La classe politique européenne se prépare à un affrontement qui pourrait se répercuter dans les années à venir.

L’énorme frénésie d’emprunts publics nécessaire pour financer les dépenses pendant la crise de Covid-19 oblige à repenser les règles de l’Union européenne régissant la dette et les déficits, exposant une ligne de fracture politique sur la théorie économique.

Le Premier ministre italien Mario Draghi et le président français Emmanuel Macron font pression pour libérer leurs économies des restrictions pré-pandémiques de l’UE. Ils se heurtent à la résistance des dirigeants des pays du Nord , qui sont plus responsables fiscalement, ainsi qu’à l’inertie institutionnelle. 

Le pacte de stabilité et de croissance, vieux d’un quart de siècle, est contenu dans un traité, de sorte que tout amendement devrait être ratifié par 27 législatures. 

Alors que la Banque centrale européenne vient d’achever une refonte controversée de la politique monétaire, l’issue de cette prochaine bataille définira le champ d’action budgétaire pour la décennie à venir, et peut-être aussi les perspectives de croissance de l’UE.

« Beaucoup dans le sud de l’Europe pensent qu’il ne devrait jamais y avoir de retour réel aux règles », déclare Mario Monti, l’un des prédécesseurs de Draghi et ancien commissaire européen présent pour les discussions lors de l’accord sur le régime dans les années 1990. 

« Les déficits publics élevés, largement financés par la BCE, sont considérés comme le moteur clé de la croissance », déclare Monti, dont le point de vue est que les réformes structurelles doivent primer.