Editorial. La hausse des Bourses accélère la crise du capitalisme. La taupe creuse. L’engrenage tourne bien…

J’ai écrit il y a quelques jours un petit essai sur la financiarisation, je vous recommande de le lire. Il est clair, simple à comprendre et indispensable pour continuer à suivre mes analyses .

Un petit coup de projecteur sur la financiarisation. Elle ne tombe pas du ciel!
brunobertez.com/2020/08/11/un- via @wordpressdotcom

Dans cet essai j’insiste pour démontrer que la financiarisation n’est pas tombée du ciel, mais qu’elle est un dévelopement normal du régime capitaliste. 
Pourquoi est il important de démontrer que la financiarisation a une cause et qu’elle ne tombe pas du ciel? Parce qu’il faut oter leurs illusions à ceux qui croient que si on la supprime tout ira mieux. La financiarisation est une réponse à la crise du profit du système capitaliste.
La financiarisation a été une réponse à un besoin réel, celui de hausser le taux de profit. Le système capitaliste a besoin de croissance et pour croitre il a besoin de profit. Face  à la chute des profits post seconde guerre mondiale qui s’est manifestée au début des années 70, le système a rencontré ses limites.
La limite du système s’est manifestée par la baisse du taux de croissance, l’érosion de la profitabilité et la montée du besoin de s’endetter. Il a fallu dépasser en quelque sorte la rareté du profit par la dette. A partir de là on a organisé la montée des dettes et réorganisé le système afin d’ en produire plus. C’est cela la financiarisation. Une organisation systémique pour produire plus de dettes.
L’autre réponse à ce besoin de hausser le profit a  été la mondialisation puis la globalisation. Ils sont quasi concommittants. Mais je n’analyse pas ce jour la fonction de la mondialisation comme moyen d’élargir les profits du système.
Le système  étant monétaire , il utilise le crédit et la monnaie pour son fonctionnement normal afin de faciliter les échanges, afin de concrétiser le profit et accumuler la fortune. Le cycle du capitalisme est un cycle monétaire; tout commence et finit par la monnaie.
La tentation est grande de créer des illusions afin de doper le rendement du système, c’est un developpement sinon naturel du moins logique car le capitalisme est dominé par l’envie et le besoin de maximiser.
La monnaie et le crédit sont les catalyseurs des échanges capitalistes, d’ou la tentation démiurgique de produire plus de richesses et plus vite en augmentant les doses de catalyseurs.
Le profit est monétaire et le profit étant le moteur du système tout s’est passé comme si dans ce moteur on injectait plus de carburant ou de signes de carburants . On a  crée une illusion, le profit ainsi produit  est une illusion. En ce moment avec la Bulle, c’est plus qu’une illusion c’est un mirage, une hallucination! Mais c’est une autre histoire.
 
