Chine, on crie au loup pour faire peur, un affrontement géopolitique

Les stratèges néocons veulent pousser la Chine à la faute.

Lors du dernier Congrès ces dernières semaines, Xi Jinping a choisi, il ne va pas se laisser séduire, il va renforcer le côté spécifique du système chinois et resserrer l’étreinte de l’Autorité du Parti, il s’est éloigné du Marché.

Les néocons  veulent que la Chine  se banalise , qu’elle s’ouvre,  qu’elle s’aligne sur les valeurs mondiales. Ainsi se produira ce qui s’est passé pour l’URSS, l’effondrement du à un écart considérable entre les Valeurs internes et les Valeurs mondiales. L’effondrement sera provoqué par l’écart entre les règles du jeu domestique et les règles du jeu mondial. Les néocons prennent appui à l’intérieur de la Chine sur les ploutocrates, les kleptocrates et les corrompus qui ne croient plus au modèle chinois et jouent sa perte. ceux là voudraient bien mettre leur fortune à l’abri, encaisser, « casher » leur prélèvements.

La Chine n’est forte que de ses spécificités, il faut les lui faire abandonner. L’arme pour cela, c’est la finance, elle dicte sa loi dans le monde, la loi de l’égalisation tendancielle des taux de profits pondérés par le risque, elle doit étendre sa loi à la Chine. La Chine a mis le doigt dans l’engrenage de la contrainte du taux de profit moyen, par le biais de la dette, elle s’est laissée séduire et elle a maintenant une faille, un coin enfoncé  dans son dispositif. Une faille qui ne demande qu’à s’élargir. Si elle cède, la chine sera confrontée à une crise sociale grave, à un bouleversement politique chaotique  et les néocons auront gagné en éliminant un compétiteur stratégique.

Le point faible de la chine c’est le changement ou plutôt le rythme du changement. La contradiction du système chinois réside dans la dialectique intérieur/ extérieur. Elle progresse grâce aux apports multiformes de l’extérieur, mais elle se rend vulnérable en même temps car l’extérieur déploie, développe des forces de banalisation, de mise au pas.

La pensée chinoise est capable de saisir cette dialectique et XI vient d’en asséner la preuve lors du Congrès. Il a compris que la faille du crédit était un talon d’Achille et qu’il fallait resserrer le contrôle, le « grip »  et non pas l’abandonner. Les néocons veulent piéger la Chine et faire en sorte que l’engrenage du changement devienne automatique: que le changement s’impose et impose sa cadence; ils ne veulent pas que Xi Jinping puisse fixer la vitesse et le contenu des réformes, ils veulent que tout s’impose à lui , de préférence d’abord par l’intérieur par l’excès de dettes puis par l’extérieur par le change et les flux financiers.  En conséquence l’un des enjeux majeurs pour XI c’est le deleveraging , le désendettement du système sous contrainte de maintien d’une croissance suffisante.

SI on admet notre interprétation, on comprend mieux le sens profond des appels à l’ouverture, à la libéralisation et à l’insertion renforcée, approfondie  dans le marché mondial. C’est le credo des institutions internationales, des think tanks et des kleptocrates chinois. Ils sont aidés dans leur entrerprise de sabotage par Gouverneur de la banque Centrale, Zhou Xiaochuan, qui pour aller dans le sens des occidentaux à récemment menacé XI d’une crise financière à la Minsky.

Pour le Gouverneur, la Chine a besoin de réformes, la Chine devrait renforcer le rôle des marchés, -ben voyons-, libéraliser le cadre légal, , libérer le commerce , l’investissement libérer le marché des changes, de-pegger la monnaie du panier de monnaies mondiales, et bien sur libérer tous les mouvements de capitaux pour que le capital puisse imposer ses valeurs, mettre toutes les marchandises et tous les facteurs en concurrence,  imposer sont taux de profit minimum et moyen, et ses règles . Ah les braves gens.

Le récent rapport de la Banque Mondiale  « China 2030 » est un modèle sous cet aspect.

Les arguments de néocons alliés aux libéraux est celui de la bombe de la dette, (China’s Debt Bomb).  Cet argument consiste à faire peur comme si la Chine était soumise aux mêmes contraintes et risques que les pays occidentaux! 

