L’économie américaine ralentit.
La recession va encore affaiblir le système américain , mais par un autre canal, le canal bancaire et quasi bancaire. Les gros acteurs qui sont les piliers de la stabilité du système comme les GSE et les fonds monétaires ne sont pas à l’abri d’accidents.
Les licenciements pour raisons économiques, semblent prendre leur essor.

C’est probablement le début -longtemps retardé- d’un cycle baissier majeur.
Les marchés ne croient plus à la poursuite de la hausse des taux de la Fed:
L’économie américaine s’est jusqu’à présent montrée résiliente, défiant les pronostics des plus pessimisets comme Rosenberg ou Snider..
J’ai proposé à plusieurs reprises l’explication suivante: l’économie américaine résiste au resserrement apparent des conditions financières parce que celles ci sont compensées par un boom important du crédit bancaire. Le resserrement de la Fed était en trompe l’oeil car derrière la façade de politique de lutte contre l’inflation, le crédit bancaire galopait. J’ai souvent affirmé que le resserrment de la politique de la Fed était Canada Dry car il était largement compensé par l’essor du crédit bancaire et du crédit privé.
Lorsque les conditions financières du marché se sont resserrées en 2022, le recul des émissions de dette des entreprises a été plus que compensé par l’essor des prêts bancaires et non bancaires.
Le « crédit privé » se développait rapidement, c’était le nouveau chouchou de Wall Street. Ce crédit était considéré considéré comme moins sensible à la hausse des taux et à la volatilité du marché.
Les investisseurs du BREIT de Blackstone et de nouveaux véhicules d’investissement similaires ont compris qu’ils faisaient en quelque sorte un compromis avec la liquidité. Mais je doute qu’ils aient eu la moindre idée qu’ils attendraient des mois pour retirer leur argent.
3 avril – Financial Times :
« Les clients de Blackstone ont demandé de retirer 4,5 milliards de dollars d’un fonds immobilier , alors même que les dirigeants de la société faisaient la promotion d’opportunités d’investissement dans le secteur… Les demandes de retrait auprès du Blackstone Real Estate Income Trust (Breit) de 70 milliards de dollars ont augmenté de 15 % en mars après l’effondrement de la Silicon Valley Bank, pour atteindre 4,5 milliards de dollars. C’est le cinquième mois consécutif que le groupe limite les rachats… Blackstone a lancé Breit en 2017 pour proposer des placements immobiliers aux particuliers fortunés. Les conditions du fonds permettent aux clients de racheter 2 % de leurs actifs nets chaque mois, avec un maximum de 5 % par trimestre civil.
Tous les voyants se mettent au rouge!
-Un resserrement majeur des prêts immobiliers est en train de se dérouler.
-« Les conditions de crédit aux consommateurs et aux entreprises aux États-Unis devraient se détériorer au cours des six prochains mois pour atteindre leur pire niveau depuis la pandémie, selon une enquête menée auprès des économistes en chef de 15 des plus grandes banques du pays. L’American Bankers Association a déclaré… que son indice des conditions de crédit est tombé à 5,8 au deuxième trimestre, contre 12,5 au premier trimestre.
Une lecture inférieure à 50 dans la jauge… indique que les économistes prévoient des conditions de crédit plus faibles au cours des six prochains mois. Les économistes « s’attendent à ce que les banques resserrent les normes de crédit cette année en réaction à une inflation toujours élevée et à des taux d’intérêt plus élevés, entraînant une croissance plus faible des dépenses de consommation et des investissements des entreprises », a déclaré l’ABA… »
Le resserrement des prêts bancaires sera aggravé par un recul du « crédit privé » et d’autres prêteurs non bancaires. Cela est particulièrement problématique pour les bénéfices et surtout la qualité des prêts des petites et moyennes banques qui ont opéré de manière si agressive dans le financement immobilier ces dernières années.
Les immeubles de bureaux sont un point sensible évident, mais l’immobilier commercial en général est très vulnérable.
De plus, des fissures apparaissent sur le marché national des appartements, et il y a des indications d’un déclin de l’intérêt institutionnel pour le logement résidentiel.
Donc, la question clé d’aujourd’hui : le boom des prêts bancaires aux États-Unis est-il toujours intact, ou cette bulle a-t-elle été percée ?
7 avril – Bloomberg :
« Les prêts bancaires aux États-Unis se sont contractés au cours des deux dernières semaines de mars, indiquant un resserrement substantiel des conditions de crédit à la suite de plusieurs effondrements de banques très médiatisées…
Les prêts bancaires commerciaux a chuté de près de 105 milliards de dollars au cours des deux semaines terminées le 29 mars, c’est le record dans les données de la Réserve fédérale remontant à 1973.
La baisse de plus de 45 milliards de dollars au cours de la dernière semaine était principalement due à une baisse des prêts des petites banques… Le rapport de vendredi a également montré que les dépôts dans les banques commerciales avaient chuté de 64,7 milliards de dollars au cours de la dernière semaine, marquant la 10e baisse consécutive qui reflète principalement une baisse des depots des grandes entreprises… Le rapport de la Fed a montré que par taille de banque, les prêts ont diminué de 23,5 milliards de dollars dans les 25 plus grandes banques à charte nationales au cours des deux dernières semaines, et a plongé de 73 $.6 milliards dans les petites banques commerciales au cours de la même période.
