Bourses: dissonance cognitive

Ce qui nous frappe, c’est la multiplication des avis qui trouvent que les marchés sont trop chers. Des avis qui ne sont pas suivis d’effets puisque les gens continuent d’acheter et de pousser les cours toujours plus haut! C’est à qui dira « cela ne peut plus durer, il va se passer quelque chose ». C’est trop beau, c’est trop fort.

Vous noterez qu’il y a très très peu d’analyses aussi bien de la hausse que des supposées raisons de la baisse. C’est comme si l’intelligence avait renoncé!

Le comportement du VIX, soi disant baromètre de la peur,  est pour la plupart des observateurs un grand mystère, il n’a été sous les 10 que 26 fois depuis les années 90 mais sur ces 26 fois, 17 ont été enregistrées depuis le mois de Mai 2017!

On souligne que la situation est extraordinaire, on s’en étonne et à partir de là on en tire la conclusion que cela ne saurait durer. Voila tout ce que l’on trouve à dire pour commenter la situation. En fait ces propos sur le fait que cela ne saurait durer sont tout simplement des hommages du vice à la vertu, nous sommes en pleine dissonance cognitive.

En général quand on est dans les records, ce qui domine, c’est la surenchère dans l’optimisme, on décrit des lendemains brillants qui justifient les valorisations; rien de tel ici, au contraire on anticipe que cela ne peut qu’aller mal!

Après le beau temps , la pluie. C’est dire si les capacités intellectuelles de la foule des marchés sont modestes. Pourquoi de telles peformances? Pourquoi si peu de stress? Pourquoi des taux aussi bas? Pourquoi tant de mépris pour le risque?

Répétons: parce que tout cela ce sont des abstractions, des idées et que les idées ne valent rien face aux animal spirits qui obligent à participer, par envie, par suivisme, par faiblesse.

Il est impossible de résister à une foule moutonnière même quand on sait qu’elle conduit au précipice. Si on tente de le faire, on est piétiné. Toutes les rationalisations des marchés comme les valorisations , la technique et autres références aux fondamentaux sont de poids négligeable quand le désir d’acheter est devenu une obligation de participer.

La deconnection vis à vis de tout démontre la justesse de notre point de vue sans cesse réaffirmé, qui est que les valorisations ne sont pas un critère de spéculation car elles sont contrées par l’esprit de jeu. Les valorisations ne jouent, cruellement d’ailleurs, que pour l’investissement de long terme, l’investissement à horizon de 10 à 12 ans; mais alors là, elles jouent bien, très bien. Mais qui se soucie du long terme?

Le VIX est sous les 10, peu importe, on vend le VIX car c’est le trade qui paie.

Les taux courts doivent monter, peu importe, on parie que même si la Fed les monte, elle saura gérer tout cela et empêchera les bains de sang sur les bonds et les actions.

On parie que le poids des dettes ne joue pas et qu’il ne jouera plus jamais.

On parie que les risques de Grande Crise Financière sont contenus et que les mesures prudentielles prises ces dernières années suffisent.

On parie que la surévaluation des prix des actifs financiers n’a aucune importance tant que le crédit qui y est adossé n’est pas excessif etc etc.

En résumé on parie que les autorités ont définitivement repris la situation en mains et que cette fois elles ne seront pas prise en défaut comme en 2007. C’est Yellen qui l’a dit il n’y aura plus de crise du temps de son vivant.

Si on en croit les indices de confiance à 1 an computés par l’Université de Yale, la periode que nous traversons est la plus bullish, la plus haussière de tous les temps! On n’a jamais été plus bullish à horizon d’un an! Cela veut dire que dans un an on est certain que les cours seront plus hauts qu’ils ne le sont maintenant.

The Heisenberg Report blog posted this chart to put it in perspective:

3 réflexions sur “Bourses: dissonance cognitive

  1. Bonjour Mr Bertez,
    N’est-ce pas la suite de cet article de Brandon Smith de 2015 (déjà) ?
    https://leblogalupus.com/2015/09/11/soyez-sur-vos-gardes-par-brandon-smith/

    On nous rassure avec des discours (le très récent de Yellen sur « on ne verra plus de crise de notre vivant » ….), on nous pousse à participer par l’attrait de résultats exceptionnels (les records tombent les uns après les autres sur le Dow Jones) …. pour mieux nous plumer ? Il faut bien que les petites mains achètent fort chère les actions avant de leur faire faire le grand plongeons non?

    Et ensuite on accusera les derniers rentrés (ceux qui se sont fait le plus plumer) d’avoir provoqué la crise: c’est eux qui ont investis de manière « greedy » et qui ont fait tellement monter les prix sur les derniers instants…. tout comme on a trouvé une responsabilité à des streap-teaseuses multi-propriétaires ou à des travailleurs pauvres US dans la crise des subprimes … On rend ainsi la crise plus acceptable par le public, en mettant en avant des gens à qui on peut s’identifier (et surtout pas en montrant ceux qui s’en sont mis pleins les poches à l’aller -hausse des actions- et au retour -krach-).

    Simplement, certains (dont vous ou ces experts qui annoncent que cela ne peut pas durer ainsi) voient la ficelle, trop grosse pour être cachée …. mais cela n’empêche pas le système d’aller de l’avant: plus le plongeons partira de haut, pour les bénéfices de certains seront grands (ils vendront très très hauts aux gogos et rachèteront très très bas à ceux là même)….

    Enfin, nous n’avons pas encore vu ce qu’était une crise algorithmique: le jour où les algo vont vendre les actions et ETF à tour de bras, cela va être nouveau aussi (un nouveau responsable de la crise en perspective).

    En conclusion: pour l’investisseur à long terme (10-12 ans) quidam moyen, il faut rester loin du marché et résister aux appels des animals spirits … le risque est trop grand, le reward trop faible ?

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    1. Non. L’idée,n’est pas la même. Je viens de mettre en ligne une version completée et modifiée de cet article. Cet article est une étape. Comme je l’annonce il faut analyser l’indifférence au « trop ». Cette indifference repose sur un socle de croyances/illusions que j’exposerais un de ces jours. je ne me situe pas dans le conspi. mais dans la naiveté ou à la rigueur le cynisme.

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  2. ,, Il ne faudra pas attendre longtemps apres l’an 2000 pour que l’humanite ait a vivre des choses fort etranges qui se preparent deja lentement.
    La plus grande partie de l’humanite sera sous l’influence de l’ouest. Les premices idealistes que nous percevons deja ( 1916 ! ) sont bien sympathiques en comparaison de ce qui vient.
    On verra apparaitre, venant d’Amerique, une sorte d’interdiction de penser, non pas directe mais indirecte; comme une loi qui aura pour but de reprimer tout penser individuel.
    On assistera a une oppression generalisee de la pensee dans le monde. …  »
    Rudolf STEINER – 1916 –

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