Alex Lantier

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Les chefs d’État de l’Union européenne (UE) se sont réunis lundi à Paris pour un sommet sur la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine. Face à l’effondrement imminent des forces ukrainiennes mandatées par l’OTAN et à des pertes massives, le sommet a été convoqué pour jeter les bases de l’introduction de troupes des pays membres de l’OTAN et de l’UE pour combattre la Russie en Ukraine.

Avant le sommet, le Premier ministre slovaque Robert Fico avait prévenu : « Les États membres de l’OTAN et de l’UE envisagent d’envoyer leurs troupes en Ukraine sur une base bilatérale. » Il a ajouté : « Je ne peux pas dire dans quel but. »

Ces avertissements ont été confirmés par le président français Emmanuel Macron, qui a déclaré hier soir que « tout est possible » pour empêcher une victoire russe en Ukraine, et que des pays européens individuels envoyant des troupes en Ukraine n’étaient « pas exclus ».

Il s’est engagé à fournir à l’Ukraine « des missiles et des bombes à moyenne et longue portée » pour les utiliser contre la Russie. Autrement dit, Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et d’autres hauts responsables de l’UE ont convenu du cadre d’une guerre à grande échelle entre l’UE et l’OTAN contre la Russie.

Les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s’est exprimé lors de la conférence de Paris par liaison vidéo, incarnent le mensonge officiel visant à occulter les implications catastrophiques de cette escalade UE-OTAN. « 31 000 soldats ukrainiens sont morts dans cette guerre », a affirmé Zelensky. « Pas 300 000 ou 150 000, ou quoi que disent Poutine et son entourage menteur. Mais chacune de ces pertes est une grande perte pour nous. »

La déclaration de Zelensky révèle son mépris envers le peuple ukrainien, qui sait qu’il ment. Si les puissances de l’OTAN préconisent désormais d’envoyer leurs propres troupes sur le champ de bataille, c’est parce que tant de soldats ukrainiens ont été tués que l’armée ukrainienne est à court d’effectifs.

En novembre 2022, le général Mark Milley, président de l’état-major interarmées des États-Unis, a déclaré que 100 000 soldats ukrainiens avaient été tués ou blessés, bien que le New York Times ait écrit que « les responsables ont déclaré en privé que ce chiffre était plus proche de 120 000 ». En août dernier, le Times citait des responsables américains affirmant que l’Ukraine avait perdu 70 000 morts et 120 000 blessés.

Des responsables américains critiques à l’égard de la guerre en Ukraine et ayant accès à des rapports de renseignement classifiés ont déclaré que ces chiffres d’août 2023 sous-estimaient en fait les pertes ukrainiennes, afin de limiter l’opposition à la guerre.

Le colonel américain Douglas Macgregor a déclaré : « Nous pensons que les Ukrainiens ont perdu 400 000 hommes au combat. On parlait de 300 000 à 350 000 il y a quelques mois. Au cours du dernier mois de cette prétendue contre-offensive qui devait balayer le champ de bataille, ils ont perdu au moins 40 000 morts. »

Les pertes ukrainiennes sont aujourd’hui bien plus élevées qu’en août dernier. En effet, la « contre-offensive » ratée de l’Ukraine – qui consistait à lancer des troupes contre des fortifications russes bien préparées et appuyées par des mines, de l’artillerie lourde et des drones – n’a été annulée qu’en novembre. Les forces ukrainiennes ont depuis subi des défaites catastrophiques tout au long de la ligne de front, abandonnant récemment Avdeevka alors que, selon les informations, elles subissaient 1 500 victimes par jour.

Un récent rapport du Washington Post sur le front ukrainien a révélé qu’il ne restait plus que 40 hommes sur 200 dans plusieurs bataillons d’infanterie. Un commandant de bataillon a prévenu le Post que « le front va s’effondrer quelque part ».

