Essai: de l’embellie économique au retour à la médiocrité

Beaucoup d’observateurs s’interrogent sur les causes du ralentissement général de la croissance qui est observé dans le monde. Ralentissement qui est encore attesté par les récents PMI publiés. Ce ralentissement est très net en Europe, il a gagné les émergents et il commence à se manifester aux USA.

 

Nous même, avons régulièrement suivi et exposé la perte de crédibilité du mythe de la croissance synchronisée auto-entretenue. Et encore ces tous derniers jours.

Normalement nous n’avons pas besoin de nous interroger sur les causes du ralentissement puisque dès l’origine nous avons postulé que la reprise n’était qu’une embellie temporaire et que sitôt passés les éléments exceptionnels qui lui avaient donné naissance, la situation allait redevenir médiocre.

Quand on a compris les causes de l’embellie, on n’a plus besoin de s’interroger sur sa disparition. Mais il convient , pour le suivi du roman feuilleton de rappeler brièvement les chapitres précédents , c’est à dire ces causes de l’embellie.

En 2015/2016, le système global a failli sauter une nouvelle fois: dévaluation du Yuan, menace de risque d’éclatement de la bulle chinoise, chute aux enfers des prix du pétrole, tensions sur le dollar funding et début de dislocation tous azimuts. Les institutions internationales étaient noires comme l’encre, en particulier l’OCDE et le FMI. Un air de défaitisme flottait. Relire leurs textes de cette époque donne à sourire tant ils sont à coté de la plaque!

Fin 2015, sous l’impulsion de Yellen qui a joué lé rôle leader, le monde s’est à nouveau lancé dans une opération/phase de reflation.  Cette phase a trouvé son expression officielle lors de la réunion de Shanghai en février 2016, mais elle a été convenue et mise en place avant , par consultations téléphoniques. La Chine s’est ralliée en fait au mode de gestion des crises des pays industrialisés: l’inflationnisme du crédit et de la monnaie. Elle a produit 1 trillion de crédit (total social financing) en quelques mois!

L’une des originalités de cette opération coordonnée a été son secret , l’autre a été son caractère global et la dernière a été sa portée: elle a touché tous les éléments importants susceptibles de créer un retour à l’appétit pour le risque: on a joué simultanément sur tous les paramètres; dollar, taux , crédit, funding, prix du pétrole.  Et miracle les planètes se sont alignées!

Opération remarquable par sa consistance  qui a propulsé les marchés financiers vers de nouveaux sommets à partir de  février 2016. Nous avons souligné à l’époque que les très gros initiés avaient, eux, commencé à acheter dès la fin de l’année 2015 comme en témoigne l’examen serré des marchés que nous avions fait à l’époque.

Le « credit impulse » mondial, l’impulsion de crédit s’est, à la suite de ce que nous avons appelé le consensus de Shanghai, considérablement renforcée, la Chine en particulier a produit des trillions de crédit à un rythme historique. La baisse du dollar a redonné beaucoup d’aisance au système, les conditions financières globales se sont largement améliorées.

C’est le « credit impulse » qui est à l’origine de l’embellie économique, il a réinjecté du pouvoir d’achat dans le système et rétabli l’appétit pour le risque et la vélocité de la monnaie. Il a recréé un effet de richesse.

Nous signalons depuis trois à quatre  mois et Saxo Banque n’a pas manqué de le faire également que depuis quelque mois ce « credit impulse » s’érode, puis est en voie de disparition. De là à penser  que l’activité économique, avec un certain décalage, va ralentir il n’y a qu’un pas que nous avons rapidement franchi. Il nous semble que nous sommes en train d’en avoir confirmation.

Le credit impulse avait faiblit: avec un décalage la croissance faiblit.

Nous en sommes là.

Hélas nous n’en savons pas plus car nous sommes dans un système manipulé, fait à la main par les apprentis sorciers et ils pilotent à vue, au jugé. Peut être que dès la manifestation de nouveaux craquements, ils remettrons un peu de carburant dans le moteur. Aucune prévision rationnelle n’est possible car nous sommes dans l’arbitraire.

Certains avancent en ce moment l’idée que Powell est différent, qu’il répugnera à reflater , qu’il supprimera le « Put » sur les marchés, qu’il n’ira pas jusqu’au bout de la tentative de normalisation monétaire.  Il fera comme les chinois, une valse hésitation.

Nous verrons , Powell ne nous a pas encore donné le moindre concret signe de sa différence, il est dans la continuité verbale pour le moment.

Vous connaissez notre pari: personne n’a le pouvoir de s’exonérer des choix qui ont été faits en 2008/2009 : le vin est tiré il faut le boire. Mais cela n’empêche pas que certains naifs puissent croire qu’ils peuvent conduire les évènements et imprimer leur marque, Powell est peut-être de ceux là, nul ne le sait, à mon avis même pas lui.

Ce n’est qu’au pied du mur que l’on voit le maçon.

Le mot de la fin: la science économique n’est pas une science; les outils bien maniés permettent à la rigueur de comprendre ce qui se passe, ils ne permettent en aucun cas de prévoir l’avenir. 

La stimulation financière chinoise s’érode clairement . la croissance chinoise va faiblir en 2018, ce qui va se transmettre aux émergents par le biais des matières premières et ensuite apr le biais du crédit et des changes.

 

 

Les indicateurs avancés comme les  Citigroup’s Economic Surprise Indices (CESI) ne cessent de plonger. Ci dessous le CESIG10F, indice pour les pays du G10 est sinistre.

.


Source: Bloomberg, Vertical Group.

 

Les paramètres internes, hard de l’activité en Chine sont baissiers: Growth Internals – China (FAI, Industrial Production, & Retail Sales)

Source: National Bureau of Statistics, Vertical Group.

 

 

La construction secteur  clef n’est plus une locomotive:   China Residential + Commercial + Office Construction Starts

Les dépenses d’investissement fixe languissent à nouveau 

 

Le Li Keqiang index, indice qui a été conçu pour traquer la croissance chinoise en essayant d’échapper aux manipulations politiques, cet indice pointe vers le bas.

Laisser un commentaire