La thématique du progrès des sciences humaines, des découvertes de la technologie et de la digitalisation est centrale dans ma reflexion. Le relativisme, la destruction de la catégorie de la Verité, le règne de l’opinion fabriquée, le remplacement de la valeur-travail et de la valeur-usage par la valeur-désir ; tout cela produit un monde nouveau, hors sol. Tout cela produit de l’exploitation, et de la desadaptation. Tout cela produit de la névrose sociale.

J’ai un parti pris. Contrairement à ce que certains pourraient penser mon parti pris ce n’est en faveur d’une vérité ou d’un camp, non c’est le parti pris anti-moderne qui affirme que la Verité existe , qu’il existe des invariants. Que tout ne glisse pas sans point d’ancrage.

C’est mon seul véritable parti pris: la croyance que la Verité existe. Et complementairemnt, je crois qu’elle n’est jamais donnée , même par l’evidence, elle est enfouie, elle n’est touchée qu’asymptotiquement, par le travail, l’effort, la recherche.

Je m’explique; à la lecture de mon travail on pourrait être tenté de penser que je suis pro-Russe ou pro-Chinois ou même pro- Iranien. Pro-axe du mal pour parler comme Biden et Bush.

Il n’en est rien ; absolument rien. Je ne voudrais ni vivre dans ces pays ni qu’ils dominent l’Occident.

Le contrôle « dur », qu’ils s’exercent sur leurs populations est inadmissible. Encore que ceci doit être nuancé s’agissant de la Russie qui n’est pas, loin s’en faut une tyrannie. La situation Russe est complexe sous cet aspect.

Je récuse donc les sociétés autoritaires de contrôle dit « hard » .

Mais j’ai encore plus peur des sociétés qui s’orientent vers le sontrôle soft totalitaire . C’est à dire vers la prise de contrôle de l’esprit de l’individu, vers sa reprogrammation, vers la fabrication d’un homme nouveau, vers la production d’un sujet social pseudo citoyen qui convient à la reproduction du système capitaliste post moderne.

Je cite ici une lectrice:

« Toute la fascination que la numérisation exerce sur les esprits épris des nouvelles technologies et des possibilités fantastiques qu’elles permettent, ne doit pas faire occulter le fait plus qu’inquiétant qu’elles se retrouvent entre les mains d’une classe dominante qui s’ est à l’évidence affranchie de toute soumission à une autorité divine ou au respect des valeurs humanistes. 

Aujourd’hui, il ne s’agit plus de faire progresser le bien-être des humains que nous sommes mais de leur imposer une mutation vers un transhumanisme, certes conçu comme un ambitieux projet prométhéen, mais qui vise cependant des fins infernales d’asservissement indigne des peuples, sans consentement éclairé. »

Et refusant donc cette évolution vers le contrôle « soft « , j’en arrive par une sorte d’engrenage de la pensée et de mes émotions à être plus ou moins favorable, voire allié aux pays qui en sont encore au contrôle dur .

Mais ce n’est qu’une sorte de « moment », de pacte temporaire.

Ma conviction est que ces pays sont aussi dangereux que l’Occident mais sous une forme plus primaire. Et dans cet aspect primaire, il y a un contenu « conservateur » qui me fait moins peur que la post-modernité occidentale. Le danger primaire me laisse des chances de retour en arrière, de rébellion, de révolution, tandis que le contrôle post-moderne a pour objectif de les éliminer.

Les régimes de contrôle totalitaire exerçent leur pouvoir au niveau de votre comportement, au niveau de votre vie.

Les régimes de contrôle souple appliquent leur pouvoir au niveau de ce que vous êtes, au niveau de votre être, au niveau ontologique.

Et là, c’est sans espoir.