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3 février 2023
Le temps n’est plus aux longues queues devant les agences bancaires pour récupérer des liasses de billets.
Je suis l’opposé du Cassandre. Je le répète, car beaucoup croient que je suis catastrophiste. C’est faux.
Mon travail consiste non pas à dire que la catastrophe est pour demain, mais à expliquer pourquoi, alors qu’elle est inévitable, elle peut être repoussée.
Ma conviction s’articule en quatre volets :
1) Je prétends que notre système est condamné et qu’il va se fracasser ; il est historique.
2) Je prétends que le pouvoir des apprentis sorciers qui nous gèrent est immense ; ils peuvent repousser sans cesse les échéances et donc l’heure des comptes.
3) Je prétends que le fait de repousser les échéances coûte de plus en plus cher en termes de dégâts futurs.
4) Je prétends que l’outil qui permet aux apprentis sorciers de gagner du temps, c’est la disjonction, c’est-à-dire la coupure, entre le monde réel et ses représentations. Coupure qui permet de tromper les citoyens et de les empêcher d’anticiper et de chercher à s’adapter à la catastrophe à venir.
L’habileté des autorités est extrême. Non pour gérer le monde, mais pour vous tromper.
Aucune échappatoire
J’ai toujours tenu le cap et expliqué que dans les conditions actuelles de compétition stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, l’Amérique ne pouvait se permettre d’assainir sa situation. Comme James Dean, elle doit conduire vite jusqu’au bout avant de sauter de la voiture lancée dans le ravin pour gagner la course.
Elle ne peut procéder à la même opération que la Chine qui, elle, a choisi de crever les abcès immobiliers, bancaires et culturels pour se préparer à la future confrontation.
Elle ne peut ni accepter une récession, ni un mécontentement social, ni laisser chuter le dollar ni nuire au statut fondamental des valeurs du Trésor US comme collatéral mondial du dollar.
Les Etats-Unis doivent continuer d’assurer le beurre et les canons, maintenir le dollar comme monnaie impériale, assurer le statut des bons du Trésor comme collatéral mondial, tenir d’une poigne de fer ses alliés occidentaux… Tout cela, c’est nécessaire, face à la montée de la rivalité stratégique multiforme. C’est marche ou crève.
Les élites Américaines font le pari du « tout pour le tout », pour rafler toutes les mises, sachant que ce sont les autres, les alliés et vassaux qui paient. Ils donnent en gage, pour leur pari, les actifs et les économies de ces vassaux !
Magistrale Fed
Le fait que l’on ait joué le spectacle de l’assainissement ne prouve qu’une chose : la formidable capacité de gestion des perceptions de la Fed.
La Fed est un exceptionnel gestionnaire des marchés et des perceptions. Elle est la cheville ouvrière de l’empire américain.
La Fed gère l’Imaginaire occidental de façon magistrale ; peu importe les critiques de ceux qui, comme moi, disent que cette gestion des perceptions et de l’imaginaire conduit au chaos. La Fed s’en fiche, elle optimise au jour le jour.
La Fed a un plan B – le plan ultime – qui est le reniement de toutes les dettes extérieures des Etats-Unis, la spoliation ultime du reste du monde, semblable à la spoliation partielle qui a été infligée aux russes.
La Fed a réussi à faire croire à un assainissement, elle a purgé l’écume spéculative sur les « meme stocks », sur la technologie, sur les cryptos, et sans mettre en danger le cœur de son système : les bons du Trésor et le dollar.
Je dis bravo.
La future catastrophe financière peut intervenir à tout moment car nous vivons sous la menace d’une épée de Damoclès géante. Cette épée peut tomber sous le choc d’une défaite militaire occidentale ou sous les coups de boutoirs des pays qui contestent l’ordre « libéral » unipolaire occidental, ou bien encore, tomber sous son propre poids, par simple gravitation.
La crise financière se déroulera comme toutes les crises financières : un colossal « run », une ruée pour se débarrasser de tout ce qui est « papier ». Les valeurs de convenance ou contractuelles, les promesses, ne vaudront plus rien.
Dans l’urgence de la crise
C’est tout un système d’équivalences qui sombrera parce que ces équivalences étaient soutenues par un ordre du monde qui disparaîtra. Il y a un lien entre un système d’équivalences et un ordre de pouvoir/puissance. C’est le pouvoir qui impose et garantit les équivalences.
Il y aura :
- Des mesures d’urgence établies pour le secteur bancaire.
- Des mesures d’urgence établies pour les marchés financiers.
- La procédure pour un blocage financier mondial.
Lorsqu’une crise bancaire frappe:
- Votre accès à vos fonds est limité.
- La disponibilité du crédit connaît une baisse drastique.
- Les runs bancaires arrivent, les gens font la queue pour accéder à leurs dépôts.
