Editorial. La Droite française a-t-elle un avenir ? Non! Quand tout est vain, vient le temps du règne des vanités.

Maxime Tandonnet est un observateur politique que je respecte, j’apprécie sa « mesure éclairée » sans concession à la démagogie.

Il pose ici presque en passant , en incidente la question centrale de la politique contemporaine; celle de l’avenir de la Droite.

Tout ce qu’il énonce me ravit , est doux à mon oreille et va dans la bonne direction.

On en rêve de ce courant de Droite!

Il préconise une démocratie nationale, parlementaire et référendaire, le respect intangible du peuple, la priorité donnée à l’intelligence scolaire, l’indépendance nationale et l’intérêt général, une société fondée sur la liberté individuelle et l’entreprise, la maîtrise des frontières, la prospérité économique, les équilibres financiers, la souveraineté et la sécurité des biens et des personnes. Par commodité, ce courant s’appelle aujourd’hui « la droite française« .

Si ce courant existait je crois que j’y adhèrerais… l’espace de quelques instants.

Mais pas plus que quelques instants , hélas.

Pourquoi ?

Parce que pareil courant n’apporterait aucune réponse , aucune solution aux problèmes existentiels, fondamentaux, profonds qui nous détruisent.

La France n’est pas maitresse de son destin, même pas à l’intérieur de son espace national, car l’intérieur n’est pas séparable de l’extérieur. Même notre personnel politique est produit de l’extérieur, même nos façons de penser …même nos désirs. Mêmes nos valeurs sont d’ailleurs.

Ce qui est déterminant, -au sens de ce qui nous détermine- , c’est l’inclusion dans un système ou plutôt dans des systèmes qui nous dépassent. Le sous-système européen et le système mondial.

Il me faudrait une collection de livres pour exposer en quoi les rêves de Maxime Tandonnet, sont hors de portée, en quoi ils sont des vœux pieux, de belles illusions.

Maxime Tandonnet semble présupposer que nous avons le choix et que c’est quasi par vice que nous évoluons de façon perverse, sur la pente de l’infamie, du déclin et de la paupérisation.

C’est ma divergence radicale d’avec lui: j’affirme nous n’avons aucun choix, rigoureusement aucun et ce à quoi il nous est donné c’est d’assister c’est aux conséquences de cette absence de choix , aux conséquences de cette impuissance sur les personnels, sur les institutions, sur le sous système français en général.

L’impuissance nous détruit, nous pervetit, elle produit notre pourriture intérieure et les personnels qui s’en nourrissent.

C’est parce que l’on ne peut plus rien faire que tout se délite et que certains encore plus médiocres que les autres comme Macron et sa clique n’ont rien d ‘autre à faire que d’en tirer parti au profit de leur maigre volonté de puissance et de leur narcissisme; quand tout est vain, vient le temps du règne des vanités.

Tout est vain. Comprendre Macron c’est comprendre les ravages de l’impuissance sur un gouvernement qui se pose comme volontariste lorsqu’il est dirigé par un pervers qui a mal dénoué son Œdipe. C’est comprendre que Macron n’est que la cause proche, et que c’est l’impuissance qui est la cause fondamentale , lointaine.

Le spectacle triste et honteux auquel nous assistons est en partie produit par nous même, par nos incompétences, nos lâchetés, nos veuleries , par l’attrait de la facilité; il est si facile de descendre la pente n’est-ce pas?

Mais ce n’est pas nous qui choisissons La Pente, la pente c’est le système, son état, c’est le régime mondial, c’est l’état des lieux européens, c’est la lutte des classes à l’échelle planétaire, c’est le besoin d’impérialisme, c’est la géopolitique

Sur La Pente nous y sommes depuis la crise du capitalisme des années 30 pour évoquer André Tardieu que , comme Tandonnet, j’admire. Mais en précisant que cette pente c’est celle de la crise du système, de la crise des années 30 , du fascisme, de l’impérialisme. La crise du capitalisme a produit la mondialisation/globalisation lesquelles comme au siècle précèdent ont été ratées et maintenant créent les conditions du recours à la guerre.

Certes il y a des conditions internes à notre situation désastreuse , mais mon sentiment est que ces conditions internes sont produites elles aussi par notre situation de radicale impuissance à changer le cours des choses à l’extérieur. C’est l’extérieur qui détermine nos faiblesses et nos reculs, c’est l’extérieur qui nous traverse.

Nous sommes des produits et si nous sommes des produits alors nous n’avons pas le choix, nous sommes dans une gigantesque bouteille agitée de l’extérieur et nous vibrionnons de plus en plus ridiculement à l’intérieur, comme Macron; sans prendre conscience ou sans oser reconnaitre et dire que c’est le mouvement du flacon qui fixe les conditions de notre vie, qui dicte ce que pensons et ce que nous faisons.

Ces tristes pantins gouvernent sur un mensonge; ils prétendent qu’ils peuvent y faire quelque chose!

Je vais être bref car je reviendrai un jour sur ces sujets.

Je réfléchis sur ces sujets depuis Giscard lorsque je l’ai entendu dire pour justifier son abandon des valeurs Gaullistes: la France ce n’est que 1% du monde.

