On sait maintenant que Powell n’est pas Volcker.
Je l’ai toujours su et je l’ai toujours écrit; Powell n’est pas Volcker parce qu’il a été nommé pour mener précisément une politique non Volckerienne.
Il a été nommé non pour casser l’inflation mais pour faire « durer » le système de la financiarisation/monétisation le plus longtemps possible.
Le système de la financiarisation qui repose sur la production toujours accrue de crédits, les taux réelss nuls, les assurances données par la Banque Centrale, la monétisation des dettes publiques, ce système n’a pas de remplaçant.
Donc il faut continuer et faire durer.
Powell a été nommé par les banques TBTF pour les protéger contre toute tentation de véritable désinflation monétaire.
Etant entendu que par désinflation monétaire il faut entendre la fin de la répression financière des ménages, la remontée des taux réels, la limitation de la croissance du crédit et le controle des liquidités.
Si tout cela, regroupé sous le nom de désinflation monétaire -à ne pas confondre avec la désinflation des prix- si tout cela venait à être mis en oeuvre, le système financier d’abord et bancaire ensuite s’ecrouleraient.
Il y aurait une phase destruction du capital financier, puis un nettoyage du capital productif périmé et surtout un bouleversement dans l’ordre social et politique.
La financiarisation a permis de maintenir une profitabilité suffisante des entreprises et du capital-argent au prix d’une explosion des inégalités, d’un surendettement croissant et maintenant du réveil des forces de hausses des prix sur les biens et les services.
Le réveil des forces de hausse de prix sur les biens et les services met en péril la financiarisation car il y a un risque de spirale:
hausse des prix=hausse des salaires= hausse des taux d’intérêt= baisse des profits.
La spirale met en danger tout l’édifice construit lors de la phase de financiarisation.
La tache de Powell a été de gérer tout cela, mais pas de changer de régime, non! Il est là pour tenter de le prolonger encore un peu. Au moins jusqu’à la Guerre du Péloponnèse.
Les actions de Powell sont limitées. Il n’a pas voulu surprendre, il n’a pas voulu que sa lutte contre la psychologie de hausse des prix et des salaires soit trop méchante. Il a tenté de gommer les excès spéculatifs , de freiner la demande intérieure mais il ne peut aller jusqu’à « faire mal« .
Selon toute probabilité ses actions assurent un succès temporaire dans la modération de l’inflation des prix des biens, des services et des salaires, mais cela ne suffira pas à lutter contre le réveil des forces séculaires qui se profilent à l’horizon.
Dans le contexte actuel, l’inflation est un phénomène mondial.
La pandémie a clairement montré que des facteurs au-delà des politiques américaines peuvent entraîner de profondes conséquences inflationnistes.
Le rôle désinflationniste de la globalisation se dissipe.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie souligne les risques géopolitiques et les impacts inflationnistes extraordinaires d’aujourd’hui.
Les États-Unis ne dépendent plus aujourd’hui des importations de pétrole comme par le passé, et les prix de l’énergie n’ont plus autant d’impact inflationniste global qu’auparavant mais ils dépendent de la division internationale du travail, des chaines d’approvisionnement et surtout de nombreuses matières premières.
Dans le même temps, les risques inflationnistes associés au changement climatique sont colossaux et mal connus. L’idéologie climatique tend a la tolérance du laxisme. Comme la guerre.
Enfin, le contrôle de la politique monétaire américaine sur la dynamique de l’inflation a diminué à mesure que les conditions financières et les effets inflationnistes sont devenus des phénomènes plus mondiaux.
L’élaboration des politiques de Pékin , ainsi que la dynamique du crédit et de l’économie chinoises , exercent désormais une influence majeure sur la dynamique de l’inflation mondiale.
Une fois sorti de la bouteille, le génie de l’inflation devient autonome et capricieux. L’inflation des prix c’est un ensemble de conditions objectives plus des humeurs sociales, des « moods »! L’inflation c’est aussi un état d’esprit.
L’inflation tend vers un cycle d’imprévisibilité et de volatilité déstabilisantes qui peut s’étendre sur des années, voire des décennies.
Nous ne sommes qu’au tout début de ce cycle.
Bonjour Mr Bertez,
dans votre paragraphe:
» Volcker a été nommé par les banques TBTF pour les protéger contre toute tentation de véritable désinflation monétaire. »
je suppose que vous vouliez écrire Powell (et non pas Voclker)
cordialement
CB
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OUI
MERCI
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Article absolument essentiel. Merci Mr Bertez.
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