La clé pour comprendre le conflit en Ukraine réside dans le rôle que joue la Crimée.

La clé pour comprendre le conflit en Ukraine réside dans le rôle que joue la Crimée.

par Cheburek

Les néoconservateurs de l’administration Obama pensaient que ce serait une politique étrangère formidable que de stopper une Russie ascendante, en prenant le contrôle de la Crimée et en transformant Sébastopol en une base navale des États-Unis et de l’OTAN.

Cela permettrait à Washington de placer Moscou sous la meance d’ un arsenal d’armes nucléaires, aux portes de la Russie. Cela permettrait également à Washington d’exercer une domination géostratégique sur le bassin de la mer Noire.

La Crimée, à cet égard, constitue donc un prix de la plus haute ampleur pour les néoconservateurs qui contrôlent l’establishment de la politique étrangère de Washington.

Le problème était de savoir comment y parvenir. La première étape consistait à évaluer l’opposition ; si la population de Crimée était ouverte à l’idée d’héberger une base américaine/OTAN, l’idée serait alors beaucoup plus facile à vendre.

Washington a rapidement découvert que la population s’identifie majoritairement comme russe et/ou criméenne, avec seulement une minorité s’identifiant comme ukrainienne. L’opposition de Crimée étant jugée féroce, le plan s’est orienté vers une prise de pouvoir forte. Washington devrait mener une opération de changement de régime et prendre le contrôle du gouvernement ukrainien. Une fois que Washington aurait pris le contrôle, l’Ukraine pourrait être rapidement assimilée à l’OTAN et le bail de Sébastopol de la Russie annulé. L’opposition locale serait simplement écrasée, la ville et la base transformées en une base navale conjointe américano-ukrainienne, apparemment pour les besoins de l’OTAN.

La mécanique du coup d’État a été réalisée en 2013-2014, avec une grande partie du terrain préparé par Victoria Nuland et des organisations comme le NED. La NED étant l’une des principales ONG de changement de régime à Washington, géré par la CIA et financé par l’argent des contribuables. Des sommes importantes ont été dépensées pour mettre sur orbite le mouvement « Maidan » et inciter les groupes nationalistes à le soutenir. Les nationalistes ont joué un rôle clé dans le coup d’État, qui aurait échoué sans les niveaux extrêmes de violence qu’ils ont provoqués. Nuland s’est assuré que ces groupes étaient bien financés et soutenus.

Lorsque le coup d’État de Washington à Kiev a finalement réussi, la grande majorité de la population de Crimée n’a rien compris. Ils se sont sentis privés de leurs droits, furieux que leur représentation au sein du gouvernement leur ait été illégalement volée par le coup d’État. Ce sont les Criméens eux-mêmes qui ont organisé le référendum et, dans un processus organique, ont choisi de s’affilier à Moscou plutôt qu’à Kiev. L’annexion qui a suivi a été un coup absolument dévastateur pour les plans des néoconservateurs de Washington. Poutine et la Russie avaient presque trivialement arraché la Crimée sous le nez de Washington.

Cela a été rendu possible grâce à deux faits : la majorité des Criméens soutiennent la Russie et les forces russes occupent déjà légalement la Crimée.

Les retrouvailles avec la Fédération de Russie se sont déroulées rapidement, presque sans coup férir.

Les représailles de Washington ont consisté en des sanctions sévères contre la Russie et en un effort sérieux pour renforcer militairement l’Ukraine, avec l’aide d’autres membres de l’OTAN. L’idée générale était de fournir des armes et des ressources aux extrémistes nationalistes. Washington attendrait alors simplement la suite des évènements naturelle aux extrémistes nationalistes, c’est-à-dire attaquer et agresser les minorités désobéissantes. En particulier, les mouvements séparatistes d’origine russe dans l’est de l’Ukraine.

Bien sûr, il y a plus encore, mais l’idée générale était de provoquer la Russie dans une « agression », puis l’armée mandatée par Washington engagerait la Russie et récupérerait la Crimée. Le fait que l’OTAN continue de brandir la carotte devant Kiev a également aggravé le degré de provocation envers Moscou. Le renversement de Kiev par Washington a été obtenu en 2014, grâce à des actions impérialistes dévouées, mais elle devait déboucher sur une défaite géostratégique majeure pour la Russie, la disparition politique de Poutine et une grave déstabilisation du pays.

Toutes les conditions nécessaires auraient été réunies pour que Washington fasse à la Russie ce qu’il a fait à l’Ukraine.

C’est pourquoi les néoconservateurs comme Victoria Nuland sont singulièrement obsédés par la Crimée.

Ainsi, ce qui rend Sébastopol et la Crimée importantes pour la Russie, ce n’est pas seulement la base de la mer Noire,

Une réflexion sur “La clé pour comprendre le conflit en Ukraine réside dans le rôle que joue la Crimée.

  1. Merci Monsieur Bertez pour ce texte très clair et très accessible.
    Cela renvoie également au comportement cynique de Hollande et de Merkel dans ce qui est appelé les accords de Minsk, preuve de leur soumission à l’administration Obama (pour mémoire, en 2008, au sommet de l’Otan à Bucarest, Merkel s’était prononcée contre l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan).
    Souhaitons que ces deux personnages aient à répondre devant une Cour pénale.

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