Les pertes catastrophiques en Ukraine sont un avertissement : d’autres pays européens subiront également d’horribles pertes s’ils entrent en guerre contre la Russie. Il convient de rappeler l’étude de septembre 2023 de l’ US Army War College Quarterly qui appelait les États-Unis à rétablir la conscription afin de pouvoir absorber les pertes qu’ils subiraient dans une guerre avec la Russie. Il prévoyait que l’armée américaine subirait 3 600 victimes par jour, soit 1,3 million par an, dans cette guerre imminente.

De plus, les morts et les blessés ne se limiteront pas aux champs de bataille. L’introduction directe des forces de l’OTAN dans la guerre contre la Russie dégénérerait presque certainement en un conflit nucléaire, avec des morts et des victimes se chiffrant en dizaines, voire en centaines de millions.

Si Zelensky ment si effrontément sur le nombre de morts à la guerre, sur quoi d’autre lui et ses alliés de l’OTAN mentent-ils ? La réponse est : tout.

Tout le récit que les puissances de l’OTAN ont concocté autour de la guerre en Ukraine, pour justifier les plans d’escalade militaire élaborés dans le dos de la population, est un tissu de mensonges qui doit être rejeté. Les travailleurs et les jeunes doivent plutôt être mobilisés politiquement pour mettre fin à la guerre.

Les cercles dirigeants américains et européens mentent sans relâche sur les origines de la guerre en Ukraine, affirmant qu’il s’agit d’un cas d’agression russe non provoquée. Mais ce week-end, le New York Times , pour justifier son appel au Congrès américain afin qu’il adopte une loi prévoyant 60 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine, a publié un article détaillant comment l’Ukraine constitue un atout précieux pour les programmes d’espionnage et d’assassinat de la CIA contre la Russie. « Les détails de ce partenariat en matière de renseignement, dont beaucoup sont divulgués par le New York Times pour la première fois, sont un secret jalousement gardé depuis une décennie », écrit-il.

Ainsi, le « secret bien gardé » des médias complices américains et européens est que l’OTAN a provoqué l’invasion russe de l’Ukraine en 2022. 

Depuis le coup d’État de Kiev en 2014, soutenu par les États-Unis, qui a installé le régime actuel en Ukraine, les puissances de l’OTAN ont dépensé des dizaines et des centaines de milliards de dollars pour faire de l’Ukraine une base militaire. 

Le régime capitaliste post-soviétique en faillite en Russie a envahi l’Ukraine dans le cadre d’une manœuvre essentiellement défensive, essayant de faire pression sur ce qu’il appelle ses « partenaires occidentaux », c’est-à-dire les puissances impérialistes de l’OTAN, pour qu’ils abandonnent leurs politiques les plus agressives contre la Russie.

Depuis que la bureaucratie stalinienne a dissous l’Union soviétique en 1991, les puissances de l’OTAN ont mené des guerres au Moyen-Orient, en Europe de l’Est et en Afrique, tuant des millions de personnes. Ce déchaînement sanglant a permis aux puissances de l’OTAN de piller le monde, tout en imposant l’austérité sociale et en renforçant l’État militaro-policier contre les travailleurs nationaux.

La désintégration du front ukrainien se produit dans des conditions où les mensonges utilisés pour justifier ces guerres sont profondément discrédités. Les « armes de destruction massive » irakiennes invoquées par Washington comme prétexte pour envahir l’Irak riche en pétrole en 2003 n’existaient pas. Les guerres de l’OTAN lancées en Libye et en Syrie en 2011, soi-disant pour défendre la démocratie contre des régimes autoritaires liés à la Russie, ont été suivies par le soutien des puissances de l’OTAN au génocide israélien contre Gaza. Au milieu d’une colère sociale croissante et de grèves contre l’inflation et l’austérité, des manifestations de masse contre le génocide de Gaza se déroulent en Amérique, en Europe et à l’échelle internationale.

La classe dirigeante européenne réagit à cette crise en se tournant très à droite. Craignant qu’une défaite ukrainienne ne fasse exploser tout l’édifice de mensonges utilisé pour justifier ses guerres impérialistes à l’étranger et sa guerre de classes à l’intérieur, il a ouvert la voie à l’explosion d’une Troisième Guerre mondiale à travers l’Europe et le monde.