La distinction centrale entre « investir » et « spéculer » expliquée simplement.
Warren Buffett explique la différence cruciale entre « investir » et « spéculer« .
Investir est une activité rationnelle -et en tous cas rationalisable- meme dans un univers d’incertitude tandiss que spéculer ne l’est pas.
Si l’actif ne produit rien, vous espérez simplement qu’un « plus grand imbécile » paiera plus cher demain.
L’investissement véritable concerne le rendement de l’actif lui-même.
Voila la vérité qui est occultée dans la théorie et dans la pratique financière depuis la financiarisation, les soi disant performances sont mélangées et la plus value sur le Ponzi produit par la création de toujours plus monnaie et de crédit est devenue l’élément central pour les « faux investisseurs mais vrais spéculateurs » qui ont pris le contrôle des Bourses.
Ce n’est pas un hasard si les bourses post modernes c’est à dire financiarisées/monétisées ont évolué dans cette direction; plus la véritable profitabilité interne du capital propre investi à tendance a s’éroder , plus il est nécessaire de le « valoriser » , le gonfler par la dette et par le credit , plus le facteur jeu prend le dessus, plus le relais d’un plus fou est cecessaire pour réaliser une performance.
La tendance a l’érosion de la profitabilité conjuguée à la tendance à la contrer par le credit et l’avilissement monétaire expliquent le phénomène de passage de l’investissement à la spéculation. On gagne plus à décoder les mystères des discours de Powell sur la politique monétaire et le rpixd ela’argent qu’à étudier la micro economie!
On gagne plus à étudier ce contre quoi les valeurs boursières sont échangées, -la monnaie- qu’ étudier les entreprises.
Les marches boursiers sont de gigantesques champs névrotiques, les signes ont pris le dessus et ont évincés le Réel productif. L’Imaginaire a pris le pas sur le Symbolique et le Réel: « Le névrosé tente d’échapper à un réel traumatique en créant des histoires imaginaires »
Toute l’activité intellectuelle depuis la financiarisation se concentre sur la réponse à la question est-ce que cela va monter ou baisser!
Le fondamental est relégué au second plan, l’évolution des prix est devenue magique c’est elle qui monopolise l’attention; les ombres produisent les corps!
La citation de Warren Buffett met en lumière une distinction fondamentale entre l’investissement et la spéculation, deux approches souvent confondues dans le monde financier.
Buffett, l’un des investisseurs les plus influents de l’histoire et PDG de Berkshire Hathaway, insiste sur l’importance de se concentrer sur la valeur intrinsèque d’un actif plutôt que sur des paris hasardeux.
La spéculation : Buffett la décrit comme un jeu où l’actif « ne produit rien » en soi. Dans ce cas, la seule source de profit repose sur l’espoir que quelqu’un d’autre – qu’il appelle ironiquement un « plus grand imbécile » (greater fool) – sera prêt à payer un prix plus élevé à l’avenir. Cela repose sur la psychologie des individus, des foules , des marchés, les tendances, les bulles spéculatives et les fluctuations émotionnelles, sans lien avec une création de valeur réelle.
L’investissement véritable : À l’opposé, l’investissement se base sur le « rendement de l’actif lui-même ». Cela implique que l’actif génère des flux de trésorerie, des dividendes, des profits ou une croissance intrinsèque, indépendamment des variations de prix à court terme.
Buffett souligne que l’investissement est une approche sinon rationnelle du moins rationalisable et probabilisable , fondée sur l’analyse fondamentale (comme les bilans comptables, les perspectives d’entreprise et les avantages concurrentiels), plutôt que sur la chance ou la mode.
Un investissement est fondé sur la valeur d ‘usage de l’actif dans lequel on investit, capacité a produire des revenus, de flux et/ou des services . La speculation est déconnectée de plus en plus des valeurs ‘usage, elle s’exacerbe des valeurs d’échange et surtout ensuite des valeurs désirs, des passions du jeu. Il y a autonomisation et déconnection.
Buffett reprend les idées de Benjamin Graham, dont je vous parle souvent.
