La cassure au sein de la Heritage Foundation et les réformes de Trump

La cassure au sein de la Heritage Foundation désigne une crise interne majeure survenue fin 2025, en décembre, marquée par un exode massif de personnels, des démissions de membres du conseil d’administration et des controverses autour du président Kevin Roberts.

Cause principale: La défense par Kevin Roberts d’une interview de Tucker Carlson avec Nick Fuentes (un nationaliste blanc accusé d’antisémitisme) en octobre 2025. Roberts a qualifié les critiques de « cancel culture » tout en condamnant les propos de Fuentes, ce qui a provoqué un tollé interne et externe. Il s’est ensuite excusé, mais trop tard pour beaucoup.

Conséquences

  • Plus d’une douzaine (jusqu’à plus de 30 selon certaines sources) d’employés ont démissionné ou été licenciés, notamment des centres légaux, économiques et de données.
  • Plusieurs ont rejoint le think tank de Mike Pence (Advancing American Freedom).
  • Trois trustees (dont Robert P. George) ont démissionné depuis novembre.
  • Une task force contre l’antisémitisme s’est séparée de la fondation.
  • Retrait de financements par certains donateurs.

Cette division reflète des tensions plus larges dans la droite américaine : entre le MAGA populiste (proche de Trump et influencé par des figures comme Carlson) et les conservateurs traditionnels (plus modérés, pro-israéliens et anti-extrémisme).

Malgré son influence via Project 2025 largement adopté par l’administration Trump en 2025, la Heritage Foundation traverse une période de turbulences et de perte de crédibilité pour certains observateurs.

Project 2025, officiellement connu sous le nom de 2025 Presidential Transition Project, est une initiative lancée par la Heritage Foundation

Publiée en avril 2023, elle vise à préparer une transition présidentielle pour une administration républicaine conservatrice en 2025. Son document principal est Mandate for Leadership: The Conservative Promise, un manuel de plus de 900 pages rédigé par plus de 350 contributeurs conservateurs, dont de nombreux anciens responsables de l’administration Trump (2017-2021).

Le projet repose sur quatre piliers :

  • Le manuel de politiques (Mandate for Leadership).
  • Une base de données de personnels loyaux pour remplacer des fonctionnaires fédéraux.
  • Un programme de formation pour ces nouveaux appoinnés.
  • Un « playbook » d’actions exécutives à mettre en œuvre dès le premier jour.

Il s’inscrit dans une série historique : la Heritage Foundation produit ces guides depuis 1981 (pour Reagan), et revendique que près des deux tiers de ses propositions ont été adoptées par les administrations républicaines passées.

Principales propositions clés

Project 2025 vise à réduire la taille de l’État fédéral, renforcer le pouvoir exécutif et promouvoir des valeurs conservatrices traditionnelles.

Parmi les idées phares :

  • Renforcement du pouvoir présidentiel : Réinstaurer le « Schedule F » pour transformer des milliers de postes de fonctionnaires en nominations politiques, facilitant les licenciements et la loyauté personnelle.
  • Réforme des agences fédérales : Démanteler ou restructurer des départements comme l’Éducation (abolition proposée), la Santé, l’Environnement (EPA), et limiter le rôle du FBI/DOJ pour éviter les « persécutions politiques ».
  • Politiques sociales : Promouvoir la famille « traditionnelle » (mariée hétérosexuelle avec enfants), restreindre l’accès à l’avortement (retirer la pilule mifepristone, criminaliser l’envoi de médicaments abortifs), limiter les soins affirmant le genre, et interdire la pornographie.
  • Immigration : Renforcer les frontières, expulsions massives, utiliser l’armée pour la sécurité intérieure.
  • Économie et environnement : Réduire les régulations, favoriser l’exploitation pétrolière/gazière (y compris en Arctique), privatiser certaines fonctions (comme les prévisions météo).
  • Autres : Éliminer des programmes comme Head Start (éducation préscolaire) ou le pardon de dettes étudiantes, et intégrer des principes « bibliques » dans certaines politiques.

Project 2025 est hautement controversé :

  • Critiques de gauche (ACLU, Center for American Progress) le voient comme un plan autoritaire pour démanteler les checks and balances, concentrer le pouvoir à la présidence, et imposer un agenda chrétien-nationaliste, menaçant les droits (avortement, LGBTQ+, minorités).
  • Il est accusé de promouvoir la vengeance politique, de politiciser la justice, et de favoriser les intérêts corporatistes au détriment des protections sociales/environnementales.
  • Même certains conservateurs modérés critiquent son extrémisme.

Trump a publiquement distancié sa campagne de Project 2025 pendant l’élection 2024, affirmant ne pas le connaître et que ce n’était pas son agenda (Agenda 47).

Fin décembre 2025?Malgré les dénégations de Trump, de nombreuses propositions sont en cours de mise en oeuvre :

  • Environ la moitié des objectifs du document ont été réalisés ou partiellement mis en œuvre en 2025, selon des trackers indépendants (PBS, Snopes, etc.).
  • Plusieurs architectes du projet occupent des postes clés (ex. : Russell Vought à l’OMB, considéré comme un « cerveau » du plan).
  • Des décrets exécutifs de Trump alignent sur des points comme l’immigration, la réforme fédérale, ou les restrictions sur les soins affirmant le genre.
  • La Heritage Foundation collabore activement avec l’administration pour avancer les pistes restantes.

En résumé, Project 2025 est un plan conservateur plutot radical qui influence fortement la politique actuelle de l’administration Trump, malgré les tentatives de distanciation passées.

Le document complet est disponible en PDF sur le site de la Heritage Foundation.

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