Ecoutez soigneusement cette vidéo. Le long monologue de Michel Onfray est bon, il fait bien le tour de la question, parle bien de Natacha; et déjà c’est un travail précieux. Ah le mythe de l’échange, de la discussion.
Maintenant que vous l’avez écouté, écoutez moi.
Onfray , tout comme beaucoup d’autres, je dirais la quasi totalité du monde médiatique et pensant, passe à côté de l’essentiel. Il pense et donc argumente comme si nous étions en Démocratie, comme si nous étions en République, il pense sans tenir compte du fait que nous sommes sur un champ de bataille. Je mets des caps à démocratie et république car je parle de système imaginaires, parfaits, de passages à la limite des concepts.
Il croit s’adresser à des gens de bonne volonté, respectueux du dialogue, du symbolique, du pouvoir et de la valeur de la Vérité. Il n’a pas intégré le cynisme. Le fameux : »ils ne sont pas contents, oui et après? ». Il n’a pas intégré le récit de Varoufakis sur le fonctionnement du Système , ce système coupé en deux avec d’un côté les « outsiders » et de l’autre les « insiders ». Et il ne peut donc penser juste puisqu’il pense à côté.
A la question « Que faire? » il ne peut répondre car il n’est pas assez radical, il ne va pas à l’essentiel à savoir comment cela se fait-il que cela tienne? Par quels moyens? Le vrai, le faux, le moral, l’immoral, tout cela passe après les nécessités qui règnent à l’intérieur du groupe des insiders, tout cela passe après l’Agenda.
Nous sommes dans un système ou coexistent deux logiques et ou la logique dominante est celle de « la fin justifie les moyens » , et cette logique est efficace face à des benêts, des naïfs qui en sont encore aux valeurs anciennes.. cette logique des dominants est pratique. Et cela ne gène absolument pas ceux qui la partagent car ils sont persuadés détenir la vérité, le sens de l’histoire, la modernité.
Le problème de la vérité disait Henri Lefebvre, c’est de comprendre pourquoi le mensonge réussit si bien. La réponse est simple, c’est lorsque les intérêts matériels, la volonté de puissance, l’argent, les femmes , les hommes maintenant puisque c’est aussi une récompense, c’est quand tout cela est à la clef que le mensonge réussit mieux que la vérité. Les rapports de production produisent tout le reste, la domination, la richesse, les moyens de dominer, les groupes sociaux, les clivages, les inégalités, les théories, les idéologies , les besoins et maintenant les désirs, jusque et y compris la vérité moderne, celle qui est devenue relative. La vérité est devenue un enjeu. Donc le droit de parler est aussi un enjeu. Pourquoi les dominants laisseraient il leur monopole de production de la vérité sociale être contesté, concurrencé? Ils ne sont ni fous ni altruistes; j’y suis, j’y reste et tous les moyens sont bons.
Onfray s’exprime comme on le fait en temps de paix. Il pêche par angélisme. Il attend des adversaires qu’ils nous facilitent la tache, qu’ils diffusent nos paroles, nos écrits, ses paroles, ses écrits et bien sur ceux de Natacha. C’est le péché de naïveté, péché de courte vue: la possibilité de dominer c’est la possibilité de tenir des discours dominants, de baliser le champ médiatique, c’est la possibilité de structurer la pensée, c’est la possibilité de faire taire ceux qui ne pense pas comme les dominants.
Onfray parle comme si de rien n’était comme si nous étions encore entre gens bien élevés dont l’objectif est de vivre ensemble harmonieusement , respectueux des uns et des autres, soucieux de l’écoute des minorités. Camus, Albert, est mort, Onfray. Personne ne s’interroge sur le bien , le mal; on s’interroge sur ce qui marche et ce qui ne marche pas à notre époque.
Onfray se trompe de monde et d’époque, car sa pensée est suspendue dans les airs, elle n’est pas vivifiée par l’histoire. Il n’a pas compris que depuis 2008 c’est la lutte à mort d’un Système qui veut à tout prix se prolonger alors qu’il est en difficulté et que ses béquilles antérieures sont maintenant cassées: le Système ne peut plus, n’ a plus les moyens d ‘acheter les consentements à crédit.
Il paie en fausse monnaie, en paroles qui ne sont même pas d ‘argent. En paroles qui sont purs signes d’ambiance combinés pour asseoir une idéologie. Une idéologie dont l’agenda est l’Homme Nouveau. Il faut plier, tordre, casser, briser, rééduquer. Les médias c’est le nouveau camp de rééducation, le nouveau Goulag; pourquoi les dominants en laisseraient ils la clef aux dissidents?
Nous sommes en guerre, dans une guerre « soft ». Une guerre « soft » dont le secret est de ne pas dire son nom afin d’éviter les mobilisations et les cristallisations sociales. Une guerre entre les élites politiques, économiques, financières, médiatiques , et les autres. Une guerre entre la coalition des dominants et les autres, tous les autres, divers, dispersés, isolés. Tellement dispersés que la mobilisation politique en est devenue impossible, faute de conscience commune. Et dans la guerre « soft », l’une des armes des assaillants contre la vieille société civile, réside dans l’idéologie mystificatrice du débat d’idées, du pseudo dialogue, du pluralisme. Onfray habite cette idéologie des ennemis , il habite la névrose ambiante, il est dans la bouteille. Il est l’une des mouches qui s’y agite.
Il parle en philosophe.. j’aime bien, ça flatte mon goût pour la culture, la littérature, la poésie..
La Klepto s’en fout radicalement: seul compte le pognon, l’expansion de leur mégalomanie
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deux numéros par an, ce n’est pas assez, ou suffisant pour être oublié. Quatre numéros seraient mieux et vous avez tous les deux le talent pour y arriver. A suivre, vous avez mon soutien chaleureux.
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