Editorial: Les surévaluations boursières qui sont le prix à payer pour leurs erreurs, les surévaluations boursières sont maintenant une arme de destruction massive.

ETF.com: «… Les investisseurs ont continué à investir de l’argent dans des ETF cotés aux États-Unis. 13,4 milliards de dollars d’argent frais ont afflué dans l’espace  ETF au cours de la semaine…, faisant passer les entrées de fonds à 35,2 milliards de dollars depuis le début de l’année, bien au dessus  des niveaux de 8,4 milliards de dollars enregistrés il y a un an. »

Bloomberg: «La volatilité des devises mondiales est tombée au niveau le plus bas jamais enregistré.»

Bloomberg: «Les gestionnaires d’obligations commencent à envisager la perspective d’une nouvelle décennie sans hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale.»

Bloomberg: «Les ratios cours / bénéfices  pour les actions de croissance américaines ont atteint des niveaux qui n’ont été  observés que pendant  huit mois sur une période de trois décennies de données…»

Reuters: «J.P. Morgan Chase a publié des bénéfices et des revenus qui ont pulverisé  les attentes des analystes grace à  un gros  rebond des revenus de négociation… Les « revenus » de négociation d’obligations ont bondi de 86% à 3,4 milliards de dollars… »

Bloomberg: «  » C’est fou « : Les taux des Muni sont  au plus bas depuis qu’Elvis était roi. »

Nous assistons à des développements historiques sur les marchés financiers mondiaux;  ils s’étendent bien au-delà de la mise en fusion  du marché   des actions.

Cette semaine, le crédit aux entreprises américaines s’est échangé avec  les spreads les plus étroits  depuis 2007. Les indices populaires de swap sur défaillance (CDS) ont atteint  cette semaine  des plus bas  d’avant la crise.

À 46 points de base, le CDS de Goldman Sachs (5 ans) a clôturé la semaine à son plus bas niveau depuis 2007.

Le CDS de JPMorgan a chuté de 5 points de base cette semaine à 30,6, le plus bas remontant à octobre 2007.

Un indice des prêts à effet de levier a clôturé la semaine à des  niveaux de prix record .

Les CDS européens à revenu fixe ont terminé la semaine au plus bas ou près de leur plus bas niveau pluriannuel.

Et cette semaine si on en croit  Bloomberg: «Aux États-Unis le marché de haute qualité a « dévoré » près de 100 milliards de dollars de nouvelles dettes. »

La bulle financière historique est une manifestation du désordre monétaire et une conséquence inflationniste directe d’une bulle mondiale du crédit sans précédent.

Les autorités monétaires prétendent qu’elles recherchent par leur politique d’inflationnisme du crédit à accélérer la hausse des prix des biens et des services.

C’est un mensonge mais faisons comme si nous les croyions.

Dans leur objectif avoué elles ont échoué, il n’ y a eu qu’un mois ou deux en 10 ans  au cours desquels elles ont réussi à obtenir une inflation officielle au niveau des 2%. Et encore, c’était grace au pétrole!

Malgré leurs actions la hausse des prix dans les pays développés ne dépasse pas les 1,5% et les anticipations inflationnistes sont en baisse et non en hausse.

En revanche les cours boursiers ont été multiplés par plus de trois c’est dire que l’inflation du prix des actifs, des biens dits d’investissements a donc explosé. Conclusion l’argent et le crédit ne vont pas là ou les autorités le souhaitent. Il n’y a pas comme on dit: transmission aux prix des biens et de services et pas de transmissions aux revenus.

L’argent le crédit bradé, tout cela se dirige selon la plus grande pente du profit spéculatif et non vers les emplois productifs de l’économie réelle.

Il y a eu de nouvelles données  de l’Institute of International Finance j’en ai publié l’analyse il y a quelques jours.

13 janvier – Reuters : «La dette mondiale devrait atteindre un nouveau record de plus de 257 trillions de dollars dans les mois à venir, a estimé l’Institut de la finance internationale…, ajoutant qu’il n’y avait aucun signe de ralentissement . Le montant s’élève à environ 32 500 $ pour chacune des 7,7 milliards d’habitants de la planète et plus de 3,2 fois la production économique annuelle du monde.

Mais les chiffres stupéfiants ne s’arrêtent pas là.

La dette totale des ménages, des administrations publiques, des sociétés financières et non financières a bondi de quelque 9 trillions de dollars au cours des trois premiers trimestres de 2019 .

