NIGER: L’AFFRONTEMENT AVEC LA FRANCE EST IL EVITABLE?

ANDREW KORYBKO
AUG 3

Le refus préventif de la France de se retirer du Niger si la junte l’exige sous prétexte qu’ils sont des putschistes illégitimes contraste avec son respect des demandes antérieures du Mali et du Burkina Faso formulées par leurs propres gouvernements intérimaires dirigés par l’armée.

Des spéculations circulent quant à savoir si la junte militaire patriotique du Niger suivra son interdiction des exportations d’uranium et d’or vers la France par une demande pour que les troupes françaises quittent le pays selon l’exemple qui a été récent Burkinabé-Malien. 

Ce serait cependant une décision risquée à prendre, puisque la France vient de déclarer qu’elle ne recevrait pas d’ordres de leur part. Voici ce que PBS a rapporté à ce sujet jeudi:

« Même si les dirigeants militaires du Niger exigent le retrait des troupes françaises – comme cela s’est produit au Mali et au Burkina Faso voisins – cela ne changerait rien », a déclaré Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministre français des Affaires étrangères lors d’un point de presse mercredi. « Nous ne répondons pas aux putschistes. Nous reconnaissons un ordre constitutionnel et une seule légitimité, celle du président Bazoum », a-t-elle déclaré.

Dans ces conditions, la junte risquerait soit de se discréditer en imposant une exigence majeure que la France a confirmé qu’elle défiera, soit de risquer d’être évincée du pouvoir par son ancien colonisateur au cas où elle tenterait d’imposer sa volonté.

 Le président français Emmanuel Macron a averti la semaine dernière que « le président ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts », d’où il faut s’attendre à ce qu’il réponde résolument dans le deuxième scénario mentionné.

Néanmoins, ne pas aborder directement la question des troupes françaises au Niger s’avérera probablement impossible pour la junte, car ces forces finiront par avoir besoin de fournitures une fois que celles qui existent déjà sur leur base aérienne dans la capitale commenceront à manquer.

Contrairement à la Syrie où les forces militaires américaines sont basées dans des régions éloignées mais toujours stratégiquement positionnées, les forces militaires françaises au Niger sont situées dans la capitale, ce qui signifie qu’elles ne peuvent être ignorées. 

La junte les a également récemment accusés d’avoir planifié des frappes aériennes sur le palais présidentiel afin de libérer le président déchu Mohamed Bazoum qui y est détenu, faisant ainsi de leur présence continue une menace potentiellement imminente pour la sécurité nationale.

Le refus préventif de la France de se retirer du Niger si la junte l’exige sous prétexte qu’ils sont des putschistes illégitimes contraste avec son respect des demandes antérieures du Mali et du Burkina Faso formulées par leurs propres gouvernements intérimaires dirigés par l’armée. 

Cela suggère que la France a décidé de tracer une ligne dans le sable signalant qu’elle se battra pour préserver son dernier bastion régional, ce qui augure mal pour l’avenir de la junte nigérienne.

EN PRIME

CHRONIQUE. L’ancien ambassadeur Gérard Araud dénonce l’aveuglement français sur le continent et espère que le putsch au Niger servira de déclic.

Je l’avais bien dit » est une phrase qui oscille entre le ridicule de la vanité et l’odieux de la satisfaction devant le malheur annoncé et réalisé. Je ne l’utilise pas volontiers, mais mes lecteurs peuvent se souvenir d’une chronique où, il y a dix-huit mois, j’appelais à une révision en profondeur de la politique française au Sahel. À l’époque, nous venions d’être expulsés du Mali. Le Burkina Faso a suivi et voilà maintenant que c’est le tour du Niger. À chaque fois, des putschistes jouent des sentiments antifrançais répandus dans la population pour présenter leur coup d’État comme une libération du colonisateur ; à chaque fois, on agite le drapeau russe devant notre ambassade devenue une forteresse assiégée.

Nul n’aurait dû être surpris par cette vague qui emporte nos intérêts à travers l’Afrique. …

https://www.lepoint.fr/monde/niger-mali-burkina-faso-notre-politique-africaine-s-effondre-sur-nous-01-08-2023-2530261_24.php

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