Le scandale de corruption en Ukraine : prend de l’ampleur.

Etat des lieux au 12 novembre 2025

L’Ukraine est secouée par l’un des plus grands scandales de corruption depuis le début de l’invasion russe en 2022.

Il porte sur un système présumé de détournement de fonds dans le secteur énergétique, évalué à environ 100 millions de dollars (environ 95 millions d’euros).

Ce dossier, révélé par les autorités anti-corruption ukrainiennes, implique des figures proches du président Volodymyr Zelensky et a entraîné des démissions immédiates au sein du gouvernement.

• Déclenchement de l’enquête : L’Agence nationale anti-corruption (NABU) et le Parquet spécialisé anti-corruption (SAP) ont annoncé le 10 novembre 2025 avoir démantelé un « système criminel de haut niveau » après 15 mois d’investigations, incluant plus de 70 perquisitions à travers le pays. L’affaire, baptisée « Midas » par les enquêteurs, vise des contrats publics dans l’énergie, notamment autour de l’opérateur nucléaire d’État Energoatom, chargé de la production d’électricité nucléaire (clé pour l’Ukraine, qui dépend à 50 % du nucléaire). lesoir.be +1
• Montant et mode opératoire : Les fonds proviendraient de pots-de-vin (jusqu’à 15 % des contrats) sur des marchés publics pour la construction de défenses contre les attaques russes sur les infrastructures énergétiques. Ces pots-de-vin auraient été blanchis via des transferts illicites, avec des preuves audio (1 000 heures d’enregistrements) montrant des discussions entre suspects. Energoatom a confirmé les perquisitions et coopère, sans commenter les accusations. leparisien.fr +1
• Timing sensible : Le scandale éclate alors que l’Ukraine subit des coupures d’électricité massives dues aux bombardements russes sur le réseau énergétique (plus de 50 % de capacités détruites). Cela amplifie l’indignation publique, car ces fonds étaient destinés à protéger ces infrastructures vitales avant l’hiver. rts.ch +1

Personnes impliquéesLe réseau impliquerait des officiels actuels et anciens, des hommes d’affaires et des hauts fonctionnaires. Voici les figures clés citées dans les enquêtes :

Personne	Rôle	Accusations principales	Statut actuel
Timour Minditch (Timur Mindich)	Homme d’affaires, proche allié de Zelensky (copropriétaire de Kvartal 95, la société de production fondée par le président avant sa carrière politique).	Orchestration du système : contrôle des flux financiers, blanchiment et influence illégale sur les contrats Energoatom via ses liens avec Zelensky. Surnommé « Karlson » dans les enregistrements.	A fui l’Ukraine juste avant les perquisitions ; inculpé à distance pour corruption et enrichissement illicite. lesoir.be +1
Guerman Galouchtchenko (German Galushchenko)	Ministre de la Justice (ancien ministre de l’Énergie de 2021 à juillet 2025).	Avantages personnels (pots-de-vin) en échange de contrôle sur les flux énergétiques ; sa voix identifiée dans des enregistrements.	Suspendu le 12 novembre, puis démissionnaire ; perquisitions à son domicile. Nie les faits et promet de se défendre au tribunal. liberation.fr +1
Svitlana Gryntchouk (Svitlana Hrynchuk)	Ministre de l’Énergie (depuis juillet 2025).	Implication indirecte via son ministère ; pas d’accusations directes mais liée au secteur.	Démissionnaire le 12 novembre à la demande de Zelensky ; affirme n’avoir commis aucune irrégularité. liberation.fr +1
Oleksandr Tchernychov (Oleksandr Chernyshov)	Ancien vice-Premier ministre et ex-ministre du Développement des Communautés (surnommé « Che Guevara »).	Transferts illicites de plus de 1,2 million de dollars ; liens avec le blanchiment.	Inculpé ; nie toute implication. rferl.org +1
Autres suspects	5 détenus + 2 identifiés (dont un conseiller ex-ministre de l’Énergie et un cadre d’Energoatom).	Corruption, abus de pouvoir, enrichissement illicite.	8 inculpés au total ; le conseil de surveillance d’Energoatom limogé. reuters.com

Aucune accusation directe contre Zelensky, qui a réaffirmé son soutien aux enquêtes anti-corruption et exigé des « sanctions exemplaires ». Il a qualifié ces schémas d' »inacceptables » dans le contexte des attaques russes.

• Gouvernement ukrainien : La Première ministre Ioulia Svyrydenko a confirmé les démissions et soumis les remplacements au Parlement. Zelensky insiste sur la transparence pour restaurer la confiance. lesoir.be
• Société civile et médias : Indignation massive sur les réseaux sociaux (ex. : posts dénonçant la fuite de Minditch et appelant à des peines sévères). Des figures comme la directrice du Centre anti-corruption soulignent que « le silence est complice ». L’affaire ravive les débats sur la corruption endémique (Ukraine classée 104e/180 à l’indice Transparency International 2023).
• International : L’UE et les États-Unis saluent les enquêtes comme preuve de progrès réformistes, essentiels pour l’adhésion à l’UE (condition clé : éradication de la corruption). La Russie exploite le scandale pour discréditer Kiev et l’aide occidentale (plus de 100 milliards d’euros depuis 2022).
• Enjeux plus larges : Ce dossier s’inscrit dans une série de scandales (ex. : 40 millions de dollars détournés dans la défense en 2023). Il met en lumière les tensions internes : en juillet 2025, Zelensky avait tenté (sans succès) de limiter l’indépendance du NABU et du SAP, provoquant des manifestations.

L’enquête se poursuit, avec des auditions et un audit d’Energoatom en cours. Les suspects risquent jusqu’à 12 ans de prison. Bien que positif pour la transparence, ce scandale fragilise le gouvernement Zelensky au moment où l’Ukraine négocie une aide accrue face à l’hiver et à la guerre.