Editorial. Sur la comédie de la dette, c’est l’entracte. Reflexion sur la dette, le capital fictif, la nécessité de détruire…pour maintenir l’ordre

Dans un monde sain d’esprit , l’affrontement au sujet de la dette et de son plafond devrait opposser d’un coté le débiteur et de l’autre le créancier.

Dans le monde imaginaire que nous habitons, ce n’est pas ainsi que les choses se passent, les créanciers n’existent pas, ils n’ont pas leur mot à dire . Ils sont spectateurs priés voire invités à s’intéresser au spectacle dont ils sont évincés. C’est une colossale métonymie que celle du spectacle qui remplace le pouvoir effectif.

La logique des causes et effets disparait au profit d’un soi disant équivalent, la participation au spectacle.

C’est à son sommet « la Dépossession », processus si caractéristique de nos ex-démocratie re-devenues ploutocraties . C’est le glissement métonymique qui permet de sauver les apparences , que dis-je les apparences du Simulacre au second degré.

La souveraineté est devenu un concept vide , elle se réduit à un simulacre avec des rites qui eux même peu à peu se vident de tout contenu.

C’est un processu bien analysé par les matérialistes que celui là qui consiste à vider les mots de tout contenu, à oblitérer les référents, mais ensuite, un fois vidés de tout contenu à les survalorisir, à les brandir comme des étendards.

De la même facon que la démocratie est vidée de tout contenu réel effectif dans l’exercice du pouvoir, le débat sur la dette est un happening sans portée aucune dans la relation entre le peuple et ses élites/maitres.

Ce happening ne concerne que les élites entre elles, d’un coté « démocrates », de l’autre « républicains » et au milieu les fonctionnaires. D’un coté ceux qui veulent du beurre et des canons et de l’autre ceux qui veulent des canons et du beurre avec au milieu ceux qui en profitent pour toucher sur tout ce qui passe !

Le débat au sujet de la dette oppose d’un coté celui qui dépense, de l’autre celui qui dépense et au milieu, .. celui qui crée la fausse monnaie pour monétiser cette dette.

Nous sommes tellement plongés dans l’imaginaire du monde tordu, inversé, qui marche sur la tête que tout cela nous semble normal. La folie est devenue la norme!

Avec les impôts, la dette est la pierre angulaire du politique.

La dette est envahissante , c’est un système qui determine tout le reste.

C’est elle qui produit l’ordre social en complément de la propriété des instruments de production. Mais ce que l’on oublie c’est que tout cela c’est « bonnet blanc » et « blanc bonnet » car la proprieté des instruments de production c’est le Capital, et la propriété des instruments de dette, c’est à dire des créances, c’est le Capital aussi!

Quand on dit qu’il faut que le Capital réalise son profit c’est exactement la même chose que quand on dit: il faut que les créanciers fassent leur plein.

Dans les deux cas on ratifie un rapport social qui donne aux uns le droit de prélever sur le travail des autres. On confère aux uns qui détiennent le Capital, travail mort ou fictif le droit de s ‘accaparer une part du travail vivant, une part de l’effort. On ratifie la tyrannie du mort sur le vif et bien sûr au passage on détruit les capacités d’adaptation mais c’est une autre histoire pour un autre jour.

Ce n’est pas un hasard si nos régimes ploutocratiques financiarisés ont developpé la dette , les déficits de façon exponentielle et les marchés colossaux de la dette , marchés qui imposent leur Loi!

Le recours à la dette et la montée du pouvoir des marchés de cette dette est un processus d’objectivisation/abstraction de l’exploitation du travail par le capital: ce ne sont plus les individus qui apparaissent comme exploitant les prolos , non ce sont les marchés, les agences de notation! Ils médiatisent, ils intermédient l’exploitation ce sont eux qui exercent leur tyrannie et disent attention il faut baisser les niveaux de vie!

Ce choix de la dette leur a permis de ne pas prélever les impôts qu’ils auraient du prélever. Sans ce choix ils auraient été obligés de selectionner les dépenses, ils auraient été obligés de faire voter les répresentants du peuple etc.

Le recours à la dette est un truc, un subterfuge qui permet de se passer encore plus de la démocratie, c’est une esquive. une esquive que même et surtout les partis de gôche utilisent et magnifient car c’est cette esquive qui leur donne les moyens de financer leurs conneries.

La dette c’est le mort du bridge, c’est ce dont on ne parle pas mais c’est elle qui determine le jeu politique et social. Elle exerce son pouvoir, sa tyrannie. La dette a un rôle déterminant dans le développement de tous les modèles politiques.

La dette , l’envahissement de nos sociétés, la structuration de nos arrangements sociaux par les dettes et la dette sont tellement omniprésents que l’on ne s’en aperçoit plus, elles sont comme l’air que l’on respire ou plus justement comme l’eau du bocal qui nous enferme. Le poisson ne sait pas qu’il vit dans l’eau et nous, nous ne savons plus que nous baignons dans la dette et que la logique de cette dette devient la logique sociale suprême.

Les l Etats Unis par exemple sont structurés autour de l’Hegemon du dollar c ‘est à dire autour de l’Hegemon de la dette du Trésor et donc des deficits du gouvernements américain.

L’Europe elle, est en voie de destruction et destructuration autour de l’euro qui est pure dette et en tant que dette pur reflet des contradictions et antagonismes de la construction européenne .

Ce que je tente de vous faire re-appréhender c’est l’éléphant au milieu de la pièce: la dette est deterrminante, deter-minante, c’est elle qui produit la monnaie ; laquelle monnaie est le catalyseur, le sang , le moteur de vie en tant qu’équivalent de tous vos désirs depuis que vous êtes aliénés dans l’Avoir et la Marchandise.

