J’apprécie cet article de Charles , mais normalement dans sa logique éducatrice il devrait être suivi de deux ou trois autres; comme par exemple celui ci : en quoi le système actuel a t- il cessé d’être capitaliste , en quoi s’est-il perverti, quel est le lien avec la finance, la monnaie, les mensonges, l’éloignement des lois du marché, la disparition de l’idéal démocratique, etc
Bref ce que j’aimerais lire de Charles c’est la suite, pas seulement un exposé théorique justifiant le capitalisme mais une analyse critique du système actuel qui refuse la destruction créatrice et la sélection.
J’aimerais qu’il nous montre en quoi il est pourri, inique, mystificateur, non méritocratique, en quoi il institutionnalise la socialisation des risques et l’accaparement des profits …bref en quoi et comment le système actuel a perdu sa légitimité. L’analyse rapportée ici de Gramsci est peu convaincante, non logique.
Le système capitaliste est un système d’exploitation. Quel que soit le nom que l’on donne cette exploitation. C’est un système social qui organise les relations de production et la répartition , ce que l’on appelle les droits de chacun des participants.
Ce système produit un ordre social. Ce système est très progressiste, il produit des richesses et donc des riches comme aucun autre, mais il a un coût bien sur, comme tous les systèmes.
Le positif est inséparable du négatif c’est une Loi du Réel, ce cout est multiforme eT il se concentre ou donne à voir dans les inégalités, la sélection, l’ordre pyramidal .
C’est de tout cela qu’il faut discuter et arguer dans un texte qui reste à venir.
La dialectique du positif du capitalisme face à son négatif est la question centrale.
L’unilatéralisme du capitalisme est une mystification bourgeoise, le capitalisme n’est ni un ordre naturel ni éternel c’est un système avec des « plus » et des « moins » et c’est pour cela qu’il est vivant.
La dialectique du mouvement de l’Histoire face à l’accumulation qui recherche l’immobilité, l’éternité et le maintien des droits acquis, cette dialectique est celle du Vif, de la vie face au Mort qu’a tendance à imposer le capital.
Le capital accumulé et incarné dans un ordre social refuse la logique de la vie; il veut durer, se reproduire même quand les conditions changent , il veut un monde dissymétrique ou tout le poids des ajustements soit subi par les forces de travail, par la classe des salariés . Et c’est la problématique actuelle. Aussi bien au niveau domestique des nations qu’au niveau international du monde globalisé.
Le mouvement de changement, le besoin de changement face à la volonté du capital de ne rien céder, de maintenir ses positions, de refuser d’être détruit produit la situation actuelle de dislocation de nos sociétés.
Nous avons raté la grande phase de destruction de 2008 qui devait nous permettre de refaire un tour de capitalisme dans des conditions à peu près satisfaisantes.
Depuis, pour « tenir » le capital et ses élites trafiquent la monnaie, les valeurs, le langage, les idées, il ment, il dissimule, il bâillonne, il surexploite, il fait la guerre. .
C’est cette dialectique de l’accumulation des droits face au mouvement de l’Histoire qui fait le problème central de la période que nous traversons.
Comme le dit Heraclite: on ne se baigne jamais deux fois dans le meme fleuve.
Le capitalisme en tant que système social est historique, il ne peut survivre que si il accepte ou impose la destruction de tout ce qui est inadapté.
Charles Gave
Moi, Monsieur, je déteste le Capitalisme ! Charles Gave Si j’avais reçu 1 Euro chaque fois que j’ai entendu ou lu cette phrase proférée par un acteur, une actrice, un homme de télévision ou de « culture » produisant des spectacles que personne ne va voir, un syndicaliste, un journaliste, un professeur de philosophie, un religieux ou que sais-je encore, eh bien je serai riche, très riche. Le fait que tous ces braves gens répétent ce qu’avait dit avant eux Marx, Staline, Lénine, Hitler, Goebbels, Maurras, Pétain, Mussolini, Mao, Pol Pot, Castro, Chavez, Mélenchon… ne semble pas avoir pénétré leur cortex cérébral tant ils semblent fiers de dire quelque chose d’imbécile. Car, après tout, le capitalisme n’est rien d’autre qu’un processus d’apprentissage social pour allouer entre les différents individus ceux qui auront accès au capital et ceux qui n’y auront pas accès. Dans le fond, le capitalisme n’est rien d’autre qu’un code de la route, et l’idée ne viendrait à personne de lâcher sur les routes quelqu’un qui ne sait pas comment conduire une voiture et qui n’aurait aucune idée du code de la route. Et donc dire que l’on déteste le capitalisme c’est à peu près aussi idiot que de dire que l’on déteste le code de la route et que les avions de ligne devraient être pilotées par des individus choisis au hasard dans l’aéroport. Peu de gens prendraient l’avion… Pour expliquer ce grand mystère, je vais partir du principe que le but de tout un chacun est de travailler dans l’occupation qui lui déplait le moins, ou mieux encore qui lui plait le plus, en espérant que ce travail l’autorisera à améliorer son sort, d’élever une famille, le sort de chacun de ses enfants étant meilleur que le sien. Si cette analyse est la bonne, alors force est de constater que le seul régime de production où ces buts ont été atteints a été le système capitalistique, sans exception aucune. (Voir les travaux de Jacques Marseille) Ce qui devrait amener le lecteur à se poser deux questions essentielles.
