Les marchés n’ont jamais compris l’implication ultime de la dérégulation des années 80.
C’est pourtant simple: avant le crédit et le financement des entreprises étaient en banque était en banque, après le crédit et le financement sont sur les marchés.
Avant, il pouvait arriver qu’une banque devienne trop grosse pour faire faillite, mais après ce sont les marchés qui sont devenus trop gros pour faire faillite.
Le risque qui était localisé dans les banques s’est retrouvé sur les marchés mais multiplié par 10, 100, ou 1000 car les marchés ont connu une expansion considérable auto-entretenue par le levier généralisé.
On a réussi à produire plus de crédit, on a réussi à faire monter les prix des actifs, on a réussi à faire baisser le coût du capital, on a réussi à doper la croissance, on a réussi à faire exploser la valeur des patrimoines, c’est vrai mais cela a eu pour contrepartie terrible de loger tout le risque à l’intérieur des marchés, sur les marchés.
En bref ce qui était auparavant le résultat d’une relation entre des hommes, le résultat d’une confiance entre gens qui se connaissaient, le résultat du travail des credit men et des analystes financiers , l’appréciation des risques et des valeurs, cette appréciation est passée sur les marchés.
Or un marché ce n’est pas une somme de connaissances et d ‘intelligence, non c’est une somme d’imbécilités et de comportements irrationnels.
Le marché c’est une foule et ce fut d’ailleurs la grande erreur de Greenspan que de croire que le marché refletait l’intelligence des analystes, non il refletait le pire de tout, leur veulerie, leur volonté de faire des commissions et de toucher de bonus. Le tout est moins bon que la somme des parties!
Avec des intervenants d’autant plus irresponsables qu’ils touchaient des commissions sans conserver le risque puiqu’ils le revendaient aux marchés.
C’est à dire aux gogos.
La professionalisation de l’investissement et de la distribution des crédits par le biais des marchés et du packaging par exemple fut et est une catastrophe.
Ce sont les marchés qui ont remplacé les banques , ce sont les marchés qui réglent le crédit et la valeur des actifs financiers avec l’argent de Tiers Payants aurait remarqué Milton Friedman donc cela ne peut que conduire à des catastrophes.
En clair et pour résumer, ce qui était auparavant soumis à examen de la part de gens compétents est devenu le jouet, le caprice des animal spirits.
La foule, la masse est moutonnière et elle se comporte de façon primaire, irrationnelle, on a livré la chose la plus importante aux folies de la stupidité des foules .
On comprend que dans ce cas, il faille un filet de sécurité; et ce filet ce fut le fameux « Put » de Greenspan. Le « Put » garantit qu’il y a toujours un acheteur.
Et ce « Put » a eu un effet destructeur , il a encouragé encore plus la spéculation sur le dos du public et des contribuables, et le déchainement des animal spirits.
C’est cette évolution dramatique qui nous conduit à notre perte, soit par le haut si les banques centrales continuent à offrir le « Put », soit par le bas si elles s’avisent de le retirer.
La messe est dite, seule restent à fixer les horaires des offices .