Sur les marchés développés, la dette totale dépasse désormais 180 000 milliards de dollars, soit 383% du PIB combiné de ces pays, tandis que sur  les marchés émergents, elle est le double de ce qu’elle était en 2010 à 72 000 milliards de dollars, principalement en raison d’une forte augmentation de 20 000 milliards de dollars de la dette des entreprises. »

La dette mondiale a augmenté au rythme le plus rapide depuis 2016. Après s’être achevée en 2015 à environ 210 trillions de dollars, la croissance de la dette mondiale a augmenté de façon parabolique pour s’établir à 257 milliards de dollars au T1 2020.

Cette expansion historique de la dette a touché tous les secteurs: ménages, entreprises, gouvernement et secteur financiers;  économies «émergentes» et développées.

Reuters: «Toutes les parties du monde sont en train de se charger de dettes … Le ratio dette / PIB des ménages a atteint un niveau record en Belgique, en Finlande, en France, au Liban, en Nouvelle-Zélande, au Nigéria, en Norvège, en Suède et en Suisse.

La dette des entreprises non financières par rapport au PIB a dépassé tous les records au Canada,  France, Singapour,  Suède, la Suisse et  États-Unis. Le ratio dette publique / PIB a également atteint un niveau record en Australie et aux États-Unis. »

La dette mondiale totale a terminé le troisième trimestre 2019 à 322% du PIB, contre 319% il y a un an. La dette publique mondiale a atteint 88,3% du PIB, contre 86%. La dette des entreprises a augmenté à 92,5% contre 91,6% et celle des ménages à 60,2% contre 59,6%.

Vous connaissez tous ces chiffres, je les ai collectés et analysés il y a quelques jours, mais on ne les soulignera jamais assez.

J’ajoute que le boom de la dette en Asie est  particulièrement alarmant. La dette des entreprises y atteint  227% du PIB; la dette totale de Hong Kong dépasse 500% du PIB.

La bulle financière de Singapour continue de gonfler, les emprunts du secteur financier passant à 187,7% du PIB (contre 184%). La dette totale de Singapour a gonflé à 473,5% du PIB contre 462,3%.

La Corée du Sud mérite également une attention particulière. Alors que la dette des entreprises a bondi à 101,6%, passant de 95,3% du PIB, la dette totale de la Corée du Sud a bondi à 325,6% (contre 304,5%).

La dette des Emergents est fragile, selon Reuters: «Une autre tendance potentiellement risquée est que le montant de la dette en« devises fortes »des marchés émergents – dette contractée dans une devise comme le dollar qui peut devenir difficile à rembourser si une crise frappe la valeur d’une devise locale – a atteint 8,3 trillions de dollars au troisième trimestre. 2019, 4 trillions de dollars de plus qu’il y a dix ans. »

L’IIF conclut : «Stimulé par des taux d’intérêt bas et des conditions financières laxistes …». Cette conclusion met le doigt sur l’origine de l’explosion des dettes : les conditions financières administrées par les autorités incitent à l’endettement: plus vous baissez le coût des dettes et plus on en contracte. C’est la loi éternelle de l’offre et de la demande. La demande pour ce qui est gratuit est sans limite. Ne cherchez pas ailleurs l’origine de l’explosion haussière des marchés financiers mondiaux.

En réfléchissant à ces  données incontestables qui ne sont pas rapportées par de quelconque abrutis conspirationnistes, comme le prétend Neel Kashkari,  , une conclusion s’impose: les autorités jouent leur vatout. Elles misent tout! Comme on dit: all in! Elles jouent , elles parient tout: they bet the farm!

Une autre conclusion s’impose et pas besoin d’être l’Edgar Poe de la Lettre Volée, si on utilise la bombe atomique financière c’est parce que le trou à boucher, le mal, le besoin est lui aussi colossal; la dose de remèdes prouve la gravité du mal.

Ce mal, le public ne le connait pas parce qu’on lui cache, personne n’en parle: il n’y  a pas assez d’argent vivant, d’argent gagné dans le système et donc il faut lui injecter de l’argent tombé du ciel, de l’argent mort, de l’argent zombi!

Le système par ses transactions, par son activité réelle ne produit plus l’argent qui lui est nécessaire pour fonctionner harmonieusement. Il faut en créer du faux, du bidon par le seul jeu, par la multiplication des spéculations, par le maintien du dopage qui s’appelle l’appétit pour le risque. Le fameux risk-on.