Pourquoi le capitalisme a-t-il été le seul à permettre une hausse générale du niveau de vie ?
Pourquoi est-il si unanimement détesté ?
Pourquoi le capitalisme est il le seul régime qui permette la hausse du niveau de vie et le développement de tout un chacun ? La réponse est dans le nom même : capitalisme, qui vient de capital. Et capital vient du vieux nom Romain qui veut dire « tète de bétail ». Un peu comme chez les guerriers Masai en Afrique, la richesse (le capital), dans la Rome antique était définie par le nombre de bêtes à cornes (capita) que l’on détenait. Si l’on devait payer une dote pour sa fille, on pouvait vendre quelques vaches contre du numéraire et le reste du temps, on vivait du revenu, lait, fromage, viande, fumier. Le but de tout bon père de famille était de laisser à chacun de ses enfants plus de têtes de bétail qu’il n’en avait reçu. Et c’est là l’essence même du capitalisme : si une famille bouffait toutes ses vaches, elle se retrouvait assez rapidement dans la pauvreté la plus extrême ou réduite en esclavage pour payer ses dettes (bouffer son capital et faire des dettes vont en général de pair).
Le capital que mes ancêtres ont accumulé, conjoint à mon travail va permettre à mes enfants de vivre mieux que moi …et cela, tout le monde le comprend et l’accepte. Mais le capital est rare alors que le nombre d’hommes est infini. Il y a toujours pénurie de capital, qui n’est que la consommation différée des générations précédentes et pléthore de consommateurs. Comme le disait Benjamin Franklin « La vertu d’épargne est une vertu magnifique, chez un ancêtre »
La question suivante est bien sur qui va accéder à ce bien rare entre tous qu’est le capital ? L‘héritage est certes une réponse, mais comme le dit le proverbe dans la Bible « Un idiot et son argent se séparent très rapidement » Le Christ, une fois encore, nous donne la bonne réponse dans la Parabole des Talents. Le maître s’en va pour longtemps et confie 5 talents au premier serviteur, deux talents au deuxième et un talent au troisième (chacun selon ses mérites, nous dit le Christ. Tiens donc, pourquoi pas le même nombre de talents à chacun ?). Les deux premiers se mettent au boulot, le troisième enterre avec soin son talent. Quand le maître revient, il félicite les deux qui ont bossé, qui lui rendent le premier 10 talents, le second quatre. Le troisième lui en rend un, celui qu’il avait enterré, en disant au Maitre « Je sais que tu es dur et que tu veux récolter là où tu n’as pas semé » ce qui est la première expression dans l’histoire de la thèse marxiste de l’exploitation de l’Homme par l’Homme et de la capture de la plus-value du travail par le capital. Le maitre du coup lui prend son talent, le donne au plus méritant des deux autres et envoie le mauvais serviteur en enfer, là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Ce que nous dit le maitre est simple : a accès au capital celui qui travaille et prend des risques, va en enfer celui qui ne bosse pas et refuse de considérer que le capital doit être rémunéré (tu veux récolter là où tu n’as semé ». Et par quel moyen arrive t’on a ce résultat miraculeux que le capital va vers ceux qui le mérite ? Encore une fois la réponse est dans les Evangiles : le Droit de Propriété. Si je mets mon capital en risque, nul ne viendra me secourir si je perds, et donc nul n’a le droit de me spolier si je gagne et en particulier ni l’Etat ni ses sbires ni les représentants de la CGT ni les élus du Peuple (voir la parabole des ouvriers de la onzième heure ou le Maitre dit « N’ai-je pas le Droit de faire ce que je veux de mon bien ? ») Le Christ nous explique donc tranquillement que le capital doit aller vers ceux qui le feront croitre en prenant des risques et surtout pas vers ceux qui veulent le consommer sans prendre aucun risque, et encore moins vers ceux qui voudraient consommer le capital des autres, ce qui condamne et le socialisme et les rentiers en une seule phrase.
La prise de risque individuelle ancrée dans le droit de propriété voilà la solution pour que le sort de tout un chacun s’améliore et il n’y en a point d’autre… et tout le reste vient du démon.
