« J’ai peur et je fais l’autruche »

Note BB: faites nous part de vos réactions

Cher lecteur,
Voici ce que j’ai reçu hier matin :
« J’ai peur et fais l’autruche »
Jean-Pierre réagit à l’effondrement du cours de Deutsche Bank vendredi dernier. La banque est dans une situation suffisamment grave pour entrainer l’Europe dans une crise bancaire effroyable. Avec des répercussions sur le quotidien de chacun d’entre nous.
Dans cette situation, non seulement, la tentation de « faire l’autruche » est grande mais je suis d’accord avec Jean-Pierre : sa solution n’est pas mauvaise.
L’info seule ne sert à rien,
c’est ce que nous en faisons qui a de la valeur
Nous vivons dans un monde saturé d’informations. Il est absolument crucial pour nous d’apprendre à faire le tri.
Le problème, c’est que l’être humain n’a jamais été habitué à maitriser un tel flux.
Pendant des millénaires, les seules informations en dehors de la vie du village étaient celles que le colporteur voulait bien apporter avec 6 mois de retard, ses trous de mémoire et son imagination.
Et le XXe siècle est arrivé qui a vue la naissance de la TSF grand public (l’ancêtre de la radio), l’entrée du téléphone dans les foyers puis de la télévision et enfin de l’Internet.
Que de révolutions dans la transmission du savoir en si peu de temps.
Le XXe siècle c’est la boulimie d’informations. Comme un petit enfant qui découvre le chocolat après un long jeûne.
Résultat : nous sommes en pleine indigestion. L’information nous arrive de toute part et nous ne savons pas comment la gérer.
Contre cela, je ne connais qu’une seule règle (si vous en avez d’autres je serais heureux que vous m’en parliez) :
Est-ce que je vais changer quelque chose à ma vie maintenant que je sais cela ?
Le reste n’a pas d’importance.
Par exemple, j’apprends qu’il va pleuvoir demain. Je m’habillerai en conséquence, cette information est utile.
J’apprends aussi que Jacques Chirac est hospitalisé. Je ne le connais pas suffisamment pour lui envoyer une boite de chocolats. Je passe.
Il y a bien sûr des situations plus ambiguës :
la Libye est en état de chaos. Je n’y peux pas grand-chose ; si ce n’est que la guerre a été faite avec l’argent de mes impôts et que 800 000 libyens se retrouvent sur les côtes prêts à traverser la méditerranée sur un mauvais radeau.
Ou encore :
J’apprends que le cours de Deutsche Bank s’effondre et qu’il y a un risque d’effondrement du système bancaire européen…
3 solutions s’offrent à moi :
  • Soit j’estime qu’un gouvernement a été élu pour gérer ces problèmes pour moi : je lui fais confiance, cette information ne m’est pas utile (le lien de désinscription est au bas du message) ;
  • Soit, comme Jean-Pierre, j’ai bien d’autres tracas dans ma vie en ce moment. Je préfère faire l’autruche. C’est de vous et de ceux qui vous sont chers qu’il vous faut vous occuper en priorité. Quel poids peut bien avoir le système bancaire européen et ses dérives quand votre conjoint est malade ou que vos enfants ont besoin de vous ?
  • Soit vous êtes bien portant, sans souci excessif du côté du coeur ou du porte-monnaie. Peut-être alors cela vaut-il la peine de vous intéresser à cette question de notre système bancaire. Pour vous-même mais aussi pour tous ceux qui n’ont pas le luxe de pouvoir s’y intéresser.
Comprenez-moi bien.
Vous voyez cette photo :
Vous voyez cette foule en liesse que acclame cet homme à la sortie de l’avion comme jamais un chef d’État n’a été acclamé ?
C’est Édouard Daladier à l’aéroport du Bourget. Nous sommes en 1938 à moins d’un an de la Seconde Guerre mondiale et il vient de signer les accords de Munich.
La foule attend à la descente de l’aéroport l’homme qui a préservé la paix. Daladier, persuadé qu’il allait recevoir des tomates pour son manque de fermeté face à Hitler aurait eu ce mot : « Ah les cons, s’ils savaient »
Regardez bien cette photo et les gens dans la foule.
Aimeriez-vous en avoir fait partie ?
Et pourtant, quelles chances pouvait-il y avoir qu’un deuxième conflit mondial éclate après « la der des der » comme on appelait alors la Première Guerre mondiale.
Évidemment, il est facile de regarder les événements charnière du passé et dire:  il suffisait de prendre la bonne décision à ce moment.
C’est comme un mauvais conseiller qui vous montre un cours de bourse et vous dit : c’est très simple, il suffit d’acheter quand c’est en bas bas et de vendre quand c’est haut.
Regardez le cours de Deutsche Bank depuis un an :
Il y a au moins 3 moments depuis un an (les cercles verts) où l’on a pu légitimement penser que la banque n’allait pas résister. Pourquoi devrait-elle chuter aujourd’hui plutôt que les 3 dernières fois ? Et cela peut durer encore longtemps comme ça non ?
Je travaille tard cette nuit pour vous envoyer cette lettre avant l’ouverture des marchés demain. Avant que l’on sache quelles tractations ont eu lieu ce week-end et dans quel état va se réveiller Deutsche Bank.
C’est une lettre qui parle d’incertitude, de ces moments où tout peut basculer mais où… l’on ne sait pas bien quand ni comment.
De ces moments où seules la détermination, la fermeté et l’action peuvent nous faire sortir grandis.
Oui, à chaque fois que l’homme a joué à créer de l’argent selon son bon vouloir, et ne serait-ce qu’avec le 10e de la folie d’aujourd’hui, de grands maux s’en sont suivis, que ce soit la Seconde Guerre mondiale après la crise de 1929 ou les carnages de la Révolution française après les folies de monsieur Necker.
Les livres d’histoire ne retiennent que la détermination des grands hommes dans les moments les plus tourmentés.
Mais il en va de même pour le commun des mortels. C’est votre détermination dans l’action qui vous fera traverser les crises mieux qu’un autre.
Allez-vous protéger votre famille ? Sortir vos économies, au moins en partie, des comptes en banque où elles sont en danger ? Allez-vous acheter de l’or ? Prendre les mesures de sécurité qui s’imposent pour mettre vos proches à l’abri? ?
Ou allez-vous vous complaire dans l’idée que « vous sauriez ce qu’il faut faire » et vous contenter de briller dans vos dîners ?
Bien plus encore : les grands hommes que nous acclamons ne sont-ils pas que les créations des peuples qui les ont portés ?
Si aujourd’hui nous manquons d’un homme providentiel en France, comme le titrent régulièrement les journaux, c’est que le peuple, c’est-à-dire vous et moi, ne le laissons pas émerger, ne le favorisons pas par nos actions personnelles.
Et pour tous les hommes et toutes les femmes qui, comme Jean-Pierre, n’ont pas le luxe de pouvoir se protéger, nous nous devons de le faire nous et de le faire pour ceux qui nous entourent et dont nous avons si ce n’est la charge, du moins la confiance.
Ce n’est pas mon habitude d’écrire des lettres comme celles-ci. Je leur préfère d’habitude des sujets plus pratiques et terre-à-terre. Mais je me rends compte que nombreuses sont les personnes que je rencontre qui adhèrent aux idées sans en prendre les mesures. Et c’est à mon sens plus grave qu’il n’y paraît.
Dites-moi si vous trouvez que je dépasse ma fonction avec cette lettre.
À votre bonne fortune,

