La Deutsche Bank a un déficit de capital plus large que sa capitalisation actuelle

La Deutsche Bank a un déficit de capital plus large que sa capitalisation actuelle

MERCREDI, 10.08.2016
Agefi Suisse

Dans un communiqué publié mardi, ZEW, l’institut de recherche économique allemand connu pour son indicateur de sentiment, annonçait les résultats de son propre stress test des banques européennes. Les trois banques qui ont eu la plus faible performance dans cette épreuve sont la Deutsche Bank, la Société Générale, et BNP Paribas.

Conrad Bertez

Dans un communiqué publié mardi, ZEW annonçait les résultats de son stress test des banques européennes. Les trois banques qui ont eu la plus faible performance dans cette épreuve sont la Deutsche Bank, la Société Générale, et BNP Paribas.

Dans un communiqué publié mardi, ZEW annonçait les résultats de son stress test des banques européennes. Les trois banques qui ont eu la plus faible performance dans cette épreuve sont la Deutsche Bank, la Société Générale, et BNP Paribas. (Reuters)

Le stress test de la ZEW a été organisé en réponse au stress test de juillet de l’autorité bancaire européenne (EBA). Le test de l’EBA, élaboré sur la base d’une nouvelle méthode, n’indiquait pas de mesure claire de succès et d’échec, et seule la banque Monte dei Paschi di Siena italienne semblait avoir clairement échoué dans les résultats publiés. La réaction des marchés a été négative, l’indice européen des banques EuroStoxx Banks a chuté de 7.5% en deux jours, suggérant que les marchés n’ont pas été séduits par les assurances de l’EBA que le système bancaire européen est en assez bonne santé pour survivre à une récession.

Dans le cadre d’une collaboration entre l’institut ZEW, la Business School Stern de NYU, et l’Université de Lausanne, les chercheurs ont organisé leurs propres épreuves basées sur la méthode des stress tests américains et des tests de 2014 de l’EBA. Ces deux méthodes imposent des ratios de capital plus sévères, font des projections de pertes sont plus fortes et évaluent les actifs détenus par les banques de façon plus pessimiste. Le but des approches est aussi différent: les tests de juillet de l’EBA cherchaient à tester de façon transparente la suffisance du capital des banques dans le cas d’un évènement négatif, alors que les tests du ZEW se concentrent sur les besoins de capital qui doivent être rectifiés immédiatement.

Les résultats de la méthode des stress tests américains appliqués aux banques européennes ne sont pas rassurants. L’étude trouve que suivant la méthode américaine, il y a un manque de capital de 92 milliards d’euros en Europe dont la majorité est en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, et en Italie. D’après l’économiste de ZEW en charge du projet, Sascha Steffen, «Les USA one tiré leurs propres conclusions et mis en place des mesures cohérentes pour la recapitalisation du secteur bancaire américain dès 2008. Un manque de volonté politique explique pourquoi cela n’a pas encore été fait en Europe.»

Les trois grands perdants sont la BNP Paribas, qui nécessite 10 milliards d’euros de plus, la Société Générale, dont le besoin est de 13 milliards, et la Deutsche Bank, qui requiert 19 milliards de plus. Pour les banques françaises, les augmentations nécessaires sont moins alarmantes: la BNP a déjà 26 milliards, et la Société Générale en a 55. La situation de la banque allemande est plus alarmante. Son capital n’est que de 17 milliards, et le trou à boucher est donc plus grand que sa capitalisation actuelle. La Deutsche Bank a répondu aux communiqué de ZEW en annonçant «Il y a eu un test officiel de l’EBA qui a vérifié la couverture en capital des banques dans des scenarios très difficiles, et ce test a montré qu’il n’y avait pas de besoins de capital aigu a la Deutsche Bank.»

Cette réponse est prévisible. Les titres de la banque allemande flirtent déjà avec leurs niveaux les plus bas historiques, et elle n’a nullement besoin de nouvelles sources d’alarmes pour ses actionnaires qui font déjà face au fait que le fond monétaire international ait nommé leur banque le plus gros risque systémique financier du monde. Mais il convient de noter aussi que la Deutsche Bank a échoué aux stress tests américains en fin juin, et s’est retrouvée interdite de distribuer des dividendes avec son capital américain. La banque européenne n’a pas depuis suggéré au gouvernement américain que les résultats des tests de l’EBA méritaient une révision de son jugement. Il n’est donc pas clair pourquoi la Deutsche Bank pense que la méthode américaine est maintenant inapplicable.