Le mécanisme de votre spoliation en cas de chute de la Bourse.

Ceci constitue la suite de notre article intitulé « Danger, l’appétit pour le risque diminue ».
Nous la fournissons car nous nous sommes aperçu que certains lecteurs ne comprenaient pas la gravité d’une chute des marchés d’assets financiers.

Les banques , en particulier européennes sont en levier. ce qui veut dire qu’elles ont beaucoup de dettes en regard de leur capitaux propres. Elles son mal financées, avec une insuffisance à la fois de capitaux permanents, de dépôts stables et un recours au marché de gros du refinancement entre banques et établissements financiers.

La partie la plus volatil de leur financement, ce n’est pas le capital propre, bien sur, il est acquis et immobilisé; ce ne sont pas dêpôts car le public ne comprend pas la chose bancaire et il est le dernier informé des difficultés d’un établissement. On lui ment au nom de l’intérêt public. Non la partie la plus instable, la moins assurée , c’est celle qui correspond au refinancement de gros, le financement par les professionnels sur-informés de la finance et de la monnaie. C’est par la ruée, le « run » sur le refinancement de gros, c’est par le refus des prêteurs de renouveler leurs prêts que les banques tombent. on l’a vu dans le cas de Lehman et autres.

Quand une banque prête, emploie ses capitaux, elle fait ce que l’on appelle de la transformation. Elle transforme des ressources courtes, peu risquées en investissements longs, risqués. Une banque est en situation de « mismatch », c’est dire en porte à faux , en déséquilibre entre ses ressources et ses emplois. Entre son actif du bilan et son passif du bilan. Elle parie sur la stabilité de ses ressources courtes et sur la profitabilité et liquidité de ses emplois longs.

C’est le marché financier qui fixe la valeur des investissements des banques. Même si l’actif qu’elles ont acquis n’est pas coté sur un marché. En effet on se sert des critères du marché pour apprécier la valeur des emplois qui sont portés à l’actif du bilan de la banque. Le marché financier est la référence, même si la tendance est à tricher, et à évaluer selon sa fantaisie. Par ailleurs les banques ont des emplois cotés, des titres en portefeuille, des fonds d’état etc. Ces titres sont cotés directement et on voit leur valeur, on sait si ils sont liquides ou pas et si leur valeur de réalisation/mobilisation est suffisante ou pas.

En cas de chute des marchés, chute par exemple supérieure à 15%, les banques enregistrent de lourdes pertes et leurs concurrents, leurs prêteurs le savent, et la rumeur circule très vite. Tout se sait en quelques minutes d’abord et se répand en quelques heures. On a vite fait les comptes et on sait qui a perdu quoi. Il y a des modèles pour cela. Donc la rumeur se propage et la banque d’une part enregistre des pertes qui amputent ses capitaux propres et d’autre part subit des « runs », des non -renouvellements de prêts. Celà la laisse exsangue et soit non liquide, soit non solvable.

Et c’est là ou les lois scélérates qui sont en train d’être passée, entrent en jeu; ce sont les déposants, les créanciers non assurés, les créanciers non protégés, c’est à dire vous, vous tous, qui êtes sollicités. On bloque vos avoirs, on vous empêche de retirer votre argent et on met en place les procédures dites de bail-in. Le bail-in, c’est cela: la transformation du déposant en capitaliste responsable des pertes des banques alors que lui n’ a jamais joui de rien, ni des bénéfices, ni des bonus. Bien sur on peut espérer que la BCE sauvera les banques, mais c’est un espoir non fondé car les Pays du Nord exigeront comme dans le cas de Chypre que ce soit chaque pays qui paie et non la Communauté de l’Eurozone.

En cas de chute des bourses, votre risque d’être sollicité et mis à contribution est colossal; selon l’enchainement suivant: pertes des banques sur l’actif de leur bilan, destruction de leurs capitaux propres, fuite des prêteurs de gros sécurisés par des contrats spéciaux, et mise en cause des créanciers non protégés comme vous et moi.

Voila en quoi vous êtes concernés par la tenue de la Bourse, même si vous n’avez aucun portefeuille titres. Votre situation ne dépend pas de vous, mais vous êtes responsable sur vos biens.

C’est la raison pour laquelle je soutiens que ces nouvelles lois impliquent un renversement des relations entre les banques et les clients. Vous devez être informés, vous devez pouvoir apprécier le risque auquel vous êtes soumis. Vous avez un droit de regard et ce droit vous devez l’exercer.

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