J’aime bien Artus.
Il se demande dans sa dernière note si il faut acheter des actions européennes en 2023.
C’est une bonne question marketing, les gens viennent lire ce genre de papier croyant que l’on a une réponse claire, bien assurée.
Ici l’ami Artus donne une réponse positive.
For the time being,the positive factors seem to outweigh the negative ones,and euro-zonestock market indices are expected to continue to rise in2023.
Traduction: pour le moment les facteurs positifs semblent avoir le dessus sur les facteurs négatifs et le marché des actions européen devrait continuer à monter en 2023.
Tout de suite je suis frappé par le « pour le moment » . est ce que j’investis « pour le moment » ou bien est ce que j’investis pour le futur , c’est à dire précisement pour un horizon qui n’est pas « pour le moment » ?
Si c’est un horizon de court , très court terme, une spéculation, alors d’accord la demarche est cohérente; mais si il s ‘agit de réaliser un vrai investissement elle ne l’est pas.
En effet les niveaux de valorisation européens ont beau se comparer favorablement aux niveaux américains, cela ne garantit rien.
-D’abord c’est une constante de long terme que les actifs euros soient moins chers que les actifs US et ensuite rien ne prouve que les actifs US ne vont pas chuter!
-Ensuite il est vrai que les marges bénéficiaires des entreprises s’élargissent, mais elles le font grace aux hausse de prix comme le fait remarquer Donovan . Or la politique de lutte contre la hausse des prix vise à la ralentir et donc à peser sur les marges. On ne peut pas considérer que l’amélioration va durer.
-Enfin l’inflation va ralentir et si elle ne le fait pas, les taux vont continuer de monter, cela signifie que les taux d’intérêt vont être moins repressifs, les taux réels vont être moins négatifs. Ce sera moins stimulant pour les actions.
Je laisse de coté la discussion sur la croissance ou la récession car elle n’apporte rien.
Je vous invite à aller lire le papier d’Artus.
Si vous etes ouvert sans a priori, au fond en lisant ce papier vous n’êtes convaincu ni dans un sens ni dans un autre.
C’est normal car Artus pratique le » d’un coté il y a ceci » et « de l’autre coté il y a cela ». Il pèse le « pour » et le « contre » et finalement il fait surgir d’un chapeau la conclusion positive .
Roosvelt disait face a cette demarche qui pèse le pour et le contre: « je rêve de conseillers manchots, de conseillers qui n’aient qu’un seul bras ».
La demarche positiviste, analytique, mecanique, ne donne aucune information sur l’avenir , elle ne permet pas de prendre des decisions, c’est fondamental.
Tout ce qui existe à un moment donné est le resultat d ‘un equilibre de forces contraires donc toujours, dans toute situations il y a du plus et du moins. Ce plus et ce moins, ce jeu des forces contraires évolue constamment , pour produire de nouveaux équilibres.
Pour etre sur d’être efficace il faudrait être sur d’abord d’avoir bien listé toutes les forces , ensuite d’avoir bien apprehendé dans quelle directions elles allaient évoluer et enfin quelle va être l’humeur de ceux qui observeront ces forces dans le futur, quelle sera la règle du jeu? Feront ils plus attention à la croissance? Aux taux, à l’inflation? Aux profits ? etc
Cette démarche en « d’un coté il y a ceci et de l’autre coté il y a cela » est une demarche qui dissimule le recours aux tautologies. Si votre fille ne parle pas c’est parce qu’elle est muette; reflechissez vous verrez.
Maintenant je vous donne mon avis; et il n’est pas equilibré, et il est de long terme.
Je prevois la reprise de la tendance haussière des indices boursiers occidentaux.
Le regime de financiarisation a passé un test difficile, il été confirmé, on n’a pas voulu en sortir et la financiarisation produit la hausse des prix des actifs financiers Les ultra riches sont restés dans le marché mondail, les Princes de John Law n’ont pas vendu, et ils ont acheté dans les baisses parce qu’ils savaient que l’on ne sortirait pas de la financiarisation.
Ce qui s’est passé depuis trois ans et encore ces derniers mois confirme que l’on veut rester dans ce régime le plus longtemps possible. Et que l’on peut refaire un tour de manège. On paiera en terme d’inflationnisme monétaire autant qu’il le faudra pour que cela dure.
Tant que les ultra riches n’ont pas d’alternative il faudra rester avec eux sur les actions.
https://research.natixis.com/Site/en/publication/PflKIdI83gTNJgskhnyZRw%3D%3D
Comme le terme « spéculateur » est péjoratif, le marketing financier lui préfère celui plus noble « d’investisseur ». Ce qui induit en erreur non seulement les pigeons que nous sommes mais finit également par auto- intoxiquer les prescripteurs. Et vous avez 1000 fois raisons de distinguer l’investissement de la spéculation.
Maintenant, quand les Princes du sang ont envoyé leurs valets et leurs carrosses rue Quincampoix changer le papier de Law contre de l’or (scène admirablement reconstituée par Bertrand Tavernier), c’était tellement visible de tous que la chute s’en est ensuivie très rapidement.
Ce qui m’amène à 3 réflexions :
1° quelles seront les contrevaleurs tangibles au papier tellement les Princes ont déjà l’air gavés de tout (terres, immobiliers, œuvres d’art) ou alors il leur faudra aller sur des terrains de jeux nouveaux,
2° quels signes de retrait du jeu financier seront aussi visibles que les carrosses?
3° quels dégâts sociaux à long terme? La spoliation de la petite bourgeoisie par la Monarchie (qui a pu effacer par le système de Law les dettes de guerre héritées de Louis XIV) et par la haute aristocratie s’est faite payer cash quelques décennies plus tard à la Bastille.
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Vous etes en plein dans ma problematique et vous listez les questions que je me pose.
J’ose espérer que je serai capable de discerner le mouvement des Princes quand il se produira mais ce sera quand même difficile.
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