Ayant répondu à la première question à la satisfaction sinon générale, du moins à ma propre satisfaction, il me faut maintenant répondre à la deuxième. Pourquoi le capitalisme est il unanimement détesté ? A cette question essentielle, je vais apporter trois réponses, toutes les trois tirées de mon grand homme, Schumpeter.
Le capitalisme, c’est le règne de la destruction créatrice, c’est-à-dire le règne de l’incertitude permanente rappelée par le poète « rien n’est jamais acquis à l’homme».
Dans la réalité, la nouvelle invention tue la rente, encore et encore. Je suis bien tranquille à fabriquer des bougies dans ma PME, ce corniaud d’Edison invente l’ampoule électrique et je suis ruiné. Le capitalisme est le seul système de production qui en utilisant les ressources infinies de l’esprit humain fout en l’air toutes les tentatives de se constituer des rentes. Le pauvre chef d’entreprise passe sa vie à avoir peur de l’invention qui condamnera irrémédiablement son entreprise. Et donc tout le monde a peur du capitalisme, et a bien raison d’avoir peur. Et de la peur à la détestation, il n’y a pas loin
… Pour résister à ces tornades (le mot est de Schumpeter), le plus simple est de capturer l’Etat pour lui demander de protéger mon entreprise de bougies. Et dans cet esprit, nommer l’épouse du ministre des finances comme directrice commerciale, pour ensuite passer des contrats avec l’Armée ou le Ministère de l’Education afin de leur vendre des bougies sur les 10 ans qui viennent parait être une solution heureuse, sauf pour les trouffions ou les élèves, bien sûr. J’essaie ici de dire que la dureté insensée du capitalisme amène fort naturellement à ce que j’ai appelé le « capitalisme de connivence » qui fonctionne en fonction d’un principe inaltérable : « si ça marche, c’est pour nous, si ça ne marche pas, c’est pour le payeur d’impôts ».
Comme les lecteurs de l’IDL le savent, ce principe est appliqué chez nous (et partout ailleurs), en particulier par les banques comme on l’a très bien vu en 2008-2009 par exemple. Ce capitalisme de connivence supprime l’égalité de tous devant la Loi. Ce qui amène à chaque fois et à la fin de la Démocratie et à la fin de la croissance économique, comme notre pays en est l’illustration. Il est donc normal pour tout citoyen de haïr cette forme de capitalisme puisque dans le fond elle ne profite qu’à celui qui a enterré son talent et qui se sert de sa capacité à corrompre pour se constituer des rentes injustifiées.
Pour faire bref : le profit est acceptable moralement s’il est la contrepartie d’un risque pris. S’il est le résultat de la corruption, alors c’est du vol, légal, certes, mais cela reste du vol. Et comme chacun le sait, il y a beaucoup de vols parfaitement légaux aujourd’hui en France, ce qui ne manque pas de susciter l’ire du petit peuple, et à juste titre.
Mais la raison essentielle de la détestation qui frappe le capitalisme est dans le fond beaucoup plus fondamentale et est une conséquence de son succès. C’est là que l’on voit que Schumpeter était vraiment un esprit hors du commun. Pour Schumpeter, le capitalisme engendre inévitablement une formidable hausse du niveau de vie. Cette hausse du niveau de vie entraine, tout aussi inévitablement, une croissance exponentielle du système éducatif, ce qui est bien normal pour que chacun ait les mêmes opportunités. Mais cela va amener à l’apparition de « faux » intellectuels, héritiers intellectuels de celui qui n’a reçu qu’un talent et qui savent tous que le maitre veut récolter alors qu’il n’a pas moissonné (Voir Piketty). Ces nuisibles qui n’ont pas la moindre envie de prendre un risque puisqu’ils sont éduqués et sont dans des positions où ils sont payés par nos impôts (rentiers donc) pensent qu’ils ont une mission, corriger les injustices (pourquoi n’ont-ils reçus qu’un seul talent ?) et se lancent donc en politique, bien entendu sous l’étiquette socialiste, avec un seul but : empêcher la création destructrice d’avoir lieu.
Où l’on retrouve Gramsci : si les socialistes arrivent à prendre le contrôle de l’éducation nationale et du monde de la culture, alors, disait le grand intellectuel communiste Italien, le systeme politique leur tombera dans les mains comme un fruit mûr trente ans après. Ce qui permettra de tout nationaliser ou de tout subventionner, et donc empêchera toute création destructrice. La thèse, terrifiante de lucidité de Schumpeter, est donc que le capitalisme amène à la démocratie, que la combinaison démocratie + croissance du système éducatif entraine inéluctablement l’émergence du socialisme et de faux intellectuels, et que la prise de pouvoir des faux intellectuels, conséquence logique de la hausse du niveau éducatif amène inéluctablement au socialisme, qui entraine baisse du niveau de vie et fin de la démocratie par le retour à une société fondée non pas sur le mérite, ou sur la chance, mais sur l’envie. Et toutes les sociétés fondées sur l’envie (le péché de Lucifer, LE SEUL des sept péchés capitaux qui n’ai pas de satisfaction objective) finissent toujours dans la ruine la plus totale.