Exemples d’investissement véritable :
- Actions d’entreprises productives : Buffett privilégie des sociétés comme Coca-Cola ou Apple, qui génèrent des profits récurrents via leurs produits. Le rendement vient des dividendes, de la croissance des bénéfices et de la réinvestissement interne. Par exemple, si vous investissez dans une ferme, le rendement provient des récoltes annuelles, pas seulement de la revente du terrain.
- Obligations ou immobilier locatif : Une obligation d’État produit des intérêts fixes ; un appartement loué génère des loyers mensuels. Ici, le retour sur investissement est prévisible et lié à la performance intrinsèque de l’actif.
- Indice boursier à long terme : Buffett recommande souvent d’investir dans un fonds indiciel comme le S&P 500, car il reflète la croissance économique globale des entreprises productives, plutôt que de parier sur des titres individuels spéculatifs.
Les implications sont profondes :
- Risque et horizon temporel : La spéculation est à court terme et volatile, souvent menant à des pertes massives (comme lors de l’éclatement de la bulle dot-com en 2000). L’investissement, en revanche, est patient et compounde les rendements sur des décennies.
- Psychologie et discipline : Buffett prône la « marge de sécurité » (margin of safety) : acheter un actif en dessous de sa valeur intrinsèque pour minimiser les risques. Cela contraste avec la spéculation, qui est influencée par la peur (FOMO) et l’avidité.
- Contexte économique : Dans un monde de taux d’intérêt bas et d’argent facile (comme post-2008), la spéculation a proliféré via les apps de trading comme Robinhood. Buffett avertit que cela crée des inégalités et des instabilités, car cela n’alloue pas le capital vers des usages productifs.
La distinction entre investissement et spéculation est plus pertinente que jamais en 2025, avec l’essor des actifs numériques et des IA spéculatives.
NOTE:
Bien sur l’analyse ci dessus est conservatrice , à la limite ringarde car elle part encore du principe que le Réel est sinon connaissable du moins que l’on peut s’en approcher de plus en plus par le travail et la science disciplinés; mais la post modernité pas seulement financière considérant que le réel en soi est inconnaissable a choisi de franchir le pas et de l’éliminer purement et simplement. C’est la disjonction/négation ultime qui permet la levitation
Cela satisfait les élites et les Maitres car ils remplacent le réel par les artifacts/signes/monnaies/crédits produits par leur volonté! Si Dieu est mort, tout est permis; alors les riches et leurs gnomes sont les maitres! Ils peuvent baiser les gogos en toute bonne conscience. Le glissement vers la spéculation concrétise et exemplifie les nouvelles formes d’exploitation des masses par les élites , cette exploitation a relayé celle traditionnelle par le sous paiement du travail. On exploite les gens au niveau de leurs retraites, de leurs assurances, de leurs épargnes et même au niveau de leur détention de monnaie.
D’après Pierre-Christophe Cathelineau, le réel se définit comme « ce que l’intervention du symbolique pour un sujet expulse de la réalité », il ne se définit que par rapport à l’imaginaire et au symbolique et s’oppose à la réalité mise en ordre par le symbolique (ce que la philosophie désigne comme représentation du monde extérieur).
Le réel ne revient dans la réalité qu’à une place où le sujet n’en fait pas la rencontre (ou alors elle provoque une sortie de son état ordinaire). Également appelé « l’impossible », il ne peut-être complètement symbolisé par le langage ou l’écriture et est un « objet d’angoisse par excellence ».
Lacan insiste sur la structure que forme le réel avec l’imaginaire et le symbolique dans ses séminaires.
Le réel n’est pas la réalité qui est déjà pour nous une construction, complètement baignée et informée par le langage. Lacan écrit ailleurs que « le réel, c’est l’impossible », insistant sur le caractère informalisable du réel, sur son hétérogénéité, sur son caractère de déchet, de rebut : le sujet met dans le réel tout ce qu’il ne peut pas mettre ailleurs, tout ce qui n’entre pas dans le filet du langage et des représentations imaginaires, autrement dit tout ce qui ne fait pas sens (le sens étant constitué du nouage de l’Imaginaire et de Symbolique) : entre les nœuds du sens, le réel fait un trou, dans le tissu symbolique il se manifeste comme trou, comme manque, même si lui-même n’est pas trou, mais se manifeste au contraire comme consistance brute, comme plénitude d’un contenu.