La dette a bondit à plus de 260% du GDP alors qu’elle n’était que de 162% en 2008. L’argument des néocons et des ordo-libéraux est que les réformes stimuleraient la productivité et permettraient à la Chine de sortir, par la croissance de son fardeau de dettes.

Tout cela ne tient pas debout et ressort de la propagande.

La chine a peu de chance de subir une crise financière non contrôlée car le gouvernement n’a pas lâché les rênes, il a conservé les outils pour restructurer le secteur bancaire quand il le veut et comme il le veut.

L’histoire est formelle, la libéralisation, la recherche de la croissance par les réformes et la productivité n’ont jamais permis de sortir d’une  situation de détresse provoquée par la dette.

C’est une constante. Quand un pays est dans une situation de détresse à cause de la dette et  cela est arrivé souvent, il choisit ! Il choisit la catégorie sociale qui va trinquer et payer le fardeau, c’est toujours comme cela!

La solution des réformes et de la libéralisation ne marche pas. Elle implique un fonctionnement idéal de l’économie qui n’existe nulle part. Elle suppose que  les réformes augmentent la productivité et que les ressources soient dirigées vers les emplois les plus productifs;  ce qui accélère le taux de croissance et réduit le poids de la dette. Toutes les tentatives modernes ont échoué dans cette voie. L’ordo-libéralisme en cours en Europe échouera de la même façon. Les mentalités, les faiblesses institutionnelles, les rigidités empêchent ce modèle de réussir. La meilleure preuve en est fournie par la pratique des gouvernements qui soutiennent leurs zombies au lieu de favoriser leur disparition.

La théorie des réformes est un cache sexe, qui vise a masquer la répression et les transferts.

C’est ce qui se  passe en ce moment en Europe ou on fait payer les classes moyennes et laborieuses grâce à la complicité des syndicats jaunes et des médias MSM du patronat.

C’est ce qui s’est passé dans les années 90 ou le Mexique a restructuré sa dette en en faisant supporter le poids aux créanciers. C’est ce  qui s ‘est passé en Allemagne en 1919 quand l’Allemagne a inflaté sa dette faisant ainsi payer ses rentiers, ses retraités et tous ceux qui vivaient de revenus fixes.

C’est ce qui s’est passé en 2009 quand  les USA ont choisi d’inflater leur dette en faisant supporter le poids de l’avilissement monétaire aux créanciers étrangers et en laminant la rémunération des prêteurs.

Il y a une décennie, la Chine elle même a fait une opération semblable en imposant une répression financière draconienne qui a  fait payer les dettes par les  épargnants grâce a des taux d’intérêt négatifs.

La solution à la détresse de la dette n’est jamais la réforme et la productivité mais l’assignation du coût à une catégorie sociale. On spolie une catégorie. Point à la ligne.

La Chine a evidemment besoin de traiter le problème de sa dette, de ses dettes mais elle a aussi des catégories qui ont des poches profondes que l’on peut, qu’elle peut mettre à contribution.

Elle peut forcer les gouvernements locaux à liquider leurs avoirs et les obliger à consacrer une partie des produits à la réduction des dettes. Elle peut faire glisser le modèle de développement en ralentissant les investissements lourds, et en réorientant l’activité vers la satisfaction des besoins des consommateurs. Tout cela est une question d’allocation des ressources, or le gouvernement  conserve la main sur l’allocation des ressources. Il est en train de la renforcer par la nomination tous azimuts d’élites du Parti dans les entreprises  et dans les gouvernements régionaux et locaux.

Pour faire marcher les gens au pas il a l’outil de la lutte anti-corruption!

La Chine n’est pas un système libéral comme en témoigne l’importance des investissements du secteur public . l’investissement public est prédominant, le critère n’est pas celui du profit mais celui dela croissance, les valeurs ne sont pas les valeurs mondiales

 

 

 

 

 

4 réflexions sur “Chine, on crie au loup pour faire peur, un affrontement géopolitique

  1. Quand j’ ai vu « dans les news », que le banquier central chinois, « d’ habitude si réservé », émettait un constat alarmant…. j’ ai su immédiatement que je devais venir faire un tour ici.

    MERCI

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