L’infantilisation de la société

Chronique mensuelle de Michel Onfray

La chronique mensuelle de Michel Onfray | N°129 – Février 2016

Oui c’est vrai, ce qui domine dans nos sociétés, ce n’est pas la féminisation, mais l’infantilisation. Nous vivons dans un monde infantile, dominé par les illusions de toute puissance et de l’enfant-roi, par la négation de la réalité et de son poids.

Pourquoi? Parce que notre monde s’est noyé dans les signes. Parce que notre monde a perdu le contact avec la production, le travail , la peine, le choix,  qui seuls nous enracinent et sanctionnent. On fait croire que tout est possible. C’est vrai, mais en fantasme. Notre monde est celui ou, sans rien faire, « on le vaut bien »!

Ce sont les autres qui se battent, qui font les guerres (soit disant) pour nous, ce sont les autres qui sont surexploités minièrement pour nous dans les paradis de la délocalisation,  ce sont les autres qui baisent pour nous dans les films pornos etc etc. On ne peut régresser infantilement que parce que d’autres, eux, se coltinent le réel. On ne peut se comporter comme des enfants que parce que d’autres font fonction de parents.

Le pouvoir ne joue pas sur cette infantilisation car lui même « en est », il participe de cette infantilisation en croyant à la toute puissance de son verbe mensonger et liberticide. Hollande, Macron, Valls, Gattaz  sont des enfants peut être pas gâtés mais pourris, qui croient tous qu’il n’y a qu’à…Quand ils échouent, ce sont d’autres qui paient à leur place, d’autres qui paient leurs erreurs, comme les parents le font  pour les enfants.

TRIOMPHE DE CELESTEVILLE –

Aux informations commémoratives des attentats du 7 janvier, ce qui saute aux yeux, c’est désormais l’infantilisation de toute la société. La télévision montre en boucle ce qui a été déposé aux pieds de la statue qui représente la République : des nounours, des poupées de chiffon, des peluches, des bougies, des lanternes, des dessins… d’adultes. On peut également y voir des slogans infantiles : « Je suis juif » dit le goy, « Je suis la police » dit celui qui, jadis, s’est fait pistonner pour ne pas faire de service militaire, « Je suis les victimes » écrit même un crétin bien vivant. Voilà les pitoyables offrandes votives d’un peuple d’enfants où chacun veut bien être n’importe quoi, sauf ce qu’il est.

Dans le même reportage, une séquence pitoyable permet d’entendre des enfants nous donner leurs avis : on s’en doute, le vocabulaire et la syntaxe aidant, la profondeur et l’originalité de l’analyse sont au rendez-vous ! A sept ou huit ans, ils estiment que ça n’est pas bien de faire du mal à des gens qui n’ont rien fait. Imparable d’un point de vue ontologique. Politiquement, on dirait du Hollande ou du Sarkozy. Ou du De Gaulle. Non, je plaisante…

Quelques adultes témoignent ensuite : enveloppée dans un drapeau tricolore (il y a six mois, ainsi accoutrée, dans Le Monde ou  Libération, elle se serait faite insulter et traiter de fasciste faisant le jeu du FN…), une trentenaire enveloppée propose une analyse aussi substantielle que celle des enfants qu’on vient d’entendre. « Je ne pense pas, donc je suis » semble être le cogito post-moderne.

La veille, sur France-Inter que j’écoute encore de temps en temps, juste pour me dire que j’ai raison de ne plus écouter l’organe de la raison d’Etat, on interroge comme une conscience de son siècle un jeune professeur de mathématique, la vingtaine nous dit-on, qui, sans vergogne, précise que le jour de la minute de silence, il a pleuré devant ses élèves. Il estime avoir eu du courage en laissant libre cours à ses émotions… En effet : montrer à ses élèves qu’on croupit à leur niveau en ne sachant pas maîtriser ses émois, voilà du Plutarque revu et corrigé par Fleur Pellerin !

