Editorial. Crise bancaire; l’amère victoire de la Fed.

Jeffrey Snider

Après la crise monétaire de 2008, la Fed en est sortie avec plus de pouvoir et de responsabilité que jamais. Personne n’a pris la peine de demander si les autorités auraient pu être efficaces avec les pouvoirs dont elles disposaient. ?

Sénateur Katie Britt

Ce que l’on hait de la part des autorités, c’est que chaque fois que nous avons une crise, jamais elles ne se posent la question de savoir si ielles ont bien fait leur job, tout ce qu’elles trouvent à dire c’est qu’elles veulent plus de pouvoirs.

L’instabilité s’affiche.

Le premier trimestre a commencé par une euphorie de grande ampleur, elle a été interrompue par une crise bancaire laquelle a été interrompue par une réponse de politique monétaire dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle a été intense et puissante.

Ce trimestre vient de se conclure par une réemergence de l’euphorie.

Elle se manifeste par une dynamique boursière de compression: les vendeurs à découvert qui avaient pour la nième fois tenté d’attaquer les bourses se sont fait, comme on dit vulgairement, enlever le cul . On ne le dira jamais assez mais les vendeurs decouvert, ceux qui croient lutter contre les autorités sont leurs meilleurs alliés,ce sont eux qui à chaque fois produisent le carburant, le ressort du rebond salvateur. Le monde pullule d’idiots utiles.

L’indice Goldman Sachs Short -indice des valeurs shortées- a bondi de 5,1 % au cours de la dernière semaine du trimestre pour terminer la période avec un gain de 7,5 %. 

Cet indice avait gagné 33 % depuis le début de l’année aux plus hauts du 2 février. 

De ce sommet au plus bas du 23 mars, l’indice a chuté de 25 %.

L’indice Philadelphia Semiconductor (SOX) a enregistré un rendement de 27,6 % pour le trimestre.

L’indice Nasdaq Computer est en hausse de 25,7 % et l’indice NYSE Arca Technology en hausse de 26,1 %. 

Le Nasdaq100 (NDX) a bondi de 20,5 %. Nvidia a bondi de 90 %, Meta/Facebook de 76 %, Tesla de 68 %, Warner Brothers Discovery de 59 %, Align Technology de 58 %, AMD de 51 % et Airbnb de 46 %. 

L’ETF ARK Innovation a généré un rendement de 29 %. 

L’indice arithmétique Value Line « actions moyennes » a gagné 5,8 %. 

Les crypto-monnaies ont grimpé en flèche, le Bitcoin ayant grimpé de 72 % au premier trimestre.

En sens inverse, signe que je n’ai pas rêvé et qu’il y a bien de graves problèmes dans le système:

l’indice Nasdaq Bank a perdu 21,9 % et l’indice KBW Bank a chuté de 18,7 %. 

First Republic a coulé 88,5 %, Western Alliance Bancorp 40,3 %, Zions 39,1 %, Comerica 35,1 %, Keycorp 28,1 %, Citizens Financial 22,9 % et Huntington Bancshares 20,6 %.

En clair et pour simplifier la crise bancaire n’a pas dégénéré en crise financière, au contraire, elle l’a repoussée!

Le paradoxe n’est qu’apparent et il se dénoue tres facilement si on veut bien retablir le chainon manquant;, les banques centrales ont mis un genou a terre , elle sont allées a Canossa , non seulement elles ont interrompu le resserrement monétaire mais elles ont a nouveau arrosé, reliquéfié, redilaté les famesues conditions financières.

Ce n’est même plus un jeu de cache cache, ou de tape taupe, on utilise la masse, le sledgehammer, tout est au grand jour, rien n’est caché. Il faut qu’il se sache qu’il n’y a rien à craindre, on sauve tout le monde.

Action Réaction, Résultante .

Les rendements du Trésor à deux ans ont commencé l’année à 4,43 % .

 Les rendements ont ensuite bondi de près de 100 points de base pour s’échanger à 5,07 % le 8 mars. 

Les rendements ont chuté à 3,71 % en intrajournalier le 15.

 Ils ont chuté à un plus bas crisique de 3,63 % le 20.

La crise étant déja oublliée, on termine pour le trimestre à 4,03 %.

Les attentes du marché concernant le taux directeur lors de la réunion de décembre ont commencé l’année à 4,59 %, elles ont atteint un sommet de 5,56 % le 8 mars, elles se sont négociées à un creux intrajournalier de 3,40 % le 15 mars et ont clôturé le mois à 4,35 %.

Tout est devenu instable et plus c’est fragile plus c’est instable et plus c’est instable plus on fragilise

Deux des trois plus grandes faillites bancaires de l’histoire des États-Unis se sont produites en mars. 

