Renzi tente le bailout des banques (Merkel a deja dit nein)

Renzi tente le bailout des banques

MERCREDI, 29.06.2016
agefi Suisse

Le résultat du référendum au Royaume-Uni pourrait-être un facteur déterminant dans l’avenir d’un secteur financier italien en peine depuis plusieurs années.

Conrad Bertez

Les titres des grandes banques italiennes comme Unicredit ou Intesa Sanpaolo perdaient 20% vendredi dernier. Ils ont encore perdu environ 10% lundi. Le même jour, le gouvernement italien annonçait l’étude d’un projet d’achat de titres des banques italiennes de l’ordre de 40 milliards d’euros. Le système banquier italien serait-il la première victime du referendum britannique? Pas vraiment, et peut-être même l’inverse. Il pourrait en être le premier bénéficiaire.

La mauvaise santé du système financier italien n’est pas nouvelle. Le pays sort quand même de trois ans de récession. Au bilan des banques, on trouve au moins 360 milliards d’euros de dette non-performante, soit 18% du total. 56 de ces milliards seraient de la dette «sofferenze», c’est-à-dire, de la pire qualité. Un dixième du bilan est de la dette souveraine italienne. Et le reste ne rapporte pas grand-chose depuis que la politique de taux d’intérêt négatifs de la Banque centrale européenne a commencé à faire chuter la courbe des taux. Le capital des banques italiennes est maigre. Avec des revenus si faibles et tant de dette de mauvaise qualité dont elles n’arrivent pas à se débarrasser, les banques ont eu du mal à se recapitaliser.

Cela met la reprise italienne en danger. Pour qu’il y ait de la croissance en Italie, il faut qu’il y ait de l’investissement, de la consommation, et cela passe par le crédit. Loin de s’accélérer, l’émission de crédit italienne se contracte, car, en manque de capital, les banques n’ont pas d’argent à prêter. Le gouvernement italien avait déjà tenté de les aider en créant le fonds Atlas dont le but est de servir d’actionnaire de derniers recours afin de faciliter la recapitalisation des banques. Malgré son nom de géant, le fonds n’avait que 5 milliards de capital, car la loi de Bruxelles empêchait le gouvernement italien d’y apporter des fonds. Financé alors par le secteur bancaire italien, il n’a fait alors que redistribuer les risques entre les banques au lieu de les réduire. Les perspectives pour la croissance ne se sont guère améliorées.

La sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni n’a pas un grand impact direct pour les banques italiennes à long terme. Celles-ci ne font pas beaucoup affaire avec les britanniques. Mais le Brexit a fait peur aux investisseurs. Ils ont eu l’impression que le risque avait beaucoup augmenté et ont perçu la dette des Etats périphériques, y compris l’Italie, comme plus dangereuse. Ces 10% du bilan des banques en dette souveraine italienne se sont trouvés dévalués, et affaiblissent encore plus les banques du pays. Ce n’est pas un affaiblissement énorme compte tenu des magnitudes en jeu. Ce qui est important est plutôt le fait que ce soit en réaction au Brexit. Cela permet à l’Etat italien de dire que les banques font face à un risque important provoqué par une défaillance des marchés. Il peut ainsi faire entorse aux règles qui lui ont fait entrave avec le fonds Atlas et renflouer le capital des banques italiennes avec de la dette publique. Les modalités de l’opération ne sont pas claires, car l’Italie est en toujours en négociations avec les autorités européennes.

D’ordinaire, l’Italie n’aurait aucun moyen de négocier un pareil accord avec elles. Les Allemands s’opposeraient immédiatement à un tel support porté à un secteur financier qui défie déjà les règles de l’Union européenne sur les bilans. Mais les circonstances sont particulières, et le départ du Royaume-Uni donne aux Italiens de quoi faire réfléchir les autorités européennes. Apres tout, l’économie italienne n’est pas en très bon état. Le gouvernement de Renzi n’est pas très haut dans les sondages. Et si la croissance venait à fléchir encore, il n’est pas certain que l’opinion italienne reste en faveur de l’Union. A l’inverse, si l’Union européenne trouvait un moyen de s’arranger avec l’Italie, ces 40 milliards permettraient aux banques de se refaire un capital et d’encourager la relance italienne en augmentant leurs prêts aux particuliers et aux entreprises. La croissance reprendrait, et serait même plus grande qu’elle ne l’aurait été sans le référendum britannique. La situation exceptionnelle rend aussi plus facile la justification de la prise de mesures exceptionnelle.

Si les négociations aboutissent, Bruxelles et l’Allemagne demanderont surement des contreparties. L’Union européenne demandera que cette entorse aux règles soit compensée par un engagement solennel sur les réformes de la part de l’Italie. Ce sera un point important des négociations, et peut être que ce sera en faveur de Renzi qui peine à justifier ses réformes alors qu’il perd de la popularité.

Cette résolution sera un évènement important. Pour l’Italie, mais aussi pour les autres pays d’Europe. L’Italie est sans cesse en difficulté. Ce n’est pas à cause de l’absence de réformes, mais à cause de l’état lamentable de son système bancaire. Il est chargé de mauvaises dettes, mal capitalisé, et incertain de son avenir. Il n’est pas étonnant qu’il soit incapable de créer assez de crédit pour soutenir la reprise économique des derniers mois. Les Européens devront en prendre compte. S’ils se souviennent des erreurs qu’ils ont commises en Grèce, ils auront une perspective moins juridique et plus économique cette fois. Ces 40 milliards, s’ils pouvaient venir renforcer les fonds propres des banques,  pourraient permettre au secteur financier de reprendre son souffle et de se remettre au service de l’économie italienne.

EN PRIME  Mais injections liquidités garanties par l’état italien

The European Commission has authorised an Italian government plan to guarantee liquidity for banks in the event of a financial crisis in the euro zone’s third-largest economy, an EU executive spokeswoman said on Thursday.

The Commission approved the scheme last Sunday, another EU official said, days after Britain voted to leave the European Union, triggering a sell-off in European bank stocks, especially in Italy, home to roughly a third of the euro zone’s bad debts.

The scheme, worth up to 150 billion euros (125.40 billion pounds) according to some media reports, would only be triggered in circumstances similar to the euro zone debt crisis of 2011, when some banks in the currency bloc needed to be bailed out and the interbank market had ceased to function.

« Given the financial markets turmoil of recent days, the government saw it fit to prepare for all scenarios, even the most improbable, to be ready to step in to protect savers, » the Italian Treasury said in a statement.

Italian officials stressed they did not expect Italy to suffer a 2011-style meltdown in confidence but said it was prudent to plan for a worst-case scenario. Italian bank shares ended up 2 percent on Thursday after news of the scheme.

Under the scheme, a bank can ask the government to guarantee its bond issues, ensuring that it can raise money even in troubled markets, but it only applies until the end of this year and only to banks with solvent balance sheets.

« In this way, they can issue bonds that, with the assistance of the public guarantee, are similar to an Italian government bond, » said one source familiar with the scheme.

Under EU rules, government guarantees may only be given to bank bonds maturing within three months to five years.

« There is no expectation that the need to use this scheme should arise, » the European Commission spokeswoman said.

The Treasury statement added that the guarantees may only be used for new senior bonds issued by healthy banks.

Rome has said it is concerned that Italian banks, which hold 360 billion euros of bad loans, risk attack by hedge funds betting that market turmoil, increased by last week’s Brexit vote, could tip them into a full-blown crisis.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s