La France s’accommode depuis longtemps d’un déficit de la balance commerciale abyssal et d’un déficit des comptes publics inquiétant. Un phénomène lié aux erreurs stratégiques de nos gouvernements depuis plus de 30 ans- Marc Touati

La France veut participer à la confrontation économique capitaliste globale et à l’Union Européenne.

Ces deux ensembles ont des règles, des logiques, et ce n’est pas la France qui les impose: elle les subit.

La France prétend donc se situer sur un ring mondial et un ring européen et elle doit respecter les règles qui régissent les combats, les victoires et les défaites.

Helas elle part en short au pole nord, ce qui signifie qu’au lieu de bien connaitre les règles et de les appliquer pour gagner, sans cesse , historiquement, la France prétend à l’originalité, à un modèle contre productif, à un modèle absurde qu’elle n’a pas les moyens de se payer.

La France, vassale sous tous les aspects, prétend imposer ses règles ; elle refuse la loi de l’Accumulation Capitaliste;, la dure Loi du Profit Maximum, la proportionalisation des dépenses aux recettes; la discipline, l’effort .

Elle marche non seulement à coté de ses pompes mais aussi, elle vend ses bijoux de famille.

Le système bancal français lui coûte cher en inefficacité.

La France veut vivre dans un système mixte alors qu’elle est plongée dans un système unilatéralement dominé par les plus forts: les capitalistes mondiaux.

Pas étonnant qu’elle se fasse laminer , ce n’est pas circonstanciel: c’est radical, structurel c’est un handicap insurmontable.

Quand la France s’est mise à genoux sous Mitterrand et sous Delors, et qu’elle a tout accepté elle a signé sa dégringolade, elle s’est placée sous le vent du Grand Large sans se donner les moyens d’en profiter, au lieu d’en tirer parti, elle a voulu lui resister! Ces idiots ont choisi le Grand Large sans avoir les voiles pour en être propulsés. Mieux ils ont encore ramé à contrecourant!

Il ne fallait pas participer au marché mondial des capitaux avec un taux de profit aussi faible, un capital aussi mal affecté, des impôts aussi élevés; des dépenses sociales aussi abracadabrantes

La France petit poids léger plein de graisse a choisi de se confronter a des poids lourds musclés et bien entrainés, sans pitié dopés par la libre circulation des capitaux!

Bruno Bertez

Marc Touati, économiste, président du cabinet ACDEFI, auteur de 8 best sellers économiques, dont RESET II – Bienvenue dans le monde d’après, sorti en septembre 2022.

Publié le 10/02/2024

Cela est malheureusement devenu une triste habitude, voire un «mode de vie» particulièrement pernicieux : depuis plus de trente-cinq ans, la France «se paie le luxe» de cumuler un déficit de la balance commerciale colossal et un déficit des comptes publics encore plus dramatique. A priori insoutenable, cette situation, que l’on appelle communément «twin deficits» (les déficits jumeaux), est pourtant durable et ne semble même plus susciter la moindre inquiétude. En particulier depuis la pandémie de Coronavirus, qui, avec la bénédiction du «quoi qu’il en coûte», a encore aggravé cette triste situation.

Ainsi, en décembre 2023, en dépit de la baisse des cours des matières premières, le déficit extérieur français de biens est reparti à la hausse, atteignant 6,83 milliards d’euros sur un mois. Bien plus grave, après avoir déjà atteint un record historique de 162 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2022, celui-ci a certes logiquement reculé en 2023 grâce à la baisse des cours des matières premières (notamment énergétiques), mais a encore dépassé les 100 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année, à 100,9 milliards d’euros précisément, soit son deuxième record. A titre de comparaison, ce déficit annuel était de 85,9 milliards d’euros en 2021 et de 57,7 milliards d’euros en 2019. Autre douloureuse comparaison : en 2023, l’Allemagne a dégagé un excédent commercial de 209,5 milliards d’euros, un plus haut depuis 2019.

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Le déficit public de l’Etat français a rebondi à plus de 173 milliards en 2023, presque au record de 2020

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Parallèlement, après avoir déjà atteint un record absolu de 178,1 milliards d’euros en 2020, puis avoir reculé à 170,7 milliards d’euros en 2021 et 151,5 milliards d’euros en 2022, le déficit de l’Etat français (c’est-à-dire hors collectivités locales et sociales) a rebondi à 173,3 milliards d’euros en 2023, soit seulement 4,8 milliards de moins que le sommet de 2020. Et ce, en dépit de la croissance du PIB de 0,9 % et de l’augmentation technique des recettes de TVA liées à la flambée de l’inflation. Autrement dit, si avec une chute du PIB français de 7,7 % en 2020, l’explosion du déficit public était à la rigueur compréhensible, son maintien sur des sommets ne colle absolument pas avec la soi-disant reprise de 2021 à 2023…

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Au-delà de leur énormité, ces deux évolutions reflètent surtout l’ampleur du manque d’efficacité de l’économie française. En effet, s’il était concevable de creuser le déficit extérieur en 2020 lors de l’écroulement du commerce mondial ou encore en 2022 avec la flambée des cours des matières premières, notamment énergétiques, il est inacceptable de voir ce déficit dépasser encore les 100 milliards d’euros en 2023, alors que les échanges internationaux ont fortement rebondi et que les cours des matières premières ont nettement reculé.

