C’est bien entendu la politique qui a dominé les marchés cette semaine.
Trump a attaqué sévèrement l’establishment. Dans son adresse inaugurale, originale et semblable à aucune autre dans l’histoire, il a mis en accusation le système politique, affirmé son indépendance face aux groupes de pression, stigmatisé les élites qui empochent les bénéfices et laissent les coûts sur le dos du peuple. Il a osé réaffirmer son populisme: « l’establishment s’est protégé mais il n’a pas protégé les citoyens de ce pays ». Le vocabulaire utilisé a été dur, « hard » et surtout pas « cool » ! Bref c’est un Trump combatif, non oecuménique, qui a pris le pouvoir. Il n’a nullement cherché à élargir sa base de supporters, presque au contraire. Trump a promis un nationalisme pur et dur et une politique étrangère sans faiblesse , en particulier vis à vis de l’islamisme radical , « les intérêts du pays seront placés au dessus de tout ».
Tout le monde , dans la nouvelle administration s’exprime durement sur la Chine. Tillerson le nouveau secrétaire d’état a parlé d’interdire aux chinois l’accès à leurs îles artificielles et d’en organiser un blocus. Wilbur Ross a répondu au plaidoyer de Xi Jinping à Davos en faveur de la globalisation en affirmant que la Chine était le pays le plus protectionniste du monde! Selon lui, les Chinois parlent beaucoup de libre échange, mais ils le pratiquent très peu. Il s’est attaqué aux surcapacités chinoises dans le secteur de l’acier. Il a confirmé la volonté de Trump de voir redéfinies les relations commerciales avec le Mexique et le Canada , de se retirer du Trans-Pacific Partnership, le TPP, et de renégocier le NAFTA.
La politique a incité à l’attentisme. Les écarts ont été réduits sur les marchés d’actions, aucune tendance ne s’est imposée. On termine à peu près dans les cours avec une nuance de prises de bénéfices sur le secteur financier, lequel avait été privilégié les semaines précédentes. Sur les taux, on note une tendance à la hausse sur les taux américains avec un hausse de 7 pbs sur le 10 ans à 2,47%, mais on reste dans l’intervalle de fluctuations récent. Le rendement des Bunds allemands progresse de 7 pbs à 0,42% et confirme sa tendance antérieure.D’une façon générale on ne peut considérer cette semaine comme marquée dans un sens ou dans l’autre par les fluctuations de l’appétit pour le risque, tout s’équilibre : on a abandonné la phase d’euphorie sans rentrer dans une phase de crainte.
Nous avons dit que la semaine était politique, elle le fut avec l’inauguration de Trump et les déclarations de la Britannique May.
Theresa May a fait monter la Livre en annonçant une sortie sans équivoque et ce que certains ont appelé un Brexit dur, « hard ». La grande Bretagne ne se replie pas sur elle même au contraire: au lieu de rester dans le cartel européen, elle met les voiles et inscrit sa démarche dans une Grande Bretagne du Grand Large, c’est à dire encore plus globale.
A noter que l’Allemand Schauble craint que le Royaume Uni ne quitte la culture ou les principes de l’Europe Continentale sur le plan social et fiscal et ne s’oriente vers un dumping social et surtout fiscal: Schauble a peur d’un paradis fiscal britannique!
Trump a fait baisser le dollar en disant que le dollar était trop fort, « too strong ». Le dollar index a reculé de 0,4% à 100,74, ce qui porte son recul à 1,6% depuis le début de l’année.
Les opérateurs ont cru que le Président annonçait une nouvelle politique et renonçait à celle proclamée depuis 20 ans du dollar soit disant fort. Avec la politique annoncée, il est évident que Trump ne peut que souhaiter une baisse du dollar, mais il est tout aussi évident qu’il est maladroit de le dire! Le langage utilisé a été fort: le dollar trop fort nous tue, « it’s killing us ».
On ne peut reconquérir le marché intérieur qu’à la faveur d’un change favorable, bien sûr. Rien de ce que Trump va essayer de faire ne serait facilité par un dollar en hausse. Il reste que les fondamentales comme les taux vont dans le sens de la montée du dollar et que tout ce que Trump pourra faire, c’est tenter de freiner le mouvement ce qui augmentera la volatilité. déjà les positions spéculatives à la hausse sont parmi les plus encombrées de l’histoire ce qui peut donner des marchés agités.
Le nouveau Secrétaire au Trésor Mnuchin a précisé la pensée de Trump: un dollar fort est très important pour le long terme, mais la devise est « actuellement très très forte ».
Ceux qui attendaient des reculades ou de lourdes contradictions à l’occasion du discours inaugural en ont été pour leurs frais; Trump persiste et signe, il ne met pas d’eau dans son vin, il ne recherche pas le consensus, à ce stade il cherche à passer en force. Et c’est certainement ce qui impressionne les marches habitués à plus de politiquement correct et de tergiversations. Même ceux qui critiquent la faisabilité, la cohérence et les résulats des trumponomics hésitent à attaquer ou à « shorter ». Les récents propos de Warren Buffett , positifs sur les orientations de Trump en font également réfléchir plus d’un.
A notre sens les espoirs des opposants à Trump sous tous les aspects, et les espoirs des baissiers sur les marchés, reposent sur la Fed. Nombreux sont ceux qui font valoir que la politique de Reagan et ses succès de 1982 et suivantes n’auraient pu être acquis si la Fed n’avait pas été complaisante. Yellen a posé quelques jalons pour baliser le champ de bataille cette semaine, mais elle est resté très prudente, se gardant bien de se placer dès maintenant sur le chemin de Trump.
Comme nous l’avons dit très souvent, c’est l’Aventure, rien n’est écrit, il n’y a pas d’initiés. Pour nous il convient de rester ouvert , tout peut arriver , aussi bien la chute sévère que l’emballement: la masse d’argent mort qui peut ressusciter est tellement colossale que si un mouvement de foule, si des animal spirits se déclenchent, personne ne pourra se mettre en travers. En un mot: le fiscal peut réveiller les zombies du monétaire.
Une réflexion sur “Une semaine très politique; la grande Aventure commence”