L’homologie langage-monnaie. L’or et la vérité.

Je developpe très souvent cette homologie. Elle est très riche et fournit des cadres de raisonnement et d’intelligibilité souvent adéquats , en particulier à notre époque de menteurs et de faux monnayeurs qui ont pignons sur rue.

Voici ce qu’en dit l’IA.

L’homologie entre le langage et la monnaie repose sur leurs fonctions sociales similaires en tant que moyens d’échange, d’intermédiation et d’établissement de conventions sociales. Tout comme le langage communique et relie les individus, la monnaie sert d’intermédiaire universellement accepté pour les transactions, facilitant les relations et exprimant la valeur de manière symbolique. Les deux systèmes sont fondés sur un accord collectif qui leur confère leur signification et leur pouvoir d’usage, qu’il s’agisse de la valeur d’un mot ou de la valeur d’une pièce. 

Lisez Jean Joseph Goux.

Il y a cependant, quelle que soit la dissidence entre l’économie et la littérature, une solidarité très puissante, très constante, entre elles, c’est le parallèle, voire l’homologie, qui peut être établie entre le langage et la monnaie.

La littérature, comme langage et travail réfléchi sur le langage, ne peut échapper à ce parallèle implicite ou explicite qui rend indénouable son lien à l’économie.

La comparaison entre le langage et la monnaie est à la fois très ancienne, puisqu’on la trouve déjà dans l’Antiquité, et très moderne, puisque des économistes contemporains comme Von Hayek et Milton Friedman ont encore recours à elle.

Des écrivains, des poètes, aussi bien que des économistes et des linguistes, ont tiré profit de ce rapprochement, sous des angles très variés, et avec des intentions théoriques, voire politiques, souvent bien différentes.

De Rabelais à Gide, en passant par Hugo ou Mallarmé, de Turgot ou Diderot à Saussure, Bergson ou Valéry, qu’elle soit source de métaphores poétiques ou objet d’une logique structurale plus rigoureuse, l’homologie entre le langage et la monnaie, n’a cessé de nourrir un parallèle fructueux entre l’échange des signes dans la communication, et l’échange économique sur le marché.

Ce parallèle durable et justifié ne peut qu’impliquer ou compromettre directement ou indirectement l’écriture littéraire et ses thématiques.

On pourrait aller jusqu’à soutenir que la conception que se fait du langage une société à un certain moment est homologue à celle qu’elle se fait de la monnaie, ce qui entraîne la littérature dans les mêmes vicissitudes, les mêmes enjeux que l’économie. Monnaie or ou monnaie signe à cours forcé, monnaie inconvertible, monnaie électronique dématérialisée, chacun de ces régimes de la chose monétaire, nous entraîne vers des certitudes ou des suspicions, des attentes et des interrogations où les notions de réel, de représentation, de vérité sont en cause. Le rapport entre le langage et le monde est chaque fois engagé  [14].

On voit par exemple, combien la notion de monnaie or peut marquer une époque, aussi bien dans la représentation littéraire que dans la pensée philosophique. Et l’on voit aussi combien la notion de signe monétaire convertible en or, ou surtout comme aujourd’hui, inconvertible, peut bouleverser la pensée. C’est tout un rapport au réel, à la vérité, à la représentation qui se trouve affecté, indexé par ce statut de la monnaie, dans son homologie avec le langage.

C’est sur ce point que je voudrais terminer en rappelant simplement cette comparaison faite par Henri Bergson en 1911, et que le siècle qui s’est écoulé depuis a rendu d’un anachronisme non seulement intéressant mais troublant : « Je ne nie pas l’utilité des idées abstraites et générales – pas plus que je ne conteste la valeur des billets de banque. Mais de même que le billet de banque n’est qu’une promesse d’or, ainsi une conception ne vaut que par les perceptions éventuelles qu’elle représente  [15]. »

On voit par cette comparaison à quel point, à quelle profondeur, la disparition de toute convertibilité du signe monétaire, la suspension définitive de toute « promesse d’or » pourrait modifier notre rapport à la représentation et à la vérité.

L’image bergsonienne de la promesse d’or est devenue impossible et anachronique. Par quoi la remplacer ? Devons-nous aujourd’hui penser sans promesse, sans l’assurance d’un trésor, sans savoir ce qui peut garantir absolument la valeur et le sens ?

La promesse d’or n’est-elle pas devenue aujourd’hui la circulation indéfinie d’une dette, le renvoi de « promesses de payer » à d’autres « promesses de payer », dans un jeu interminable de renvois, sorte de folie, dont l’art et la littérature contemporains nous ont donné parfois le pressentiment par leurs jeux d’écritures dont le rapport direct à un référent stable et bien identifiable semble être absent.

3 réflexions sur “L’homologie langage-monnaie. L’or et la vérité.

  1. Je m’étonne que l’IA et Joseph GOUX arrivent à traiter le sujet sans explicitement employer le mot « confiance ».

    C’est ce qui saute aux yeux aujourd’hui. Le langage ou plus exactement la parole, notamment occidentale ne vaut plus rien concomitamment à l’émission excessive et donc à l’avilissement de la monnaie.

    La confiance est pourtant un des fondements du tout qui vous est cher.

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