Le profit est l’opérateur caché qui produit l’ordre social; c’est lui qui produit l’accumulation du capital, la fortune, le pouvoir et maintenant, dans nos systèmes, le régime politique qui a remplacé la démocratie . Il est important que je vous en parle un peu! Les élites n’en parlent jamais, elles vivent, se nourrissent, prospèrent de quelque chose qu’elles occultent.
Le profit est à la fois la variable et le fondement du capitalisme : une vérité que l’on cherche à cacher… ce qui nuit à l’efficacité du système.
Allons faire un tour du côté du veau d’or, le profit.
Je considère que le système capitaliste est un système honteux : il se cache. Il a peur que l’on sache que c’est un système de production de profit.
Le fait de devoir mentir et occulter le profit comme variable centrale du système pénalise considérablement sa gestion. Il faut faire des acrobaties pour tenter de bonifier le profit quand il est insuffisant. Souvenez vous de l’infame CICE de hollande qui n’est rien d’autre qu’une subvention au capital pour bonifier son profit dans l’espoir qu’il embauchera!
Les contorsions sont également des contorsions de vocabulaire : ainsi, on appelle pudiquement le capital « l’offre ». La politique de redressement de la profitabilité, on appelle cela une politique de l’offre !
Depuis que se manifeste la tendance à l’érosion du taux de profit, c’était au début et au milieu des années 70, est née la politique de l’offre.
Elle n’est rien d’autre qu’une politique de bonification des profits accompagnée d’une ouverture sur l’étranger; on hausse les profits et on espère ne plus avoir besoin de vendre chez soi pour réaliser ce profit, on espère tous… vendre … chez les autres.
La politique dite de l’offre repose sur ceci: on augmente le taux d’exploitation des salariés, on n’augmente plus les salaires, on confisque les gains de productivité donc on abandonne le taylorisme qui imposait de distribuer de bons revenus à la population pour lui vendre ce que l’on produisait, et on va vendre aux autres, on pille leur demande.
Le système a honte de dire clairement ce qu’il est : un système dont le moteur est le profit. Et pour cause, il ne faut pas qu’il soit dit que le capitalisme est un rapport social qui permet à celui qui est détenteur d’un capital de prélever une part du produit du travail.
Le profit en dernier ressort est toujours, toujours du travail non payé. C’est difficile à comprendre pour le commun des mortels et les syndicats et politiciens ont depuis longtemps renoncé à le faire comprendre.
Ils entretiennent l’illusion que le profit tombe du ciel, que le capital est magique, auto-productif. C’est plus simple que de dire que le surproduit qui alimente le profit est toujours en dernier ressort du travail non payé, travail non payé même si c’est du travail intellectuel.
Qui est capitaliste ?
En fait, est capitaliste toute personne qui réussit à s’attribuer une part du travail des autres sans travailler. Les maudits de la terre, les assistés, les chouchous du capital néo-libéralisé sont des capitalistes : ils vivent de prélèvements sur le travail des autres.
Toute personne qui vit sans travailler, sans rien produire vit en bénéficiant du produit du travail des autres. C’est incontournable et ceux qui vivent ainsi, sans produire bénéficient de la répartition, de la circulation du surproduit, c’est à dire du profit.
C’est vrai aussi pour les retraites , reflechissez, Mais dans ce cas précis il y a un pacte social qui dit que celui qui travaille n’est pas payé pour l’ensemble de son travail actif, il en reçoit une part sous forme de rémunération différée.
Le capitalisme, ce n’est pas un système dont la finalité est de produire pour les besoins, c’est un système dont la finalité est de produire du profit pour accumuler des richesses. En accumulant des richesses, il produit un ordre social et, à notre époque de copinage, il produit un gouvernement et une banque centrale.
Quand la satisfaction des besoins est rentable, on les satisfait. Quand ce n’est plus rentable, on arrête. On ferme les entreprises et on met les salariés au chômage. Quand le profit n’est plus suffisant, le système cesse de produire, même si les besoins existent.
Avant on nationalisait croyant ainsi échapper à la Loi du Profit, mais on s’est aperçu que c’était faux, on n’y échappe pas car les entreprises nationalisées contractent des dettes et ces dettes il faut payer les agios et les rembourser et pour cela il faut générer un surproduit , faire du profit.
La contrainte du profit
Ce qui fait l’efficacité exceptionnelle du système capitaliste, c’est la contrainte du profit : c’est là la barre qu’il faut franchir. Si un projet ne produit plus le taux de profit moyen, il est éliminé.
Le profit est une contrainte déflationniste puisqu’il limite les dépenses d’investissement à celles qui sont rentables ; avec son complément, la concurrence, il oblige à éliminer les investissements et les productions qui ne sont pas profitables .
Personnellement, je trouve qu’il n’y a pas de mal à cela, car c’est un système efficace, très bon producteur de biens et services même si c’est un très médiocre répartiteur – surtout en cette période de l’Histoire marquée par des inégalités scandaleuses qui n’ont pas pour contrepartie une veritable utilité sociale.
Le système capitaliste a les avantages de ses inconvénients ; rien n’est parfait… et le bien est inséparable du mal.
Le système capitaliste est inégalitaire par construction, mais si tout le monde profite de ce système, il est défendable. Là ou il ne l’est plus , c’est quand il manque à sa mission historique objective, qui est de produire des richesses, de fournir des emplois, de distribuer des revenus décents, et de faire marcher l’ascenseur social.
Les autres systèmes qui ont été essayés n’ont pas donné de très bons résultats. Ils se sont mal terminés, avec en plus, entre temps, des gaspillages, des bains de sang et des atteintes aux libertés – voire à la Liberté.
A suivre…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]