La marée a été remontée en grande vitesse pour cacher ceux qui se baignaient nus. Les autorités ont vraiment une très grarnde pudeur, elles ne supportent pas de voir des fesses nues!

Le crédit de la Réserve fédérale a augmenté de 391 milliards de dollars au cours des trois dernières semaines du trimestre, annulant une grande partie de la contraction liée au Resserrement Quantitatif (QT) qui a commencé en juin dernier. 

La Fed a prêté 180 milliards de dollars à la FDIC. Les emprunts au guichet d’escompte ont bondi à 110 milliards de dollars, tandis que la nouvelle facilité de prêt bancaire de la Fed a atteint 64 milliards de dollars. La facilité de prêt « repo » étrangère de la Fed a grimpé à 55 milliards de dollars. 

Une fois de plus, des mesures agressives de la Fed ont réussi à stabiliser le système. 

Ceci me conforte dans mon principe analytique qui se formule comme suit : l’Armageddon est inévitable, la Grande Révulsion est écrite, mais le pouvoir des illusionnistes est de toujours être capables de reculer l’ineluctable,repousser les echeances. Toujours .. jusqu’au jour du Jugement Dernier bien sur. mais ils s’en foutent ils seront non pas morts mais recyclés chez Goldman Sachs avec parachutes en or.

Alors que la dynamique de la crise a été temporairement contenue, un nouveau souffle d’inflation monétaire parait profondement contreproductif..

Les actifs du marché monétaire ont bondi de 304 milliards de dollars en trois semaines pour atteindre un record de 5,198 milliards de dollars. Les fonds monétaires ont augmenté de 384 milliards de dollars au cours du premier trimestre, affichant une croissance annualisée de 32 % – avec une expansion sur un an de 608 milliards de dollars, ou 13,2 %. Les actifs des fonds monétaires sont généralement considérés comme un tampon de liquidité du système, une partie de ces liquidités étant ultérieurement ement dirigée vers le marché boursier.

En effet, l’expansion rapide des actifs du marché monétaire alimente une croissance dangereuse de l’effet de levier du secteur financier , généralement à travers l’expansion rapide des obligations perçues comme sûres et liquides par les banques centrales et les GSE.

Les banques fédérales de prêt immobilier ont augmenté leurs emprunts de 304 milliards de dollars la semaine dernière, une expansion sans précédent (de type banque centrale) pour répondre aux demandes de liquidités des banques commerciales (à cause de la fuite des dépôts). En tant qu’entreprise parrainée par le gouvernement (GSE), le FHLB bénéficie essentiellement d’une demande illimitée pour ses titres de créance considérés comme sans risque.

Avec ce nouvel épisode se trouve helas une fois de plus verifiée mon analyse: à chaque crise , on arrose, on noie et on fait remonter le risque -ou même les pertes- au niveau du Centre constitué des entreprises (GSE) parrainées par le Gouvernment, la Banques Centrale et le Trésor.

Y aura-t-il des sequelles ? Bien sur et elles seront multiples mais cachées.

On a mis une couche supplémentaire d’opacité pour dissimuler la réalité et l’intelligibilité du système.

On a genéré de nouveaux effets d ‘apprentissage , de nouveaux cynismes, de nouvelles perversions. Et ce sera ainsi tant que le vice spéculatif sera recompensé et alimenté .

La taupe creuse.

Je pretends que fondamentalement la Fed a perdu le contrôle, elle est dans la seringue. Elle est derterminée non par sa Charte ou les regles d’orthodoxie mais par l’exterieur.

La Fed est serve, soumise, c’est un bouchon au fil de l’eau.

Rédigé par 

Bruno Bertez 

28 mars 2023

En attendant le bouquet final du feu d’artifice saluant le krach, les équilibristes financiers continuent de monter toujours plus haut, avec des montages toujours plus instables.

Nous sommes plongés dans une nouvelle, et énième, crise financière.

Nous sommes submergés pour un nouveau tsunami , par un nouveau déluge monétaire

La précédente était en mars 2020, lors du Covid. Les crises financières se rapprochent. Elles se multiplient. Elles engagent des montants de plus en plus astronomiques, tant au niveau des pertes qu’au niveau des sauvetages. Avant, les unités de comptes étaient par milliards, puis par dizaines de milliards, elles sont passées à des centaines de milliards et globalement au niveau mondial elles portent maintenant sur des milliers de milliards !

Pourquoi cette dégringolade accélérée sur la pente de la destruction ?

La réponse est simple. Nous ne sommes pas dans des situations accidentelles, dans des anomalies. Non. Nous sommes confrontés à des problèmes de fond qui sont endémiques, endogènes, c’est-à-dire qui sont logés à l’intérieur du système dans lequel nous vivons.

