Editorial. Oui, nous sommes bien dans les années Trente

Nous sommes gouvernés par des génies n’est ce pas? Des PHD, des énarques, des polytechniciens  qui en savent plus que nous, des politiciens qui détiennent les vérités éternelles du pouvoir, et puis qui sont garants de cette modernité, de ce progrès qui dévalorisent tout ce qui est passé! Mais quelquefois ils ont besoin du passé, … pour l’utiliser comme épouvantail.

Tenez la menace suprême nous été assénée par le Macron omniscient: nous serions en train de reproduire les années 30!

Encore une de ces fameuses découvertes du style Nanette Vitamine puisque notre  énaniste découvre aujourd’hui ce que nous avons écrit et récrit depuis 2009!

Je ne savais pas que j’étais à ce point progressiste, moi qui me fais une fierté d’être conservateur.

J’ai écrit dès la fin  2009 que nous étions à nouveau dans une crise de déflation, que la crise financière et bancaire n’était que le mode d’apparaître  d’une crise plus fondamentale, crise périodique du système , une crise de surproduction et donc du profit. Pendant longtemps on a maintenu le profit, clef de voûte du système grâce à l’accroissement de la masse de dettes, mais le surendettement se révélant, alors  devient impossible de le maintenir et de le réaliser.  Faute de débouchés suffisants, dans un monde de concurrence,   la tendance à la baisse des prix se renforce.

Reconnaître la tendance à la baisse des prix n’était qu’une manière de dire que l’offre était supérieure à la demande et  le fait de dire que l’offre était supérieure à la demande c’était reconnaître  la crise de surproduction … exactement comme dans les années 30. La crise financière révèle une crise de l’excès de dettes et la crise de l’excès de  dettes révèle une crise systémique  de surproduction et de profitabilité.

Le développement harmonieux des échanges laisse la place à la concurrence , puis à la lutte pour survivre, puis aux affrontements sociaux, politiques, géopolitiques tant il est vrai que les élites détournent à un moment donné, à un moment  critique, la colère des peuples et les mystifient en les conduisant dans les impasses qui sont peuplées  de boucs émissaires.

Dans les années Trente, les boucs émissaires c’était l’Autre, celui qui n’est pas nous, le métèque de Céline, mais dans les années 2015 et suivantes, le bouc émissaire c’est vous.

Miracle de l’inversion, miracle de la victime transformée en coupable, dans le processus scélérat actuel, le bouc émissaire n’est rien d’autre que .. la victime.

Le mécanisme de fabrication du bouc émissaire est un mécanisme de projection, celui qui l’utilise balance sa noirceur, son négatif, sa merde sur un sujet extérieur; ainsi il est soulagé, purifié. Relisez Louis Ferdinand.

Dans le processus qui est en cours actuellement, les élites et Macron en tête noircissent à mort, salissent , pourrissent tout ce qui est en vous, ils savent que nous sommes ambivalents, qu’il y a en nous du bon et du moins bon, et ils enflent, ils soufflent sur le moins bon, ils jouent sur un phénomène qui s’appelle la résonance, et une fois  la merde, la saloperie gonflées ils vous forcent à la régurgiter, ils vous la font bouffer, ils vous font bouffer votre merde plus celle qu’ils ont eux même insérée et produite. Ainsi vous êtes sale, dégoutant, repoussant. Ils vous balancent des paquets d’immondices et après ils viennent dire que vous puez. Ils s’en servent pour vous neutraliser, pour vous détruire socialement. Tout le secret est là et c’est une opération de salauds de communicants que celle qui consiste à amplifier le noir qui est en  nous pour nous forcer ensuite à le regurgiter, à le faire notre,  et ainsi nous détruire socialement.