VGE se trompait ce n’est ni la masse ni le poids qui comptent, ce qui compte c’est le type de relations que l’on entretient avec l’exterieur.

Le destin de la France est subi , il n’est pas choisi et aucune Droite même la plus honnête, la plus forte, la plus légitime n’y changera rien si, avant , elle ne choisit pas d’être .. de gauche; d’ultra gauche!

J’entend par être de gauche, être révolutionnaire, vouloir changer le système y compris par la force et la violence car hélas il n’y pas d’autre moyen.

Le destin de la France est déterminé à des niveaux bien supérieurs à ceux auxquels l’action d’un gouvernement a accès:

-forces de l’histoire, engrenage du déclin, état des forces productives françaises

-état du système capitaliste mondial dans lequel nous sommes insérés, imbriqués en particulier au niveau du taux de profit, de la monnaie et de la finance

-forces de la mondialisation véhiculées par la libre circulation , et surtout celle des capitaux

-forces de divergences en Europe qui empêchent toutes les action correctives qui seraient pourtant permises par notre masse et notre taille.

Au mieux la France si elle était moins divisée, si elle disposait d’un gouvernement éclairé et légitime pourrait mieux s’adapter, mais ce serait encore insuffisant pour pérenniser ce gouvernement.

Il serait vite chassé du pouvoir car il aurait fait des promesses qu’il ne peut tenir.

Au passage notez la référence à Raymond Aron. ce fut un phare à son époque mais compte tenu de son tropisme américain et de l’évolution historique, avec les mêmes idées, il serait un boulet à la notre.

Avenir de la droite française

Publié le 19 avril 2024 

par maximetandonnet

A mes yeux, il ne fait aucun doute que l’espace existe pour un vaste courant politique dont les racines se situent au XXe siècle chez Poincaré, Tardieu, de Gaulle et Pompidou.

Il préconise une démocratie nationale, parlementaire et référendaire, le respect intangible du peuple, la priorité donnée à l’intelligence scolaire, l’indépendance nationale et l’intérêt général, une société fondée sur la liberté individuelle et l’entreprise, la maîtrise des frontières, la prospérité économique, les équilibres financiers, la souveraineté et la sécurité des biens et des personnes. Par commodité, ce courant s’appelle aujourd’hui « la droite française« .

Il est inconciliable avec toute dérive du pouvoir vers l’esbroufe vaniteuse, bavarde, arrogante et impuissante, la personnalisation du pouvoir à outrance, au détriment de la Nation et le mépris du peuple; il est aussi inconciliable avec toutes les formes d’extrémisme issues des pires traditions totalitaires ou maurrassisme dégénéré dont les airs de Sainte-Nitouche, aujourd’hui, ne devraient leurrer personne. Ce courant, dit la droite française est aujourd’hui en grande difficulté. Alors qu’il pourrait rassembler lui-même les deux-tiers du pays sur ses idées et ses projets, il se situe à moins de 10% dans les sondages. Pourquoi semble-t-il emporté dans le déclin?

Evidemment, ce courant a subi le contre-coup de la catastrophe électorale de 2017, suivie d’une vague de trahisons opportunistes dont son image a du mal à se remettre. Mais au-delà, le fond du problème, c’est qu’il n’a jamais réussi à redevenir lui-même. Ecartelé entre le macronisme et le lepénisme, il s’est placé à la remorque de ces deux courants, par exemple en soutenant l’un sur une impopulaire réforme des retraites (les inutiles et provocateurs « 64 ans »), et l’autre sur la plus que douteuse « préférence nationale »(s’attaquer aux droits sociaux des étrangers en situation régulière – ce n’est pas le sujet aujourd’hui).

Cette droite française n’est pas non plus parvenue à rompre avec les fantômes du passé qui continuent de la hanter. Elle en revient toujours à vouloir s’accrocher à une histoire maudite de ces dix dernières années qui lui ont coûté si cher, à l’image de la nouvelle et invraisemblable micro-polémique entre M. Sarkozy et son ancienne « tête penseuse » (voir Figaro de ce jour).

Elle n’a pas su renouveler suffisamment ni ses hommes ou femmes, ni ses idées ni ses projets, ancrée dans ses vielles lunes du sado-libéralisme (une chose est bonne quand elle blesse le peuple, à l’image des « 64 ans ») alors que la France attend désormais tout autre chose.

Son message devrait être celui d’une réconciliation entre la politique et le peuple et la restauration d’une démocratie française digne de ce nom (le pouvoir du peuple), de ses fondamentaux historiques (voir ci-dessus), de la confiance populaire (dans le contexte d’un abstentionnisme de 54%), de l’indépendance nationale en politique extérieure.

Or, elle passe totalement à côté de ce discours en ce moment… Dommage, dommage…

MT

4 réflexions sur “Editorial. La Droite française a-t-elle un avenir ? Non! Quand tout est vain, vient le temps du règne des vanités.

  1. Le nerf de la guerre c’est l’argent pour commencer, avec nos banques dépendantes du dollar, c’est déjà fini avant même de commencer.

