L’idéologie des grands prêtres de la monnaie vous tue. Ils se trompent, ils vous trompent et ils vous ruinent.
Les relations entre les variables d’un modèle sont dans la plupart des cas, historiques, c’est à dire relatives et constatées pour une période donnée caractérisée par un état de la société, par un état du monde, par un état du développement humain, une certaine conjoncture. Vous nous avez compris. Mais l’énumération devrait être beaucoup plus longue. Certes on peut penser qu’il y a des relations éternelles, immuables qui traversent l’histoire, certaines écoles d’économistes le pensent et d’autres le rejetent. Mais pour la réflexion qui nous occupe cela n’a guère d’importance.
Venons en à cette question des taux d’intérêt.
On a constaté dans le passé une relation entre les taux d’intérêt et la hausse des prix.

Inflation et taux semblent corrélés. L a hausse des taux d’intérêt administrés par les Banques Centrales semble faire chuter l’inflation, et l’exemple est celui de la hausse opérée par Volcker qui a « cassé » l’inflation en portant les taux à 19%.
De là à conclure le symétriqueà savoir que si on baisse les taux, l’inflation augmente se trouve stimulée, il n’y a qu’un pas, que les modélisateurs ont bien sur franchi. Ils ont constaté une relation entre les taux et l’inflation et ils en tirent des conclusions, pour agir, pour piloter, pour prétendre diriger. Ils ont consaté que la hausse des taux « casse » l’inflation et que la baisse des taux « soutient les affaires », soutient la demande et donc la tendance à accélérer la hausse des prix, ils en conclutent à une relation modélisable.
Cela est bien sur totalement idéologique et anti-scientifique car :
-d’une part il aurait fallu s’interroger sur le sens de la relation , à savoir est ce que les taux produisent l’inflation ou est ce que l’inflation produit les taux.
-d’autre part , Il aurait fallut s ‘interroger sur l’importance de l’environnement et de la conjoncture des affaires et de la sociéte , car selon l’état du monde , telle décision peut produire tel effet ou tel autre.
-et enfin il aurait surtout fallu s’interroger sur l’incidence de la position, de la croyance de celui qui administre les taux. Sur la position du maître apparent du système. Selon la théorie dominante et le dogme qui est utilisé, les effets de telle ou telle décision peuvent être différents. C’est ce que l’on épingle sous les mots confiance et crédibilité de celui qui agit.
Bernanke croyait au monétarisme et à la possibilité de piloter les prix par le biais de la quantité de monnaie et des taux, donc il a émis des prévisions, guidé les agents économiques dans ce sens. Sorte de prophéties qui se réalisent d’être crues, à court terme, mais qui ne préjugent pas de leur effciacité à long terme.
Bernanke est tombé dans le piège idéologique de ses maîtres à penser, c’est maintenant un acquis. Et les agents économiques s’aperçoivent eux aussi qu’ils ont été trompés… et ils redeviennent encore plus pessimistes.
Non seulement Bernanke s’est appuyé sur une idéologie, sur des théories fausses, sur des modèles bidons, mais il n’a rien compris au fonctionnement du sytème bancaire. Il continue de croire que le système bancaire prête à partir de réserves, qu’il est intermédaire alors que le système bancaire ne prête pas à partir de réserves il « produit » des réserves à partir de l’acte originel qui est la création de prêts. Pour parler techniquement Bernanke croit à la théorie endogène de la monnaie alors que tout prouve maintenant que cette théorie est fausse, tout comme son prolongement, la « théorie des loanable funds ». Bernanke, en plus, a mal lu Keynes, mais c’est une autre histoire: quand on a la grosse tête on lit mal les autres.
Nous sommes ces jours ci au coeur du problème avec le conflit qui émerge entre les banques et les Banques Centrales et singulièrement entre les banques Allemandes et la BCE; c’est un fait nouveau, les banques se révoltent, elles se rebellent. La connivence a cessé, c’est selon nous un tournant du système.
Les banques savent que la théorie des Banques Centrales est fausse car elles exercent leur pratique quotidiennement. Elles savent que le crédit progresse quand les débiteurs ont la capacité à payer les intérêts et à rembourser, quand les emprunteurs ont des occasions profitables d’investir. Elles savent qu’elles ne regardent absolument pas leur position en réserves ou en dépôts avant de faire un prêt. Elles savent que si leur marge, leur spread est insuffisant, elles n’ont aucun intérêt à « user » , à « engager » leurs fonds propres. Pire, elles savent qu’un jour les taux remonteront et qu’elles perdront de l’argent si elles font correctement l’évaluation de leurs actifs. Les banques ont compris que ce qui était déterminant, c’est la solvabilité et que celle ci ne faisait et ne ferait que se dégrader si la politique actuelle persiste.
