Le scénario haussier s’impose, alimenté par une pause sur l’épidémie et une hyperinflation de liquidités .

La clientèle boursière se fait souvent « tarter » à cause du facteur temps. Elle a du mal à comprendre  qu’il est essentiel.

Il n’y a jamais de vérité absolue en bourse, il n’y a que des oscillations au fil du temps.

Le client, lui il est ou haussier ou baissier ou l’inverse il est rarement prêt à être les deux en même temps car il « escompte », il ramène tout à son opinion du moment.

Ainsi en ce moment je suis haussier de court terme, baissier de moyen terme  et haussier de long terme, mais en nominal seulement, pas en réel. C’est compliqué.

En général je m’efforce de ne pas faire de prévision et je me limite à une appréciation de long terme qui se résume à répondre à ceci: « est ce qu’il est intéressant d’investir sur le marché dans une perspective de portefeuille-retraite ou de portefeuille-patrimonial familial.

Et cette appréciation je peux la faire car elle ne dépend ni de ce qui va se passer en bourse demain, ni de l’évolution  cyclique de l’économie. Elle dépend simplement de l’expérience  et de l’histoire .

On sait qu’historiquement pour faire la performance normale de long term de 6% en Bourse il faut acheter quand les ratios de valorisation du marché boursier sont à un certain niveau et pas au dessus.

Pour investir pas besoin de prévoir il faut juste savoir ou on en est du cycle boursier, on on se situe au niveau présent de valorisation; il y a juste besoin de se situer, de comprendre ou on en est au moment ou se pose la question de l’investissement.

En ce moment on sait que dans une perspective à 12 ans, le marché rapportera au mieux, tout compris 1% guère plus et qu’il faudra subir une volatilité extrême, c’est à dire des hauts et des bas chaotiques.

Si on intervient en ce moment, on n’investit pas, on spécule. 

Remarquez combien cette démarche  est difficile à faire passer en tant que message clair!

La notion d’horizon est en bourse déterminante et c’est cette notion que le public ne peut en général pas saisir: il est optimiste ou pessimiste, il est binaire, il ne travaille pas sur un scénario à la fois évolutif, souple et complexe. C’est noir ou c’est blanc pour lui.

Ici à court terme le marché est techniquement encore survendu et l’amélioration normale, écrite dans les stats officielles du virus provoque des rachats et des achats à bon compte. Achats qui peuvent être d’autant plus violents que l’argent pour spéculer est surabondant. On veut jouir vite et fort.

A moyen terme on va avoir les effets dépressifs réels de la maladie avec les statistiques économiques déplorables, voire désespérantes et il y a aura baisse des cours sur la publication  progressive de cette réalité;  car elle n’est pas encore inscrite dans les cours ou les perceptions.

A long terme il y aura changement de régime inflationniste et les investisseurs vont réamenager les portefeuilles pour en tenir compte, dans un premier temps ils vont augmenter les  allocations actions par rapport aux allocations fonds d’état et obligations; puis ils  vont s’apercevoir que l’inflation n’est pas si bonne que cela pour les  enrtreprises  et on va faire baisser les multiples de valorisation.

La bourse n’est pas une donnée, c’est un cheminement.

Le mois dernier, nous avons connu un marché baissier complet, en baisse de 20%, et un marché haussier complet, en hausse de 20%. Que veulent dire ces 20% en plus ou en moins? Rien du tout c’est un truc de journaliste pour mettre des mots sur une situation qui leur échappe, c’est la magie du discours. Cela n’apprend rien.

La seule observation intéressante c’est celle de l’instabilité, ce que l’on appelle la volatilité. On vole, on lévite, on chute, on rebondit .

Comme je le dis depuis des années la valeur dans le monde moderne est « frivole », elle n’a aucun ancrage, autre que celui de  la chose dans laquelle on exprime son prix: la monnaie.

La valeur depuis Valras et les marginalistes c’est un prix et un prix c’est monétaire et la monnaie c’est suspendu dans les airs. On est dans la tautologie de la valeur: elle dépend de son prix et son prix dépend de l’offre et de la demande et l’offre et la demande dépendent du prix.

On est dans un univers imaginaire fait de perceptions, de théories bidons et d’impulsions provoquées par le travail des humeurs  et celui de la printing press, la planche à billets digitale.

Comme je l’ai théorisé il y a longtemps, on a unifié le champ des actifs papier, des actifs monétaires, quasi monetaires et money like. On passe de l’un à l’autre mais pour que les valeurs  ou plutot les prix montent il faut une impulsion il faut une énergie, un input c’est à dire qu’il faut que l’on remette de la monnaie au pot ou que l’on fasse tourner  plus vite celle qui s’y trouve deja.

La volatilité extrême fait suite à une période de calme extrême qui a duré des années, periode ou la  volatilité a été l’une des  plus faibles de l’histoire. Comme l’a observé le célèbre économiste Hyman Minsky, l’effondrement du marchéa été  provoqué par l’activité spéculative qui a été permise par cette volatilité très basse antérieure. Le calme  écrit en gros Minsky produit la tempête, car il met en confiance et  les gens s’enhardissent.

Nous sommes dans ce que l’on appelle un moment Minsky. La fin d’année 2019 ressemble plus à une frénésie spéculative motivée  par l’abondance de  liquidités qu’à une avancée saine motivée  par les fondamentaux.