Et comme cela ne marche pas, qu’est ce que cela prouve pour un observateur logique? Cela prouve que les autorités sont impuissantes, elles actionnent des leviers dans le vide, elles ont perdu le contrôle. L’argent qu’elles croient créer ne prend pas vie, il ne catalyse pas les échanges économqiues; la croissance du volume du commerce mondial est de moins de 2% ce qui est un record historique de faiblesse.

Le système leur a échappé et elles pédalent dans le vide. Elles agitent des fantomes, des ectoplamses.  Le secret qu’elles ignorent c’est que la vraie masse monétaire, celle qui importe, n ‘est pas celle qu’elles croient contrôler, non la vraie masse monétaire est ailleurs , hors de leur champ de vision, hors de leur statistiques, hors de leurs théories; leurs théories sont fausses. Ils ne savent plus ce qu’est la monnaie à force de tripatouiller.

Et les erreurs théoriques conduisent ineluctablement aux catastrophes pratiques. Nous y sommes.

Les surévaluations boursières qui sont le prix à payer pour leurs erreurs, les surévaluations boursières sont maintenant une arme de destruction massive.

En Prime, quelques images: 

La création de dettes a pour objectif de casser la volatilité et de donner un faux sentiment de securité pour stimuler la spéculation.

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La vraie mesure de la folie de la surévaluation

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Les taux doivent baisser sans cesse pour rendre le poids des dettes supportables

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Croissance mondiale au plus bas de 10 ans

Les imbecillités de Neel Kashkari

 

 

 

6 réflexions sur “Editorial: Les surévaluations boursières qui sont le prix à payer pour leurs erreurs, les surévaluations boursières sont maintenant une arme de destruction massive.

  1. Ok les PE sont historiquement très très élevés. Mais les taux réels étaient ils aussi bas en 1929 et 2000 ? Autrement dit, les alternatives aux actions étaient elles aussi peu attractives qu’elles ne le sont aujourd’hui ? Dans le cas contraire, est-ce que cela ne veut pas dire qu’on peut aller plus haut ?
    Par ailleurs, vous avez me semble-t-il expliqué dans l’un de vos papiers qu’une inflation forte entrainerait une crash des actions. Pouvez vous préciser en quoi ?
    Merci

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    1. On démontre mathématiquement que les taux bas n’impliquent en aucune manière une augmentation des ratios cours bénéfices.

      En effet si les taux sont bas c’est parce qu’ils anticipent une croissance économique future de long terme très inférieure à celle que l’on a connu historiquement, la somme des cash flows à recevoir est donc reduite fortement sur longue periode.

      Avant par exemple les PE anticipaient une croissance de 6% des cash flows en nominal, , actuellement les anticipations sont de 3% tout compris.

      Par ailleurs il n’y a pas de corrélation entre le PE de l’année à venir et la performance a long terme realisée sur la base de ce critère.

      La meilleure corrélation est celle entre la valeur ajoutée normalisée, moyennée et la performance à 12 ans, cette corrélation est de 98% et c’est la methode que j’utilise.

      Elle dit que la performance attendue sur 12 ans sur la base des cours actuels sera en nominal dividendes réinvestis de moins de 0,25%.

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  2. Bonjour Monsieur,

    Vous soulignez que les autorités sont impuissantes, l’argent créé allant vers le spéculatif et non dans l’économie réelle.

    D’un autre côté, les achats d’or (valeur refuge car actif tangible – une pièce d’or ou un lingot est réel et non pas une promesse d’un remboursement futur ) par les banques centrales augmentent depuis plusieurs mois, alors que ces mêmes BC ont diminué depuis presque dix ans les taux d’intérêt jusqu’à les rendre négatifs.

    J’en viens à me poser la question suivante: constatant leur impuissance à catalyser les échanges économiques de l’économie réelle, les banques centrales et les « élites » ne veulent elles pas sciemment « tuer » le système monétaire actuel qui est en phase terminale (les dettes ne seront jamais remboursées) pour le remplacer par un nouveau système basé sur un actif tangible et instaurer ainsi un nouveau Bretton Woods ?

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      1. Merci pour votre réponse et pour vos articles et éditos qui nous poussent à la réflexion..

        Est-ce à dire que les « élites » sont tellement aveuglées par leur cynisme qu’elles ne voient pas que l’argent injecté ne fait que repousser l’effondrement inévitable d’un système devenu maintenant en bulles de tout.

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      2. Les élites sont dans la seringue, quand on a commencé dans cette voie il n’est plus possible de faire machine arrière. Je peux vous assurer que beaucoup en sont conscientes j’ai pu le constater directment par exemple dans des causeries après des conférences officielles .

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