Les dépêches, les marchés au plus bas, y compris au Japon. Le tour de David Powell ou Jay Copperfield.

Le petit jeu à la mode, c’est de blamer la Fed pour la chute des marchés.

Elle aurait, selon les titres des journaux commis une erreur, une faute en poursuivant le resserrement monétaire.

Nous sommes au coeur du problème.

Les soi  disant spécialistes nous disent que c’est le resserrement inopportun des conditions monétaires qui est la cause de la crise de 1929. Bernanke est l’un des chefs de file de cette école idiote. « Plus jamais cela » a t il dit solennellement lors d’une commémoration de Milton Friedman.

Plus jamais cela , cela voulait dire que plus jamais la Fed ne laisserait les conditions monétaires se resserrer. Toujours, quand il le faudrait, elle ouvrirait les robinets pour éviter la deflation.

C’est le fameux « helicopter money »,  que  Bernanke a exposé aux japonais, , lequel Bernanke à cette époque croyait que l’on pouvait toujours inflater les prix et qu’il suffisait de créer des digits. Depuis il a déchanté le pôvre et il a compris que les digits étaient de la monnaie morte et que l’inflation des prix des actifs ne se transmettait pas automatiquement à léconomie réelle. La printing press ne suffit pas, il faut y ajouter la croyance en les pouvoirs magiques de la printing press. Et  quand elle devient alchimiquement efficace,  alors c’est difficile à gérer!

L’autre école dont je fais plus ou moins partie mais plutôt moins que plus, dit que ce sont les excès qui ont précédé qui sont la cause de la crise. Que celle ci était inéluctable et que le resserrement n’a été qu’une causa proxima , une opportunité.

Ici la baisse boursière s’analyse comme un éclatement partiel de la bulle des prix des actifs. On a inflaté tous les prix, on les inflate un peu moins, l’air commence à s’échapper des bulles. Et bien sur cela est douloureux, la communauté spéculative pleurniche.

L’inflationnisme monétaire, la débauche de  crédit, les taux nuls, les fausses comptabilités, les assurances gratuites,  tout cela a contribué à créer un monde faux, un monde bullaire, un monde imaginaire et dès que la dose de stupéfiant vient à se réduire, alors les symptômes douloureux du sevrage se multiplient. Les mirages se dissipent.

La cause c’est le dopage antérieur, le dopage qui a précédé, surtout pas le sevrage.

J’ai expliqué que les politiques monétaires mises en place pour reporter la crise n’avaient rien résolu, que le coût de ces politiques était devant et non pas derrière nous, eh bien ce qui se passe n’est que le début de la prise de conscience de tout cela: on voit se profiler le prix à payer.

Profiler seulement. Car le vrai prix à payer que l’on a refusé en 2008 va être multiplié au centuple… un jour. Un jour il va falloir accepter la destruction des monnaies telles que nous les connaissons, il va falloir laisser se réaliser une opération vérité.

Il y a beaucoup plus de monnaie et de quasi monnaie et de money like  dans le système qu’il n’est nécessaire , une grande partie de la monnaie ne vaut que parce qu’elle n’est pas utilisée, elle est piègée dans les Bourses ; et un jour elle sortira, elle partira à la recherche de sa contre valeur et ce sera la Grande Réunification, la Grande Reconcialisation entre le monde et les signes qui le reflètent. Ce sera le dénouement du Pacte Faustien qui a séparé les ombres des corps.

Par exemple la monnaie financière a été considérablement dépréciée depuis 2009, puisque son pouvoir d’achat boursier a été amputé en raison et à proportion de la hausse des Bourses, et cette monnaie financière se trouve surévaluée par rapport à la monnaie des biens et services. Les prix des biens et services ne sont pas assez élevés pour supporter les prix financiers. Un jour il y aura réunification entre la monnaie financière et la monnaie des prix des biens et des services, un jour il y aura mise en convergence des prix financiers, surévalués et des prix des biens et services, sousévalués.

Un jour il y aura convergence entre la valeur du dollar intérieur , domestique et la valeur du dollar extérieur, international, mais c’est une autre histoire.

Nos monnaies sont des promesses , des promesses qui reposent sur des bluffs, mais un jour le Réel se chargera d’ en appeler de ce bluff. La statue du Commandeur est deja dressée.

Un jour sur la voie suivie, on reconciliera toutes les monnaies, alors que nous vivons dans la coexistence de plusieurs systèmes monétaires parallèles.

Powell n’est pas différent des autres, le serait-il qu’il ne pourrait pas gérer autrement, le vin est tiré il faut le boire. Powell ne peut être  autre chose que gradualiste mais inflationniste. Il peut et doit essayer de retirer un peu le bol de punch pour faire durer, pour essayer de refaire un tour de manège, il ne peut ni le retirer vraiment ni le remplir.

Il doit chercher un équilibre dans un dosage plus bas, moins nocif, moins euphorisant  afin de rendre les risques gérables et c ‘est ce qu’il fait. En d’autres termes il peut tenter de faire en sorte que l’on tombe de moins haut, que les structures vitales et systémiques soient moins endommagées, et que l’atterrissage de l’économie réelle se fasse en douceur, il ne peut empêcher ni la gravitation, ni le maintien d’une dose d’air chaud dans le gigantesque ballon bullaire du mode.

On a joué avec le feu de la monnaie et il en va de ce feu comme de celui qui nous chauffe, il nous sauve la vie mais il peut nous la prendre quand le contrôle est perdu.

Et ici la vérité que personne n’accepte de voir c’est nous avons perdu le controle de la chose monétaire, les politiques dites monétaires sont des simulacres: elles ne jouent qu’à la marge sur des dixièmes de points de base, les marges sont quasi nulles.

Dit encore autrement c’est la politique monétaire passée qui produit, qui détermine la politique monétaire future et réduit le champ des décisions  possibles à des ajustements marginaux. La Fed comme toutes les autres banques centrales a perdu le contrôle, le controle ce sont les marchés qui le détiennent, les banquiers centraux sont otages.

Mais chut il ne faut pas que ce soit su car le système politique repose sur l’alliance entre les gouvernements et les banquiers  centraux: l’un sert de béquilles à l’autre et l’aveugle et le paralytique ont besoin de s’appuyer, de s’épauler pour donner l’impression qu’ils marchent, qu’ils  gèrent.

Il y a deux trillions de trop dans le bilan de la Fed et le défi c’est de faire croire que l’on peut les faire disparaitre tout en ne le faisant pas, le défi c’est de réussir un tour à la David Copperfield, un gigantesque numéro d’illusion.


 


[BloombergQ] Stocks, U.S. Futures Fall as Post-Fed Mood Darkens: MarketsWrap

[Reuters] Stocks slide as Fed’s 2019 rates guidance disappoints

[Reuters] After Fed selloff, is a U.S. bear market next?

[CNBC] Powell says he doesn’t see Fed changing its strategy for shrinking the balance sheet

[BloombergQ] Powell Enters Era of Rate-Hike Caution as Growth Headwinds Mount

[BloombergQ] El-Erian: Fed’s No-Win: Balancing Growth and Market Fragility

[NYT] Global Trade Tensions Boil Over at Staid W.T.O. Forum

[FT] US warns of Chinese influence at multilateral lenders

[FT] Italy budget truce fails to address economy’s long-term faults

Une réflexion sur “Les dépêches, les marchés au plus bas, y compris au Japon. Le tour de David Powell ou Jay Copperfield.

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