La chaine causale de la création de prêts et de la mise au monde de monnaie est l’inverse de celle que croit Bernanke. Les banques sont originatrices des prêts et donc de monnaie, elles ne prëtent pas à partir des réserves. Ce qui est premier, c’est la volonté , le désir de prêter et de s’endetter, c’est l’état du système: il incite ou non à créer du crédit. Et les taux ultra-bas, la compression des spreads de tous ordres, la peur de perdre sur les inventaires lors de la future régularisation des taux, la rareté des fonds propres, tout cela fait que les banques n’ont pas d’incitation à prêter. Ce n’est pas de la mauvaise volonté ou de la méchanceté, c’est de la logique , de la raison pure. La création de réserves dans l’espoir que cela incite à prêter est une idiotie. Et la preuve, c’est l’évolution historique depuis 7 ans. C’est le démenti cinglant aux thèses de ces gens.
Certains économistes et commentateurs ont eu peur de l’hyper-inflation lors de la mise n place de la politique ultra-accommodante, ils se sont ridiculisés. Créer des trillions de réserves dans l’espoir que cela encourage la propension à emprunter d’une part et la propension à prêter d’autre part s’est revelé une erreur colossale. Pourquoi?
Parce que nous étions en situation de surendettement, de « peak debt », parce que les revenus ne progressent pas et que les banques sont vulnérables, fragiles, Parce que l’humeur est frileuse, à la rétention. La préférence pour la liquidité et la sécurité domine.
Parce que la fameuse transmission magique de nos autorités , ne se fait pas; leur modèle bancaire idiot les empêche de comprendre; le modèle bancaire idiot adossé à la théorie des « loanable funds » ne tient pas debout.
C’est ainsi qu’il faut comprendre l’échec de la politique monétaire non conventionnelle des Banques Centrales; elles ont mis les taux à zéro, ou en dessous, avec l’objectif de hausser l’inflation. Elles ont acheté des titres à long terme, claironné qu’elles voulaient fabriquer de l’inflation pour influencer les comportements, rien n’y a fait, depuis 7 ans elles échouent. L’objectif d’inflation n’est toujours pas atteint, au contraire on s’en éloigne. Mais il ya un domaine ou elles ont réussi et cela, c’était prévisible!
Les autorités ont réussi a à créer de l’inflation dans un secteur précis, le secteur du prix des assets. Ceux-ci sont à des niveaux records et ils se situent dans des zones de valorisation qui sont en moyenne 50% au dessus de ratios historiques les plus fiables, ceux du ratio Q de Tobin ou Shiller améliorés.
Cela démontre une chose: quand l’humeur est positive, favorable à l’exubérance, alors, la création monétaire, les taux zéro et les guidances provoquent des achats et une augmentation de la vitesse de circulation dans cette sphère donnée, c’est ce qui est arrivé dans la sphère des assets. La vitesse de circulation de la monnaie dans la sphère des assets de capital a fortement progressé.
Mais quand l’humeur, l’exubérance de consommer ne sont pas là, la politique monétaire ultra-accomodante fait un gros « plouf ». L’incidence de telle ou telle politique dépend de l’état du terrain auquel elle s’applique, tout comme une semence lève ou ne lève pas en fonction du terrain et du climat.
Nous soutenons que les taux bas sont la cause de la prolongation de la crise, qu’ils sont la cause des dislocations sociales en cours et que les seules solutions, certes un peu douloureuses à court terme sont d’abord l’abandon des politiques non-conventionnelles et ensuite la mise en place d’une restructuration des dettes, la proclamation d’un Jubilié. Nous sommes tous des Grecs.
EN PRIME
Les Banquiers centraux communiquent comme les politiciens dont ils sont les rivaux et complices
Pendant longtemps, les banquiers centraux sont apparus distants et mystérieux. Cette image est toutefois révolue. Thomas Jordan, Janet Yellen ou encore Mario Draghi s’expriment aujourd’hui régulièrement.
L’exemple-type du banquier central inintelligible était Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine (Fed) entre 1987 et 2006. Depuis que je suis devenu banquier central, j’ai appris à marmonner dans une grande incohérence » avait-il une fois déclaré devant le Congrès américain. « Si mes propos sur les taxes vous semblent clairs, alors vous devez m’avoir mal compris », avait-il ajouté.