- Des fermetures de banques se multiplient.
C’est ainsi que se déroulent généralement les crises bancaires. C’est-à-dire qu’il y a une « course » sur le passif d’une ou plusieurs banques.
La ruée bancaire moderne
En pratique, une crise bancaire est une demande massive des détenteurs de dette bancaire pour la convertir en espèces ou en d’autres formes liquides d’actifs ou en valeurs réelles comme l’or métal. Outre les dépôts, cette dette bancaire peut être des obligations, des produits dérivés ou des financements interbancaires obtenus sur les marchés interbancaires.
Il peut y avoir deux types de ruées bancaires :
- historiques : les déposants font la queue devant les bureaux de la banque pour obtenir de l’argent ;
- modernes : d’autres banques et/ou institutions financières retirent de l’argent des actions, des obligations, des produits dérivés ou leurs engagements bancaires d’une autre banque ou d’un marché.
A notre époque, le marché boursier fonctionne comme une banque colossale, c’est-à-dire que si les porteurs vendent leurs titres pour obtenir du cash, cela équivaut à un « run », à une ruée bancaire de l’ancien temps.
C’est pour cela que les autorités ne peuvent laisser les baisses boursières se développer. Il faut les arrêter, il faut assurer la liquidité sinon c’est la ruée.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
le talon d’achille de tout ce qui est numérique, c’est l’énergie nécessaire à son fonctionnement 100% du temps.
Ce système ne peut qu’imploser, c’est tout.
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Bonjour Mr Bertez,
Je réagis peu, très peu. Mais cet article le méritait parce qu’il ne se veut pas catastrophiste comme tout ce qui pullulent sur la toile. Et c’est important de rappeler que les élites ont le pouvoir de faire durer ce système fragile possiblement sur plusieurs décennies.
Les changements d’empires ne se font jamais du jour au lendemain. D’ailleurs, il ne sert à rien de chercher à les timer. C’est dans ce délire que tombe la masse dans les comptoirs de café, que tombe et sombre un delamarche (comme un alcoolique) depuis la crise des supbrimes qu’il n’avait lui même pas vu venir.
Je partage votre point de vue sur la capacité des US à piloter leur dollar qui reste dominant dans le monde et il faut reconnaitre qu’encore aujourd’hui le Nyse et le Nasdaq restent l’une des places cotés les plus liquides et dynamiques dans le monde.
Alors pour l’avenir, de quoi faut-il avoir peur? Certainement pas d’un run bancaire . Les gens sont trop peu éduqués financièrement et se passent leur temps à se masturber sur Netflix. D’un run boursier? Possible mais pas sûr. D’un run sur les dérivés causé par la baisse du principal collatéral que sont les bons du trèsor US? Là on commence à toucher à quelque chose susceptible de faire vriller toute une matrice. Et c’est la dessus que la FED et les autres banques centrales veillent principalement. Elles veillent à ce qui ne dit pas lors des FOMC, qui ne mesurent pas, qui ne s’entend pas, et dont le contrôle même par la BRI relève d’un sacré mystère parce qu’en jeu, ce n’est pas cramer un pauvre déposant chez à la Générale ou chez FTX qui se joue, c’est potentiellement 80 000 milliards…
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une très pertinante analyse . Merci
quelques réfléctions qui ne sont que des opinions rien de plus ..
le système dépend toujours et même de plus de la financiarisation à outrance et le manque de bon collatéral non leveragé -non re hyphotéqué est le plus urgent probléme car avec l’inflation systémique , les dévaluations non stop des monnaies et la recherche de nouvelles protection pour la richesse
la riposte semble accélérer :
il faut donc fermer tous les échapatoires vers les valeurs réelles loin du papier.
leurs solutions: Les CBDC , la tokénisation -digitalization des obligations, actions et tous les « assets » quotés sur les marchés .
ce nouveau système monétaire est presque là.
on élimines les vielles dettes en créant une nouvelle monnaie uniquement digital et un marché de jetons que l’on peut « leverager » à souhait pour emettre toujours plus de dettes.
La valeur -les contre paries n’existent plus
donc la crise du « funding » et du collatéral disparaissent via le contrôl total de l’attribution des fonds dans l’économie,le commerce et le système de paiement -transferts
il n’a a plus de crise de la dette elle a été tokénisée digitalisée
tout dans le système redevient gérable et profitable pour les élites sans auncune limite
à suivre pour voir si ce nouveau tout de passe passe suffira à éviter la catastrophe des dettes et fausses valeurs « re-priced » et un système baséee sur les hard assets qui ruinerait Wall Street et la finance de l’Ouest
February 03, 2023 Stock tokenization begins as BlackRock ETF can now be traded on Uniswap
(Kitco News) – The tokenization of stocks and other traditional assets has long been touted as one of the top use cases for blockchain technology in modern finance, and the trend is starting to pick up steam. BlackRock’s iShares Core S&P 500 ETF(CSPX) has now been turned into a token on the Ethereum network, which can be traded on Uniswap, the top decentralized exchange (DEX).
