Une autre vision du débat sur le Brexit

La dislocation du monde global n’est pas un évènement. C’est un processus.

Ce processus défait en partie ce qui a été construit tout au long de ces dernières années sous le nom de mondialistion. Cette mondialisation s’est effectuée selon une logique que l’on peut qualifier de financière, permise à la fois par les innovations technologiques, une politique monétaire er financière audacieuse sinon laxiste et un appétit pour le risque exceptionnellement élevé. Une phase de coopération et de concertation géopolitique a accompané ce mouvement.

La crise 2008 a montré les limites aussi bien de cette forme de mondialisation que du système fondé sur la dette. La croissance s’est ralentie, le taux de profit a été menacé, les frictions ont remplacé la liberté de circulation, la compétition stratégique a succédé  à la coopération internationale.

On s’est apercu du caractère conflictuels des évolutions globales et du developpement inégal qu’il produisait. Les tensions ont succédé au monde Goldie Lock, au monde gagnant-gagnant. Il a fallu réviser les théories, accepter des perspectives moins réjouissantes, se résigner à une croissance plus lente et à un partage inégalitaire des richesses.

Les peuples ont perçu la dégradation de leur situation, ils doutent maintenant des promesses qui leur ont été faites dans la phase d’euphorie, les consensus sociaux se fracassent. Le monde est traversé par la perte de confiance, par la contestation des élites, c’est le sytème même dans ses fondements qui est atteint. Et de tout ceci, le débat sur la Brexit est, non pas une cause, mais un reflet, une manifestation, une émergence: on conteste l’ordre établi.

C’est dans ce contexte que se déroule le débat sur la sortie ou non de la Grande Bretagne de l’Union Européenne., ce que les gens de la Com.ont désigné sous le nom de Brexit.

Nous n’avons pas attaché une grande importance au référendum Britanniquetout au long de ces derniers mois;  et même encore maintenant, nous ne considérons pas  qu’il  sera déterminant en lui-même. Il est « gonflé », transformé en épouvantail, en raison des stratégies de peur qui sont développées par le camp du « remain », mais ceci nous parait une entreprise d’exagération. Nous sommes d’ailleurs persuadés que si le vote était en faveur du Brexit, les mêmes qui criaient à la catastrophe hier s’empresseraient , demain, après coup de minimiser. Il y a des Plans « B ».

Nos convictions sont les suivantes:

-nous ne croyons pas un effet prolongé du référendum sur les marchés

-nous ne croyons pas à un impact considérable sur le système capitaliste financier des britanniques, il peut survivre, s’adapter à toute situation

-nous ne croyons pas à une réaction en chaine négative à ‘intérieurde l’Union Européenne.

Notre vraie crainte est non pas celle d’un évènement particulier, mais celle qui découle du constat de la succession d’évènements négatifs, dans un contexte mondial de grande fragilité. Nous craignons l’accumulation, le « un plus un ».

Notre thèse est donc celle ci:  en soi, tout cela n’a guère d’importance car on peut s’adapter à presque tout, mais l’accumulation des forces négatives, l’accumulation des chocs peut constituer la goutte d ‘eau qui fait déborder le verre, le fétu de paille qui brise le dos  du chameau, bref le catalyseur de la rupture de la linéarité. Et quand  on emploie le terme de catalyseur, on avoue son incapacité à prévoir, un catalyseur, cela esr mystérieux, comme la mayonnaise qui prend ou qui ne prend pas.

Le monde est dans une phase de tentative de transition qui frole la crise ouverte depuis la mi 2014, date des premiers effets de la volonté/nécessité  de régulariser  la politique monétaire américaine.

Le dollar a remonté, le pétrole s’est effondré, le Reflation Trade s’est dénoué, les matières premières ont chuté, les pays émergents  sont désolvabilisés, les capitaux ont reflué vers le Centre, la bulle Chinoise a crevé.

Les marchés sont incroyablement fragiles, le risque d’instabilité financière est présent à tous les esprits comme en témoigne la descente aux enfers du cours de Bourse des Banques mondiales.

Les signes de fissures, les craquements se sont manifestés en début d’année et ils ont semble-t- il obligé le monde global, le dos au mur, à une sorte de concertation conflictuelle, que l’on peut épingler sous le nom d’accords de Shanghai.  On a évité la politique du pire et du chacun pour soi, ce qui a permis un relatif retour au calme. Un rally boursier plus ou moins sain et spontané a permis de nouveaux sommets au cours des trois derniers mois.

Ce rally boursier a rencontré ses limites ces dernières semaines, en raison de la conjonction pesante de cinq  éléments :

-La crainte du Brexit et de ses conséquences ponctuelles sur l’économie Britannique

-La crainte de récession induite en Europe

-les incertitudes chinoises : le ralentissement de la croissance peut déclencher une crise du crédit de grande ampleur

-les menaces de ralentissement voire de récession aux Etats-Unis alors que la question de prévenir une inflation non désirée se pose.

-la prise de conscience des conséquences non voulues et donc des limites des politiques monétaires non conventionnellee sous la forme de la destruction du business model des banques, voire des assureurs.

Yellen  ne s’y est pas trompé, elle qui répète à chaque intervention sont mot favori: incertitude.

On voit peu d’analyses fondamentales et de long terme  des conséquences d’une éventuelle sortie Britannique de l’Union, et pour cause, les travaux publiés ressortent de la propagande, leur but est de faire peur, pas d’informer. Et puis, si des travaux sérieux étaient faits, ils poseraient des questions délicates à la fois sur le modèle économique des Anglais mais aussi sur la place qu’ils occupent dans le carrousel de la finance. Or cela, c’est sacré, personne n’a le droit de l’approcher et encore moins de le dévoiler.

Vous savez ce que nous répetons, tout système ne survit que si  l’essentiel , si son essence, ses lois cachées demeurent non-sues, inconscientes. L’inconscient du système est un monstre qui ne peut voir la lumière.

La Grande Bretagne est le repère des Grands Prêtres du système, c’est le berceau, c’est l’église, le lieu des révélations. La monnaie Britannique elle même est un miracle dont Mark Carney disait , qu’elle ne tient et n’existe que par « the kindness of strangers », la gentillesse des étrangers!

Le système britannique est « Le système », pas très différent de celui de John Law. L’économie est quasi exclusivement rentière, avec des déficits colossaux dans les échanges réels. Le surplus, la Plus Value, ne viennent pas de la production de biens et de services, non, ils viennent du role que la Grande Bretagne exerce dans  le monde: elle est le banquier,  l’investisseur, le conseil en investissements de la planète. Et c’est à ce titre que sa position est centrale mais quasi-secrète, méconnue. La Grande Bretagne est la conscience ou mieux l’inconscient financier du monde. Ses rentes, ses commissions, les intérêts et dividendes touchés, plus les investissements directs (FDI)  et le Hot Money lui permettent de tenir son rang. De tenir son rang et accessoirement de régler ses factures, la Grande Bretagne importe 4 à 5  fois plus qu’elle n’exporte. Son défict des comptes courants représent 7% de son GDP!

EN PRIME 

Vos chaines sont celles qui nouent votre peur et ils le savent et ils en jouent:

– « My 60 years of experience tells me the pound will plummet, along with your living standards. The only winners will be speculators » – George Soros

– « All the evidence shows that Brexit would be a disaster » – Jacob Rothschild
– « You cannot in the end protect people from the economic shock that leaving the EU would bring about. » – George Osborne

 

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