Au plan superficiel on peut l’exprimer ainsi : nous sommes à la fin du grand cycle du crédit qui a pris naissance à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et avec la mise en place du nouveau système monétaire dit de Bretton Woods. Ce cycle a épuisé ses bienfaits. Il est usé. On en a tiré le maximum et maintenant il bute sur ses limites intrinsèques.

Mais les classes dominantes ne veulent pas le reconnaître, ou même en accepter l’idée. Elles se sont incroyablement enrichies grâce à ce cycle, et elles veulent que cela continue. Elles savent que la fin d’un grand cycle du crédit et la fin d’un cycle générationnel implique de grosses destructions de la pourriture, des fausses valeurs, de l’insolvable, des zombies ; or, ces classes dominantes ne veulent pas de ces destructions, car elles risquent d’en être affectées.

Changements de crise

Une crise du cycle long du crédit détruit toujours un certain ordre social, elle produit des réaménagements et des déclassements, et ceux qui bénéficient de l’ordre social du présent, bien sûr, ne veulent pas que l’on en change ! D’autant plus que ce sont les mêmes classes sociales qui, en fin de cycle, contrôlent les pouvoirs politiques.

Donc, on essaye de retarder, on met en place des prolongations, on met en place des pseudo remèdes qui ont deux fonctions. La première est de faire durer le plus longtemps possible, et la seconde est de reporter une partie du coût des crises sur les classes sociales qui sont les plus faibles, mal défendues, mal informées.

La fin du grand cycle du crédit est non pas une date ou un événement, mais un processus étalé dans le temps, un processus étiré. Et il a débuté dès les années 2010 !

La suraccumulation de dettes, de capital fictif, de montages financiers risqués et débiles, de promesses que l’on ne peut tenir, de fausse monnaie dans les dépôts bancaires – par exemple –, cette suraccumulation n’a jamais été résorbée.

Jamais on a traité les problèmes, toujours on les a repoussés devant comme le fait le chasse-neige, on a sans cesse tapé dans la célèbre boîte de conserve dans le caniveau, on a « kick the can ».

Tout a été conforme à ce qu’a préconisé le gourou du keynésianisme opérationnel mondial Lawrence Summers : à chaque crise, « on a fait plus de tout ce qui avait conduit à la crise ». On a essayé de relancer la même machine, en mettant beaucoup plus d’huile monétaire dans les rouages, en essayant de réalimenter les mêmes processus que ceux qui avaient produit la crise.

L’écart grandit

Ce faisant, on a, bien sûr, accentué les déséquilibres, on a dû bétonner, réglementer, contrôler, mentir, voler les peuples, en faisant remonter les pertes au niveau des contribuables et en pourrissant les monnaies. On a socialisé.

Mais hélas, il y a toujours des accidents, des petites pierres scandaleuses, des fuites ; l’argent est toujours fuyant dans le système, le hot money, l’argent chaud, qui empêche l’entropisation se refroidit, et sans cesse il faut en rajouter. Il y a une tendance inéluctable de la mer de liquidités à se retirer et à découvrir ceux qui se baignent nus comme SVB ou Credit Suisse ou Deutsche Bank ou…

Plus techniquement, à chaque crise et à chaque round de faux remèdes on augmente l’écart entre la sphère financière et la sphère de l’économie réelle : on est passé du fossé au gouffre, et maintenant on en est aux abysses.

On a de plus en plus pactisé avec le diable, on a mangé avec le diable et on sait que pour manger avec lui il faut une longue, une très longue cuillère, de plus en plus longue. On a disjoint les ombres et les corps. Et les ombres lévitent, elles bullent. Et ces jours-ci, certaines bulles crèvent.

Une crise, c’est ce que l’on appelle une réconciliation entre d’un côté la masse des promesses et de l’autre la masse des moyens pour tenir les promesses. Ici, pour tromper le public, on va encore augmenter la masse des promesses.

Numéro d’équilibristes

Indépendamment de l’escroquerie sociale qu’elle recouvre, toute la finance moderne repose sur des théories imbéciles comme celle de l’efficience des marchés, celle des anticipations rationnelles, celle du risque, celle de la validité des modèles. La finance est une religion, ses grands prêtres s’enrichissent sur votre dos.

Les montages financiers acrobatiques modernes sont instables, ils reposent sur les probabilités. Ces montages sont des paris sur la perfection éternelle, il faut donc être irrationnels comme les autorités pour croire au miracle qu’ils sont stables et durables.

