Editorial. Le système de la dette. Evaluer une dette à partir des anciens critères fondamentaux basés sur la solvabilité, les cash flows, la durée etc, c’est « partir en short au pole nord, c’est non seulement inadapté mais ridicule ».

La révolution marginaliste des années 1860 est à la base de la modernité financière.

La révolution marginaliste a consisté à faire descendre la valeur des choses en-soi vers la tête de celui qui les contemple .

Ce que la chose vaut; c’est ce qu’accepte de payer celui qui la convoite. c’est une opération de disjonction , on disjoint la valeur de la chose de ce qu’elle est , de ce à quoi elle sert , on fait en sorte que la Réalité passe au second plan et que l’Imaginaire de celui qui la convoite passe au premier plan.

En 1971 et 1973 nous sommes entrés de plain pied dans le marginalisme monétaire et financier; les monnaies ont été libérées de leur valeur de leur pesanteur. Elles ont valu ce que les agents économiques leur accordait comme valeur.

La relativisation en chaine s’en est suivi.

Peu de gens ont compris alors que c’était le début d ‘un processus séculaire qui allait gagner de proche en proche toutes les valeurs. les valeurs-désirs peu à peu ont supplanté les valeurs d’usage. elles s’imposent peu à peu comme valeurs d’échange, il suffit de produire, de susciter , de stimuler les désirs; en matière financière le désir de base c’est celui de s’enrichir, c’est l’avidité ou encore l’esprit de jeu, de spéculation.

Au passage je vous indique que le processus suivi et rapidement décrit ci dessus s’applique a toutes les valeurs , valeurs morales, valeurs sexuelles , valeurs sociales. Ce processus c’est ce qui produit le wokenisme ou il suffit de dissocier les valeurs d’usage sexuelles naturelles pour « libérer » le plaisir et le désir sans entraves par exemple.

Si vous mettez en branle l’esprit de jeu-de jouissance- alors vous pouvez produire des valeurs qui n’ont qu’un lointain rapport avec les valeurs d’usage, il suffit d’exciter les passions et en particulier les passions spéculatives, les animal spirits.

Un actif financier a une valeur d’usage, c’est sa valeur fondamentale calculée par l’analyse financière qui se définit au plan théorique comme la somme des cash flows que cet actif va vous attribuer au fil du temps. Par exemple les rendements distribués, les droits sur les bénéfices des entreprises etc.

La valeur fondamentale peut être très insuffisante pour vous intéresser, après tout qu’est ce que 3% de rendement si la hausse des prix est de 4% ? Mais le système a une ruse dans sa poche, il vous dit; certes les 3% que vous allez recevoir par exemple du Tresor Public c’est faible mais c’est mieux que ce que le Tresor Public versera dans un an; et si le Trésor verse moins dans un an alors toutes les valeurs du Trésor qui ont été émises, vendues avant vont valoir plus cher, un Ponzi va se mettre en branle et vous allez faire une plus value sur le dos du prochain acheteur qui va compenser, bonifier votre rendement de départ insuffisant.

C’est la chaine du bonheur, la valeur d ‘usage est escamotée au profit de l’espoir, de l’esprit de jeu, de la cupidité lesquels sont entretenus par la mise en place d’un Ponzi, lequel est alimente par les promesses du Tresor Public que l’an prochain il baissera la rémunération qu’il versera.

C’est comme le représentant de chez Ricard qui va voir le bistrotier qui a sa cave pleine de bouteilles et lui dit « dépêchez d’acheter car on va monter nos prix le mois prochain ».

Dans les phases finales du grand cycle de la dette, celle ci a une dynamique propre, la dette appelle la dette et son évolution ne dépend pour ainsi dire plus des choix de politiques des autorités.

La progression envahissante des dettes produit ses propres justifications comme par exemple le besoin de produire du crédit pour s’opposer à l’instabilité financière, ou faire rouler la bicyclette économique.

