Enfin les élites commencent à dénoncer les dettes comme une vulnérabilité scandaleuse du système! Explication didactique.

Face à la rentabilité des capitaux propres insuffisants, le recours au levier s’est généralisé dans le système économique et financier mondial. Le profit est fabriqué, fait à la main, il n’est pas gagné entant que tel. Il découle d’une alchimie.

Les entreprises « fabriquent » du profit avec de la dette.

Imaginez une firme qui vaut 100 € (c’est son capital propre, l’argent des propriétaires).
Elle gagne 5 € de bénéfice par an → rentabilité = 5 %.
C’est faible : les actionnaires veulent plus. Le problème : la rentabilité naturelle est trop basse

Dans l’économie mondiale, gagner 10-15 % sur son propre argent est devenu très difficile (concurrence, excès de capital en quête de performance , coûts, régulations…bref trop de monde à table ).
Du coup, la firme cherche un moyen de gonfler le chiffre du profit sans forcément produire plus.

La solution est d’ emprunter massivement: c’est le levier

L’entreprise emprunte 400 € à la banque à 3 % d’intérêt.
Elle a maintenant 500 € au total pour « travailler », mais seulement 100 € sont à elle.

Elle investit les 500 € et gagne toujours 5 % dessus → 25 € de bénéfice brut.

L’alchimie : on soustrait les intérêts… et hop, le profit explose !

  • Intérêts à payer : 400 € × 3 % = 12 €
  • Bénéfice net : 25 € – 12 € = 13 €

Résultat magique :
Sur ses 100 € propres, l’entreprise gagne 13 € → rentabilité = 13 % au lieu de 5 % sans dette.

Le profit n’est plus “gagné” par la production, le travail ou l’innovation… il est “fabriqué” grâce à la dette.

C’est de l’alchimie financière : on transforme un faible rendement en gros profit grâce au levier de la dette. Et comme le critère de l’évaluation boursière c’est le multiple cours bénéfice, ce profit fabriqué, fait à la main produit des valorisations boursières colossales, C’est ainsi que se forment les fortunes. Mais c’est un cercle vicieux car ces fortunes artificielles veulent elles aussi se rentabiliser, elles ont besoin de profit, et elles aussi veulent bonifier leurs taux de profit! Elles se font concurrence entre elles et font baisser encore plus les taux de profitabilité!

Cette opération magique n’est pas neutre loin de là, elle se fait au détriment de la collectivité, le levier « pille » un bien social, le crédit, la monnaie:

-la masse de dette dans le système a cru fortement donc il devient plus instable, plus fragile mais c’est au profit d’intérêts particuliers

-le pouvoir d’endettement des fonds propres s’use peu à peu, les fonds propres deviennent insuffisants c’est la banque centrale ou le gouvernement qui doivent garantir; c’est le socialisme pour les riches qui s’installe .

-la banque centrale perd sa liberté de fixer les taux , ainsi si elle veut les monter au dessus de 3 voire 5% elle prend le risque de mettre la firme en faillite

-l’économie ne peut plus supporter de cycles donc il faut toujours stimuler on ne peut plus assainir et éliminer la pourriture inefficace

Le danger: tant que les affaires marchent, c’est génial. Mais si les choses se gatent , les intérêts continuent d’être dus et la firme peut perdre plus que son capital propre → faillite et les faillites sont contagieuses.

Aujourd’hui, beaucoup de profits dans les grandes entreprises, les établissements financiers, le shadow banking, les caisses de retraites, les assurances vie etc ne viennent pas d’un vrai gain, mais d’un tour de magie avec la dette.


C’est pratique… tant que la musique joue.

Mais il faut savoir que dans un système , le pouvoir, la capacité d’endettement à des limites, et selon moi ces limites ont été atteintes a il y a près de 20 ans c’est la raison pour laquelle je soutiens que nous jouons les prolongations du grand cycle du credit quia pris naissance après la guerre en 1945.

Même les médias financiers sont enfin contraints de reconnaître les risques liés à tous ces emprunts contractés par les fonds spéculatifs et les compagnies d’assurance-vie.

Même powell est obligé de se dédouaner en en parlant! Je dis se dedouaner car en denonçant l’exces de levier la Fed joue au pompier alors que c’est elle le pyromane, c’est la politique de la Fed qui crée les conditions qui incitent au levier!

Au moins ils pourront dire qu’ils nous avaient prévenus.

« L’effet de levier des fonds spéculatifs est à son plus haut niveau depuis que les autorités de réglementation ont commencé à suivre ces données il y a plus de dix ans, une dynamique que la Réserve fédérale a relevée vendredi comme faisant partie d’un ensemble plus large de vulnérabilités qu’elle surveille au sein du système financier américain… »

« L’utilisation de l’effet de levier a augmenté au cours des deux dernières années dans le cadre de diverses stratégies et a permis de prendre des positions importantes sur des marchés clés, tels que les titres du Trésor, les produits dérivés de taux d’intérêt et les actions », indique le rapport. Les fonds les plus importants étaient généralement les plus endettés, a-t-on indiqué…

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Une réflexion sur “Enfin les élites commencent à dénoncer les dettes comme une vulnérabilité scandaleuse du système! Explication didactique.

  1. Bonsoir M. Bertez

    Votre exemple montre que ce n’est pas la dette qui crée le profit mais que recourir à la dette permet d’activer une règle comptable qui accroît le chiffre du profit sur le papier

    Comme vous l’avez montré, le profit brut , réel, 25€ demeure 5%.

    Sans la règle applicable, l’intérêt de la dette n’est plus manifeste, mais on conçoit bien que devant la difficulté de trouver un moyen réel, produit nouveau ou gain de productivité matériel*, il soit plus aisé d’avoir recours à un genre de feu d’artifice arithmétique pour se la jouer alpha: oh la belle bleue, oh le beau 13%!

    Et à la fin on a de forte chances de se retrouver comme un singe en hiver!

    Cordialement

    *comme Hayek qui produit une montre comportant 51 éléments contre plus de 90 auparavant.

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