Alan Greenspan n’était pas le seul banquier central dans ce cas. « Never explain, never excuse » (ne jamais expliquer, ne jamais s’excuser), était la devise de Montagu Norman, gouverneur de la banque centrale britannique entre 1921 et 1944.
Le mot d’ordre « en dire le moins possible et rester flou » prévalait autrefois, avait déclaré le président de la Banque nationale suisse (BNS) Thomas Jordan dans un discours en 2007. Un des arguments avancés était que le manque de transparence peut protéger des tentatives de pression politique. Un autre relevait que prendre les marchés par surprise permet une grande efficacité.
Surprise et transparence
L’année dernière a toutefois démontré que Thomas Jordan pouvait surprendre les marchés, et ce, en toute transparence. Presque personne n’avait en effet anticipé l’abolition du taux plancher de l’euro. Des surprises occasionnelles ne sont pas exclues, même avec une politique monétaire transparente, avait souligné M. Jordan dans son discours de 2007. Celles-ci ne doivent cependant survenir que très rarement.
La prévisibilité est en effet devenue un principe important pour les banques centrales. Pour en arriver à ce stade, une véritable révolution dans la communication a toutefois été nécessaire. Le tournant est intervenu entre la fin des années 1980 et les années qui ont suivi l’entrée dans le nouveau millénaire.
La prise de parole des banquiers centraux ne résulte toutefois pas d’un changement de caractère, ni d’un désir soudain de s’expliquer en public. La communication est simplement devenue un instrument important permettant aux banques centrales d’atteindre leurs objectifs.
Gérer les prévisions au profit des initiés structurels
En ce qui concerne la BNS, l’objectif est la stabilité des prix, c’est-à-dire une inflation ni trop importante, ni trop faible. Un moyen important de contrôler l’inflation est d’en gérer les prévisions. Les pronostics d’inflation sont en effet un des facteurs clé de l’évolution du renchérissement, avait déclaré en 2007 Frederic Mishkin, ancien gouverneur de la Fed.
Les banques centrales gèrent donc ces prévisions grâce à la communication. Cela explique les phrases stéréotypées, les discours un peu secs et les formulations toujours identiques. Si Janet Yellen devait faire des déclarations un peu plus précises sur une prochaine hausse des taux, ses propos se répercuteraient alors immédiatement sur les cours de Bourse du monde entier.
Si la BNS devait pronostiquer une inflation négative, tous les observateurs suisses miseraient alors sur une politique monétaire expansionniste. En fin de compte, la banque centrale helvétique vise donc un taux d’inflation supérieur à zéro, mais inférieur à deux pourcent.
Depuis 1999, la BNS oriente sa politique monétaire selon ses propres prévisions d’inflation. Et depuis, ces pronostics sont l’un des principaux outils de communication de l’institut d’émission.
Difficile à expliquer
Auparavant, la banque centrale émettait des objectifs en matière de masse monétaire et orientait ensuite en fonction sa politique monétaire. Mais ce concept a été abandonné, car il était difficile de l’expliquer au public. La masse monétaire réelle divergeait en effet souvent des objectifs formulés, ce qui rendait ces derniers moins crédibles.
Avant l’ère des objectifs de masse monétaire, le système de Bretton Woods – avec ses taux de change fixes – nécessitait moins d’informations au public. Le franc était arrimé au dollar et le taux de change – et donc la politique monétaire – étaient clairement définis. Il n’y avait donc pas besoin d’expliquer et de clarifier les objectifs de masse monétaire et les prévisions d’inflation. En conséquence, la BNS n’a tenu sa première conférence de presse qu’en 1974, soit un an après que la Suisse est passée à un système de taux de change flexibles.
Bonjour je lis aujourd’hui votre article grâce à un partage Facebook.
Le problème avec l’abandon de la politique actuelle de taux bas serait le risque de faillite d’acteurs économiques et, surtout, une mort dans l’oeuf de l’amorce de reprise économique. Il faudrait en parallèle une vraie politique de redémarrage économique pour l’éviter; mais laquelle? …
Il n’aurait pas fallu ouvrir cette boîte de Pandore économique / politique, en revenant à l’économie libérale et en laissant les préteurs se mettre en défaut. . . idem pour la Grèce! Maintenant nous avons un système qui va devenir inarrêtable et a déjà généré un nouveau modèle politique, une sorte de communisme financier tentant pour certains venant de la gauche comme de la droite.
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