Par construction intellectuelle de la modernité financière, la question de solvabilité mute en question de liquidité. La production de dettes est une pente que l’on descend; la pente de la solvabilité. Et cette pente pRoduit le besoin de « rouler » les dettes et d’inonder périodiquement de liquidités ou monnaie de base.

La dette produit sa propre logique aussi bien financière que monétaire, que culturelle.

Nous sommes dans cette phase finale. Il serait cependant imprudent d’en tirer des conclusions quant au calendrier, comme je le dis et redis ; « le seul pouvoir des gnomes est de retarder l’inéluctable. »

D’abord l’arrêt du processus d’accumulation des dettes est bien souvent provoqué par des facteurs exogènes aléatoires et non pas par les limites internes. Les limites internes créent une fenêtre , un état de criticalité mais cet état critique peut durer longtemps.

Ensuite la modernité, la complexité et la connivence donnent aux autorités des marges de manœuvré qu’elles n’avaient pas dans le passé. La déconnexion entre le réel et le financier est quasi totale, on peut faire prendre les vessies pour des lanternes et les passifs pour des actifs pendant très longtemps. Les agents économiques ont perdu le sens des mots et ils ignorent ce qu’il y a derrière les concepts et les abstractions . Les concepts sont comme la monnaie qu’ils servent à apprehender: fétichisés, réifiés. Exemple le concept de taux d’intérêt d’équilibre, naturel, optimum, celui qui n’est ni trop chaud ni trop froid, bref le fameux R*! Les concepts servent à tromper, ils font partie des idéologies ou plutot des idiologies!

Enfin la mondialisation constitue une extension du réservoir de gogos et d’imbéciles à tondre. BlackRock par exemple est un outil qui permet d’étendre la tonte des gogos au niveau de leur retraite au monde entier! Le fait que la tromperie inhérente au système de la dette permet trouver des acquéreurs de plus en plus éloignés du Centre, des gogos de moins en moins sophistiqués est important. Ainsi en ce moment on met les clients des banques sur des obligations et fonds obligataires avec l’argument que les taux vont baisser cela élargit le cercle des gogos qui financent les déficits des gouvernements. La tromperie, pour reprendre une image qui reflète bien les phénomènes boursiers est, en un certain sens, équivalente au phénomène de la pierre que l’on jette dans l’eau, c’est le système de Marthe Hanau généralisé.

Beaucoup d’institutions accumulent les créances et les dettes sans souci de ce quelle recouvrent ou de ce quelles valent, simplement pour faire un écart, une plus value sur le dos du prochain rond dans l’eau. Ou encore elles accumulent des dettes dans le cadre d’un tourniquet ou Ponzi globalisé. Exemple une banque centrale reçoit des dollars, elles achète des Treasuries qui lui servent à émettre sa propre monnaie intérieure c’est ce que faisait la Chine avant. On adosse du vent a du vent. Meme chose pour les grandes institutions bancaires, elles accumulent les Treasuries non pour leur valeur mais pour leur statut de collatéral reconnu qui permet d’accéder à des liquidités.

Le système de la dette repose sur la croyance, l’influence, voire le cynisme et la prédation, ils ont remplacé la confiance.

Exemple la croyance que le plus gros émetteur, le système américain ne pourra jamais faire faillite!

Evaluer une dette à partir des anciens critères fondamentaux basés sur la solvabilité, les cash flows, la durée etc c’est « partir en short au pole nord, c’est non seulement inadapté mais ridicule« .

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Une réflexion sur “Editorial. Le système de la dette. Evaluer une dette à partir des anciens critères fondamentaux basés sur la solvabilité, les cash flows, la durée etc, c’est « partir en short au pole nord, c’est non seulement inadapté mais ridicule ».

  1. Valeur nominale, valeur réelle ; taux nominal, taux réel. Je n’avais encore jamais fait le rapprochement avec le nominalisme et le réalisme, avec la querelle des universaux remportée en France par les nominalistes (Louis XI,1481).

    Voilà, c’est fait.

    Depuis l’arbitraire du signe a fait florès…

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