On parle du pivot de la Fed et ce faisant on passe à coté de l’essentiel pour la stabilité mondiale: la politique des régulateus japonais et leur capacité à entamer une sortie de leur politique d’argent surabondant sans précipiter une crise mondiale.
Le premier ministre japonais est solennel:
A partir de maintenant, la situation dans le monde et sur les marchés va changer rapidement », a déclaré Kishida. « Dans cette situation, il est important de prendre les décisions appropriées. »
Le Premier ministre Kishida comprend que le Japon doit conclure l’expérience «Abenomics» et maîtriser l’inflation monétaire galopante de Kuroda. On a atteint les limites.
Il a fait appel au spécialiste monétaire très respecté Kazuo Ueda pour élaborer une stratégie de sortie.
Au dire de tous, Ueda est réfléchi, pragmatique et prudent. On s’attend à ce qu’il commence à mettre en œuvre un plan de normalisation mesurée à un moment donné cette année.
Le Japon figure en bonne place sur la liste des candidats à l’accident.
16 février – Reuters :
« Pour le Premier ministre Fumio Kishida, le prochain chef de la banque centrale du Japon devait symboliser une rupture avec les politiques non conventionnelles de son prédécesseur Shinzo Abe ... La tâche délicate consistant à sortir la Banque du Japon (BOJ) d’années de taux d’intérêt extrêmement bas sans bouleverser les marchés exige une grande capacité à lire les marchés et à communiquer clairement les intentions politiques, tant au niveau national qu’international.
Kazuo Ueda, un professeur d’université de 71 ans qui a gardé un profil bas malgré de solides références en tant qu’expert en politique monétaire, a coché quelques cases importantes.
Il n’a été qualifié ni de colombe explicite ni de faucon. Alors qu’il ne figurait même pas sur la liste des candidats dark horse lancée par les médias,
14 février – Bloomberg :
« Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a déclaré qu’il serait important que la Banque du Japon prenne des décisions appropriées en matière de politique monétaire alors que les marchés évoluent rapidement, indiquant son désir de flexibilité sous le nouveau poste de gouverneur.
Kishida répondait aux questions d’une commission parlementaire sur son candidat au poste de gouverneur de la BOJ, Kazuo Ueda, et sur l’avenir de la politique ultra-facile du Japon, surnommée « Abenomics » du nom de feu l’ancien Premier ministre Shinzo Abe.
« A partir de maintenant, la situation dans le monde et sur les marchés va changer rapidement », a déclaré Kishida. « Dans cette situation, il est important de prendre les décisions appropriées. »
Les marchés semblaient prêts à offrir une fenêtre d’opportunité pour un début de normalisation et un abandon de la politique de controle de la courbe des taux, YCC. Les rendements mondiaux chutaient, le dollar s’affaiblissait, les pressions inflationnistes diminuaient et la pression sur les banquiers centraux mondiaux diminuait.
Fait important, la pression s’était relâchée sur le marché du Yen et des obligations d’État. Le temps semblait propice pour que le futur gouverneur de la Banque du Japon puisse élaborer un plan d’action.
Le gros contrepied :
Mais soudain, le contexte a changé. L’inflation mondiale ne s’est pas transformée en « désinflation » ; la Fed et les banquiers centraux ne sont pas tirés d’affaire ; les rendements obligataires augmentent à nouveaux ; et le dollar revient en force .
La devise et les obligations du Japon reviennent soudainement dans le collimateur des marchés.
La devise japonaise s’est échangée au-dessus de 135 pour un dollar en cours de journée vendredi pour la première fois depuis que Kuroda a assoupli le YCC le 20 décembre – et le Yen a chuté de 2,1 % pour la semaine.
La faiblesse du Yen est contagieuse, elle fait baisser l’euro et les devises émergentes .
Comment Ueda réagira-t-il à un yen qui plonge ou à une grave violation du contrôle de la courbe des taux ?
Le regain de hausse des rendements mondiaux et les problèmes des marchés émergents, de l’Europe et de la Chine aggravent les risques pour les obligations et la devise vulnérables du Japon.
Le gouverneur Ueda pourrait être obligé de choisir entre maintenir le contrôle de la courbe des taux et la stabilisation du yen. La stabilité monétaire risque de primer. Le contrôle de la courbe de rendement, après tout, est insoutenable; mais abandonner YCC avec des marchés mondiaux en proie à la réduction des risques / au désendettement déclencherait sûrement un épisode d’instabilité aiguë.
Le choix du contrôle de la courbe des taux obligerait probablement la BOJ à effectuer plusieurs centaines de milliards de dollars supplémentaires de monétisation de la dette avec le risque d’une dislocation et d’une crise de confiance pour sa monnaie fragile.
La BOJ va se trouver selon toutes probabilités face à un dilemme et la façon dont elle le tranchera sera importante non seulement pour le Japon, le Yen, les obligations japonaises mais aussi pour tous les marchés mondiaux!
La politique de la BOJ et la liquidité japonaise sont centrales dans le système mondial du leverage . La faiblesse du yen et les taux négatifs persistants ont été une aubaine pour la spéculation mondiale à effet de levier l’année dernière, atténuant partiellement les effets de la politique de la Fed sur le desendettement. Au cours des derniers mois, la monétisation de la BOJ a joué un rôle déterminant dans la compensation des effets de resserrement de la Fed. Le japon a été le créateur de liquidités mondiales.
14 février – Reuters :
« L’explication de la hausse massive des actifs à risque cette année peut être aussi simple que surprenante : des liquidités époustouflantes des banques centrales.
En grande partie grâce à la Banque du Japon qui a racheté les obligations d’État nationales pour maintenir intacte sa politique de « contrôle de la courbe des taux » et aux mesures de relance de la Banque populaire de Chine (PBOC), la liquidité globale du secteur officiel a augmenté ces derniers mois.
Torsten Slok d’Apollo Global Management estime que la BOJ a acheté 291 milliards de dollars d’obligations en janvier – un record mensuel qui a contribué à la première injection nette de liquidités des banques centrales du G4 dans le système financier mondial depuis avril dernier.
La situation peut redevenir précaire si le Yen continue à baisser, si le dollar continue à monter, si les rendements obligataires persistent à se redresser; des cercles vicieux peuvent s’enclencher.
Deja l’euro se réoriente à la baisse , c’est mauvais signe. Un yen faible, un dollar à nouveau fort, des taux longs en hausse, une flambée d’aversion au risque, et voila l’edifice européen à nouveau secoué: pression sur les obligations italiennes et la Périphérie, les marchés obligataires européens et l’euro se remettent à tanguer!
Le plafond à 0.5 apparait encore trop bas et intenable.
C’est surement l’invariant dont la variation peut faire mal . Dès 0.75 % ?
C’est aussi un élément qui peut inciter les BC occidentales à poursuivre la hausse des taux car ce qui compte pour le carry c’est le différentiel de rémunération.
Gros nuage sur les bourses.
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