11 réflexions sur “« J’ai peur et je fais l’autruche »

  1. Mr BERTEZ, votre billet m’étonne tant il est alarmant.

    J’en déduis que vous jugez la situation très grave; et comme vous êtes un expert qui sait de quoi il parle, je prends note de vos mises en garde.
    Mais n’étant ni riche ni puissant j’ai conscience que, concernant mon (petit) patrimoine, les Etats aux abois ont les moyens de me spolier, malgré mes précautions.
    Merci pour vos conseils

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  2. Il y a des quoi être inquiet surtout que les infos officielles nous disent que tout va bien.nous sommes sur la bonne voie,nous allons créer artificiellement,tous ensemble.autant d argent qu il faudra…prendre conscience du problème inédit est une chose savoir quoi faire c est autre chose puisque tout actif semble surévalué…peut être n avoir plus que des choses tangibles sachant que sauf guerre détruisant tout ça vaudra quand même quelquechose…ou pas

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  3. Notre futur ?
    Je vais vous dire la vérité.
    Entre 2016 et 2030, je vous promet du sang, de la sueur et des larmes.
    Je ne suis qu’une créature de Dieu comme vous, et je n’ai que cela à vous offrir…
    C’est cela que notre monde actuel nous laisse, et je n’y peux rien.

    Enfin je remercie Mr Bertez pour ces infos dénuées d’hypocrisie.

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  4. Ne changez rien !

    Mais j’ai peur que vous ne touchiez que ceux qui sont déjà éveillés.

    L’éveil est un chemin personnel que votre travail permet d’éclairer mais la prise de conscience est lente et non linéaire.

    Nous sommes aussi programmés pour réagir à des dangers concrets, les maîtres ont fait ce qu’il faut pour rendre tout ça fumeux et lointain.

    Mon analyse :
    Je pense que Merkel va nationaliser la Deutche bank et que ce sera sa fin, le clou supplémentaire de son cercueil politique avec sa politique des réfugiés débile (a-t-elle seulement regardé avant le différentiel de développement entre l’Allemagne et des pays comme l’Irak, la Syrie, le Soudan ? Comment peut-on penser que des gens majoritairement élevés dans la détestation sinon la haine des chrétiens et de l’occident puissent intégrer un des pays occidental les plus développés du Monde ?) .
    Peut être essaieront-ils d’appliquer un petit bail in d’abord pour montrer qu’ils sont Allemand ?
    Ensuite, un gros bail out avec l’aide de super mario.

