Le rapport d’enquête de Seymour Hersh publié la semaine dernière corrobore ce que de nombreux observateurs avaient soupçonné dès le debut de l’affaire.

 Le fait irréfutable est que les gazoducs Nord Stream ont été détruits par les forces militaires américaines. Non seulement par eux , mais les Américains ont été aidés et encouragés par la Norvège, membre de l’OTAN, et très probablement par d’autres membres de l’OTAN, dont la Pologne, le Danemark et la Grande-Bretagne.

C’est un scandale bouleversant. 

Les répercussions vont continuer à cascader et à cascader. 

Hersh a persévéré avec des promesses de détails encore plus « inculpants » dans les prochains articles. 

D’autres journalistes corroborent maintenant ses détails sur les plongeurs de la marine américaine qui ont posé des explosifs sous le couvert des jeux de guerre de l’OTAN dans la mer Baltique en juin dernier. 

Hersh affirme que certaines des bombes C4 n’ont pas explosé comme prévu. Cela signifie qu’il pourrait encore y avoir des preuves à trouver sur le fond marin impliquant de manière concluante les États-Unis.

Ensuite, il y a eu le rapport précédent de plongeurs suédois qui avaient inspecté le site à la suite des explosions. Ont-ils essayé de nettoyer la scène du crime ? Les autorités suédoises ont refusé de divulguer le contenu de leur rapport. Ils devraient répondre aux interrogations , tout comme les Danois, les Norvégiens, les Britanniques et surtout les Américains.

La Russie a appelé à la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies la semaine prochaine sur le sujet, sur la base du dernier rapport d’enquête de Seymour Hersh. 

La Chine a également appelé à une commission internationale indépendante pour étudier la question.

Des demandes pressantes sont également adressées au gouvernement allemand sur ce qu’il savait du sabotage. 

Comme l’ a souligné notre chroniqueur Martin Jay cette semaine, le chancelier Olaf Scholz était à la Maison Blanche le 7 février de l’année dernière lorsque Biden a proféré sa menace maladroite d’éliminer le Nord Stream. L’implication est que Scholz était au courant à l’avance du plan de démolition. Ils en ont forcément discuté.

Le silence accablant des médias occidentaux

On parle ici de malversations multiples et de crimes cardinaux. Terrorisme, destruction de biens souverains, agression et incitation à la guerre, trahison et dissimulation médiatique orchestrée impliquant de supposés bastions du journalisme occidental. 

Le New York Times et le Washington Post ont jusqu’à présent ignoré le rapport Hersh. Les médias occidentaux ont obstinément refusé d’enquêter sur cette histoire urgente. 

C’est accablant!

L’expert juridique de renommée internationale, le professeur Francis Boyle, a estimé (dans une correspondance par courrier électronique avec le SCF) qu’une poursuite peut être intentée contre les États-Unis pour l’incident du Nord Stream sous les auspices de la Cour pénale internationale. Les États-Unis ne sont pas signataires du Statut de Rome fondateur, mais l’incident s’est produit sur un territoire appartenant à des États européens qui le sont. La question de savoir si une telle poursuite est possible et si le Conseil de sécurité de l’ONU prendra des mesures plus tard cette semaine sont des points discutables. 

Mais à tout le moins, tout le scandale expose au tribunal de l’opinion publique internationale.

Seymour Hersh (maintenant âgé de 85 ans) doit être félicité pour ses services journalistiques. On peut ergoter sur certains détails de son rapport. A-t-il couvert l’image complète de tous les acteurs impliqués? Peut-être pas. Son rapport n’est pas une analyse géopolitique et certaines de ses prémisses suggèrent qu’il ne critique pas l’implication des États-Unis ou de l’OTAN dans la guerre en Ukraine. Ces réserves sont relativement mineures par rapport à son principal point de compréhension de ce qui s’est réellement passé.

Ces mises en garde mises à part, cependant, on peut dire que le rapport de Hersh est un blockbuster. L’œuvre de toute une vie est impeccable. Il a découvert le massacre de My Lai au Vietnam en 1968, lorsque des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été assassinés gratuitement par les troupes américaines. Hersh a également dénoncé en 2004 les pratiques de torture de l’armée américaine en Irak dans la tristement célèbre prison d’Abu Ghraib.

Impact historique

Les reportages de Hersh dans le passé ont eu un impact historique. Il a mobilisé la compréhension et l’opinion du public sur la nature néfaste des guerres américaines en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient.

Comme de nombreux analystes et nos propres éditoriaux hebdomadaires au SCF l’ont souligné à plusieurs reprises, la guerre en Ukraine est une cause géopolitique plus importante que le récit absurde diffusé par les gouvernements occidentaux et les médias d’information sur la « défense de l’Ukraine et de la liberté occidentale contre l’agression de la Russie ». Nous avons constamment analysé que l’expansion de l’OTAN, la militarisation de l’Ukraine et le conflit actuel sont tous liés à l’ambition impérialiste américaine et à sa volonté de controle hégémonique. La destruction des relations normales entre l’Europe et la Russie et plus particulièrement la destruction du commerce énergétique stratégiquement important font toutes partie de l’objectif. La poursuite de cet objectif a créé une guerre des plus dangereuses qui pourrait dégénérer en une conflagration nucléaire.

Comme l’a noté l’éminent commentateur américain Jeffrey Sachs, la conduite criminelle de Washington concernant l’explosion du Nord Stream est tout à fait caractéristique du comportement criminel américain qui a été pratiqué pendant de nombreuses décennies depuis la Seconde Guerre mondiale. La différence maintenant est que cette criminalité empiète directement sur la vie de beaucoup plus de gens – du danger d’une guerre catastrophique à la misère économique causée par l’agression gratuite des États-Unis.

L’article de Hersh – bien que les médias occidentaux l’ignorent honteusement, exposant ainsi leur propre complicité criminelle dans le terrorisme américain – a rendu le monde plus conscient que jamais de l’État voyou que sont les États-Unis et de sa dynamique capitaliste et impérialiste.

Incitant à la guerre en Europe, provoquant une Russie nucléaire par une agression sans précédent, infligeant la pauvreté et des difficultés de masse aux civils européens, et mentant à ce sujet tout le temps à travers ses médias de propagande. Washington est un État criminel de guerre par excellence avec ses Quislings européens.

Comme l’a fait remarquer le président russe Vladimir Poutine il y a quelques semaines, « la situation historique est révolutionnaire ».