Mieux, du moins, pire : ce jeune fonctionnaire d’Etat payé par les impôts du contribuable, donc notre argent, pour enseigner les mathématiques à ses élèves dans l’école publique de la République a eu une révélation. Il a compris ce jour qu’il n’était pas là pour donner des leçons de mathématique (à quoi bon quand tout téléphone portable dispose d’une calculette, non ?) mais pour une mission bien supérieure : « Je suis les deuxièmes parents de ces enfants » dit-il. Second aurait montré qu’il connaissait les mathématiques et la langue française, mais deuxième, si c’est à dessein, suppose qu’il peut y en avoir des troisièmes, des quatrièmes. Que les premiers parents, les seuls, fassent déjà leur travail, et qu’on n’ait pas besoin de doubler l’endoctrinement médiatique par un endoctrinement scolaire où l’on apprendra que la réponse au terrorisme consiste à … pleurer !

J’imagine que ce professeur lacrymal est reparti chez lui en trottinette, avec son baladeur sur les oreilles, vêtu d’un bermuda, tétouillant une cigarette électronique et répondant à un appel téléphonique avec son kit main libre en donnant l’impression qu’il se parlait à lui-même. Zemmour a tort : le problème n’est pas la féminisation de la société, mais son infantilisation. Il ne s’agit pas d’être viril, mais tout simplement d’être adulte.

2 réflexions sur “L’infantilisation de la société

  1. Je ne suis pas sur que vous ayez compris le fond de l’infantilisation dont il est question ici.

    L’infantilisation est associée dans le cas présent non à l’esclavage, mais à l’inverse, la tyrannie de l’enfant et son illusion de toute puissance qui découle de l’absence d’épreuve de réalité. L’enfant « petit prince ». Ou « l’enfant-roi ».

    Les références ne sont pas dialectiques comme dans la dialectique du maitre et de l’esclave, elles sont psychanalytiques . Ceci vous conduit à un contresens sur le texte et sur la régression.

    Le contresens vous fait passer à coté de l’interprétation qui est suggérée et qui tourne autour de la coupure (disjonction) entre les signes, la symbolique, les rêves et le réel ; l’enfant, faute d’être soumis à la confrontation avec le réel , continue de vivre dans un monde magique ou les signes, les illusions, remplacent l’expérience de la vie.

    Ceci rejoint ma thèse qui est que nous sommes plongés dans un névrose sociale, qui se formule vulgairement mais de façon très évocatrice par l’expression « nous marchons à coté de nos pompes ». Ou encore « nous avons séparé l’ombre des corps et nous croyons aux ombres ». Je soutiens que tout se passe comme si nous vivions dans un monde sans père, c’est à dire un monde ou la parole du père, qui est destinée à nous séparer de la mère, est nulle et non avenue par démission du père. Nous ne sommes plus introduit à la vraie vie si vous préférez. Le père c’est celui qui ramène l’enfant sur terre et introduit aux dures lois de la vie.

    Le psychisme de l’enfant ne connait pas la contradiction, il ne connait pas les limites, comme d’ailleurs le psychisme du rêveur.

    L’enfant qui vient de tomber est guéri par un baiser de la mêre et des bisounours, tout comme le mal du terrorisme disparait si on pleure comme il faut en faisant un calin.

    En revanche sur la féminité et la séduction vous visez juste, mais ceci n’était pas l’objet du texte.

    je vous remercie de votre intervention

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  2. Pour Zemmour, La féminité n’est pas le sens contraire de viril. Un homme viril possède de la féminité en lui.
    La féminité pour un juif, n’est pas le sens féminin comme la mère ou la fille, mais plutôt le sens de séduire, de plaire, et l’inverse, de paraître, d’être dans l’émotionnelle.
    La féminité peut construire, mais elle possède aussi l’énergie de la destruction. C’est de celle là dont il est question.

    Exemple:
    « Un petit Syrien tué par les bombes de nos avions en Syrie, c’est pas grave,
    mais un petit syrien noyé retrouvé sur notre plage, oh la la ! Vite vite venez tous les malheureux de la terre, on vous aime, on va vous faire que des bisous et en plus prenez donc nos femmes pour vous réconforter. »

    Quand à l’infantilisation, c’est plutôt une situation très apprécié de l’être humain en general, qui aime être esclave. Pour le côté libre arbitre, c’est plus reposant de savoir ce que l’on doit faire et de pouvoir compter sur la soupe et le toit du maître. ( allocation, rsa )
    Les dominants aiment aussi ça pour les raisons que vous connaissez,
    En conclusion, la féminisation de l’Occident est bien la cause de sa perte, et l’esclavage ( perçu comme de l’infantilisation) arrange tout le monde.
    Cordialement.

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