Je ne partage pas cette analyse mais je vous la livre car Korybko est un auteur respectable

Bibi , d’autres membres du gouvernement israélien et des faucons anti-iraniens au sein même de Trump l’ont convaincu qu’une fenêtre d’opportunité s’est ouverte pour éliminer définitivement l’Iran du jeu géopolitique.

La décision de Trump de bombarder plusieurs sites nucléaires en Iran s’explique par le fait qu’il a laissé Israël influencer la dynamique militaro-stratégique du conflit, rendant ce scénario trop tentant pour lui. Les observateurs doivent se rappeler qu’il était au courant des projets israéliens de bombarder l’Iran et que, même s’il a pu faire pression sur eux pour qu’ils le retardent jusqu’à l’expiration du délai de 60 jours pour un nouvel accord nucléaire, il les a pleinement soutenus par la suite.

Avec le recul, cela rendait l’implication directe des États-Unis dans le conflit inévitable.

Israël a considérablement dégradé les capacités militaires de l’Iran depuis le début de sa campagne de bombardements soutenue par les États-Unis, mais a ensuite commencé à prétendre qu’il ne pourrait pas mener à bien la mission sans les bombes anti-bunker américaines. Steve Bannon, influent leader d’opinion du mouvement MAGA, a considéré cela comme une trahison de la relation privilégiée entre leurs deux pays, car Israël n’aurait pas dû déclencher une guerre qu’il ne pouvait gagner seul. De nombreux membres du mouvement de Trump partagent cette affirmation, ce qui explique les profondes divisions de sa base sur cette question.

De son côté, Trump soit se moque de ce qu’ils pensent, soit est convaincu que la plupart d’entre eux finiront par le soutenir, soit s’attend à ce qu’ils se pincent le nez et votent quand même pour les candidats qu’il soutient (y compris celui qui pourrait lui succéder). Il a donc bombardé l’Iran malgré tout. Il l’a fait alors même qu’il existait un risque réel que l’Iran cible des bases américaines régionales et/ou bloque le détroit d’Ormuz, ce que Trump a cherché à dissuader en le menaçant d’une fureur sans précédent.

Apparemment, Trump a été amené par Bibi, d’autres membres du gouvernement israélien et des faucons anti-iraniens en son sein à croire que la dégradation significative des capacités militaires de l’Iran par Israël ouvrait une fenêtre d’opportunité pour l’éliminer définitivement du jeu géopolitique. Son projet de « retour vers l’Asie » nécessite la création d’un nouvel ordre dirigé par les États-Unis en Asie occidentale afin d’empêcher le déclenchement de guerres inattendues qui pourraient brutalement détourner son objectif de contenir plus vigoureusement la Chine.

À cette fin, il a d’abord cherché à utiliser la voie diplomatique pour contraindre l’Iran à se soumettre aux États-Unis en imposant de nouvelles restrictions à son programme nucléaire, jugées inacceptables par Téhéran. Il a ensuite calculé que des frappes israéliennes punitives les forceraient à accepter. S’il a donné la priorité à l’élimination des capacités nucléaires de l’Iran, c’est parce qu’elles pourraient l’amener à fabriquer des bombes qui révolutionneraient l’équilibre des forces régionales, au détriment des intérêts hégémoniques des États-Unis.

En autorisant les frappes israéliennes au 61e jour de son délai de 60 jours, en soutenant pleinement Israël par la suite, puis en impliquant directement les États-Unis dans cette guerre, Trump fait le pari que l’Iran sera dissuadé de cibler les bases américaines régionales, ou sera même prêt à les bombarder en guise de « démonstration de force » s’il le fait. Les dommages physiques causés par d’éventuelles frappes de représailles iraniennes pourraient être immenses, mais Trump est manifestement prêt à l’accepter, quelle que soit la désapprobation d’une partie de sa base et de l’opinion publique américaine en général.

D’une manière ou d’une autre, d’abord par la voie diplomatique, puis par une escalade militaire croissante, Trump s’est convaincu que l’Iran devait « capituler sans condition » face aux États-Unis. Il est arrivé à cette conclusion non pas de son propre chef, mais en se laissant guider par Israël, notamment en approuvant sa campagne de bombardements continue, qu’il n’était pas réaliste de mener à terme sans l’intervention des forces américaines. Quoi qu’il en soit, il porte désormais la responsabilité de la suite des événements.