Revenons à notre similitude:

Bernanke a eu beau tourner autour du pot et nous dire c’est une insuffisance de la demande, moi je n’ai cessé de dire c’est une crise de surprodution et c’est exactement ce qui va se révéler plus tard de plus en plus nettement. Et j’ai décrit le processus , la sinistre séquence. Si nous refusons la destruction de tout ce qui est excédentaire, alors ce qui nous attend c’est :

-dislocation de la concertation internationale car la concurrence va s’exacerber , chacun va vouloir maintenir sa place et son rang au détriment des autres. Il faut exporter son chômage et forcer les autres à la destruction, chez eux

-dislocation de la globalisation car la globalisation rend obligatoire la coopération et celle ci va disparaître , remplacée par les tensions, les affrontements, les compétitions stratégiques. Les institutions internationales vont voler en éclat.

-guerre des monnaies et retour au protectionnisme car l’enjeu de la crise de surproduction c’est de savoir qui va être détruit, qui va perdre son statut, qui va avoir le plus de chômeurs, qui va asservir l’autre

-guerre de tous contre tous, la bourgeoisie en guerre contre le peuple et les bourgeoisies en guerre entre elles, on le voit très clairement avec ce qui se passe en Europe en ce moment.

-Négation des principes et des règles du jeu antérieures, multiplication des contrôles, retour à un monde autoritaire car la guerre économique et monétaire c’est une vraie guerre et toute guerre implique un retour aux régimes autoritaires, aux mensonges, aux contrôles et à la violence de plus en plus cynique… au nom de la sécurité

-fin des apparences  démocratiques car les classes dirigeantes parent au plus pressé, elles vont devoir se montrer comme elles sont , égoïstes, exploiteuses, arrogantes, hargneuses: ils ne sont pas content? Et après! Ils n’ont pas de pain? Qu’ils mangent de  brioche!  Macron: ils ralent, j’assume!

-montée des révoltes spontanées et dislocation des consensus politiques et institutionnels car les organisations politiques et syndicales seront incapables de prendre en charge  la situation sociale nouvelle puisqu’elles sont émanation de l’ordre ancien et qu’elles sont compromises

-Et par dessus tout, notre certitude qui n’est pas une prophétie mais une conclusion produite par la dialectique inéluctable que constitue le retour des affrontements dans  le monde global: la  guerre.

Un jour ou l’autre il faudra qu’il y ait la guerre, on le sait bien.

Il n’y a pas d’autre issue dans la voie qui a été choisie en 2008;  guerre froide, guerre tiède, réarmement -même l’Europe veut maintenant réarmer-, et puis guerre ouverte, terrible , auprès de laquelle celles de 14 et 39 seront des promenades de santé humanistes . Car le progrès des moyens de destruction ne s’arrête pas, lui!

Oui nous sommes dans la période des années 30.

-Le très grand capital a peur, il a peur il veut garder sa fortune et son pouvoir, , il lutte à mort , il refuse d’abandonner son statut;

-Le très grand capital détruit les formes précapitalistes, les fonds de commerce des petits, des individus, il confisque les acquis sociaux, il organise le retour en arrière il pille pour extraire le plus de plus-value possible pour maintenir en vie tout le capital fictif et excédentaire

-Le très grand capital surexploite, hausse le taux d’exploitation de la main d’oeuvre, il revient en arrière sur les avantages acquis, sur les salaires indirects, sur les services publics,  il dévaste les prestations futures de retraite et de santé

-Le très grand capital divise le peuple afin de le pulvériser, de l’isoler afin d’empêcher les alliances de classes et de groupes sociaux, tous contre tous, comme dans l’arène des gladiateurs ou les esclaves se battaient alors que les chefs se gobergeaient dans les gradins

-Le très grand capital salit, pisse et balance ses immondices sur le peuple pour pouvoir dire qu’il est répugnant et qu’il faut lui retirer le droit à la parole, le sortir du champ républicain, bref le nazifier .

Et ensuite l’opération suprême consistera  dès lors que l’on aura fait tout cela , l’opération suprême consistera à dire, ces gens ne sont pas des citoyens ce sont des sous hommes, des parias et vous devez vous liguer contre eux … derrière nous.

Ah la mystification!

Et après? Après la guerre, après la destruction de tout ce qui a été excédentaire, de tout ce qui n’a plus de raison d’exister, de tout ce que possédaient les plus faibles, comme en 18, comme en 45, la reconstruction,  la destruction de la monnaie ancienne, la remontée vertigineuse du taux de profit,

…et la mise en place de la grande politique d’amnésie.

