Macron et la surenchère du vide.

Maxime Tandonnet est un incorrigible optimiste; il croit encore « au politique ».

Cela ne l’empêche pas d’être un remarquable commentateur. Je le lis toujours avec respect et plaisir.

Il écarte un peu légèrement me semble-t-il l’autre hypothèse de renouveau qui s’offre en théorie aux Français: La Révolution.

Moi aussi je l’écarte car je pense que les hommes ne font pas l’histoire, au mieux, quand on a de la chance, c’est l’Histoire qui les fait.

Mais cela aurait valu le coup d’explorer cette fameuse idée de Révolution!

S’agissant de son rêve d’un retour à la Vérité, hélas je lui rappellerai Lénine: la Vérité pour être efficace a besoin de s’incarner dans des groupes sociaux, sinon elle n’est qu’incantation.

Publié le 6 janvier 2024 

par 

maximetandonnet

Réflexion: la politique peut elle être autre chose qu’un Grand-Guignol et comment?

Le président Jupitérien a annoncé un « grand rendez-vous avec la Nation » en ce début 2024 qui sera marqué par le « retour de l’autorité et de l’éducation » autour d’un remaniement ministériel d’ampleur. Telle est la nouvelle séquence politique qui attend les Français (avant la suivante, celle des JO de Paris).

Cette initiative est à peu près identique aux nombreuses qui ont ponctué le premier quinquennat et le début du second. Souvenez-vous. Le « Grand Débat » (après les gilets jaunes), les « conventions citoyennes » (environnement,  fin de vie) « le jour d’après » (le confinement), le « Conseil national de la refondation » (après les scrutins de 2022), les « Cent jours » (après le mouvent social contre les 64 ans) « l’Initiative d’ampleur » (rentrée 2023), maintenant, le « grand rendez-vous avec la Nation » (janvier 2023).

Comme son prédécesseur qui voulait « réenchanter le rêve français« , l’actuel occupant de l’Elysée déclarait en avril 2018 avec une certaine modestie: « En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque [… ] C’est bien cela le cœur de l’aventure politique. En somme, on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse » [CAD, de la providence…]

En somme, le rôle essentiel de chef de l’Etat, dans cette perspective, est d’offrir un récit, un conte au public, dont il est une sorte de héros hypermédiatisé et sur lequel se focalisent les regards. Tous les faits et gestes d’une présidence – sa gouvernance – se ramènent à ce principe. L’idée est de détourner les regards des échecs, de l’impuissance, des souffrances et des malheurs du pays dans une exhibition permanente autour du héros d’aventure que le pays s’est donné.

Le problème, c’est qu’après sept ans, la corde est usée, la stratégie d’une surenchère permanente patine dans le vide et clairement, le pays s’en détourne en dehors d’une poignée de courtisans et d’inconditionnels.

Mais alors, même s’il faut attendre encore trois ans, la politique peut-elle être autre chose?

Les options alternatives qui sourdent du matraquage quotidien tendent à prouver que non. La quête d’un alter héros bat son plein, qu’il se nomme Philippe, le Pen, Attal, Berdella, etc. ou encore Ducon.

Tous ces favoris du système médiatique et sondagier ne feraient jamais autre chose: une fuite effrénée dans le Grand-Guignol quotidien pour aimanter l’attention du pays autour de leurs gesticulations, coups de menton et autres logorrhée dans l’objectif de la détourner de l’essentiel.

Au-delà des individus, le drame politique vient de ce que l’hubris s’est substitué à l’intérêt général. Cela, il faudrait que le pays ait assez de lucidité pour le comprendre: les visages peuvent changer mais la méthode d’une personnalisation narcissique à outrance comme masque du néant, est toujours la même.

Pour que la politique soit autre chose, deux voies se présentent.

D’une part celle de la révolution. Cela signifie la sortie de l’Union européenne, de l’euro, de la CEDH, le changement de République pour mettre fin à la toute puissance du Conseil Constitutionnel et des juridictions, la remise en cause de la décentralisation. Cette issue n’est, me semble-t-il, pas réaliste – car nul ne prendrait le risque de s’engager dans cette voie – ni souhaitable. Elle passe par un séisme qui se traduirait sans doute par une montagne de violences, de souffrances, de déchirures et de misère que nul ne doit souhaiter aux Français. La paix civile, dans le respect des différences d’opinion, est le bien le plus précieux de ce pays.

