Cher lecteur,
Il y a 2 semaines, je publiais une lettre sur Deutsche Bank, la banque qui fait couler l’Europe.
Aujourd’hui le cours de Deutsche Bank s’est effondré de 8,34% en une seule séance.
Le Département de la Justice des États-Unis a en effet infligé une amende de 14 milliards de dollars à la première banque allemande pour avoir truqué ses placements dans l’immobilier subprimes avant la crise de 2008.
C’était cette nuit et les actionnaires de la banque se sont réveillés avec 1,550 milliards d’euros en moins dans leur portefeuille… presqu’instantanément.
La banque qui a déjà perdu la moitié de sa valeur en un an, subit des spasmes de plus en plus violents depuis le début de l’été. Elle est à nouveau au bord du gouffre.
Le début de la fin
3 raisons me font penser que cela pourrait être le début de l’engrenage final vers la faillite ou —plus probable— la nationalisation de la banque.
Bien sûr, un événement aussi extraordinaire ne se prévoit pas facilement et il se peut tout à fait que la banque se réveille lundi matin avec une accalmie et un nouveau sursis.
Il convient néanmoins de prendre quelques précautions, car :
RAISON N°1 : Même si la banque va négocier le montant de l’amende et n’en payer sans doute que 5 milliards de dollars, cela représente 1/3 de sa capitalisation boursière.
Comme je l’écrivais dans ma première lettre, le gros problème de Deutsche Bank est que —comme une vieille voiture— la valeur de la banque est déjà inférieure aux réparations pour la remettre à flot => le garagiste vous dirait: il vaut mieux la mettre à la casse, les réparations coûtent plus cher que la valeur de la voiture.
Ces 5 milliards enfoncent le clou de manière franche et brutale. La banque ne vaut plus… un clou.
RAISON N°2 : La banque n’a pas mis assez de côté ! Bien évidemment, cette amende ne tombe pas du ciel et, le 30 juin dernier, Deutsche Bank annonçait mettre 5,5Md€ de côté en prévision de cette amende faisant déjà dévisser le cours. Le problème est que DB est sous le coup de 3 autres poursuites du même ordre du Département de la Justice américain et de plus de 8.000 procédures dans le monde! C’est pour cela que l’annonce du Département de la Justice est si catastrophique.
RAISON N°3 : La 3e raison est un « signal faible », plus du l’ordre du pressenti que de la preuve : l’annonce intervient dans la nuit de jeudi à vendredi, c’est-à-dire laissant une journée pour vérifier la réaction du marché avant la trève du week-end.
En bref, énormément de tractations vont se passer ce week-end entre les États-Unis, la banque, ses actionnaires et les spéculateurs… Et nous aurons les résultats de ces tractations d’arrière-boutique lundi matin… à la première heure.
Nous verrons alors si la banque résiste à ce choc violent alors qu’elle est déjà à genoux.
Si oui, alors la partie sera remise pour un tour de plus, jusqu’au prochain spasme.
Sinon, le plus probable est que le gouvernement allemand arrive à la rescousse. Cela le décrédibiliserait complètement étant donné la force avec laquelle les Allemands ont défendu la logique du « bail-in », c’est-à-dire le redressement par la sanction des actionnaires, investisseurs et déposants. Mais si Mme Merkel ne vient pas à la rescousse alors c’est tout le secteur bancaire européen qui serait en grave danger.
Nous nous retrouverions dans une situation comparable à celle de 2008 avec 2 différences :
– La crise serait en Europe et non aux États-Unis. Il faut avoir vécu aux États-Unis pour comprendre le traumatisme de cette crise qui a mis 2 millions de foyers à la rue (selon les estimations de la commission bancaire du Sénat américain). Cela explique d’ailleurs en partie la rudesse des Américains avec les responsables de la crise. C’est ce genre de crise qui frappa à notre porte. Et ce n’est pas tout.
– Ce n’est pas le marché immobilier qui s’effondrerait mais celui des obligations d’État. C’est la capacité pour la France et les autres pays d’Europe à s’endetter qui pourrait être balayée d’un coup.
Bien sûr il n’est absolument pas dit que cela va arriver.
Mais je le répète, il faut le concevoir de manière réaliste.
Posez-vous la question en ces termes : mettons qu’il y ait une chance sur 10 que la situation explose lundi ; que les banques se retrouvent dans une situation intenable et les États incapables de les sauver sans prendre le risque de s’effondrer eux-mêmes — à ce sujet, ce n’est pas pour rien que l’Europe a voté une réglementation pour ne plus sauver les banques en détresse : les États n’en sont tout simplement plus capables.
Que faites-vous ? Dormez-vous sur vos deux oreilles ou bien voulez-vous prendre quelques mesures de précaution de base ?
Si vous optez pour la première solution, je vous souhaite une excellente soirée et à bientôt peut-être.
Si vous optez pour la seconde alors voici ce que je vous propose :
- Retirez tout l’argent liquide que vous pouvez avec vos cartes et au guichet de votre banque (si elle offre encore ce service) ;
- – Si vous aviez prévu des achats importants n’hésitez pas à les faire ce week-end plutôt que la semaine prochaine, y compris une grosse tournée de courses.
- Si par chance, vous, ou un proche, avez un compte en devises, faites un gros virement vers ce site. Au pire, vous risquez de prendre une plus-value en faisant l’aller-retour entre ces 2 comptes.
- – Si vous n’en avez pas, je vous suggère d’ouvrir un compte en devises, c’est-à-dire dans une autre devise que l’euro pour une prochaine fois — hélas. Cela peut se faire très facilement dans une banque en ligne française même s’il est encore plus prudent mais aussi plus coûteux de le faire dans une banque d’un autre pays comme la Suisse ou le Royaume-Uni.
- Si vous avez un compte-titres achetez quelques blue chips hors d’Europe —grosses entreprises réputées stables comme IBM ou Ford aux États-Unis.
Je sais très bien que ces mesures ont l’air catastrophistes. Néanmoins, qu’avez-vous à y perdre, sinon 1/2 heure de votre temps ?
Une histoire circule sur la crise chypriote au sujet d’une grand-mère qui venait tous les vendredis à sa banque avec sa canne et son fichu retirer toutes ses économies en liquide. Puis le lundi, elle revenait les remettre à la banque.
Le directeur de son agence la croyait folle. Mais quand la crise chypriote éclata — c’était un week-end — ses euros étaient bien au chaud chez elle au lieu d’être bloqués comme tous les autres habitants de l’île. Son fils était économiste et c’est lui qui, voyant la crise venir, lui avait ordonner cette manoeuvre peu orthodoxe mais simple comme un fichu de toile et plus efficace que tous les conseils de tous les banquiers du monde.
Et si je me suis trompé, vous pourrez m’envoyer lundi un message pour vous moquer de moi. Après tout il ne faut pas oublier de rire et prendre un peu de bon temps.
Une dernière chose, si vous pensez ce message censé, envoyez-le à tous vos proches et ceux qui comptent pour vous.
Je vous souhaite une excellente soirée,
À votre bonne fortune,
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Bonjour mr bertez , c’est toujours un plaisir de vous lire et votre travail d’information est d’une qualite rare !
J’aime beaucoup cette forme d’article et ses conseils et je voudrais savoir si c’est possible d’avoir le lien de cette newsletter ? Elle m’interesse beaucoup.
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