Editorial. La hausse des marchés boursiers est surdéterminée, c’est une hausse de misère, pas une hausse de prospérité.

Commenter les marchés boursiers n’est pas les expliquer.

Les récits boursiers sont incapables de servir de guide parce qu’ils sont produits par les marchés, ils ne les produisent pas. Les récits sont à la traine.

Il n’y a pas de magie de la parole boursière, les hausses sont produites par une pression de l’échange de monnaie contre des titres. Un détenteur de capital monétaire ou un spéculateur, ou une firme qui a un pouvoir d’emprunter jugent à un moment donné qu’il est avantageux d’acquérir des titres et si il y a plus d’acheteurs que de vendeurs les prix montent.

Les récits sont des justifications plaisantes, a postériori, pour rendre les hausses en apparence rationnelles sur la base de théories plus ou moins idiotes selon les locuteurs , selon les périodes, selon les besoins du système, selon les humeurs sociales.

Les justifications fondamentales comme les ratios et autres billevesées ne servent qu’à masquer une réalité inacceptable; les hausses sont organiquement déconnectées de l’activité économique des firmes; simplement les performances ou supposées performances des entreprises servent à créer une règle du jeu, une martingale, qui a pour fonction d’occulter les mécanismes boursiers de base.

Les mécanismes boursiers de base sont:

-les déficits budgétaires, ils produisent les fonds d’état lesquels sont la pierre angulaire de la création de monnaie, des garanties, de l’ingénierie, du levier et des liquidités;

-les déficits budgétaires car tout déficit public a comme contrepartie des excédents privés soit chez les firmes soit chez les ménages; les déficits de l’état font les bénéfices du privé

-la répression financière qui appuie sur le rémunération des placements sans risque pour financer les Govies et par effet d’entonnoir rend les placements en actions plus risqués, plus attrayants.

La hausse boursière est une mécanique objective pas une opération magique.

C’est une Nécecessité qui ne disparaitra que quand on changera de système; quand on aura atteint les limites absolues incontournables du système actuel défini par:

-deficits publics,

-création de monnaie et de dettes, et

-repression/spoliation de l’épargne des masses

Le 9 octobre dernier, le Guardian a publié un article sur le «  »debasement trade » . ce qu’on traduit mal par le « commerce de la dévaluation »:

« Face aux inquiétudes concernant la dette publique, l’indépendance des banques centrales et la faiblesse des principales devises comme le dollar, les investisseurs se ruent sur des actifs tels que l’or, le bitcoin et les actions. Ce phénomène est même surnommé « le marché de la dévaluation ».

Cet article présente un début d’intérêt, une ébauche disons.

En effet il relie :

-hausse des actions

-dette publique

-banques centrales politisées et non indépendantes

-faiblesse et donc surabondance de monnaie

Bien entendu il oublie le pillage des épargnes, des économies des salariés.

C’est une simple juxtaposition sans tentative de produire un lien organique qui mettrait en relation objective les différentes variables listées et sans dépasser par conséquent le stade de la Magie c’est à dire le stade de la Croyance;

C’est parce qu’il y a « tout cela » que les financiers jugent que les actifs comme les actions doivent monter. Ils appellent donc cela « le commerce de la dévaluation ».

L’idée de dévaluation étant magique, et tautologique puisque si la monnaie se dévalue c’est parce que les actions montent et réciproquement , la valeur relative des monnaies face aux actions se réduit. Votre fille ne parle, voila pourquoi elle est muette. L’explication « commerce de dévaluation » n’est rien d ‘autre qu’une autre façon de présenter les évidences en essayant de paraitre intelligent.

Dire les monnaies dévaluent par rapport aux actions n’est rien d’autre que dire que les actions montent! C’est une tautologie, pas une explication! La finance adore les tautologies qui font paraitre savant et compétent.

C’est normal car c’est le monde des Diafoirus. Les professionnels gagnent de l’argent, scalpent les profanes, s’octroient la Part Maudite du système, en tant que prêtres de la religion du Pognon, en donnant l’impression qu’ils gèrent les Mystères et qu’ils sont Initiés.

