DB, mieux que prévu, mais non significatif.

Deutsche Bank a fait état d’un bénéfice net trimestriel de 278 millions d’euros, ses résultats financiers ayant profité d’une hausse de l’activité de courtage obligataire.

Ces résultats sont meilleurs que ceux attendus par les analystes, mais ils ne sont pas significatifs. La DB peut sortir  ce qu’elle veut compte tenu de la masse d’actifs détenus et dont la valorisation est discrétionnaire. Il était exclu, à mon sens que la DB publie des résultats décevants compte tenu de sa situation fragile, en sursis.

Plutot que de parler d’augmentation des fonds propres qui feraient baisser le titre, la DB joue la reduction de ses besoins en fonds propres, elle fait du cash et du deleveraging. De toute façon elle ne pourra augmenter ses fonds propres que lorsqu’elle aura quelque chose  de positif à montrer, c’est à dire lorsqu’une partie des incertitudes aura été lévée et qu’une amélioration structurelle se sera manifestée.

Le choix de la DB de reduction de son exposition au « risk » va dans le sens de la réduction de la liquidité globale, elle réduit « l’usure » de son bilan. Le pouvoir de création monétaire direct et indirect, par les swaps, les CDS et les dérivés va donc encore se contracter. On ajuste par le bas.

La révolution copernicienne de l’été 2016

Par ailleurs on sait maintenant a peu près avec certitude que les autorités ont pris la mesure de l’échec des taux zéros, des NIRP et des QE en genéral, si ce n’est du monétarisme  dans son ensemble: depuis le début juillet plus rien n’est comme avant, il y a  eu une cassure.

Nous pensons  que ceci coincide avec la reconnaissance par les japonais, précurseurs, de l’échec de leur QQE et de leur volonté d’explorer d’autres voies.  Cette  reconnaissance se fait lentement ailleurs, mais elle est en route et elle est positive pour le secteur bancaire. 

Nous reviendrons sur cette question lorsqu’elle sera plus claire, y compris plus claire dans notre esprit! Il y a un changement discret, secret, mais fondamental dans l’analyse et  les positions des banquiers centraux et des économistes orthodoxes.

Ils sont en train de tourner la page de leur monétarisme non conventionnel  en essayant de sauver la face et de conserver leurs postes.

Le premier indice a été fourni par la relation de la rencontre entre Krugman et les japonais il y a quelques mois, le compte rendu indique que des analyses nouvelles pointent, on se rapproche d’une meilleure vision de la réalité.  Et surtout on reconnait que derrière la multiplication des situations particulières, il y a quelque chose de commun et c’est un progrès considérable.

Le progrès consiste à enfin comprendre … que jusqu’à présent on n’a rien compris à ce qu’était la monnaie dans  le monde moderne et que les QE ne sont pas de la monnaie et encore moins du money printing. On reprend le fil là ou Greenspan l’avait laissé en 2000 : « je dois avouer que nous ne savons plus très bien ce qu’est la monnaie à notre époque de multiplication des innovations et de l’internationalisation ». Traduction approximative. 

Cette déclaration de Richard Fisher sur CNBC , ancien de la Fed de Dallas est éclairante, elle va dans notre sens :

Fisher said Fed policymakers did not anticipate the scope of easy money’s impact on the financial sector.
“Bank’s interest margins are being hammered. Money-market funds are trying to squeeze out a return. This is the kind of stuff, to be honest, sitting at the table, we did not foresee at the FOMC,” he said, referring to the Federal Open Market Committee.

En clair Fisher a dit : « n’avons rien compris, nous n’avons pas anticipé l’ampleur des conséquences de la politique d’aisance monétaire sur le secteur financier »!… « les marges bénéficiaires des banques sur intérêt ont été écrasées, les Money Market Funds essaient de survivre en essayant de presser (squeezer)  le moindre petit rendement. C’est le genre de chose, pour être honnête , que nous, assis à la table,  au FOMC n’avons pas prévu ».

Diable, quel aveu. il est copernicien. 

Pour en revenir à la DB:

« Le trimestre a clairement été occulté par l’attention entourant nos négociations avec le département de la Justice aux Etats-Unis sur la proposition initiale de règlement du dossier des titres adossés à des prêts immobiliers résidentiels (RMBS). Cela a créé de l’incertitude », a déclaré John Cryan lors d’une téléconférence.

« Une incertitude qui affecte la perception par le marché de Deutsche Bank en tant qu’investissement, une incertitude qui affecte la perception par certains clients de Deutsche Bank en tant que contrepartie et une incertitude qui affecte notre planification financière et la mise en oeuvre de notre stratégie. »

Dans une lettre aux salariés de la banque, Cryan écrit : « Malheureusement, nous devons considérer que la situation va rester difficile pour un moment. » Il ajoute que la banque travaille d’arrache-pied pour conclure les négociations sur l’amende dont la menace la justice américaine « aussi rapidement que possible ».

« Nous allons (…) accélérer et intensifier notre restructuration », poursuit-il faisant aussi référence de manière plus générale à une détérioration de l’environnement dans certains secteurs importants.

Deutsche Bank a fait état d’un bénéfice net trimestriel de 278 millions d’euros, ses résultats financiers ayant profité d’une hausse de l’activité de courtage obligataire.

RETRAITS DE FONDS

L’action qui a ouvert en hausse de près de 3% à la Bourse de Francfort a ensuite cédé la totalité de ses gains et s’affichait quasi-étale vers 09h30 GMT alors que l’indice Dax cédait 0,19%.

Dans les activités de banque de détail et de gestion privée, qui représentent 440 milliards d’euros d’actifs, les clients ont retiré l’équivalent de neuf milliards d’euros de fonds au troisième trimestre. Deutsche Bank a dit que le rythme des retraits avait ralenti depuis.

Les activités de marché ont aussi été affectées.

Cryan a dit que la banque disposait de 200 milliards d’euros de réserves de liquidités, quinze milliards de moins que le chiffre mentionné fin septembre. En juin, les réserves de liquidités atteignaient 223 milliards d’euros.

La banque a augmenté ses provisions pour litiges, qui atteignaient 5,9 milliards d’euros fin septembre contre 5,5 milliards trois mois plus tôt.

Le produit net bancaire du groupe allemand a légèrement augmenté au troisième trimestre, à 7,5 milliards d’euros, dépassant lui aussi les attentes des analystes.

Les revenus de la division de courtage obligataire ont augmenté de 14% sur le trimestre, soutenus par la hausse d’activité provoquée par le vote britannique du 23 juin en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit).

Les revenus du courtage sur actions ont baissé sur le trimestre, affectés par la faible volatilité des Bourses tandis que ceux des activités de banque de financement et d’investissement reculaient de 1% avec le ralentissement des activités de fusions et acquisitions et des opérations sur le marché primaire après le Brexit.

 

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