Conclusion Comme souvent, quand j’écris sur des sujets moraux, religieux ou philosophiques, je suis surpris à la fin du texte par ce que j’ai écrit et je me demande : « Mais d’où sors-tu tout ça ? » Je n’ai pas de réponse à cette question, sinon que j’ai beaucoup lu, beaucoup travaillé, beaucoup réfléchi et que je me sens obligé de partager tout ça avec quiconque veut bien me lire ou m’écouter. En fait, il semble que je cherche à comprendre simplement pour pouvoir expliquer. Ce qui fait que lentement mais surement, je suis en train de devenir parfaitement rasoir. A la place d’accepter le monde tel qu’il est, je cherche à comprendre et à expliquer. Pourquoi ? Je ne sais pas.
Perso, je ne lis plus Charles Gaves je trouves qu’il est resté attaché à des valeurs qui ne sont plus pertinentes et donc que ses développements ne le seront pas plus, le monde change mais pas Gave il voit et justifie trop de chose par rapport au capitalisme, Bruno Bertez est bien meilleur, je devrais dire excellent, Bertez évolue avec le monde, il voit le monde comme il est et pas comme certains veulent qu’on le voit, Bertez n’est pas seulement un monument de culture et d’intelligence, il se distingue solidement dans la prévision, raisonnement, éclaircissement, conclusion etc je crois qu’on devrait le remercier plus souvent pour ses textes. Merci Monsieur Bertez.
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Bonjour M. Bertez
Si l’on se fie à l’historien Jean Favereau, le capitalisme à l’occidentale est né au moyen âge sans appareil théorique, construction discontinue et empirique des commerçants liée à l’extension spatiale du commerce, aux délais augmentés et aux alea de paiement.
Cette construction s’est longtemps heurtée à l’interdiction du prêt à intérêt émanant de la seule autorité morale de l’époque: l’église catholique.
Il a fallu de longues et tortueuses arguties juridiques pour finalement admettre la clause du risque de perte justifiant la prise d’intérêt ( la question est aussi posée dans l’islam) qui aujourd’hui encore sert de justificatif premier à la chose.
La théorisation du capitalisme est donc très largement postérieure à l’invention du phénomène. De ce fait il est possible de s’interroger sur sa validité de principe comme modèle de développement économique alors qu’il n’est , à l’origine, qu’un instrument commercial , comme le sera la banque, conçu par et pour les commerçants.
De fait il semble encore aujourd’hui, que toutes les arguments développés en faveur du capitalisme comme instrument prépondérant de la prospérité d’une société ne sont en fait que des justifications à postériori au bénéfice d’une classe sociale mue par l’envie.
L’interprétation de la parabole des talents par Charles Gave n’est pas la seule: une autre leçon est que le récipiendaire de l’unique talent ne se l’est pas approprié, contrairement aux autres, du fait de sa méconnaissance du Maître. Il n’a pas fait confiance, ni en la vie, ni en ses semblables.
Les autres bénéficiaires ont montré d’autres talents que ceux qu »ils avaient reçus et pour cette création ont été récompensés.
Icare non plus n’a pas su s’approprier les ailes que son père Dédale lui avait données. Il en est mort.
Cordialement
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Il me semble que Charles Gave décrit le capitalisme tel qu’il devrait être: une géométrie idéale, manichéenne, volontariste, qui ignore l’inconscient du système. Il reste ainsi prisonnier de l’idéologie sans le savoir. Vous, au contraire, l’abordez tel qu’il est: chair, contradictions, logique souterraine. Vous êtes plus fin. Chacun a ses angles morts cela dit.
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Charles GAVE ne creuse pas assez ce qu’il appelle le capitalisme de connivence comme si celui-ci n’était que l’apanage de la France et s’il cohabitait avec l’ancien capitalisme.
Il n’aborde pas non plus la question de la financiarisation ce qui est étrange venant d’un ancien gérant de fond.
Son article est intéressant mais ressemble à un cour d’histoire expliquant ce qu’a été le capitalisme et ce qu’il devrait être mais éludant la question de ce qu’il est devenu.
Car il n’existe qu’un capitalisme si l’on veut bien admettre que le mauvais capitalisme chasse le bon depuis au moins 2008.
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