L’économie américaine se dirige  vers une récession sévère . Je dis bien une récession , une vraie qui va mordre et faire mal pas seulement dans l’imaginaire.Il va y avoir baisse d ‘activité, baisse des profits, du chomage,  des pertes, des faillites.

Personne à ce stade ne  peut formuler de  prévision fiable: on ne sait pas si on va vers la récession ou la dépression.

Cela, c’est la mauvaise nouvelle.

Mais la  bonne nouvelle c’est que les crises produisent des réponses de la part des autorités gouvernementales et monétaires, les crises les conduisent à des renflouements, c’est systématique.

Je developpe cette idée depuis plus de 20 ans, depuis un article écrit il y a fort longtemps intitulé: « vive les  crises, elles enrichissent les plus riches ».

Les crises obligent, pour éviter la fin de l’ordre social actuel , elles obligent à injecter toujours plus de monnaie et à faire toujours plus de déficits. C’est le régime que j’ai épinglé sous le nom, d’inflationnisme: la production de monnaie de crédit traite tous les problèmes.

Ce régime peut durer longtemps car il a le soutien des plus riches et des élites puisque ce sont elles qui s’enrichissent grâce à pareil régime dissymétrique . En contrepartie il disloque le tissus social car il fait progresser les inégalités.

Il n’y a littéralement aucune limite au  montant des mesures de relance monétaire ou budgétaire qui sont et seront utilisées dans cette lutte.

Les « économistes » estiment désormais que les USA vont vers un déficit budgétaire de 18% cette année, un niveau observé pour la dernière fois pendant la Seconde Guerre mondiale. Quant au monétaire si il est difficilement chiffrable il est de l’ordre de 5 à 6 trillions de dollars! Et plus les bourses remontent, plus ce monétaire risque de devenir excédentaire puisque les pertes qu’il est censé combler se réduisent.  La remontée des bourses rend le monétaire excessif. Donc la hausse de la Bourse produit sa propre solvabilisation. Voila ce que je vous invite à comprendre.

Nous nous trouvons donc selon moi dans la situation d’un type Goldielock nouveau; pléthore de liquidités, promesses de nouvelles liquidités et déficit budgetaire colossal alors que le coût qui est constitué par la destruction économique à venir, ce coût n’est pas encore effectif. Il est devant nous.

Comme je le dis on est seulement en train de monter l’escalier on ne sait pas encore ce que l’on va trouver en  haut sur le palier.

L’avenir n’est écrit nulle part, sachez le .

Personne n’a d’experience, personne n’a de théorie valable.

Ceux qui disent que la situation se compare à une situation de temps de guerre se trompent.  La destruction des actifs productifs sera modeste , sans aucun doute beaucoup moins grave que pendant la Seconde Guerre mondiale. Le PIB potentiel sera intact une fois la récession terminée.

Mon intuition est que la crise  du virus et l’affolement des autorités, plus la période électorale  ont conduit à des sur-réactions et par conséquent à une création de crédit excessive, disproportionnée.  

Les  réactions extrêmes de la Fed, du Président et  du Congrès ont, selon moi, produit une disporportion considérable entre le mal et le remède ou les doses de remède.

C’est en fait la conséquence  qui découle d’un système déséquilibré; dans pareil système, on ne peut courir le moindre risque il faut tout de suite arroser, noyer le moindre foyer d’incendie. On est condamné à accorder des doses de remèdes qui sont fondées sur le risque de destabilisation totale de l’édifice alors que seule une partie de cet edifice est endommagée.

Les accidents précédents n’ont pas produit d’inflation , en particulier celui de 2008. est ce que ce sera la même chose cette fois  encore?

Vous savez que depuis quelques jours nous répondons: non.

Nous répondons non parce que la situation  n’est pas comparable. En particulier la situation budgétaire; ici vont coexister à la fois une stimulation monétaire et une impusion budgétaire.  C’est une différence considérable, en 2009 nous étions dans le régime ancien qui faisait considérer les deficits budgétaires comme dangereux, ici les esprits  ont évolués, on est quasi en MMT,  et on ne craint plus ni les déficits, ni les dettes Et personne ne songe à imposer le moindre soupçon d’austérité!

Par ailleurs non seulement les tendances  inflationnistes vont se réveiller mais je prends le pari que la Fed dans un premier temps ne luttera pas contre elles car elle souhaite depuis longtemps leur résurgence.  Elle va se résoudre à en tirer parti ; les gouverneurs vont se dire pourquoi lutter contre le risque d’inflation puisque  la masse considerable   de dette accumulée a besoin d ‘être résorbée et que nous n’avons pas d’autre moyen de favoriser cette resorption.

La crise du virus va fournir l’excuse pour tenter de réduire la sur-accumulation par les dépréciation monétaire.

 

2 réflexions sur “Le scénario haussier s’impose, alimenté par une pause sur l’épidémie et une hyperinflation de liquidités .

  1. J’étais sur le point début Mars d’acquérir un bien immobilier…depuis je ne sais plus sur quel pied danser….J’aimerais avoir votre avis sur le sujet…

    Bien à vous Mr Bertez et merci pour vos rubriques que nous permettent de nous améliorer dans bien des domaines.

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