8 réflexions sur “Editorial. Oui, nous sommes bien dans les années Trente

  1. Magistral !!
    Alors la guerre « soft » ne suffira pas, au bout du compte il y a aura le « hard » ?
    Et en plus la crise environnementale et son lot de catastrophes naturelles qu’on voit apparaitre partout…

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  2. j’adore cette partie:fin des apparences démocratiques car les classes dirigeantes parent au plus pressé, elles vont devoir se montrer comme elles sont , égoïstes, exploiteuses, arrogantes, hargneuses: ils ne sont pas content? Et après! Ils n’ont pas de pain? Qu’ils mangent de brioche! Macron: ils ralent, j’assume!

    on est vraiment en plein dedans en ce moment!

    pour le reste je suis d’accord avec vous! je pense que le 17 novembre qui arrive risque d’être plus qu’un petit blocage (et je l’espère en même temps! il est temps de mettre le monde dans le bon sens de marche). les revendication ne concernent pas que le prix du gazole mais notre mode de gouvernance et ce libéralisme à outrance. c’est la fin des apparences !

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  3. Bonjour Mr Bertez,
    Je vous remercie encore une fois pour votre site et vos éditos. Je vous en remercie doublement de celui-ci car vous ouvrez une fenêtre sur un futur possible. Je sais que vous n’aimez pas faire de prédiction, que vous aimez analyser le présent (c’est déjà une grande oeuvre dans notre époque d’enfumage systématique), mais votre avis sur notre trajectoire probable m’est très importante.

    Un article à imprimer pour ne pas l’oublier.

    Voulant ne pas commettre d’erreur d’interprétation… pour vous résumer:
    – Nous sommes vers la fin de la période de déflation des prix de nombreux biens (concurrence made in China, dérégulation, loi du moindre coût…), concurrence par les entreprises zombies (crise de la surproduction)…. on ne peut plus rien diminuer, il n’y a plus rien à grignoter
    – à venir la grande déflation des actifs financiers (actions, obligations, peut être aussi immobilier) qui ont été boostés / dopés par la pompe à phynance
    – la conséquence des futures montées des protectionnismes, des guerres monétaires et de l’explosion des traités internationaux sera plutôt l’inflation (taxe douanière sur les produits importés, monnaies dévaluées etc) sur les produits de consommation dont le prix a été précédemment déflaté par la mondialisation / globalisation.

    Ai-je bien compris ?

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  4. Excellent !
    Ne pleurons pas sur l’incapacite des organisations politiques et syndicales à prendre en charge, ce ne sont tous que des canalisateurs collaborationnistes qui ne peuvent plus jouer leur rôle.
    Le souci pour nous est de susciter une vraie force révolutionnaire et de refuser d’entrer dans une guerre civile depuis longtemps programmée « le chaos constructif « .
    Mais c’est le régime qui donnera le signal prévu de l’attaque aux zones qu’il a sur-armées
    Police et armée sont au service du régime et non plus du peuple.
    Manquement grave à la Constitution
    Leurs chefs sont des mercenaires au service
    L’attaque sur le coût de l’essence, vise à freiner notre mobilité
    Le bouquin de Davet et Lhomme est un symptôme inquiétant .
    Voici qu’ils écrivent ce qu’il est interdit de dire
    Zemmour fut poursuivi pour moins que cela
    Autre symptôme , les déclarations de Collomb
    Zemmour et Obertone censurés pour bien moins.
    Et « en même temps », Bellatar, copain de Macron nous menace de guerre civile « ce n’est pas une menace, c’est une promesse « 
    Et Aubry découvre l’eau froide
    Tout est organisé pour nous diviser et nous mener à l’affrontement inéluctable
    Les cités feront la jonction avec les nouveaux arrivants
    Le peuple de France doit se ressaisir
    L’Islam est devenu un bouc émissaire bien commode.
    Ne pas adhérer à ce biais qui nous détruira tous.
    La révolution est la seule voie
    L’ennemi lancera ses milices pour le protéger
    Pas d’illusions
    Mais possibilité de succès

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