    Avec notre industrie pratiquement disparue, c’est la suite

    Sans énergie et sans matières premières de quoi parle t on ?

    Avec notre déficit commercial qui alors pour payer l’édifice France ?

    Avec un système éducatif au rabais, c’est la poursuite

    Avec une révolution, c’est du pain et des larmes, et c’est pas le souhait de la majorité on les comprends, ça passe vite une vie humaine

    Tout le reste vous l’avez écrit il faudrait des livres pour développer,

    Oui, le seul changement possible est dans le mur, l’après massacre, quand le système tatonne pour se remettre en place, ça ne dure jamais longtemps ces moment d’après guerre où l’on croit que c’est la dernière, plus jamais ça …

    Ces années où le champs des possibles renaît jusqu’à la prochaine mauvaise saison

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  2. Bonsoir M. Bertez

    Au point où nous en sommes, réaliser ce dont rêvent M. Tandonnet et d’autres nécessiterait, pour avoir une petite chance de réussir, une acculturation complète résultant d’une rupture radicale avec le système dominant dont le seul exemple connu dans l’histoire occidentale est relaté par l’Exode dans la Bible!

    Le fait que prendre un rdv chez le médecin en passant par une plateforme bien connue implique que je consente à ce que mes données personnelles soient envoyées aux USA, ou que les sociétés « partenaires » de T.E.R. Bourgogne qui peuvent recevoir mes données se trouvent aussi bien au Japon qu’aux USA ou en U.K ou en Allemagne en dit long sur le degré d’intrication de notre société dans le système capitaliste occidental.

    Ceux qui parlent d’échapper au filet normatif du système capitaliste tel qu’il est n’ont aucune idée de la finesse et de la résistance du maillage qui nous enserre,; et invoquer pour ce faire une démocratie parlementaire française et digne de ce nom, qui serait d’ailleurs à reconstruire intégralement au préalable , me semble relever de la pensée magique invoquant les esprits des ancêtres pour se libérer d’un mauvais sort qui nous aurait été jeté « à l’insu de notre plein gré », comme on dit chez les responsables mais pas coupables.

    Cordialement

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  3. Cher Monsieur,

    Votre article est, comme souvent, excellent.

    https://theupheaval.substack.com/p/the-rights-future-must-be-parallel

    Lors de la récente conférence sur le « futur du conservatisme » à Bruxelles, NS Lyons a développé une réflexion proche de la vôtre.

    « Now, at this point the clever audience listening here today may have recognized that this strategy sounds an awful lot like that commonly employed by the revolutionary left…

    Well yes, yes it is. Organizing in this manner seems to come naturally to the left, and not to the conservative right. But that, frankly, is why the left is constantly winning, and now controls just about everything, and you don’t.

    There has been much talk on the Western right in recent years about waging a “counter-revolution” against the triumphant woke left. But I’d say the right has so far entirely failed to truly take this idea seriously. After all, as the great reactionary Joseph de Maistre put it: a “counter-revolution is not the opposite of a revolution, but is an opposing revolution.”

    And a revolution needs to build a revolutionary base. It needs revolutionary networks and institutions. It needs a vanguard of revolutionary cadres. It needs revolutionary discipline. And it needs a revolutionary strategy that builds a parallel alternative more legitimate than the ruling status quo. So far the right’s supposed counter-revolution has none of these things.

    This must change. The right must embrace a counter-revolutionary future before our still-complacent conservative leaders deliver us up for complete destruction. »

    Bien à vous,

    WR

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  4. Certes le système définit les règles du jeu, donc l’amplitude des mouvements possibles à l’intérieur de ce système.

    La droite, ou la gauche, ou le centre, n’ont effectivement aucun avenir, mais non pas à cause du système lui-même, mais à cause de leur choix de vivre dans et du système. Bien sûr le système se sert d’eux, et la seule issue à la fin est la mort, mais il s’agit chaque jour de gagner un jour de plus, au détriment de leur peuple. Ils sont les  Sonderkommandos modernes…

    Mais ce système est borné, il n’est pas l’univers infini, il est lui-même mortel.

    Celui qui peut détruire une chose, contrôle cette chose…

    La droite a donc un avenir dans un autre système si elle se fait aujourd’hui l’acteur de la destruction de celui-ci, c’est à dire si elle se fait révolutionnaire, donc choisit le combat selon d’autres règles que celles du système…

    Or, jusque dans ses extrêmes, elle ne cesse de lui donner des gages d’allégeance…

    Si donc la droite veut survivre, elle doit comme jadis accepter d’être seule contre tous et accusée de tous les mots pour avoir rejeté la capitulation de la majorité…

    La voix d’un Pierre de Gaule est ainsi bien plus importante que celle d’un Tandonet qui a voté et continu de voter pour ce même système qu’il condamne par les mots mais dont il vit par les actes…

    Dis autrement, à chaque fois que la droite a été forte, c’est lorsqu’elle a joué avec d’autres règles du jeu que celle du système dominant… Encore faut-il en avoir le courage des actes, et non s’arrêter aux mots…

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