L’autre est celle de la vérité contre le Grand-Guignol. Il faudrait qu’une équipe déterminée d’une quinzaine d’hommes et femmes, uniquement motivée par l’intérêt général et le service de la France accepte de dire toute la vérité sur l’état réel du pays, son effondrement scolaire et intellectuel, sa dette gigantesque, sa violence banalisée, son économie broyée, les fractures qui le minent, ses libertés et sa démocratie saccagées; et la vérité sur le travail de long terme qu’il est envisageable d’accomplir pour œuvrer au redressement du pays, sa prospérité, ses libertés, son intelligence collective. Ensuite, les Français choisiront.

9 réflexions sur “Macron et la surenchère du vide.

  1. Remettons les choses d’aplomb. C’est la lutte des classes qui fait l’histoire. La révolution est mûre « lorsque les classes dirigeantes ne peuvent plus gouverner comme avant et que le peuple n’accepte plus d’être dirigé ainsi » (dixit Lénine). Encore faut-il une médiation entre la contingence et la nécessité, c’est à dire des forces organisées prêtes à converger pour incarner ces forces sociales. Sans cela
    le mouvement brownien confirmerait la position d’observateur (au dessus des classes ?) de M. Bertez qui néanmoins contribuer grandement à éclairer les tendances du moment par son site.
    Très cordialement

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  2. Bonsoir M. Bertez

     » En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque  »
    et donc : « ….d’une main il agita le drapeau de la Nation devant le Peuple et de l’autre il lui dit: j’attelle Attal à la tâche . » ( Ponton du Sérail – Faribole et les ferrets de l’Union. )

    Il se pourrait qu’il n’y ait plus d’autre Président de la France, bientôt dissoute à marche forcée, comme les autres nations européennes, dans une Europe Fédérale asservie au capital financier aux abois.

    Cordialement

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  3. Moi aussi je l’écarte car je pense que les hommes ne font pas l’histoire, au mieux, quand on a de la chance, c’est l’Histoire qui les fait. » .. c’est aussi la position de Leon Tolstoi dans « la guerre et la paix » au regard de Napoleon et Alexandre 1er.

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  4. Avec Gabi Abaya on va polariser encore un peu plus en essayant de grignoter les voix des lepenistes les plus naïfs.

    Je vous le donne en mille : en 2027 quand tout le monde aura pris des coups et sera usé jusqu’à la corde notre système de fascisme par le centre nous sortira un candidat du chapeau, un candidat resté bien à l’abri et qui arrivera avec des airs de sauveur et de compétence.

    Et son nom sera Christine Lagarde.

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  5. Maxime Tandonnet, sarkozyste, européiste et anticommuniste primaire. Ses analyses sont canalisées par ses préjugés. Il n’a certainement pas l’ouverture d’esprit qu’on a l’habitude de rencontrer sur votre site. Cordialement

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    1. Maxime Tandonnet, comme tant d’autres, ne semble guère être convaincu par ses propres propositions puisqu’il ne songe pas à les appliquer lui-même et à trouver les 15 personnes dont il parle, comme feu ATTAC, grand pourvoyeur de rêves et de conseils inopérants. Je pense que la révolution viendra toute seule après la faillite et l’effondrement final de l’empire américain, qui nous laissera désemparés comme les Russes post URSS. Il y aura de fait une révolution car il faudra bien faire quelque chose.
      Mais tant que nous sommes encore sous l’hypnose maléfique de l’empire du mensonge, il ne se passera rien de bon pour nous, et nous sommes probablement loin d’imaginer jusqu’à quel point la situation peut se dégrader.

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      1. Nous ne sommes pas la Russie avant la chute de l’URSS, au mieux nous serions la Pologne, mais qui serait l’UE pour nous ? vers où irions nous ?
        Je crois malheureusement que nous n’en sommes pas encore là. Nous sommes juste avant le moment où, dans Star Wars, la République abandonne les faux semblants et devient formellement un empire fasciste. Dans ce cadre, les Jedi vont être bien surpris quand, se retournant, ils vont voir que leurs hommes obéissent à un autre plan que le leur. Bien sûr, parmi les Jedi, il s’en trouvera certains pour passer allégrement du côté obscur. Notamment un certain Jedi ayant épousé une femme bien plus vieille que lui.
        Autrement dit, les prochaines années vont être difficiles, il va falloir se montrer prudents, patients, et néanmoins agir activement pour hâter la sortie du tunnel, dans lequel nous entrons à peine.

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