Pour l’Allemagne, l’Europe est devenue un boulet, elle aurait un intérêt objectif vital à en sortir.

Note BB je partage pour l’essentiel cette analyse, et ce depuis fort longtemps; depuis que je critique les choix de Merkel obnubilée par son désir de continuer l’œuvre imbécile de son maitre Helmut Kohl; dès que l’on est aperçu que l’euro ne favorisait pas la fameuse convergence mais au contraire enracinait les déséquilibres, il est devenu contreproductif de le garder ! Le maintien de l’euro commun ne convient qu’aux ultra riches , aux créanciers superfortunés des pays périphériques y compris les Français .

Robin J Brooks

L’opinion générale au sein de l’UE est aujourd’hui que les pays doivent, plus que jamais, faire front commun face à de multiples menaces.

En réalité, c’est tout le contraire.

Ce dont de nombreux pays de l’UE ont avant tout besoin, c’est de marge de manœuvre budgétaire.

Sans cela, impossible de soutenir l’Ukraine, de contrer les droits de douane américains et le mercantilisme chinois.

Une sortie de l’Allemagne de la zone euro libérerait des marges de manœuvre budgétaires pour tous.

Elle entraînerait des annulations de dettes dans les pays périphériques de la zone euro, renflouant ainsi les ménages qui refusaient de payer plus d’impôts pour réduire leur dette.

Elle dégagerait des liquidités en Allemagne et dans d’autres pays soucieux de leurs finances publiques, leur permettant de se concentrer sur l’essentiel : la menace extérieure que représente la Russie et la relance de leur économie …plutôt que de renflouer des dettes insoutenables dans les pays périphériques.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a mis en lumière le manque de marge de manœuvre budgétaire. Le graphique ci-dessus provient de l’ Institut de Kiel , qui suit les engagements d’aide financière, humanitaire et militaire envers l’Ukraine. L’axe horizontal représente le PIB nominal de 2021 en milliards d’euros. L’axe vertical représente les engagements de soutien à l’Ukraine, également en milliards d’euros, sur la base des données disponibles jusqu’au 21 août 2025.

Il est frappant de constater que ni l’Espagne ni l’Italie ne sont en mesure d’aider l’Ukraine à la hauteur de leur poids économique. En réalité, les trois pays baltes, réunis, apportent à l’Ukraine une aide équivalente à celle de l’Italie ou de l’Espagne, alors que leur PIB cumulé est bien inférieur à celui de ces deux pays.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie souligne une dure réalité : l’Espagne et l’Italie sont à court de ressources budgétaires. Elles le nient, mais les actes sont plus éloquents que les paroles.

L’euro a évolué de telle façon qu’il a mutualisé, ce faisant il a perpétué ce déséquilibre néfaste au lieu de le corriger. Le problème fondamental réside dans le fait que les pays fortement endettés sont bien plus nombreux que les pays faiblement endettés, ce qui conduit inévitablement les politiques à maintenir des niveaux d’endettement insoutenables, notamment en impliquant la BCE dans des mesures telles que le plafonnement des taux d’intérêt des obligations d’État.

Il n’était pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Comme le montre le graphique ci-dessus, le patrimoine net médian des ménages en Espagne (ligne bleue) et en Italie (ligne rouge) dépasse largement celui de l’Allemagne (ligne noire). Cela s’explique en partie par un taux de propriétaires plus élevé en Italie et en Espagne, mais cela ne change rien au fait que ce patrimoine pourrait être taxé afin de réduire la dette. Lorsque je propose de taxer ce patrimoine, on me répond invariablement que c’est « impopulaire », mais la viabilité budgétaire n’est pas une question de popularité. Il s’agit de disposer de réserves financières pour les périodes difficiles.

L’euro n’est en réalité qu’un système de taux de change fixes.

Le retour aux monnaies nationales traditionnelles n’exclut ni une politique étrangère commune, ni des dépenses de défense conjointes. Au contraire, il facilite ces démarches, car l’allègement de la dette en Italie et en Espagne permettra enfin à ces pays de relancer leurs dépenses.

Le principal argument contre le retour aux monnaies nationales est la crainte d’une rupture tumultueuse de la zone euro. Or, ce n’est pas une fatalité. Comme lors d’un divorce, il est dans l’intérêt de tous de se séparer pacifiquement et sans heurts. Dans le cadre d’une telle séparation, les pays de la zone euro solliciteront sans aucun doute un soutien financier de l’Allemagne. C’est un prix acceptable pour l’Allemagne et préférable aux transferts illimités qui constituent le statu quo.

Les pays de la périphérie ne se débarrasseront jamais de l’euro car ils en sont les principaux bénéficiaires ou du moins leurs élites fortunées en sont les principales bénéficiaires.

C’est donc à l’Allemagne de prendre cette décision. Il ne s’agit pas d’un acte anti-européen ou anti-périphérie, mais simplement de reconnaître que l’euro est devenu quelque chose que les Allemands et les autres Européens du Nord ne souhaitent plus.

Mieux vaut y mettre fin et en ressortir plus forts, plutôt que de s’enliser dans un équilibre préjudiciable à tous.

2 réflexions sur “Pour l’Allemagne, l’Europe est devenue un boulet, elle aurait un intérêt objectif vital à en sortir.

  1. Bonjour M. Bertez

    Une sortie de l’UE ferait de la Pologne, qui a déjà la plus importante armée des pays de l’UE, une puissance assurant la docilité de l’UE vassale aux USA.

    L’industrie allemande en déroute la ferait diminuer d’importance. Rappelons que la Pologne a refusé d’extrader l’inculpé ukrainien ( nordstream) vers l’allemagne, le considérant quasiment comme un héros.

    Comme le disait en riant le maréchal Président Mobutu Sese Seko:  » Vous autres européens vous ne seriez pas si mal si vous n’aviez pas tous ces problèmes ethniques! »

    On peut s’interroger sur le but profond de l’article de Brooks

    Cordialement

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  2. « l’essentiel, dites-vous est de se concentrer sur la menace que constitue la Russie » : la Russie n’a jamais eu l’intension de menacer l’Europe ni de l’envahir, c’est au contraire l’OTAN c’est-à-dire les Etats-Unis et leurs valets, l’Europe, qui menacent la Russie, veulent l’affaiblir ; la Russie ne fait que se défendre contre cette menace.

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