Pour entrer dans ce monde d’illusions, il fallait couper les amarres, les ancrages et en particulier le lien qui existant entre la monnaie et le réel, c’est à dire qu’il fallait faire en sorte que la monnaie cesse d’avoir pour contrepartie la richesse, le travail cristallisé, c’est à dire l’or.
Il fallait libérer la monnaie de la pesanteur et de la rareté. il fallait qu’elle puisse léviter.
La coupure du lien entre le dollar et l’or était le préalable pour libérer la production de crédit, ce qui fut fait en 1971 puis il fallut organiser les changes flottants, ce qui fut fait à la Jamaique.
Ensuite on a dérégulé les banques pour faire naitre un appareil bancaire suceptible de traiter/transformer  cette nouvelle monnaie.
Puis quand les  banques n’ont pas suffit, on a crée la Grande Banque, la colossale  banque c’est à dire le marché financier moderne. Sa fonction a été de transformer la monnaie et le crédit en actifs financiers. Car les marchés financiers modernes sont des banques, ils  accomplissent les fonctions bancaires de transformation, d’alchimie.
Et enfin face à la montée des risques et de l’instabilité on a laissé s’envoler le monde des ombres d’ombres: les dérivés.
Les dérivés sont les fausses assurances que le système s’est crée pour se donner l’illusion d’etre plus sur. In fine quand on l’analyse il n’y a aucune assurance dans le système car personne n’a le capital pour faire face aux sinistres ! On pratique le dynamic hedging, on s ‘assure .. sur les marchés que l’on est censé assurer! 
Créer plus de crédit qui permet d ‘investir et de consommer plus à court terme a logiquement débouché sur la création de dopage et de stimulant dont il n’a plus été possible de se passer. On a en quelque sorte « volé » le temps, on a rendu actuel, on rendu présent  ce qui ne devait arriver que plus tard. On a en quelque sorte actualisé le futur.
On a ouvert la boite de Pandore, on a volé le feu aux dieux, on a joué avec le feu . Car ce que l’on prend maintenant, n’est plus à  prendre demain.
La drogue produit l’accoutumance.
Par définition puisqu’elle permet en dernière  analyse d’anticiper toujours plus le futur. On consomme, on mange aujourd’hui la croissance de demain. D’ou la nécessité du « toujours plus ». On raccourcit sans cesse, on mange le temps comme un ogre.
N’oubliez pas que le capitalisme a un mécanisme interne qui est destructeur et qui le pousse à sa perte, ce mécanisme c’est la concurrence. Il y a concurrence acharnée des détenteurs de capitaux entre eux pour s’attribuer le profit maximum. 
La concurrence est terrible car sa fonction est de ne jamais laisser se contenter du présent, il faut à cause d’elle toujours aller plus loin.
La concurrence c’est la Reine Rouge, il faut courir de plus en plus vite pour simplement rester sur place. Elle oblige au »toujours plus »! Lisez je vous en prie Alice au pays des merveilles. 
Maintenant c’est le régime pervers de la financiarisation qui touche ses limites. A son tour. Il a produit beaucoup de dettes, 270 trillions en apparence mais beaucoup, beaucoup plus en réalité.
Et le régime  croule sous le poids de l’illiquidité d’abord et de l’insolvabilité ensuite . Quand on dit qu’il croule sous le poids du levier, du leverage on ne dit rien qu’autre mais d’une façon « soft » car crouler sous le poids du levier c’est toujours crouler sous le poids des dettes!
Non seulement les dettes ont servi a  financer les échanges, les investissements productifs, les deficits mais en plus face à la logique/engrenage  de la spéculation, elles ont servi a constituer des positions spéculatives considérables sur les marchés financiers.
Je ne crains pas de dire que le monde actuel n’a plus de fonds propres, ce que l’on croit être des fonds propres … est financé à crédit! 
La montagne de dettes finales et de dettes croisées  qui a été formée est colossale et pour tenir tout au long de ces dernières  années, les autorités ont du multiplier les promesses, les artifices et les mensonges. 
Les paroles et gadgets de communication ne suffisant plus, depuis 2009, les banques centrales, pour éviter l’effondrement, sont obligées de racheter le surplus de dette.
La montagne de dettes mondiale est une montagne de sable, elle a atteint son fameux stade critique, stade ou sans que l’on sache pourquoi, elle commence à crouler; presque sans cause. Parce qu’une fenêtre d’instabilité finit toujours par s’ouvrir quand on a dépassé le stade critique.
La politique des banques centrales n’est rien d’autre qu’une politique de soutien des cours des dettes « financée » -si on peut dire- par la création de fausse monnaie afin d ‘éviter que leur prix s’écroule, écroulement qui provoquerait la chute du secteur bancaire. On achète les grains de sable de la montagne de dettes avec de la poussière d’étoiles de la fée Clochette .
Bientot, compte tenu de la logique des marchés, des corrélations et la hernie qui s’est formée, les banques centrales vont devoir aller plus lojn dans  l’univers du risque et acheter les actions.
Plus sérieusement: pour soutenir les cours, il faut mettre à l’actif du  bilan, des banques centrales des tombereaux de valeurs fictives,  surtout depuis septembre 2019. Les politiques monétaires  tuent la solvabilité des banques centrales.
La limite de la financiarisation se développe sous ses differents aspects depuis 2006, -debut de la crise immobilière aux USA- puis depuis la crise du Libor à Londres et le colmatage des canalisations souterraines du système, et encore depuis la crise du dollar de mars 2020. La construction des limites ce n’est pas un évènement, ou un chapelet d’évènements. C’est un processus. La limite se construit jour après jour. Comme les murs de Trump. 
In fine la financiarisation était un faux remède qui accélère la crise du système capitaliste qu’elle pensait éviter. Mais en plus elle débouche sur la destruction de la monnaie c’est à dire la destruction du bilan des banques centrales. Derrière la destruction du bilan des banques centrales se profile la destruction des Trésors Publics et des arrangements politiques.
Bravo les idiots!
La financiarisation ne pouvait durer qu’un temps car produire des dettes=produire du capital fictif, ce qui augmente le besoin de faire du profit dans le système pour nourrir ce capital fictif.
Le capital fictif, le pseudo capital boursier, ce capital de poids mort accélère la crise du capitalisme en ce moment. 
La taupe creuse.

 

2 réflexions sur “Editorial. La hausse des Bourses accélère la crise du capitalisme. La taupe creuse. L’engrenage tourne bien…

  1. Il est toujours bon d’avoir une vue historique de l’évolution du monstre financier, cela permet de prendre de la hauteur au lieu d’avoir la tete dans le guidon (terme cycliste).

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  2. Excellent article, vraiment excellent !!

    A savoir ce qu’ils envisagent avec leur reset pusiqu’ils savent ce système condamné.
    Je comprend néanmoins qu’ils en soient silencieux sur les modalités.

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