Nos sociétés ont sacralisé les dettes et la Dette. Elles l’ont placé au Centre.

Cela n’a pas toujours été ainsi, loin de là.

L’idée originale de la dette, du service de la dette, des paiements d’intérêts, du régime foncier correspondant a déjà été mise en place au troisième millénaire avant notre ère.

La plupart des gens pensent que la Grèce, Rome et la civilisation occidentale sont le début de tout. C’est faux bien sur, la Grèce et Rome ont développé leurs pratiques économiques et leurs pratiques sociales à partir de tribus primitives qui se sont développées avant elles.

Commencer l’histoire avec la Grèce et Rome passe à côté du fait qu’ils étaient en quelque sorte à la périphérie de 3 000 ans de développement de Sumer à la Babylonie, à l’Assyrie, à la Judée et à Israël.

Tous ces pays du Proche-Orient avaient une pratique commune.

Je soutiens que c ‘est cette pratique commune qui a structuré leurs societés et leur vie politique en s’opposant aux inégalités de fortune et à la dictature des ploutocrates.

Cette pratique courante commune était ce que la religion juive appelait l’Année du Jubilé. Les annulations de dettes au cours de la 50e année étaient placées au centre même de la loi mosaïque dans le chapitre 25 du Lévitique.

Les lois juives ont été tirées mot pour mot de la pratique babylonienne. Vous annuliez les dettes, les dettes personnelles, pas les dettes commerciales, mais les dettes personnelles qui étaient dues.

Vous libéreriez les esclaves qui ont été engagés et vous restitueriez des terres aux personnes qui les auraient perdues. Et de cette façon, vous avez empêché une oligarchie de se développer et de s’emparer de tout le territoire.

La question de la dette constitue selon moi le débat démocratique par excellence et .. par construction cynique du système de la financiarisation, vous n’avez hélas pas votre mot à dire!

Je reviendrai sur ce thème car il est lié à mon cadre analytique lequel repose sur: l’accumulation du Capital, la suraccumulation du Capital fictif, le besoin de profit, le besoin d’honorer les dettes, dans le systme et la nécessité qui en découle à mon sens d’euthanasier une grande partie du capital excédentaire dans le système par un moyen ou un autre.

Le message central de la financiarisation est le suivant: TINA!

Il n’y a pas d’alternative!

Le message politique de l’histoire économique moderne est qu’il n’y a pas d’alternative. There is no alternative.

Les rapports sociaux imposé par le capital et les dettes sont immuables, tout doit être honoré, payé, le Capital doit faire son plein! E il a confisqué le pouvoir pour pouvoir faire son plein!

C’est pour cela que les bourses qui sont le temple du Capital valent beaucoup plus cher qu’avant , c’est parce que le Capital a gagné la lutte , il a été sacralisé, protégé par les politiciens nommés par les ploutocrates. Le Capital, le Capital fictif de la dette sont devenus l’invariant du système et ce sont les salaires qui sont devenus la variable d’ajustement. Par conséquent, il n’y a pas d’alternative à l’avenir. Toutes les dettes doivent être payées et les intérêts des créanciers doivent primer sur les intérêts des débiteurs et sur ceux de la société endettée dans son ensemble.

Le fait que les premières sociétés ont fait face au problème de la dette, non pas en laissant les créanciers saisir les biens mais en euthanasiant les dettes afin de maintenir un équilibre entre ce qui était dû et ce qui pouvait être payé devrait faire reflechir les élites; euthanasier le Capital c’est moins cruel que les guerres.

Note: vous remarquez que dans ce texte je ne fais pas de distinction entre le soi disant « capital propre » et les dettes et pour cause j’en suis parvenu au point ou dans mes analsyes les deux sont devenus équivalents. Le capital propre n’étant plus propre, ne supportant plus les risques et étant bien souvent produit .. à crédit.

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Le quoi qu’il en coûte, ce n’est jamais à eux, non c’est toujours à vous! Nous sommes dans un système de Tiers Payant généralisé. La division des tâches, les uns produisent, les autres jouissent!

La dette publique française

[Yahoo/Bloomberg] Les actions offrent de petits gains en réponse à l’accord sur la dette

[Yahoo/Bloomberg] Les actions chinoises à Hong Kong prolongent le marasme et approchent le marché baissier

[Yahoo/Bloomberg] La livre turque chute après qu’Erdogan ait gagné cinq ans de plus au pouvoir

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[Reuters] Le pétrole monte après que les dirigeants américains ont conclu un accord provisoire sur la dette

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[Reuters] Le Japon vise à détruire tout missile nord-coréen après avoir averti du lancement d’un satellite

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2 réflexions sur “Editorial. Sur la comédie de la dette, c’est l’entracte. Reflexion sur la dette, le capital fictif, la nécessité de détruire…pour maintenir l’ordre

  1. « Le capital propre n’étant plus propre, ne supportant plus les risques et étant bien souvent produit .. à crédit. »

    Voilà pourquoi nous avons des « paradis fiscaux » qui lavent plus blanc du capital noir et qui recyclent la « dette des autres » dans des valeurs insaisissables (systèmes parallèles, hors banques) et invisibles (tritisation, shadow banking) et cela depuis des lustres… Le « clear-stream » est devenu la norme… Évalué a plus de 80 trillions et comparé aux 32 trillions de la dette US, au 88 trillions de la dette privée US ou au 84 trillions du PIB mondiale… TINA est morte…en Suisse et nos militaires s’en vont en guerre pour des paradis perdus !

     » La folie est devenue la norme! »
    C’est le constat de ce week-end dans une grande assemblée très diversifiée… Signe que cela devient très dangereux… Nous ne sommes plus en 2009 et le Covid a enrayé la belle mécanique…

    Encore merci à vous…

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