision nuancée de la situation.
Une source diplomatique de l’UE a déclaré au journal « NZZ am Sonntag » qu’un document détaillé concernant Jacques Baud, recensant ses infractions, existe au Secrétariat du Conseil européen. Ce document est cependant soumis à une clause de confidentialité stricte. (…)
« Un cabinet d’avocats zurichois spécialisé en droit des sanctions doute que ces sanctions européennes soient toujours correctement rédigées. « Trop souvent, la décision de sanctionner quelqu’un repose sur une poignée de liens Google provenant de sources douteuses. Et le contenu est ensuite mal traduit par les traductions automatiques. » (…)
« Viktor Winkler, juriste allemand et l’un des plus éminents spécialistes du droit international des sanctions, à propos de ces mesures : « Traditionnellement, dans l’histoire des sanctions, on a toujours hésité à inscrire des ressortissants occidentaux sur les listes de sanctions. C’est terminé. » (…) « Où cela va-t-il s’arrêter ?
Et cela pourrait-il également concerner Roger Köppel ? L’ancien conseiller national UDC est certainement le citoyen suisse le plus exposé dans ce contexte. « Köppel s’est rendu à Moscou à plusieurs reprises et, cet été, a exhorté le Conseil fédéral suisse à lever les sanctions contre la Russie. Lui et son magazine, Weltwoche, ont été surnommés « le lien suisse-Moscou » par des médias allemands au printemps, après la publication d’articles de Russia Today dans Weltwoche.
Jacques Baud a également collaboré au magazine. (…) « Le professeur Winkler estime qu’il est « tout à fait plausible que l’UE impose des sanctions à M. Köppel ». « La politique de sanctions européennes s’étend actuellement, tant territorialement qu’en termes de sévérité.
« Des sanctions contre M. Köppel sont politiquement envisageables. J’ai d’ailleurs l’impression que le gouvernement suisse actuel accepterait volontiers une telle intervention de l’UE. » (…)
EN PRIME
Le texte cité décrit précisément la situation de Roger Köppel, ancien conseiller national UDC (désormais ex-parlementaire), éditeur et rédacteur en chef de la Weltwoche.
Il est effectivement le Suisse le plus exposé publiquement pour ses positions :
- Voyages répétés à Moscou (notamment en 2023, 2024 et accompagnant Orbán au Kremlin).
- Interviews avec des « propagandistes » sanctionnés comme Soloviev.
- Publication dans la Weltwoche d’articles ou reprises de contenus liés à Russia Today (RT), qualifiés de propagande par des médias allemands et suisses, ce qui lui a valu le surnom de « lien suisse-Moscou » ou « Schweizer Moskau-Connection ».
- Appel public en 2025 à lever les sanctions suisses/européennes contre la Russie.
Ces éléments sont bien documentés dans la presse suisse (NZZ, Blick, Watson) et allemande, et ont suscité des controverses récurrentes, y compris des accusations de « poutinisme » de la part de la gauche suisse.
Köppel défend une ligne éditoriale « pluraliste » : il donne la parole à des voix pro-russes pour offrir un « autre regard » sur le conflit, en critiquant l’alignement occidental et en invoquant la neutralité suisse.
Cela s’inscrit dans une ligne populiste sceptique vis-à-vis de l’UE, de l’OTAN et des sanctions, considérées comme nuisibles à l’économie sans affaiblir vraiment Moscou.
EN PRIME
Guy Mettan , journaliste suisse bien connu, ancien directeur de la Tribune de Genève et du Club suisse de la presse) a lui aussi adopté une position critique envers l’Occident et compréhensive, voire favorable, envers la Russie dans le conflit russo-ukrainien.
- Il attribue le conflit à une russophobie occidentale historique et irrationnelle, qu’il retrace sur plus de mille ans dans son livre principal Russie-Occident, une guerre de mille ans : La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne (2015, traduit en anglais sous Creating Russophobia).
- Il considère l’invasion russe de 2022 comme une réaction provoquée par l’expansion de l’OTAN, les événements de Maïdan (« coup d’État » soutenu par l’Occident) et les politiques anti-russes en Ukraine.
- Il critique vivement le soutien occidental illimité à l’Ukraine, les sanctions contre la Russie (qu’il juge inefficaces et nuisibles à l’Europe) et la couverture médiatique occidentale, accusée de propagande unilatérale et de censure des voix pro-russes.
- En 2025 (interviews récentes), il décrit la situation comme catastrophique pour l’Ukraine, avec un déclin du soutien occidental (notamment sous Trump), et estime que la Russie a l’avantage militaire et stratégique.
- Il voit le conflit comme une guerre par procuration de l’OTAN contre Moscou.
Sa position s’inscrit dans une défense de la neutralité suisse et d’une vision multipolaire du monde. Il condamne la guerre en tant que telle, mais rejette largement la responsabilité sur l’Occident.
C’est une voix minoritaire en Suisse et en Europe occidentale, mais influente.