Plus tôt dans la semaine, comme indiqué dans l’article du Guardian, Ken Griffin de Citadel Securities , quasi Grand Pretre de rang supérieur conseillé par un vrai ancien Grand Pretre (En 2015, l’ancien président de la Réserve Fédérale, Ben Bernanke, a rejoint le fonds spéculatif Citadel en tant que conseiller principal pour les politiques monétaires et les marchés financiers) , Griffin donc en avait parlé :

Ken Griffin, fondateur et directeur général du fonds spéculatif Citadel, a déclaré cette semaine que les investisseurs cherchaient des moyens de « dédollariser et de réduire efficacement les risques de leurs portefeuilles par rapport au risque souverain américain .

« L’inflation est nettement supérieure aux prévisions, et ce, dans toutes les prévisions pour l’année prochaine. C’est en partie ce qui explique la dépréciation du dollar d’environ 10 % au premier semestre. Il s’agit de la plus forte baisse du dollar américain en six mois, et même en 50 ans », a déclaré Griffin lors de la conférence de Citadel Securities sur l’avenir des marchés mondiaux.

Vous remarquerez, vous qui avez l’esprit acéré par mes remarques, que le Griffin, conseillé par Bernanke ou pas, ne dit rien d ‘autre qu’une enfilade de tautologies ; si l’inflation monte cela veut dire que le dollar se dévalorise relativement, si on dédollarise c’est la même chose, si le dollar baisse de10% c’est du pareil au même! Vous auriez pu exprimer ces idées savantes de façon triviale et banale: si le dollar baisse c’est parce qu’il y a plus dollars offerts que de cons qui ont envie d’en avoir.

L’expression « debasement trade » a fait une apparition fulgurante dans la culture des nigauds . Elle s’est rapidement répandue dans les médias financiers et sur les réseaux sociaux. C’est quand même autre chose de dire: c’est le debasement trade que de dire, bêtement c’est le « trade de la hausse des actions », non?

Commerce de dévaluation

Les discours tendent à suivre l’évolution des prix. Ils ne les produisent pas.

En 2019 et 2020, on entendait dire que « l’inflation est morte », et l’on détenait sans problème 18 trillions de dollars d’obligations à rendement négatif, détenues sans difficulté « tout à fait rationnellement » par les investisseurs institutionnels.

Aujourd’hui, en 2025, après des années de forte inflation et de pertes considérables sur les marchés obligataires le risque lié aux obligations souveraines est reconnu, après les pertes notez-le , par les grandes banques d’investissement et les centaines de PHD qui occupent les bureaux de la finance.

Le processus de dévaluation/dépreciation/debasement dure depuis des décennies. C’est même pour cela qu’on a crée les banques centrales et même qu’on leur a donné leur « indépendance »; pour encore mieux tromper/baiser le public.

Les gouvernements ont commencé à découpler progressivement les monnaies de l’or puis ils ont distendu les ancrages des prix de la monnaie et de l’ l’or. Ensuite le phénomène s’est véritablement accéléré dans la seconde moitié du XXe siècle, lorsqu’ils se sont totalement détachés de tout système d’ancrage du prix de la monnaie à l’or, puis enfin de la production de richesses et de l’activité productive et quand ils ont utilisé la monnaie comme moyen de suppléer à la production de richesse défaillante ou insuffisante.

La monnaie bouche tous les manques, tous les trous du système , pensez y , ce n’est pas un actif, c’est un leurre.

Voici quelques graphiques tirés de Broken Money :

IPC à long terme

Apres l’expérience Volcker les États-Unis ont amorcé une baisse continue des taux d’intérêt, qui a persisté pendant 40 ans à partir d’un niveau très élevé.

Cette baisse des taux conjuguée à la surabondance de la monnaie et à la surproduction de dettes et à la dérégulation/libération financière a entraîné mécaniquement et mathématiquement une hausse structurelle des valorisations des entreprises . Elle a également abaissé le coût des emprunts nécessaires à l’acquisition de ces actifs, incitant ainsi à recourir à l’effet de levier pour financer ces acquisitions.

Grace à ces phénomènes conjugués, les prix de tous les actifs exprimés en monnaie se sont résolument orientés à la hausse, mouvement quasi a ses unqiue comme le debasement monétaire lui même.

PLUS il y a de monnaie, MOINS elle vaut et PLUS on est riche.

Valeur nette vs PIB
Taux d'intérêt par rapport à la valeur nette

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