According to a report from TrustNodes, the decentralized finance (DeFi) platform Backed Finance is responsible for tokenizing shares of the ETF, which is legally classified as a certificate.
For every bCSPX that is created, a share of CSPX is purchased and deposited with Maerki Baumann & Co, a regulated custodian.
“Permissionless tokenized securities are here thanks to Backed Finance,” said Sébastien Derivaux, an Asset-Liability Manager for MakerDao. Backed Finance launched in early 2021, receiving funding from multiple firms including Gnosis, Semantic Ventures, and Stratos Technologies.
The company is based in Zug, Switzerland, and has been approved to operate in both Switzerland and Liechtenstein.
Tokenization offers a variety of benefits, especially when it comes to transparency, as tokenized securities can be tracked and accounted for using the public blockchain ledger.
“Crypto markets run 24/7, settlement can take less than five minutes, and asset transfers are seamless,” said Adam Levi, Co-founder of Backed.
“Backed is committed to realizing these benefits securely and transparently, and Chainlink Proof of Reserve is a core tool that will help provide our clients with unmatched transparency.”
As more products available on traditional markets get tokenized and ported into DeFi and investors are able to tap into the value held in other assets and put it to work in the crypto ecosystem,
the number of funds locked in the growing sector is sure to increase.
“Users will be able to integrate new assets to their DeFi strategy,” Backed says.
“Lend Google tokens on Compound, use Apple as collateral for Maker’s DAI, include ETFs into a Yearn strategy, and create new DeFi derivatives based on Tesla, among countless other options.”
Tokenized shares
also let users bypass the need to sign up and get verified by a broker, enabling one-click purchases and the ability to self-custody.
While the token is available for all to trade on secondary markets like Uniswap, holders wishing to redeem the tokens for the underlying asset will be required to complete Know Your Customer (KYC) identity verification since it’s a regulated product.
Currently, there are only 100 tokenized shares that have been minted, and demand remains low, partially due to the fact that the token hasn’t been widely integrated across the DeFi ecosystem yet,
Many platforms are cautious about running afoul of regulators in the U.S. who might not view the tokens as properly regulated.
Backed is also a new and relatively small player on the DeFi scene and has not yet gained a large user base that can help spread the news of its new offering.
Tokenized shares like bCSPX offer crypto traders a valid hedging strategy, and they can also be used as collateral in lending, allowing investors to borrow against the tokenized ETF and use the funds received to earn an extra yield in DeFi.
The ability to tokenize all manner of stocks, bonds, and other investment products also helps to expand their reach beyond the market they are listed on in the U.S. or Europe,
giving the global community access to assets they were previously unable to acquire
. Many tokenized securities like this one will eventually be available to DeFi users as blockchain technology and the traditional financial system become increasingly interconnected.
Earlier this week, British multinational bank HSBC took part in a project with
the European Investment Bank (EIB) which saw the launch of the first-ever pound sterling-denominated digital bond using blockchain technology.
The firm’s “HSBC Orion” tokenization platform was used in the creation of the bonds, and HSBC will serve as the central account keeper and record transactions in the digital bond on the HSBC Orion platform.
And last month, the independent Swiss private bank Cité Gestion became the first private bank to tokenize its own shares under Swiss law as part of a collaboration with Taurus technology.
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Dites moi comment on fera pour mieux retirer ses économies d’un fond comme celui de Blackrock immobilier(aujourd’hui bloqué),ou des assurances vie?
On peut tout digitaliser et bloquer les fonds qui baissent,et ce sera la faillite globale encore plus rapide.
Ne pas oublier que les marchés s’appuient fondamentalement sur l’économie réelle meme si les entreprises sont financiarisées.
Peugeot peut arreter de vendre des voitures et ne plus vendre que des livrets « distingo »,ils ne tiendront pas longtemps.
Les monnaies numériques entrainent chute des marchés, blocages, et hyperinflation.
C’est probablement l’idée la plus stupide de Klaus pour dominer les populations.
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Bonjour.
De plus, tout le monde semble penser que digital veut dire bronze ou fonte d’acier, or je prédis qu’un jour les révoltés 3.0 attaqueront les datacenters, les cables, les noeuds et tout ce qui sert à cette digitalisation.
Nos élites sont elle mème tellement virtuelles qu’elles croient que leurs clouds sont de vrais nuages voguant au grès des vents stratosphériques.
Ils sont de bons manipulateurs pour des incultes, mais pas pour de futurs révoltés un tant soit peu raisonnables.
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