    Les pays du sud vont alors réclamer l’abandon du deux poids deux mesures, l’Italie en tête.

    Soit l’Allemagne cède sur tout en échange du sauvetage de la DB soit elle sauve la DB mais pas les autres et envoie encore le docteur Shauble nous faire la leçon.

    Dans tous les cas ce sera la fin d’abord de l’Euro puis de l’Europe.

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  5. vous passez beaucoup de temps a expliquer que 2+2 font forcement 4
    l autruche a peur du 4 et mets donc la tete dans le sable
    on ne peut rien contre la peur ,elle est iraisonnée
    mais le resultat ne pourra pas changer ; c est 4

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  6. Bonsoir, quand vous, M Bertez, vous zoomez sur une anfractuosité de la vision « fractale » de cette crise, cet article a une vision « macro », plus simpliste, mais non dénuée de bon sens. Toutefois, elle est trop lointaine pour discerner les différents détails. Et le diable est souvent dans le détail justement. Je ne sais pas comment vont évoluer les choses, car j’ai l’impression que les autorités naviguent à vue. Et ce que j’apprécie dans vos analyses, c’est que vous disséquez ces tous petits pas des autorités, au jour le jour, en fonction des « animal spirits », mais aussi de la géopolitiques, des sondes d’opinion, des intérêts des caisses de retraite… voire de la psychologie propre des représentants des banques centrales, ou de leur peur de la mort, de l’enfer, du cancer du colon ou que sais-je d’autre totalement imprévisible, une multitude d’impondérables en définitive. Cela n’évitera certes pas la grande réconciliation, mais j’ai tout de même l’impression qu’elle prendra des formes originales, imprévues, et prendre beaucoup de personnes même avisées à revers.
    Et cela, je ne pourrai le savoir que grâce à vos analyses quotidiennes et fines, même si ces articles que vous nous soumettez sont bien entendu plein de bon sens.

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  7. Bruno vous avez raison sur le fond.La majorité a peur et refuse de regarder la réalité en face,c’est une réaction courante,les politiques le savent.Malgré tout,la majorité des gens attend que l’abcès crève,c’est le seul moyen de ramener les gens sur les principes de réalité:réhabilitation de la valeur travail et de la valeur de l’ argent.Nous avons encore la liberté de mouvement ,c’est énorme.Nous avons a manger et un accès quasi gratuit et illimité a la culture cela est aussi positif

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  8. Que vous dire à part « MERCI!!! » ?
    Ne changez rien. Continuez à nous éclairer de votre vision, voire de vos états d’âme…
    Cela change tellement de cette logorrhée que nous subissons de la part de la presse mainstream qui ne fait qu’effleurer l’écume, et surfer sur le pathos sans au grand jamais rentrer dans les profondeurs d’un moindre raisonnement !

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  9. Merci a vous de nous informer …au milieu de l’age sombre que nous vivons,vous nous donnez des informations vitales.. vous ne dépassez pas votre fonction dans cette lettre bien au contraire
    Quant a ceux qui ne prennent pas la mesure de l’ampleur du séisme que nous allons devoir affronter j’en rencontre beaucoup aussi :ils ne survivront pas ….c’est affreusement simple.
    Ma question est d’arriver a échapper au cataclysme qui s’annonce ..sur tous les plans pour faire court
    Ainsi je me prépare …en vous lisant, en autre chose, mais ceux qui se préparent a beaucoup de choses ne le font pas savoir non plus…!!

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  10. Je n’ai dû commenter qu’une fois et c’était sur Lupus pour vous faire partager mon enchantement d’avoir pu vous écouter sur un podcast d’une radio suisse, concernant les taux négatifs. Je commente ici, car comme vous avez l’habitude de dire que rien ne vaut plus que la confrontation au réel -j’évoque ici la confrontation entre les modèles financiers et la macro (Delamarche), et les politiques déconnectés et la classe moyenne-, je vous trouve d’autant plus proche de moi
    , de vos lecteurs, lorsque vous interragissez avec des commentaires ou réactions. En témoigne la récente « réponse à un lecteur » passionnante.
    Je trouve cette démarche de plus en plus pertinente sachant que la distance qui nous sépare du jour de la « grande réconciliation » semble se réduire chaque jour de plus en plus vite. Mon témoin étant le rythme de plus en plus soutenu de publication sur Lupus et BB.com ces derniers jours.

    Pour répondre de façon plus ciblée sur ce texte, je reçois beaucoup d’information et cela a changé de manière assez large ma façon de vivre et de me projeter. Je n’accumule aucun capital, j’essaie d’etre dans une tranche d’imposition minimum et je pars en vacances à l’étranger où le taux de change de l’euro m’est très favorable.
    Je suis quasi-fonctionnaire intermittent : auxiliaire paramédical remplaçant. J’ai 30 ans et je ne veux pas faire d’enfant avant la « Grande reconciliation ». J’attends mon heure impatiemment en essayant de garder une santé à toute épreuve.

    Pardon pour cette longue réponse et je vous remercie pour vos écrits que je lis délicieusement depuis maintenant 2013.

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