Le manque de modernisation de l’économie française leste notre déficit commercial

En plus de choix stratégiques défectueux (notamment liés à la faiblesse des exportations françaises dans les biens d’équipement et vers les pays en forte croissance), les exportations françaises pâtissent également du manque de modernisation de l’économie hexagonale. Car, si, malgré les mauvais choix énergétiques outre-Rhin, les entreprises exportatrices allemandes produisent encore massivement sur leur territoire national, c’est surtout parce que, dès 2002, l’Allemagne a engagé des réformes structurelles draconiennes.À LIRE AUSSINotre déficit commercial fragilise notre souveraineté

A commencer par la réduction de la pression fiscale et réglementaire sur les entreprises, la diminution du coût du travail, la fluidification du marché du travail, des efforts exceptionnels de formation de la main-d’œuvre et la baisse des dépenses publiques. A l’inverse, la France a continué d’accroître la pression fiscale et réglementaire, ainsi que les dépenses publiques, sans moderniser significativement son appareil productif et notamment son marché du travail.

En d’autres termes, si les entreprises françaises ont délocalisé massivement, ce n’est pas parce qu’elles n’aimaient plus leur pays, mais simplement par nécessité de rester en vie dans un monde de plus en plus concurrentiel. Voilà pourquoi, si les entreprises hexagonales réussissent à vendre à l’étranger, elles le font de plus en plus en produisant directement depuis l’étranger. Ce qui ne transparaît évidemment pas dans les chiffres des exportations françaises.

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Le repli du déficit public ne tombera pas du ciel

Parallèlement, les niveaux dramatiques des déficits publics rappellent que la France est structurellement handicapée par sa mauvaise gestion des deniers publics. En effet, si le creusement de ce déficit était logique en 2020 lors de la plus grave récession que la France ait connue depuis l’après-guerre, sa faible diminution en 2021-2022 en dépit d’une croissance appréciable et son fort rebond en 2023 sont tout à fait anormaux. Ces évolutions montrent que la France reste sous perfusion publique et est incapable de s’émanciper sur la seule base des moteurs privés. Dans ce cadre, le déficit de l’ensemble des administrations publiques devrait encore avoisiner, voire dépasser, les 5 % du PIB en 2024. Une telle évolution ne manquera évidemment pas d’augmenter encore la dette publique française et de maintenir les taux d’intérêt des obligations d’Etat sur des niveaux élevés, ce qui alimentera la faiblesse de l’activité économique, donc le chômage et l’augmentation des déficits public et le cercle pernicieux continuera…

Il ne faut effectivement pas rêver : le repli du déficit public ne tombera pas du ciel. Il ne peut être que le fruit de réformes structurelles, notamment en matière de baisse des dépenses publiques de fonctionnement (le fameux mille-feuilles administratifs). Malheureusement, comme le montre la faiblesse du débat politique ambiant, l’absence de réelle volonté politique pour réduire ces dernières se traduira par une augmentation de la pression fiscale, ce qui finira par casser le peu de croissance que connaîtra la France en 2024 et limitera par là même la réduction du déficit public…

Que l’on ne s’y trompe pas, les «twin deficits» français ne sont pas le produit d’une «malédiction divine», ils résultent simplement des erreurs stratégiques réalisées par les dirigeants de la France depuis plus de trente ans. Espérons qu’un jour, ce manque de discernement et cette complaisance dans les déficits jumeaux seront remplacés par un véritable courage politique et une volonté de sauver réellement notre «douce France».

Marc Touati, économiste, président du cabinet ACDEFI, auteur de 8 best sellers économiques, dont RESET II – Bienvenue dans le monde d’après, sorti en septembre 2022.

2 réflexions sur “La France s’accommode depuis longtemps d’un déficit de la balance commerciale abyssal et d’un déficit des comptes publics inquiétant. Un phénomène lié aux erreurs stratégiques de nos gouvernements depuis plus de 30 ans- Marc Touati

  1. Le déficit public a été rendu possible grace a l’europe:c’est grace a l’europe que nous avons pu bénéficier de taux bas pour emprunter.
    Quand aux élites,le problème est maintenant européen:Thierry Breton est commissaire a l’industrie.
    La dernière entreprise qu’il ait dirigée est Atos,un géant en quasi faillite aujourd’hui.

    Il ne faut pas s’étonner d’avoir un tel déficit commercial:quand on taxe a un tel point les (petits) entrepreneurs et le travail tout court.

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