4 avril – Reuters :
« La crise bancaire américaine est en cours et son impact se fera sentir pendant des années, JPMorgan… Le PDG Jamie Dimon a écrit dans une lettre aux actionnaires… « La crise actuelle n’est pas encore terminée, et même quand elle est derrière nous, il y aura des répercussions pour les années à venir », a écrit Dimon dans un message annuel de 43 pages…« Les chances d’une récession du marché ont augmenté… Et bien que cela ne ressemble en rien à 2008, il n’est pas clair quand cela la crise actuelle prendra fin. Cela a provoqué beaucoup de nervosité sur le marché et entraînera clairement un resserrement des conditions financières à mesure que les banques et autres prêteurs deviendront plus conservateurs… ‘ Dimon a également visé les sociétés financières non bancaires, qui sont devenues de plus en plus compétitives avec les banques dans l’octroi de prêts hypothécaires, cartes de crédit et les services de tenue de marché. « Les établissements de crédit non bancaires seront-elles en mesure de fournir des crédits lorsque leurs clients en ont le plus besoin ? Il a demandé. « Je doute personnellement que beaucoup d’entre elles puissent le faire . »
3 avril – Bloomberg :
« La Federal Reserve Bank de Dallas a signalé que la demande de prêts bancaires dans son district est tombée au plus faible depuis la crise de Covid du printemps 2020, signe avant-coureur potentiel d’un resserrement plus large du crédit dans le sillage des taux d’intérêt -des hausses de taux et des turbulences dans le secteur bancaire. L’indice de la Fed de Dallas pour la demande globale de prêts est tombé à moins 45,6 dans la dernière enquête sur les conditions bancaires… C’est la lecture la plus basse depuis mai 2020 pour la série… »
La crise financière de 2008 a été une crise de la titrisation: la bulle du financement hypothecaire ayant été intermédiée par les marchés de la tritrisation, et facilitées par l’explosion des produits derivés et fausses assurances de Wall Street..
Directement et indirectement, il y avait d’énormes quantités de levier spéculatif lié aux prêts hypothécaires. La panique de Lehman Brothers et la dislocation du marché ont provoqué une fermeture brutale et dramatique des prêts et un effondrement du crédit pouralimente la bulle économique et les marchés financiers américains.
Cette fois le mécanisme est différent. Les actifs bancaires ont grimpé de 5,5 trillions au cours des trois dernières années – contre 3,0 trillions pour la période ’05 à ’07.
Le fait est que le système bancaire a joué un plus grand rôle dans le financement de cette bulle – et la titrisation un role beaucoup moins grand.
Contrairement à ce qui s’est passé en 2008, les marchés de la titrisation et des produits dérivés pourraient ne pas être aujourd’hui l’épicentre de la vulnérabilité systémique. C’est le système bancaire qui est aujourd’hui assis sur un risque de crédit beaucoup plus important: à 25,6 trillions , les actifs du système bancaire ont terminé 2022 au double du niveau de 2007.
D’après les données de la Fed Z.1, la croissance de la dette du secteur financier a bondi à 9,66 % l’an dernier, la plus forte depuis les 13,50 % de 2007. La dette du secteur financier est importante , particulièrement à la fin du cycle du crédit; une augmentation des emprunts du secteur financier signale une augmentation de l’intermédiation des risques de toutes sortes!
Personne peut dire ou se situe vraiement le risque dans une chaine de credit, les maillons faibles sont cachés et souvent c’est le hasard qui les révèle. Mais on peut s’inquieter de la recrudescence de la sollicitaion des Governement Sponsored Enterprises, les GSE. GSE Assets a augmenté d’un montant sans précédent de 2,094 trillions, ou 29,4 %, au cours des trois dernières années pour atteindre un record de 9,224 trillions. Les actifs de FHLB ont bondi de 524 milliards de dollars, soit 72 %, en 2022 avec une croissance au premier trimestre supérieure à 400 milliards de dollars.
Je signale les GSE car ils jouent un rôle déterminant dans la stabilité du système. Le FHLB a joué un rôle central – l’année dernière, il a prolongé le boom des prêts et le mois dernier, c’est lui qui a stabilisé la liquidité bancaire.
parmi les autres gros acteurs fragiles et instables, il y a les fonds monétaires: ils ont gonflé de 663 milliards de dollars, soit 33% en rythme annualisé, depuis la fin octobre pour atteindre un record de 5,247 trillions.
La crise du système bancaire qui est en en cours touchera les secteurs non bancaires.
EN PRIME
ca ne va pas être une recession mais un tsunami qui arrive car tous ces excés vont etre corrigés en temps compressé.
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La remontée des taux de la FED sonne comme un coup de poker menteur : ils savaient que c’était pas tenable que ça allait mené au désastre mais il l’ont fait quand même sachant que les autres banques centrale seraient obligé de suivre et surtout en pensant qu’un de leur adversaire irai au tapis et permettrais de lui mettre les pertes sur le dos. Mais cela n’a pas marcher tout comme l’alliance sino-russe et les brics sont autant de cailloux dans la chaussure du sam qui boitte sérieusement sur la scène internationale
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Une autre explication:le covid a permis d’inonder de liquidités le monde occidental.
Il était possible d’augmenter les taux parce que les gens (et les entreprises) avaient ces liquidités pour absorber le choc.
Maintenant ces réserves s’épuisent.
Les gens vont avoir besoin d’emprunter a nouveau :a des taux plus faibles.
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