Comment les autorités vont-elles s’en sortir cette fois encore ? En faisant encore plus de tout ce qui a conduit à la crise c’est à dire en produisant de la monnaie et du crédit tombés du ciel, en accroissant encore le déséquilibre entre la sphère financière et la sphère réelle.

Quelque chose « d’inattendu » se produit. La Fed invente un nouvel outil, elle dit que tout va bien. Quelque chose « d’inattendu » se produit à nouveau, la Fed modifie un autre outil et dit que tout va bien. On fait des réunions imprévues. Devinez ce que le communiqué de presse va dire ?

Lors des crises bancaires, les bien-pensants disent que c’est l’irrationalité qui est la cause ; oui c’est vrai, mais ce n’est pas l’irrationalité de ceux que l’on croit, pas l’irrationalité des déposants, mais celle des autorités qui ont parié sur la connerie perpétuelle des gens. On ne peut tromper les gens toujours et en toutes occasions.

Les apprentis sorciers, démiurges et autres escrocs de la pensée au lieu d’apprendre des théories bidons et idéologiques devraient lire des auteurs comme Per Bak ou François Roddier et essayer de comprendre la notion de criticité.

La finance et toute la pratique monétaire sont fondées sur une illusion et un mensonge, à savoir que le monde est dérivable, qu’il est linéaire et que tout peut être prévu ; or c’est faux et radicalement. Le monde est fractal et les théories fondées sur le dérivable sont fausses.

On a essayé de restaurer la « confiance » dans le Ponzi perpétuel, en ajoutant des liquidités ; le jeu va repartir, le prix des billets de loterie va remonter et la masse des gogos va à nouveau affluer et refaire un tour du manège enchanté.

Les banques européennes sont saines ? Demandez à la Banque de France le montant de ses pertes potentielles en centaines de milliards d’euros sur ses actifs obligataires !

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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3 réflexions sur “Editorial. Crise bancaire; l’amère victoire de la Fed.

  1. Je suis d’accord avec vous mais il y a quand même des vérités de dites par une grande voix et ça me semblait intéressant.

    J’ai bien aimé sa conclusion sur notre époque qu’il estime être celle du retour aux dogmes.

    Il explique bien comment nous sommes dirigés par des démiurges dont on ne peut remettre en cause les vérités sans être excommunié pour complotisme.

    J’aime

  2. « Ce n’est même plus un jeu de cache cache, ou de tape taupe, on utilise la masse, le sledgehammer, tout est au grand jour, rien n’est caché. Il faut qu’il se sache qu’il n’y a rien à craindre, on sauve tout le monde. »

    Les non-sus le sont de moins en moins. Heureusement pour les démiurges ils restent encore des incompris.

    S’agissant d’un autre non-su qui devient l’éléphant dans la pièce, Jacques de Larosière nous explique dans cette vidéo que la véritable banque centrale européenne est la Fed.

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    1. Le gouverneur essaie d’être simple et accessible ce qui est déja un effort considérable.

      Mais cela le conduit à être superficiel hélas.

      Il explique la vassalité de la BCE par la volonté de préserver le commerce extérieur et d’empêcher le change de s’apprécier. C’est simpliste et en plus faux comme l’a prouvé la gestion allemande avant le naufrage dans l’euro. On peut avoir un commerce exterieur fort avec un change fort et en mettant en place le fameux cercle vertueux.

      Cela meme Lagarde est capable de le comprendre.
      Mais c’est très superficiel et trés insuffisant.

      Il ajoute l’argument un peu plus sophistiqué du besoin de liquidités periodique du système bancaire Européen.

      Il dit que la place de New York étant la plus importante , la plus profonde et la plus liquide, la BCE est obligée de suivre la Fed pour avoir des liquidités – en dollars bien sur.

      Et la on touche au non-dit du gouverneur car il fait une pirouette? Comment passe t il du besoin de liquidités à la necessité de la BCE de suivre la FED?

      Mystère. Pourquoi mystere?

      Parce qu’il saute des maillons, des chainons qui l’expliqueraient.

      Chainons qui tourneraient autour de l’eurodollar dont se sont goinfrées les banques, autour du recyclage, autour de la dollarisation de leur bilan , autour du role de collatéraux pour acceder aux refinancements que jouent les valeurs du Tresor US etc etc

      Il oublie -volontairement d’expliquer l’essentiel à savoir; le choix délibéré, intrinsèque de la vassalitude.

      Le texte que j’ai publié cette semaine sur l’histoire geopolitique du dollar permet de bien comprendre concrètement ces mécanismes.

      A l’echelle de l’Histoire j’affirme que nous avons été trahis par nos élites qui ont conçu la BCE et par nos banques qui ont vendu notre souveraineté pour un plat de lentilles avariées.

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